[Diglee] Ressac

Résumé de couverture :
En février 2020, sur un coup de tête, Maureen Wingrove a décidé de s'éloigner d'une situation familiale compliquée, de s'éloigner du monde et des réseaux sociaux pour tenter de se retrouver. Direction la Bretagne, pour une semaine de retraite dans une abbaye battue par les embruns. Une semaine dense, intense. Une semaine assaillie par des vagues de souvenirs, par des émotions, par des portraits de femmes, par des rencontres insolites et inoubliables. Une semaine face à elle-même, en quête de sérénité, que Maureen Wingrove partage ici avec nous.

Ressac est le journal de cette parenthèse. Un récit sensible et puissant, à la fois extrêmement intime et universel, qui touchera en plein cœur toutes celles et ceux qui ont déjà éprouvé cette sensation de trop plein, ce désir de prendre le large.

Maureen Wingrove (Diglee) est une illustratrice, autrice de bande dessinée et romancière française. Elle a récemment publié Libres, puis Baiser après MeToo (avec Ovidie). Elle est également passionnée de poésie et de littérature.

Mon avis :
Un récit, témoignage personnel sous forme de journal d'une retraite de 5 jours dans l'abbaye de Saint Gildas-de-Rhuys dans le Morbihan, que j'ai dévoré pendant mon trajet en train.

La jeune dessinatrice et autrice Diglee tente pour ses 32 ans l'expérience d'une retraite dans cette abbaye tranquille, dont le célèbre Abélard (oui, celui d'Héloïse) a été abbé - elle l'apprendra durant son séjour. La jeune femme a besoin de se couper de sa vie, après un événement douloureux, épuisée également par sa vie sociale, ses interactions sur les réseaux sociaux, notamment Instagram où elle est très active. Bref, elle a besoin de se retrouver, et espère renouer avec elle-même, retrouver ses désirs profonds, au contact de la nature et du silence extérieur. Un rêve pour beaucoup d'entre nous, n'est-ce pas ?

Lorsqu'elle arrive sur les lieux, Diglee n'a de cesse de sortir dans le jardin, puis la prairie qui donne sur la mer, le sentier des douaniers qui longe la côte... De promenade en promenade, tout en luttant contre sa tendance naturelle à se perdre sans GPS, elle égrène ses souvenirs, ce qui ne va pas dans son couple, sa famille... Elle marche, découvre, prend le temps, fait face à la mer, peint des aquarelles, lit et écrit. Elle fait des rencontres aussi, surprenantes et enrichissantes, souvent ponctuées de symboles, de coïncidences comme autant d'éclats de miroir. Elle se guérit à la fois par le silence, la solitude, et la sororité.

La jeune femme finira par faire la paix avec elle-même, mais le plus étonnant, c'est que nous sommes début février 2020, et qu'au retour elle affrontera... le confinement forcé cette fois ! J'ai aimé ce récit sensible et féminin, ce point de vue d'artiste sur le monde qui nous entoure, et cette recherche du bonheur dans l'instant, les sensations vécues, les retrouvailles avec le corps. Certains aspects m'ont moins intéressée, et je n'avais pas forcément "envie de savoir" (par exemple la manière dont elle retrouve le plaisir la nuit dans sa chambre). Diglee est une artiste engagée, activiste, et sa parenthèse pour se retrouver reste assez intimiste - j'aurais peut-être souhaité ou attendu plus de spiritualité. C'est tout de même amusant, car le contexte dans lequel je l'ai lu est aussi une histoire de femmes : ma belle-sœur, de qui je suis restée proche, me l'a prêté, après que nous avons parlé de notre envie commune d'expérimenter un jour une retraite dans un édifice religieux. - 4,5/5

Des photos de l'abbaye de Rhuys:

Diglee illustrée par elle-même :