[Montherlant, Henry (de)] Pitié pour les femmes - Tome 2 : Les jeunes filles tome
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[Montherlant, Henry (de)] Pitié pour les femmes - Tome 2 : Les jeunes filles tome
Pitié pour les femmes
Les jeunes filles, tome 2
Henri de Montherlant
1936
222 pages
Folio
ISBN : 978-2-07-036156-4
Résumé de couverture :Les jeunes filles, tome 2
Henri de Montherlant
1936
222 pages
Folio
ISBN : 978-2-07-036156-4
«Quand Mlle Dandillot venait, le soir, avenue Henri-Martin, son premier geste était d’éteindre l’électricité. Et il s’était fait une sorte de rite. Il la déshabillait peu à peu tandis qu’elle restait debout et petite devant lui, dans sa pose familière, le front un peu baissé, le regardant sans la moindre fausse honte, avec ses yeux bleu sombre, plus grands et plus sombres - presque noirs - dans l’obscurité de la pièce, comme s’ils avaient bu en partie les ténèbres de la nuit (c’était pour cela que cette nuit était si claire au-dessus du monde).»
Mon avis :
Je poursuis cette série intéressante, en maintenant l'avertissement pour les allergiques à la misogynie : Pierre Costals n'a pas changé. Fidèle à lui-même, il continue à approfondir sa liaison avec la jeune Solange, dont on sait maintenant qu'elle l'aime. Solange est déroutante pour Costals, car elle paraît toujours sobre et posée, et ne semble pas présenter de défauts féminins rédhibitoires. Certes, notre écrivain misanthrope s'amuse quelque peu, entretient encore les braises de ses échanges épistolaires. Toutefois, plusieurs relations se dénouent dans ce tome, volontairement ou non, comme pour le laisser se concentrer sur la jeune fille.
Costals franchit enfin le pas de faire de Solange sa maîtresse, tout en essayant de l'"éduquer" à ses exigences, mais aussi en poursuivant cet idéal de se présenter tel quel, sans se payer de mensonges séducteurs. Il renâcle sérieusement sur le mariage, mais en même temps on verra qu'il fait à sa compagne épisodique une place à part. Il en a toutefois dit très peu sur sa situation personnelle, son fils, ses projets....
Ce tome apparaît plus construit, moins brouillon dans les pistes lancées dans le précédent tome sans aller jusqu'au bout. Plusieurs fortes scènes ponctuent la narration, essentiellement à la troisième personne, du point de vue de Costals ; il n'est pas rare que l'écriture se coule dans des évocations visuelles apaisées, chaleureuses, et les formules choc abondent. Le lecteur sent bien que Costals, si ce n'est Montherlant, a le goût de la contradiction, de la provocation, non sans une certaine fatuité, conscient de produire des traits d'esprit, des éclairs intrigants. J'ai beaucoup aimé la scène entre Costals et Monsieur Dandillot, le père de Solange, qui se meurt et se repent de ne pas avoir vécu comme il l'entendait. Cela semble donner une caution à l'égoïsme jouisseur de l'écrivain ; pourtant, il se rapproche davantage de Solange.
Pas de surprise donc dans ce tome, mais une lecture plus fluide, une meilleure compréhension de ce personnage complexe et frustrant qu'est Pierre Costals. Le fil rouge évoqué par le titre est on ne peut plus clair : et d'une, l'homme s'attache souvent à une femme par pitié, et de deux, ce n'est pas une bonne idée. Il faut donc s'armer et rester vigilant, dans une parfaite maîtrise de ses sentiments, pour une parfaite indépendance. 4,5/5
Citations :
Quelle que soit leur expérience du contraire, les hommes persistent à croire qu'un caractère marche tout d'une pièce. Or, il n'y a unité de caractère que chez les êtres qui s'en fabriquent une par artifice ; tout ce qui reste naturel est inconséquent. (page 17)
(...) et il arrive qu'ils (les cheveux) soient restés mouillés, comme une forêt après la pluie, parce qu'elle a été à la piscine tout à l'heure. Il les prend, il baise d'abord leur pointe, où ils sont elle sans être tout à fait elle encore, presque étrangers à elle, comme un fleuve qui à la fin de son cours ne connaît plus sa montagne et sa source. (page 25)
Et j'en reviens à ma question : pourquoi les femmes sérieuses et honnêtes ne se défendent-elles pas contre ces stryges ? Ne se rendent-elles pas compte du tort que ces stryges leur font ? Les pires ennemies de la femme sont les femmes. (page 67)
Mais la vie, qui ne sait pas vivre, prétend sottement se dérober aux convenances du roman français. (page 87)
- Je vois maintenant qu'il ne faut pas essayer de faire du bien à ceux qu'on n'aime pas. Rien ne demande plus de naturel, plus de spontanéité que de faire le bien. (page 192)
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