[Balzac, Honoré de] Madame Firmiani
Page 1 sur 1
Quel est votre avis sur cette nouvelle ?
[Balzac, Honoré de] Madame Firmiani
Mon avis :
Madame Firmiani est une courte nouvelle, qu'on devine calibrée tout exprès pour une publication dans une revue, et c'est bien le cas. Le récit fait des circonvolutions autour du personnage d'une femme en vue, belle et mystérieuse, dont la perfection même fait jaser dans le monde.
Dans une construction osée, Balzac présente la jeune femme, dont on ignore l'âge exact - a-t-elle seulement 25 ans ? 28 ans ? - de l'extérieur, par les propos que ses fréquentations pourraient émettre à son sujet. Il nous offre une vision goguenarde de cette société où tout est racontars, plus ou moins malveillants, mais toujours indiscrets, et s'offre le luxe de caractériser par le contenu de ces paroles rapportées le locuteur ou la locutrice, selon différentes catégories psycho-sociologiques. On ne peut qu'en rire ou admirer la puissance d'observation de l'auteur, et partager avec lui son amusement. C'est qu'il est drôle, le bougre !
Mais comme toujours, la sensibilité de Balzac combat son ironie, car c'est une histoire d'amour touchante qu'il nous conte, de celles qui devraient rester secrètes, et que nous ne connaîtrons qu'à cause de l'indiscrétion de tous, qui force presque la jeune femme à se justifier : non, elle n'a pas ruiné Octave du Camps, au contraire ; elle lui a permis de garder la tête haute et de s'en sortir par ses propres moyens, dans la gestion de la fortune douteuse de son père. Madame Firmiani, que tous condamnent par désœuvrement et pur esprit de médisance, nous donne haut la main une leçon d'amour et de probité.
J'ai passé un excellent moment avec Balzac, dans une complicité inaccoutumée, au travers d'un récit marqué par la finesse de l'exploration psychologique, toujours servie par cette plume virtuose, qu'on n'imagine pas caler ni manquer de carburant. Balzac s'y montre autant à l'aise comme conteur que comme moraliste. 4,5/5
Citations :
Vous avez questionné l’un de vos amis classé parmi les Personnels, gens qui voudraient tenir l’univers sous clef et n’y rien laisser faire sans leur permission. Ils sont malheureux de tout le bonheur des autres, ne pardonnent qu’aux vices, aux chutes, aux infirmités, et ne veulent que des protégés. (page 3)
UNE FEMME. ― Madame Firmiani ? Je ne veux pas que vous alliez chez elle.
Cette phrase est la plus riche des traductions. Madame Firmiani ! femme dangereuse ! une sirène ! elle se met bien, elle a du goût, elle cause des insomnies à toutes les femmes. (page 4)
Ces individus [les attachés d’ambassade] sont généralement peu parleurs ; mais quand ils parlent, ils ne s’occupent que de l’Espagne, de Vienne, de l’Italie ou de Pétersbourg. Les noms de pays sont chez eux comme des ressorts, pressez-les, la sonnerie vous dira tous ses airs. (page 4)
Celui-ci est dans la classe des Contradicteurs. Ces sortes de gens font les errata de tous les mémoires, rectifient tous les faits, parient toujours cent contre un, sont sûrs de tout. (page 6)
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5875
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Sujets similaires
» [Balzac, Honoré (de)] Le Réquisitionnaire
» BALZAC, Honoré (de)
» [Balzac, Honoré de] Sarrasine
» [Balzac, Honoré de] Gobseck
» [Balzac, Honoré de] La grande Bretèche
» BALZAC, Honoré (de)
» [Balzac, Honoré de] Sarrasine
» [Balzac, Honoré de] Gobseck
» [Balzac, Honoré de] La grande Bretèche
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum