Les Guerres de Lucas [Roche, Renaud et Hopman, Laurent]

Présentation de l'éditeur :
Scrupuleusement fidèle à la réalité historique, méticuleusement documenté, Les Guerres de Lucas met en scène l’invraisemblable épopée de George Lucas, enfant rebelle passé à côté de la mort, prodige du nouvel Hollywood et visionnaire indomptable.

Une exploration inédite des coulisses de Star Wars, de l’enfer du casting au tournage cauchemardesque, où querelles entre acteurs, histoire d’amour secrète et désastres en pagaille jalonnent le quotidien. Un bourbier gigantesque dont sortira pourtant une œuvre majeure qui changera à jamais le cinéma.

Les Guerres de Lucas est une plongée en apnée dans les affres de la création, intense et poignante, mais drôle malgré tout.  Making of ultime, success-story jouissive et leçon de cinéma, une ode à la magie de l’enfance et à la persévérance.

Prix BD Fnac France Inter 2024.

Mon avis :
J'ai pu lire cette magnifique BD fortuitement, car je l'ai offerte à mon frère, fan absolu de la saga. J'en ai donc bénéficié par ricochet, et lui-même l'a beaucoup aimée. J'ai vu tous les films de la franchise, mais j'ai justement préféré - et de loin - les volets 4, 5 et 6. Il semble qu'une suite à la BD est prévue, mais ce tome se concentre sur la réalisation complète du premier film.

Je ne suis pas une experte des films, et tant mieux, car j'ai beaucoup appris, et cette lecture a été un régal, car le scénario est complet sans être fastidieux, les étapes sont variées : on y voit aussi bien la conception, la préparation avec la négociation du contrat avec la Fox, le casting, le tournage, les effets spéciaux, la musique et les prises de son. Bien sûr, on assiste aux rapports entre les acteurs, mais on voit également les professionnels et amis du cinéma qui entourent Georges Lucas et qui ont tant fait pour le soutenir : Francis Ford Coppola, Steven Spielberg (aussi lunaire et visionnaire que lui), mais aussi Alan Ladd de la Fox, son avocat, et surtout sa femme Marcia, toujours là dans les moments éprouvants, chaleureuse et sans concession.

Je n'imaginais pas que le tournage avait été si long et si éprouvant, que Lucas avait eu autant de bâtons dans les roues, qu'on ne croyait pas en lui. Comme les deux auteurs sont passionnés et enthousiastes, le livre est à la fois enrichissant et exaltant, on se bat à ses côtés, on a envie qu'il triomphe, on est touché par son caractère renfermé, presque asocial, mais si volontaire, perfectionniste et honnête. Les répliques ne sont pas dénuées d'humour ni d'ironie, cela a un côté réjouissant. Je sais également que la saga a perduré, est devenu un mythe à part entière, mais j'ignorais qu'il eût connu un tel succès d'emblée, attiré les foules parfois deux fois dans la même journée et rapporté autant d'argent.

J'ai été immédiatement attirée par la couverture, sublime (c'est une grande vignette dans le livre), qui symbolise très bien la solitude parfois ressentie, mais aussi la "magie de l'enfance" que Lucas veut recréer avec son film. Quand j'ai ouvert le livre, j'ai été un temps bref déçue par le dessin, trop "simplifié" à mon goût. Une fois plongée dans la lecture, c'est devenu une évidence : il fallait ce trait. La colorisation est magnifique aussi et les touches de couleur ponctuelles jouent une partition qui contribue grandement à la beauté de l'ensemble. C'est vraiment une réussite parfaite, j'ai été enchantée par cette lecture. 5/5

Pour voir quelques pages :
https://www.fnac.com/a18332419/Laurent-Hopman-Les-guerres-de-lucas

Citations :
Jouissant d'une liberté créative totale, Lucas est emballé par l'expérience. Un seul bémol est à déplorer...
- Je me suis laissé dire que tu fais un peu trop peur à ton équipe. Ils te trouvent froid et distant, tu vas jamais vers eux... (Coppola, sur le tournage d'American Graffiti)
- Je suis pas doué avec les gens que je connais pas... (Lucas)
- Je vois... C'est pas comme si t'avais choisi un métier où il faut interagir quotidiennement avec des dizaines de gens que tu connais pas... (Coppola, hilare) (page 29)

American Graffiti ne remportera cependant aucun oscar...
- Ils nous ont complètement snobés ! Je comprends pas que ça te laisse de marbre... (Marcia, sa femme)
- C'est comme les bons points à l'école, ça m'a jamais vraiment passionné... (Lucas) (page 45)

- Et pour le masque de Chewbacca, on fait quoi ?
- Je veux qu'il ait l'air 40% chat, 30% chien et 30% singe. (page 94)

- On la refait. Plus rapide et plus intense. (Lucas sur le plateau) (page 129)

- Mais ils ne comprenaient pas pourquoi c'était si important pour toi de faire des T-shirts et des posters. Ça représente peanuts. D'ailleurs, pour tout dire, moi non plus j'ai jamais compris pourquoi tu tenais tant à contrôler les produits dérivés.
- C'est pas juste des T-shirts et des posters. C'est des jouets, aussi... (page 160)

Je vais voir si cette BD est à la médiathèque, ça m'intéresse ! Merci

Merci Cassiopée. Tu me diras si tu la trouves ?

elea2020 a écrit:Merci Cassiopée. Tu me diras si tu la trouves ?

Réservé à la médiathèque !

Cassiopée a écrit:

elea2020 a écrit:Merci Cassiopée. Tu me diras si tu la trouves ?

Réservé à la médiathèque !

Super !

Sans ton avis Elea, je n'aurais jamais lu "Les guerres de Lucas".

Mon avis

Stupéfiant !

L’univers de Star Wars m’est presque totalement étranger. J’ai dû voir un film à la télévision et je ne me souviens que de peu de choses. Et c’est là que les auteurs font très fort. Même si vous ne vous intéressez pas à tout ça, ce roman graphique est captivant. Non seulement pour l’histoire de la création de ce film mais également pour la personnalité de Georges Lucas, son créateur. Totalement atypique, solitaire, voire asocial, obsédé par ses idées, maladroit à l’écrit (ne serait-il pas autiste asperger ?).

C’est incroyable la ténacité de cet homme, sa vision totalement nouvelle des choses. Personne ne croyait en lui ou si peu que ça passait presqu’inaperçu (j’ai bien aimé l’idée que Spielberg soit jaloux de lui mais ils ont fini par collaborer pour Indiana Jones). Il n’a jamais lâché, quitte à mal manger, à être épuisé, à se mettre en danger. Sa femme l’a toujours soutenu, encouragé, le remettant sur les rails si besoin. Coppola était présent également. La fabrication de ce film a duré plusieurs années !

Dans ce recueil, on découvre toutes les étapes de sa vie jusqu’à son immense succès. Son enfance, son adolescence avec des relations difficiles en famille (ah l’épisode de la tondeuse, comme j’ai ri ! voir photo), ses débuts, les castings, le tournage, ses recherches pour les effets spéciaux, le son, les costumes, etc.

On imagine difficilement le travail en amont pour le scénariste, les recherches, les lectures nécessaires (la bibliographie est impressionnante) pour produire un texte adapté au format bande dessinée et suffisamment complet pour retranscrire les informations utiles pour cerner la genèse de cet univers.

Le dessin noir et blanc a des touches de couleur ponctuelles, parfaitement ciblées pour mettre en avant un élément (j’en reviens à la tondeuse). C’est parfaitement bien pensé. Un port folio de quelques pages à la fin, permet au dessinateur d’expliquer ses choix.

Les dialogues sont truculents, parfois stratosphériques, à l'image de Lucas.

- Ils nous ont complètement snobés ! Je comprends pas que ça te laisse de marbre... (Marcia, sa femme)
- C'est comme les bons points à l'école, ça m'a jamais vraiment passionné... (Georges Lucas)

J’ai été captivée du début à la fin, j’ai appris plein de choses et ça m’a donné envie de mieux connaître Georges Lucas et sa filmographie.  

NB: A offrir aux passionnés de Star Wars !



Interview de Laurent Hopman