[Cocard, Damien et Paradinas, Michel] Thouarsais remarquable

Présentation de l'éditeur :
Que vous souhaitiez découvrir le Thouarsais, ou que le connaissant, vous désiriez en partager les charmes et les beautés, ce beau livre constituera pour vous un magnifique outil de découverte ou de redécouverte.
Il donne une image inédite de ce territoire trop peu connu en affirmant une identité unique et singulière faite de facettes multiples. En effet ce territoire, modeste par la taille, réserve aux visiteurs et à ses habitants une multitude de paysages, de villages et d'édifices divers qui donnent l'impression d'un grand pays où il fait bon se perdre.
Au fil des mots, au gré des photographies, le lecteur se verra offrir de nombreuses propositions de parcours et de thématiques pour faire des balades selon ses goûts et ses envies. Ainsi il pourra suivre le cours des rivières pour goûter le calme des havres bucoliques des méandres qu'elle dessine, se laisser emporter par le vent dans la grande plaine que coiffent les silhouettes millénaires des clochers romans, se faire surprendre par l'art contemporain qui habite nos édifices historiques, ou se perdre dans le labyrinthe des rangs de vignes à la quête de domaines viticoles.
Pour se reposer de ses voyages, il pourra simplement découvrir Thouars, ville centre labellisée "Plus Beaux Détours de France", qui a su attirer à elle toutes les richesses caractéristiques des bourgs de ce pays tout en conservant à chacun sa physionomie propre.
Beaux voyages multiples dans un pays unique...

Professionnel de la communication, Damien Cocard s'est fixé à Thouars il y a vingt ans et préside la SHAAPT (Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais). Ce guide est le 6ème publié chez l'éditeur deux-sévrien La Geste.
Michel Paradinas a illustré les six guides de ses photographies : on peut voir ICI une galerie de ses photographie.

Mon avis :
Ce guide du pays thouarsais est répertorié comme "beau livre", et ce n'est pas surprenant. C'est à une exploration de la ville de Thouars et de ses environs, en suivant la vallée du Thouet, que l'auteur et le photographe nous convient, n'oubliant ni l'histoire ni le développement contemporain de cette belle région.

Je connais plutôt bien ce pays à deux pas de la Vienne ; j'ai toutefois appris des détails que j'ignorais, notamment sur certains aspects historiques ou économiques, et j'ai passé un bon moment à le lire. Ce pourrait être un guide, il propose du reste des itinéraires autour de thématiques variées, aussi bien autour d'un paysage que d'un aspect historique ou industriel, ou encore gustatif. Le but d'un guide est d'ailleurs atteint, car il m'a redonné envie de visiter non seulement Thouars, mais aussi de revoir des lieux que je connais pourtant bien, notamment autour des merveilles de l'art roman qu'il compte, d'humbles églises qui ont figé le temps entre leurs pierres sculptées.

Le livre commence par une partie sur l'histoire de la région, depuis la cité primitive, Toarec, jusqu'à l'installation des cheminots et la Résistance, puis est évoquée une "flânerie urbaine" dans le vieux Thouars et la ville plus moderne, avant d'évoquer la fière époque du rail, et les carrières de micro-granite et diorite pour le ballast. Nous prenons ensuite la voie aquatique, et glissons sur les eaux du Thouet de village en village, en revenant à Thouars, paysage ponctué de clochers romans du Xe et XIIe siècles, et même de ponts romains, en suivant également les pas du géant Gargantua. Enfin, la route des vignobles nous tend les bras, et nous pourrons terminer par l'art contemporain au château d'Oiron.

Le style est plaisant, parfois un peu convenu, parfois un peu grandiloquent, et il faut retenir surtout le caractère d'un beau livre qui met en appétit, plutôt que de compter sur des détails pratiques comme dans un guide. Les photographies sont également superbes, même si texte et photographies ne correspondent pas toujours exactement. Un livre qu'on peut offrir, et surtout, c'est mon côté chauvin qui parle ici, un pays à découvrir - il faut y venir plutôt qu'y passer. 4,5/5

Citations :
C'est un pays de transition puisque la géologie en a fait le lieu où le Massif armoricain granitique vient s'éteindre sous les restes de la vaste plaine calcaire du lointain Bassin parisien. De cela il résulte que la ville unit plusieurs paysages : la grande plaine vineuse de la Loire, la Gâtine plate à l'agriculture féconde et le bocage vallonné peuplé de bétail. (page 16)

Une ville sans musée n'est qu'un fou sans mémoire. (page 64)

Ce petit monde, fait de jardins et de placettes, s'anime autour d'élégantes rues courbes, qui rappellent les baies arrondies des maisons. Toutes construites sur le même modèle, elles sont cependant toutes signées de l'individualité de leurs occupants là une couleur, là un portique, là une glycine, un potager ou une serre. (Sur le Village noir, cité cheminote, page 100)

Comme le palais d'une improbable Venise poitevine, l'abbatiale semble s'être enfoncée dans le sol et il faut franchir les multiples degrés de marches usées par le pas des pèlerins pour quitter le recueillement d'ombre de la vénérable église et retrouver la lumière joyeuse d'une belle place minérale. (Airvault, page 117)

Le village suit un vallon qui descend vers le Thouet en laissant place à une église dont la simplicité millénaire a frappé le grand Prosper Mérimée qui l'a fait classer, dès 1846, aux premières années de la litanie des Monuments Historiques. C'était bien mérité pour cette église qui date du Xe siècle et revendique d'être l'une des plus anciennes du Poitou. (Saint-Généroux, page 130)

Là, se trouvait une terre marécageuse, insalubre et impropre à l'agriculture. Comme ce fut le cas pour le marais poitevin, des moines courageux, opiniâtres et durs au labeur ont transformé ces lieux hostiles habités par les eaux de la Dive. (page 171)

Transformé [on parle du peuplier] en cagettes il est devenu l'allié du commerçant pour transporter les fruits et les légumes. En pot, il a permis la conservation des beurres. En petit tonneau il a favorisé la diffusion de la choucroute et, en petite boîte, il a été le sanctuaire des sardines des Sables-d'Olonne et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. (page 190)

Mais c'était sans compter sur les hommes et les femmes du Thouarsais, vignerons et vigneronnes, résilients et fiers, qui ont conservé ces clos de ceps anciens pour les régénérer. Ces vins qui étaient d'usage courant sont devenus, grâce à l'attention de ces artisans de la nature, remarquables. (page 204)