[le Tellier, Hervé] Le nom sur le mur

Le nom sur le mur
Auteur : Hervé Le Tellier
Éditions : Gallimard (18 Avril 2024)
ISBN : 978-2073061539
180 pages

Quatrième de couverture

Je ne suis pas l'ami d'André Chaix, et aurais-je d'ailleurs su l'être, moi que presque rien ne relie à lui ? Juste un nom sur le mur. Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup. Je ne savais rien de lui. J'ai posé des questions, j'ai recueilli des fragments d'une mémoire collective, j'ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m'a été donné par chance, presque par miracle, et j'ai vite su que j'aimerais raconter André Chaix.

Mon avis

[…. : résister exigerait un effort, un début de rébellion.]

Parce qu’il voulait « acheter une maison natale » et « s’y inventer des racines, Hervé Le Tellier a acheté une demeure près de Dieulefit. L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais pendant le COVID, l’auteur s’installe là-bas et il découvre, gravés sur un mur extérieur, un prénom et un nom : André Chaix, patronyme qu’il retrouve sur le monument aux morts du coin. Il a du temps et décide de rechercher qui était ce jeune homme mort pour la France à vingt ans.

Il apprend rapidement qu’il a été tué dans une confrontation avec des allemands alors qu’il était avec d’autres résistants (il s’était engagé dans les Forces françaises de l'intérieur). À partir d’une petite boîte (confiée par sa famille) remplie de quelques souvenirs, de photos, des lettres à sa fiancée etc, l’auteur redonne vie à André. Il nous relate sa courte existence car il préfère « penser à lui vivant plutôt que mort ».
Apprendre à connaître André est intéressant mais ce qui l’est encore plus, c’est de suivre la pensée du rédacteur.

Il « revisite » cette période, nous offrant une réflexion approfondie sur plusieurs thèmes. Il parle de cet effet de masse qui nous pousse à faire des choses qu’on aurait refusé (l’expérience de Milgram, la Vague…) L’humain peut se surpasser pour faire front mais peut, tout autant, se laisser influencer à faire n’importe quoi en suivant les autres … Il évoque ce jeune allemand qui a tiré sur André avant d’être tué lui-même un peu plus tard… Il nous renvoie régulièrement à nos propres limites, à des questionnements : qu’aurais-je fait à sa place ?

C’est un livre assez court, moins de deux cents pages, avec des photos et quelques écrits d’époque. Il est dense (la documentation consultée est nombreuse, on en a la liste dans les dernières pages) et il pourrait rejoindre les centres de documentation et d’information des lycées.

C’est bien écrit, passionnant, et si André Chaix n’est plus un anonyme, on pense forcément à tous ceux qui le sont encore et qui ont œuvré pour notre liberté.

Par l’intermédiaire d’un nom, Hervé Le Tellier rend hommage à beaucoup d’hommes et de femmes.

Merci Cassiopée pour ta critique