[Mathieu, Nicolas] Aux animaux la guerre
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[Mathieu, Nicolas] Aux animaux la guerre
Titre : Aux animaux la guerre
Auteur : Nicolas Mathieu
éditions : Acte Sud
Nombre de pages : 360 pages
Présentation de l’éditeur :
Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colo cet été, un ou deux reportages sur France 3 Lorraine Champagne-Ardenne, et basta. Sauf que les usines sont pleines de types n’ayant plus rien à perdre. Comme ces deux qui ont la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Épinal et Nancy.
Une fille, un Colt 45, la neige, à partir de là, tout s’enchaîne…
Mon avis :
J’ai eu subitement envie de découvrir ce titre, paru il y a dix ans. Par chance, il était disponible à la bibliothèque. Aussitôt emprunté, aussitôt lu.
J’ai quasiment lu ce roman d’une traite, ce roman qui nous parle de la crise économique qui secoue les Vosges (mais pas que les Vosges). Les usines ferment, en dépit des efforts des ouvriers, des délégués syndicaux, de l’inspectrice du travail. Rita fait bien son travail, elle ne se laisse pas intimider, comme on le verra lors de plusieurs scènes, notamment lorsqu’elle se rend chez un boucher, un simple boucher, dirai-je, qui a déjà réussi à renvoyer dans les cordes son collègue. Elle, pourtant, réussira à mettre à jour ce qui ne va vraiment pas dans cette boucherie, à aller jusqu’au bout. Je me suis demandée si cet homme avait été véritablement aussi aveugle que cela dans la manière dont il faisait vivre sa femme. Sûrement. Sans doute. Il est des personnes qui ne pensent pas que la société peut évoluer, qui ne pensent pas qu’une femme puisse être ravie de n’avoir que la caisse de la boucherie pour seul horizon, sans faire attention à ce qui se passait dans l’arrière-boutique. Oui, Rita est le personnage que j’ai préféré. Elle a plusieurs points communs avec les autres personnages de l’intrigue, même si elle ne le sait pas. Comme Lydie, par exemple, elle a un frère, un frère qui a pris les chemins de traverse. Mais Grégoire, le frère de Rita, est un artiste. Bohème, il vivote, certes, il a souvent besoin du soutien de sa mère, mais c’est tout. Bruce, lui, est une brute sous stéroïdes, trafiquant un peu, beaucoup. Violent, un peu, beaucoup. Capable aussi d’une inexplicable douceur. Si la mère de Rita et Grégoire aimeraient que ses deux enfants prennent leur vie en main, c’est à dire vivent dans les normes de la société (mariage, enfants, situations stables – encore que, pour Rita, c’est fait), celle de Lydie et Bruce a depuis longtemps renoncé. A tout, à elle-même, elle dont les débuts dans la vie ont été compliqués, puisque sa propre mère est morte peu après leur retour en France.
Cela nous renvoie à son père, un homme qui a dû quitter l’Algérie mais qui s’est construit, en France, une réputation solide. Pas de celle dont je rêve, personnellement, non, celle d’un ancien militant de l’OAS. Je n’oublie pas Martel. Ah, Martel, le délégué syndical, celui à qui tout le monde se réfère, celui qui est toujours chargé de trouver des solutions, lui qui peine à en trouver dans sa propre vie, Martel, très proche de sa mère qu’il a dû placer dans une EHPAD, établissement dont les tarifs sont très élevés – mais que ne ferait-on pas pour sa mère ? Justement. C’est là aussi le début d’un engrenage qui le mènera à participer à l’enlèvement de cette fille sur les trottoirs de Strasbourg – pour la revendre, hein, pas pour lui rendre sa liberté ou lui permettre de s’insérer dans la société française (notons l’incroyable travail de celles et ceux qui s’intéressent véritablement à leur condition de vie). Dire que cet enlèvement provoquera un enchaînement de problèmes, c’est presque un euphémisme.
J’en oublierai presque Jordan, parce que, même si son père est menacé de chômage à cause de la fermeture prochaine de l’usine, même si sa mère est décédée, il est tout simplement un adolescent des plus ordinaires, à qui j’ai envie de souhaiter le meilleur, même si, dans ce contexte, on en viendrait presque à dire : « je te souhaite le moins pire ».
Aux animaux la guerre est un livre noir, dur, un livre où l’espoir est très rarement présent.
Sharon- Modérateur
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Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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