[Molia, Xabi] La vie ou presque

Titre : La vie ou presque
Auteur : Xabi Molia
édition : Seuil
Nombre de pages : 240 pages

Présentation de l’éditeur :

Années 1990, sur la côte basque. Trois adolescents, Paul, Simon et Idoya, nouent une amitié indéfectible autour d’une même passion : l’écriture. Cette vocation partagée les conduira vers des destins aux antipodes.
Leurs espoirs, leur quête d’absolu comme leurs désillusions composent une trame vertigineuse qui nous emporte des années Nirvana jusqu’au milieu du XXIe siècle. Un magnifique roman sur le souffle de la création et la recherche du bonheur.

Mon avis :

Qu’est-ce qui définit le fait d’être un écrivain ? Celui d’avoir écrit un livre, celui d’avoir été officiellement publié, celui d’avoir la reconnaissance de ses pairs ? J’ai eu l’impression que c’était l’un des sujets qui était abordé dans ce livre, à travers les destins de Simon, de Paul et d’Idoya.

Le second thème est celui de la famille : Simon et Paul sont frères, le plus jeune a souffert de la comparaison avec son frère aîné, si parfait. Tous deux aspiraient à écrire, mais dès leurs premières publications, la rivalité s’est imposée, pour ne plus jamais réellement s’arrêter, aucune réconciliation n’a été possible. Si seulement ces deux-là, au lieu d’écrire voire de se taper dessus (au propre comme au figuré) avaient pu seulement se parler. Mais ce n’était plus vraiment possible, parce qu’ils n’étaient plus seulement frères, ils étaient deux rivaux, dont l’un réussissait, comme en témoignait l’obtention du prix Goncourt, et l’autre, l’aîné, celui qui avait tous les dons, moins, nettement moins. L’un aura des enfants, l’autre pas, cependant même celui qui deviendra père ne parviendra pas à être véritablement père aux yeux de ses enfants.

Idoya ne fait pas partie de leur famille, elle est une amie d’adolescence qui elle aussi rêve d’écrire, écrit, perd son roman qui devait être son grand oeuvre (j’ai pensé à Hemingway en lisant cette partie), a des projets d’écriture et finalement, ne sera pas écrivain au sens où on l’entend, tant elle est hantée par l’idée d’écrire véritablement une oeuvre parfaite. Or, certains écrivains le diront : à un moment il faut arrêter de se relire, sinon, l’on ne publie rien, l’on n’est jamais content. Cela n’empêche pas cependant Idoya de mener une vie que je qualierai d’aventureuses, elle qui quittera le pays quand l’ultra-droite se retrouvera au pouvoir.

Ecrire est-il politique ? C’est aussi une question que l’on peut se poser à la lecture de ce livre, surtout quand les temps sont troublés – et même si ce roman nous projette dans un futur proche, ce qu’il évoque, la Syrie, l’Ukraine, la montée de l’extrême droite – est tristement contemporain. D’ailleurs, quand j’ai lu ce livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à certains écrivains voyageurs, bourlingueurs, à d’autres qui veulent témoigner de ce qu’ils ont vécu, vu, ailleurs, j’ai pensé à ce pour qui l’obtention d’un prix littéraire ne récompense pas seulement un roman, mais aussi l’investissement d’une maison d’édition, le soutien de ses pairs également – quand on n’a pas passé un temps certain à les débiner. Dit ainsi, le roman pourrait presque paraître léger, si ce n’est que souvent, j’ai eu l’impression qu’écrire, parvenir à écrire est une question de vie, de survie (encore une pensée pour Hemingway) tant la tentation peut être grande de quitter ce monde, tant il est facile, aussi, finalement, de le quitter.