[Balzac, Honoré (de)] Louis Lambert
Page 1 sur 1
Quel est votre avis sur ce roman ?
[Balzac, Honoré (de)] Louis Lambert
Résumé de couverture :
Le livre mystique de La Comédie humaine, «l’œuvre de prédilection» de Balzac, celle où il a voulu «lutter avec Goethe et Byron», où il a le mieux illustré ce conflit de la pensée et de la vie autour duquel s’organisent tous les drames des sociétés et des existences individuelles.
«Où est le soleil, là est la pensée, écrit-il ; où est le froid, là est le crétinisme, la longévité.» La pensée, la volonté, la passion, l’amour font le sens de la vie mais en même temps la brûlent prématurément : naufrage ou non, la vieillesse est le privilège des imbéciles, et la pensée à l’état pur ne peut s’accomplir que dans la folie.
Mon avis :
Je ne serai pas passée loin du coup de cœur avec ce nouvel opus de la Comédie humaine, qu'on dit plus autobiographique que ses autres livres. Balzac se fait le témoin des recherches intellectuelles d'un camarade de collège, son meilleur ami, un jeune génie protégé par Mme de Staël. A 12 et 15 ans, tous deux sont scolarisés au collège des Oratoriens à Vendôme, comme internes, sous un régime sévère mais une discipline formatrice. Le jeune Louis ne tarde pas à se faire remarquer par ses maîtres, car les deux compères sont brillants et doués, mais ils préfèrent lire frénétiquement que de faire leurs devoirs ; ainsi sont-ils régulièrement punis à écrire des pensums, ce qui est aussi l'occasion pour eux d'entretenir de longues discussions philosophiques.
J'ai été enchantée par la première partie, qui décrit la vie dans ce singulier collège, cette petite société avec ses rituels et ses traditions. C'est presque exotique et fascinant, d'autant plus que Balzac nous déroule par le menu un fonctionnement cérébral chez son ami, qui n'est pas sans rappeler le profil HPI et même le phénomène particulier de l'hyperlexie. Il semble bien qu'il ait été en partie son propre modèle, d'autant plus que sa mère craignait chez lui un déséquilibre nerveux parce qu'il lisait trop. Bref, les années se suivent et la vie au collège reste marquée par un déroulement hors du temps, et, pour eux, par une belle amitié.
Mais l'état de grâce ne perdure pas, et divers malheurs vont surgir dans ce monde abrité de la société : tout d'abord, un professeur confisque le manuscrit des recherches de Louis, et s'en débarrasse, annihilant des efforts de travail considérables pour construire sa théorie et la développer. Pire encore : ils doivent se séparer lorsque notre jeune narrateur est enlevé du collège par ses parents. Comment Louis va-t-il s'en sortir ? Notre témoin saura par la suite qu'il est parti à Paris pour continuer à s'instruire, puis revenu chez son oncle à Blois. Il s'est marié. Nous reverrons Louis et sa jeune femme à travers les yeux du narrateur dans de singulières circonstances...
Balzac nous offre un récit vivant et intéressant, émaillé parfois de sources écrites de la main de Louis : des lettres envoyées à son oncle, à sa fiancée, et bien sûr des fragments de son œuvre inspirée de Swedenborg, le "voyant suédois", un des penseurs qui a le plus marqué Balzac. C'est une construction originale, apte à maintenir l'attention, d'autant plus qu'il s'y mêle des sentiments amicaux, familiaux, et amoureux, en un format assez resserré pour un roman. Malheureusement, je doute d'être au niveau de l'intellect de Balzac, car j'avoue ne pas avoir saisi grand-chose à la théorie philosophique, ou plutôt fortement mystique, élaborée au long de ces pages. C'est donc une lecture un peu frustrante pour moi, qui me donne toutefois le sentiment d'avoir été plus intime avec cette grande intelligence, de mieux comprendre son fonctionnement, sa psyché, d'avoir été, en ces pages, un peu proche de lui. 4,5/5
Citations :
L'absorption des idées par la lecture était devenue chez lui un phénomène curieux ; son œil embrassait sept à huit lignes d'un coup, et son esprit en appréciait le sens avec une vélocité pareille à celle de son regard ; souvent même un mot dans la phrase suffisait pour lui en faire saisir le suc.(page 30)
Instruit à la longue par la cruelle expérience des maux force lui fut de songer à ses affaires, pour me servir d'une expression collégiale. (page 56)
Mais les journalistes et les orateurs de l'opposition sont peut-être moins prompts à profiter d'un avantage, moins durs à reprocher un tort, moins âpres dans leurs moqueries, que ne le sont les enfants envers les gens chargés de les régenter. (page 57)
On escalade des rochers, on ne peut pas toujours piétiner dans la boue. (page 109)
Dans l'ordre naturel, les moyens sont simples, la fin est grande et merveilleuse ; ici, dans la science comme dans le gouvernement, les moyens sont immenses, la fin est petite. (page 112)
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5875
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Sujets similaires
» BALZAC, Honoré (de)
» [Balzac, Honoré (de)] Le Réquisitionnaire
» [Balzac, Honoré (de)] La vendetta
» [Balzac, Honoré (de)] Les Chouans
» [Balzac, Honoré (de)] Illusions perdues
» [Balzac, Honoré (de)] Le Réquisitionnaire
» [Balzac, Honoré (de)] La vendetta
» [Balzac, Honoré (de)] Les Chouans
» [Balzac, Honoré (de)] Illusions perdues
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum