[Gong, Ji-young] Nos jours heureux
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VOTRE AVIS SUR CE LIVRE
[Gong, Ji-young] Nos jours heureux
Picquier poche (2016)
ISBN-10 2809711380
356 pages
Lu pour la lecture commune de Septembre, Octobre, Novembre 2024
Lu sur Kindle, en version espagnole car pas disponible en traduction française.
L’autrice :
Née le 31 janvier 1963, c’est une romancière sud-coréenne faisant partie de la « nouvelle vague » des romancières qui ont révolutionné la littérature de leur pays dans les années 1980 et 1990.
Elle s'intéresse très tôt à l'écriture, et rédige ses premiers récits et poèmes dès l'adolescence. C'est durant les années 80 qu'elle entre en contact avec les mouvements étudiants pour la démocratisation du pays. En 1985, elle obtient sa licence en littérature à l'université Yonsei. Son premier roman, « Quand l'aube se lève » est directement lié à ses activités dans les manifestations étudiantes contre le régime militaire. Ses premiers travaux traitent ainsi essentiellement des soulèvements pour la démocratie à travers le pays.
Elle écrit à plein-temps à partir de 1988. Ses récits se concentrent essentiellement sur la condition des travailleurs, et des personnes victimes d'ostracisme. Elle écrit également sur la condition des jeunes femmes essayant de suivre une carrière professionnelle indépendante en dehors du cocon familial.
Présentation de l’éditeur :
Yujeong a le cœur en miettes lorsque sa tante Monica, qui est religieuse, l’emmène à la Maison d’arrêt de Séoul visiter un condamné à mort. Rien ne semble pouvoir rapprocher une jeune désespérée de bonne famille d’un triple meurtrier, et pourtant…
Au fur et à mesure de leurs rencontres, ils vont se raconter avec sincérité leurs « vraies histoires », affronter les ténèbres et découvrir les lumières éblouissantes au sein de ces ténèbres, réparer leurs âmes meurtries.
Ce roman bouleversant nous parle de la force de l’amour, de pardon et de rédemption. En Corée, où la peine de mort n’a pas été abolie, il est considéré comme une œuvre aussi puissante que « Le Chant du bourreau » de Norman Mailer.
Mon avis :
Tout d’abord, dans le cadre de nos lectures communes, j’ai apprécié de lire un ouvrage écrit par une autrice qui n’a pas la double nationalité américano-coréenne.
Gong Ji-young nous conduit à travers son pays dans les dernières années du vingtième siècle. Elle nous raconte l'histoire d'Iuyeong, une jeune femme issue de la classe supérieure riche, qui, en raison d'un certain événement survenu dans son passé et du manque de soutien de sa famille à ce sujet, est embourbée dans le désespoir et le malheur. Le roman commence avec sa dernière tentative de suicide et lorsque sa tante Monica vient lui rendre visite à l'hôpital. Cette dernière lui offre deux possibilités : suivre un traitement psychiatrique ou l'accompagner le jeudi suivant pour rendre visite au jeune Iunsu, condamné à mort pour un crime terrible. Naturellement, au début Iunsu est circonspect. Il porte le poids de sa condamnation, de son passé et estime qu'il ne mérite pas qu’on s’intéresse à lui. Iuyeong l’est aussi car elle est totalement centrée sur son autodestruction. Mais, malgré leur réticence initiale, semaine après semaine, Iunsu et Iuyeong établiront un contact. Entre les murs de la salle de visite réservée aux catholiques, et sous la surveillance attentive d'un gardien de prison emphatique, tous deux trouveront soutien et répit au milieu de tant de douleur. Leurs vies se sont croisées grâce à sœur Monica. À un moment donné, elle dit à Iunsu "Peu importe quels sont tes péchés, ils ne sont pas entièrement les tiens ! » Cette simple phrase est à méditer…
J’ai adhéré au récit dès les premières minutes. Ce n’est pas une histoire d’amour « traditionnelle ». Le temps joue contre les protagonistes, il leur rappelle chaque jeudi que c’est peut-être leur dernière rencontre. Loin d’un roman à l’eau de rose, il aborde des sujets très délicats comme les agressions sexuelles, les violences physiques et le suicide. Il parle aussi de pauvreté, d’abandon, de peur. Un sujet tient particulièrement à cœur à Gong Ji-Young : la peine de mort. Entre les lignes elle développe ainsi un plaidoyer contre cette condamnation, toujours pas abolie à ce jour en Corée du Sud, même si aucune exécution n’a eu lieu depuis 1997 (moment où se déroule le roman).
Pourtant il n’y a pas que cela, et heureusement d’ailleurs. La bienveillance est toujours prônée et, malgré l'adversité, y prédominent l’amitié et le don de soi avec, au bout, l’espoir de la rédemption.
J’ai été surprise de découvrir qu’un des personnages est une religieuse catholique et qu’il existe une communauté apparemment assez active. En faisant une recherche, j’ai lu ceci : « Le christianisme est aujourd'hui la principale religion de Corée du Sud, il rassemble en 2010 31,6 % des Sud-Coréens, contre 24,2 % pour le bouddhisme. Le christianisme est lui-même partagé entre 24,0 % de protestants et 7,6 % de catholiques. »
Il y a une alternance des chapitres entre ceux consacrés à Iuyeong où elle analyse ses sentiments et dévoile peu à peu la raison de sa souffrance et ceux, très courts, où on lit les pages d’un cahier dans lequel Iunsu raconte sa triste vie.
Je vous le recommande.
Il a été adapté en manga, en collaboration sur le scénario avec Yumeka Sumomo (Sahara Mizu), qui s'est également occupé des dessins. Il a également été adapté en film sous le nom de "Maundy Thursday" en 2006.
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