[Wright, Richard] L' homme qui vivait sous terre
3 participants
Page 1 sur 1
L' homme qui vivait sous terre, de Richard Wright
[Wright, Richard] L' homme qui vivait sous terre
L' homme qui vivait sous terre, de Richard Wright
Edition Gallimard, collection Folio - 123 pages - ISBN 978-2070312870
Quatrième de couverture :
Recherché pour meurtre et poursuivi par la police, un Noir américain s' est réfugié dans un trou d' égout.
Réfugié sous la ville, il découvre un monde étrange, humide et mystérieux, un monde aux règles différentes de celui sur terre, celui des blancs.
Un texte de grande force par l'auteur de Black boy et Des enfants de l' oncle Tom, qui s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains noirs.
Mon avis :
Je considère ce livre à la fois extrêmement étrange mais en même temps très captivant. Après cette lecture vous ne regarderez plus de la même façon les bouches d' égout... Tout au long du livre le personnage vivra des aventures rocambolesques, qui m'ont tour à tour donné envie d'avoir de la peine , voir de la pitié pour lui, à d'autres moments je m' indignais par son attitude que j'ai pu trouver éxécrable.
La fin est aussi inattendue que surprenante et contient véritablement un sens philosophique qu' il convient de signaler...
A son retour parmi les hommes, il ne sera plus qu' une âme folle et errante dans cette Cité...
Qu' adviendra-t- il de son innocence ou de sa culpabilité? A quel sort sera-t-il abandonné au final?
Je vous laisse le découvrir c'est vraiment très intéressant, vous ne serez pas déçus de ce grand auteur!
Edition Gallimard, collection Folio - 123 pages - ISBN 978-2070312870
Quatrième de couverture :
Recherché pour meurtre et poursuivi par la police, un Noir américain s' est réfugié dans un trou d' égout.
Réfugié sous la ville, il découvre un monde étrange, humide et mystérieux, un monde aux règles différentes de celui sur terre, celui des blancs.
Un texte de grande force par l'auteur de Black boy et Des enfants de l' oncle Tom, qui s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains noirs.
Mon avis :
Je considère ce livre à la fois extrêmement étrange mais en même temps très captivant. Après cette lecture vous ne regarderez plus de la même façon les bouches d' égout... Tout au long du livre le personnage vivra des aventures rocambolesques, qui m'ont tour à tour donné envie d'avoir de la peine , voir de la pitié pour lui, à d'autres moments je m' indignais par son attitude que j'ai pu trouver éxécrable.
La fin est aussi inattendue que surprenante et contient véritablement un sens philosophique qu' il convient de signaler...
A son retour parmi les hommes, il ne sera plus qu' une âme folle et errante dans cette Cité...
Qu' adviendra-t- il de son innocence ou de sa culpabilité? A quel sort sera-t-il abandonné au final?
Je vous laisse le découvrir c'est vraiment très intéressant, vous ne serez pas déçus de ce grand auteur!
Invité- Invité
Re: [Wright, Richard] L' homme qui vivait sous terre
L’homme qui vivait sous terre (The Man Who Lived Underground)
Version intégrale suivie de Souvenirs de ma grand-mère
Auteur : Richard Wright
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Azoulai
Éditions : Christian Bourgois (1er Février 2024)
ISBN : 978-2267049961
242 pages
Le premier jet de ce récit a été écrit vers 1940, d’abord sous forme de nouvelle puis plus étoffé. Cette version intégrale est suivie de « Souvenirs de ma grand-mère » qui expliquent la genèse du roman, d’une postface et de remarques sur les textes. Cela complète vraiment la lecture en apportant d’autres angles de vue (notamment un parallèle avec l’allégorie de la caverne) et c’est très intéressant.
L’auteur, afro-américain, est décédé en 1960 à Paris où il s’était réfugié pour exprimer librement ses idées. Il était en contact avec Camus et Sartre. Il souhaitait que son œuvre serve à « rassembler deux mondes, celui des blancs et celui des noirs, afin de n'en faire plus qu'un. »
L’histoire contée ici, celle de Fred Daniels, m’a captivée. Elle parle de la place des personnes noires dans la société américaine, des violences policières, de la destruction d’un homme qui, embarqué dans un tourbillon qu’il ne maîtrise plus, devient un autre, comme si sa vie s’était scindée en deux.
C’est encore tellement d’actualité que c’en est troublant … Fred travaille chez un couple où il fait des petits travaux. Il repart avec sa paie de la semaine, content, pour aller retrouver sa femme sur le point d’accoucher. Un homme ordinaire pour une vie simple …. sauf que …. il croise une voiture avec des policiers blancs et lui, on le comprend, il est noir. Il y a eu un crime dans le quartier. À quoi bon chercher un coupable alors que les agents en ont un, potentiel, sous leurs yeux ?
Bien sûr, c’est totalement injuste mais sûrs d’eux, de leur suprématie, ils embarquent Fred qui ne comprend rien et essaie de se défendre. Il n’est pas écouté, il est violenté. Inquiet pour son épouse, il signe, à bout de force, des aveux. Pourtant, il pense à tous ceux qui pourraient témoigner et dire qu’il est quelqu’un de sérieux mais il sait bien que ça ne servira tant les autres sont, non pas persuadés de sa culpabilité mais persuadés qu’ils peuvent lui escroquer des aveux. Avant d’être incarcéré, on lui « offre » la possibilité de voir sa femme et lorsqu’il en a l’occasion, il s’enfuit. Un peu sur un coup de tête, sans réfléchir. Peut-être simplement, pour prendre du recul face à cette situation ubuesque et trouver comment remettre les choses en place.
L’endroit où il se cache est atypique et ne lui permet de rentrer en contact avec sa compagne. Il doit se débrouiller seul pour survivre et il voit en quelque sorte « l’envers du décor ». Il observe sans être vu, l’attitude de ses semblables, des policiers, de gens inconnus …. Il est déconnecté de son quotidien habituel, il est un autre homme.
« […… ]il était certain d’une chose : sa vie s’était comme fendue en deux. »
Mais Fred ne peut pas vivre caché car ce qu’il découvre le révolte. Alors, il veut revenir s’expliquer, se faire justice. Sera-t-il entendu, écouté, compris ?
C’est un livre puissant, parlant de nombreux thèmes : le racisme, l’injustice, les relations humaines etc. L’auteur envoie un message fort sur l’homme qui disparaît dans le noir et qui revenant à la lumière rencontre des problèmes. A-t-il été profondément transformé par son séjour loin du quotidien ?
L’écriture (merci à la traductrice) est fluide. C’est avec des mots simples qui font mouche que l’on pénètre tout d’abord dans un univers impitoyable puis dans un espace à part où la réalité s’éloigne.
Cet opus est marquant et restera gravé en moi.
_________________
Cassiopée- Admin
-
Nombre de messages : 16860
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Wright, Richard] L' homme qui vivait sous terre
Ecrit dans la foulée du succès d’édition Native Song qui fait alors de Richard Wright « l’auteur noir le plus en vue d’Amérique », L’homme qui vivait sous terre est d’abord refusé par son éditeur, effrayé par sa dénonciation sans fard du racisme dans l’Amérique de ces années 1940. Le livre finit quand même par paraître, mais réduit par la censure au format de nouvelle. Avec quelque quatre-vingts ans de retard, il nous est enfin proposé dans sa version d’origine. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a rien perdu de sa force d’impact !
Un jeune Américain, Fred Daniels, s’apprête à rentrer chez lui après sa journée de travail, lorsqu’il est arrêté par la police. Un double meurtre vient d’avoir lieu dans le quartier et lui qui passait par là avec sa peau noire fait un coupable fort opportun. Malgré son évidente innocence, ses aveux soutirés au terme d’un passage à tabac suffiront aisément à clore l’affaire. C’est tout ce qui compte pour des autorités jugées sur leur apparente efficacité. De toute façon, que pèse ce pauvre gars seul au monde face aux préjugés, mis à part une fragile épouse enceinte et un employeur particulier en l’occurrence absent pour plusieurs semaines ?
Son sort semble donc scellé, quand l’énergie du désespoir lui donne la force de s’échapper. Aux abois, il se glisse par une bouche d’égout entrouverte et se retrouve en un instant « hors du monde ». Là, sous terre, il survit de rapines en perçant les murs de caves et de sous-sols qui, comme autant de périscopes pointant sur le monde, lui ouvrent par la même occasion de subreptices échappées sur la vie privée des hommes. Viendra pour lui le moment de regagner la surface, impatient de partager sa nouvelle compréhension des égarements humains. Sauf qu’entre-temps, les vrais coupables du meurtre auront été identifiés et que ce fou intempestivement ressurgi pour débattre de sa culpabilité deviendra cette fois, toujours pour son malheur, un chien dans un jeu de quilles…
Le récit présente clairement deux faces. Il y a d’abord, côté pile, le réalisme à couper le souffle d’une peinture du racisme et des violences policières qui n’a rien perdu de son actualité, preuve en est l’affaire George Floyd en 2020. Puis, côté face, en même temps que le protagoniste se retrouve à errer dans un envers du monde en jouant les passe-murailles, l’allégorie prend le dessus. Dans ce qui se manifeste comme une folie croissante, en réalité une aliénation causée par la totale incommunicabilité entre Fred Daniels et le monde et par le sentiment de culpabilité en résultant, s’incarne le malaise d’une population noire américaine obligée de faire son chemin, comme elle peut et non sans dommages, dans une société qui ne la reconnaît pas et où elle ne peut donc non plus se reconnaître.
L’auteur s’en explique dans le complément à cette édition, intitulé Souvenirs de ma grand-mère. Il y revient sur l’extrême religiosité de cette dernière, façon pour elle de rendre vivable un monde qui ne l’était pas en s’en extrayant par la création d’une bulle artificielle. Elle aussi vivait attachée au monde, mais hors du monde, dans une dimension parallèle devenue nécessaire à sa santé mentale, puisque, Noire, les codes dominants des Blancs la renvoyait à une étrangeté troublante et dépersonnalisante. Dans ce roman, Richard Wright indique avoir voulu « mettre un homme hors de la vie tout en le maintenant dans la vie, exactement comme [s]a grand-mère. » Brodant alors librement autour de ce thème constitutif, comme la musique de jazz inventée par les Afro-Américains enroule ses improvisations autour de son rythme central, il conclut avoir écrit, avec ce livre, « un morceau de jazz en prose. »
Rares sont les romans à vous emporter dans une telle intensité narrative. Ce cri de révolte aura mis plus de huit décennies avant de pouvoir enfin retentir intact et, force est de le constater, toujours terriblement d’actualité. C’est aussi une œuvre d’une grande qualité littéraire et artistique, dont la genèse expliquée par l’auteur permet d'en comprendre l’importance toute personnelle. Coup de coeur. (5/5)
Un jeune Américain, Fred Daniels, s’apprête à rentrer chez lui après sa journée de travail, lorsqu’il est arrêté par la police. Un double meurtre vient d’avoir lieu dans le quartier et lui qui passait par là avec sa peau noire fait un coupable fort opportun. Malgré son évidente innocence, ses aveux soutirés au terme d’un passage à tabac suffiront aisément à clore l’affaire. C’est tout ce qui compte pour des autorités jugées sur leur apparente efficacité. De toute façon, que pèse ce pauvre gars seul au monde face aux préjugés, mis à part une fragile épouse enceinte et un employeur particulier en l’occurrence absent pour plusieurs semaines ?
Son sort semble donc scellé, quand l’énergie du désespoir lui donne la force de s’échapper. Aux abois, il se glisse par une bouche d’égout entrouverte et se retrouve en un instant « hors du monde ». Là, sous terre, il survit de rapines en perçant les murs de caves et de sous-sols qui, comme autant de périscopes pointant sur le monde, lui ouvrent par la même occasion de subreptices échappées sur la vie privée des hommes. Viendra pour lui le moment de regagner la surface, impatient de partager sa nouvelle compréhension des égarements humains. Sauf qu’entre-temps, les vrais coupables du meurtre auront été identifiés et que ce fou intempestivement ressurgi pour débattre de sa culpabilité deviendra cette fois, toujours pour son malheur, un chien dans un jeu de quilles…
Le récit présente clairement deux faces. Il y a d’abord, côté pile, le réalisme à couper le souffle d’une peinture du racisme et des violences policières qui n’a rien perdu de son actualité, preuve en est l’affaire George Floyd en 2020. Puis, côté face, en même temps que le protagoniste se retrouve à errer dans un envers du monde en jouant les passe-murailles, l’allégorie prend le dessus. Dans ce qui se manifeste comme une folie croissante, en réalité une aliénation causée par la totale incommunicabilité entre Fred Daniels et le monde et par le sentiment de culpabilité en résultant, s’incarne le malaise d’une population noire américaine obligée de faire son chemin, comme elle peut et non sans dommages, dans une société qui ne la reconnaît pas et où elle ne peut donc non plus se reconnaître.
L’auteur s’en explique dans le complément à cette édition, intitulé Souvenirs de ma grand-mère. Il y revient sur l’extrême religiosité de cette dernière, façon pour elle de rendre vivable un monde qui ne l’était pas en s’en extrayant par la création d’une bulle artificielle. Elle aussi vivait attachée au monde, mais hors du monde, dans une dimension parallèle devenue nécessaire à sa santé mentale, puisque, Noire, les codes dominants des Blancs la renvoyait à une étrangeté troublante et dépersonnalisante. Dans ce roman, Richard Wright indique avoir voulu « mettre un homme hors de la vie tout en le maintenant dans la vie, exactement comme [s]a grand-mère. » Brodant alors librement autour de ce thème constitutif, comme la musique de jazz inventée par les Afro-Américains enroule ses improvisations autour de son rythme central, il conclut avoir écrit, avec ce livre, « un morceau de jazz en prose. »
Rares sont les romans à vous emporter dans une telle intensité narrative. Ce cri de révolte aura mis plus de huit décennies avant de pouvoir enfin retentir intact et, force est de le constater, toujours terriblement d’actualité. C’est aussi une œuvre d’une grande qualité littéraire et artistique, dont la genèse expliquée par l’auteur permet d'en comprendre l’importance toute personnelle. Coup de coeur. (5/5)
Re: [Wright, Richard] L' homme qui vivait sous terre
C'est noté. Et hop: dans ma liste! Merci! XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3269
Age : 72
Localisation : Québec
Emploi/loisirs : Retraité
Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Sujets similaires
» [French, Ray] Six pieds sous terre
» [Chi, Li] Un homme bien sous tous rapports
» [Dole, Antoine] Six pieds sous terre
» [Terral, Vanessa] Cinq pas sous terre
» [Nixon, Carl] Sous la terre des Maoris
» [Chi, Li] Un homme bien sous tous rapports
» [Dole, Antoine] Six pieds sous terre
» [Terral, Vanessa] Cinq pas sous terre
» [Nixon, Carl] Sous la terre des Maoris
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum