[Rodriguez, Cristina] Meurtres sur le Palatin

Mon avis (Challenge Partage-Lecture 16) :

Avez-vous déjà essayé de donner un bain à un chat ? Oui ? Et comment cela s'est passé ? Tirons un voile pudique sur une aventure qui a dû se terminer de façon sanglante. Vous mesurerez le courage de Kaeso en sachant qu'il fait prendre des bains réguliers à Io, son léopard.
Oui, j'avoue avoir été plus fascinée par ce personnage (celui de Io, entendons-nous) que par les autres. J'aime beaucoup ses apparitions, ou les moments (courts) où Kaeso lui prête des pensées (lisez donc le début du chapitre 10 et son étude comparative des mollets qui passent à portée de ses mâchoires).
J'avoue ne pas être très fan de cette période historique (la faute à de mauvais souvenirs de cours de latin). Néanmoins, ce livre se lit très facilement : nous avons à portée de lecture tous les éléments historiques qui nous permettent de comprendre l'intrigue, sans que celle-ci en soit alourdie. Autre chance : les personnages sont fortement caractérisés, et ont des personnalités extrêmement intéressantes. Nous découvrons Rome et sa part d'ombre, ce qui se passe dans les coulisses de la haute société romaine, entre combats de gladiateurs clandestins et protitutions.
Roman policier ? Je me suis plus intéressé au personnage d'Apollonius, à son étrangeté, au devenir du jeune esclave Mnester qu'à la résolution de l'enquête.
Note : et si Concordia et Kaeso cessaient leur jeu du chat et de la souris ? Certes, Kaeso est déjà assez vulnérable alors que Concordia n'est que sa cousine, alors si elle était sa femme, je n'ose imaginer les rebondissements que cela entraînerait.

Ce livre a globalement été une belle découverte pour moi. Pas le coup de cœur de l’année, mais un très agréable moment de lecture.

Je n’ai pas trouvé le style très agréable, un peu rebutée pas les phrases à propositions multiples, voire démultipliées, du genre qu’il faut relire trois fois pour comprendre qui fait quoi, où, et quand (dans le genre de celle-là, tiens ! ). A l’inverse, les dialogues parfois crus, s’ils en ont choqué certains, ont plutôt été un point positif pour moi. Un peu marre des romans historiques où le dernier des péquenots emploie l’imparfait du subjonctif à tour de bras .

Les personnages sont sympathiques, bien typés, assez complexes et ambigus pour être réalistes, même si le méchant Marcus est vraiment très, très méchant. L’intrigue est bien menée, ni trop transparente, ni illisible, avec des rebondissements placés à bon escient. Ce qui est amusant, c’est que ce qui a rebuté la plupart des partageurs - le nombre pléthorique de personnages - ne m’a pas du tout gênée, au contraire. J’ai même trouvé que ça donnait de la vivacité au récit.
La société romaine de l’époque est décrite au travers les actes et les dires des différents protagonistes, de préférence à des exposés plus didactiques, nécessaires mais dont l’auteur a su ne pas abuser. Cela donne une image réaliste (je pense, je ne suis pas historienne) et vivante de la Rome antique : une société puissante, devenue arrogante, officiellement ouverte aux étrangers mais xénophobe dans l’intimité, mélange de raffinement et de luxe tapageur, d’ordre et de barbarie. Captivant.

Mon plus grand regret est certainement la propension de l’auteur à introduire une pincée de sexe dans chaque passage, ou presque. Comprenons-nous : je n’ai rien contre les scènes torrides, j’estime même qu’une sensualité bien dosée est un atout majeur dans un roman. Bien dosée.
En effet, était-il vraiment nécessaire de rappeler à chaque page à quel point Kaeso est beau, puissant et bien foutu ? De nous saouler avec le corps fort désirable de Concordia, ou les courbes fabuleuses de Victoria ? De ne faire apparaître Mnester que les fesses à l’air ?
Je n’en suis pas vraiment convaincue... D’autant plus que la probabilité de trouver autant de bombes au mètre carré est assez infime, que ce soit aujourd’hui ou à l’époque... Enfin bon, moi, ce que j’en dis...

Ce roman reste néanmoins un très bon policier, truffé de personnages attachants, le tout dans l’univers édifiant de la Rome antique. Je le recommande sans hésitation.