[Niffenegger, Audrey] Les jumelles de Highgate

Je vais me démarquer assez nettement de la majorité sur cette critique, mais je n'ai absolument pas apprécié cette lecture.

La quatrième de couverture, les extraits des critiques médiatiques, laissaient présager un roman sentimental plein de mystères, dans une ambiance romantique et inquiétante.
J’estime que ce n’est ni plus ni moins que de la publicité mensongère.

Pour être qualifié de roman sentimental, il faudrait que ce livre relate au minimum une histoire d’amour digne de ce nom. Or on n’a guère le choix qu’entre une idylle morte et enterrée (Robert et Elspeth), une autre qui ne naîtra jamais vraiment (Robert et Valentina), et la relation fondamentalement malsaine entre Julia et sa jumelle.
Quant à l’ambiance romantique et inquiétante, encore faudrait-il qu’il y ait eu une ambiance. Il y avait pourtant matière, entre les promenades dans le Londres chic et un cimetière plusieurs fois centenaire, à déclencher chez le lecteur émerveillement et frissons. Mais les descriptions, rares et limitées, basées essentiellement sur les sens de personnages plutôt que leur ressenti, ont transformé ce décor prometteur et subtil en façade de carton pâte sans mystère ni profondeur.

Venons-en à l’histoire, même s’il n’y a pas là de quoi relever l’ensemble. Le récit, au style propre mais banal, n’est qu’une accumulation de scènes sans vigueur ayant pour fond une intrigue absurde. Il faut à peine douze pages pour deviner le «terrible et mystérieux secret» d’Elspeth et Edwina, et à peine plus pour comprendre que l’ensemble va mal finir pour Valentina, et que le fantôme d’Elspeth va jouer un rôle majeur dans le drame qui se prépare.
Soit dit en passant, la dimension fantastique du récit ressemble à une grossière ficelle narrative, permettant de ne pas trop se casser la tête à résoudre de façon crédible les relations complexes entre les différents personnages.

D’ailleurs, parlons-en, des personnages... Des jumelles superficielles et égoïstes, un universitaire incapable de boucler sa thèse, un cruciverbiste affligé de TOCs, un fantôme de libraire à domicile, tous financièrement aisés, tous isolés à leur façon du monde réel. Difficile de s’attacher à eux, encore plus de s’inquiéter ou simplement de s’intéresser à leur sort.

Le seul détail qui a rattrapé le livre à mes yeux et lui a évité une condamnation sans appel est la présence de Martin, dont la personnalité est de loin la plus intéressante et la plus réaliste du récit. Contrairement aux autres, il fait face à un vrai problème, qu’il résout de façon réaliste, et vit avec Marijke une histoire attendrissante malgré ses difficultés.
Ceci dit, subir 414 pages de niaiseries pour ça, le jeu n’en valait décidément pas la chandelle.

En résumé, ce livre a été pour moi une énorme déception (la première de mon challenge ), je ne le recommande absolument pas.