[Tardif, Alain] Voyage quantique - Les Chercheurs d'amour

C’est une mission bien surprenante que Jacques de Chamalière, ministre de l’Intérieur, candidat aux prochaines élections présidentielles, confie à l'ésotériste Miguel Debriz : créer un groupe d’étude sur la maîtrise de l’arme électorale absolue, l’Amour, dans le but d’orienter le vote du peuple en sa faveur.
Intellectuels, scientifiques et mystiques, réunis dans une même quête, entrainés malgré eux en des contrées lointaines et inhospitalières, seront destinés à une prise de conscience de forces inaliénables.

Auteur d’ouvrages pluridisciplinaires dans le domaine des médecines alternatives, Voyage quantique est le premier roman d’Alain Tardif. Au travers d’un parcours initiatique, l’auteur passe au crible l’ensemble de nos institutions et lobbys en tout genre. Politique, santé, science, religion, les usurpateurs sont démasqués, le cauchemar sociétal dans lequel l’humanité s’enlise, étalé au grand jour.

Mon avis :

La SF est connue pour être par excellence le genre littéraire servant la critique sociologique. Ce roman ne déroge pas à la règle.
La politique, la religion, le monde scientifique , le mercantilisme entre autres sont ici pointés du doigt par l'entremise des "élus" du groupe d'étude et de maîtrise de l'Amour commandité par un ministre assoiffé de pouvoir.
L'auteur ponctue son récit de références nous permettant de faire sans difficulté le lien avec le monde dans lequel nous vivons, de savoureuses expressions parsèment le récit dont les dialogues deviennent plus emphatiques voire lyriques à mesure que les protagonistes s'approchent de leur but. La dénonciation sociale partage alors le haut du pavé avec la signification de l'Amour sous sa forme la plus spirituelle .
L'idée de départ est originale même si la volonté de se servir de l'affectivité des foules dans un but électoral  est bien présent dans la réalité (quoique de manière moins explicite) et est servie ici avec humour.
La société future telle qu'imaginée par l'auteur est crédible : ses deux cités, l'une que l'on suppose capitaliste, l'autre illustrant parfaitement un goulag extrémiste, s'affrontent dans un relent de guerre froide sous la présence quasi menaçante d'une nature aux allures de forêt vierge...Et si ce roman n'est pas un bijou littéraire de par son style un peu scolaire, il a au moins le mérite, en plus d'être une critique quasi exhaustive des milieux intellectuels, de lancer le questionnement sur le sens de l'Amour et sa place dans nos sociétés.

Etant peu encline au sentimentalisme et appréciant les dialogues sous forme de joutes verbales, je ne peux pas dire que j'ai particulièrement apprécié cet ouvrage. J'avoue être restée un peu sur ma faim...Mais ce roman devrait cependant n'avoir aucun mal à trouver son public parmi les amateurs de romans sociologiques ou parmi ceux qui aiment à s'interroger sur le sens des valeurs ou des fondements de notre vie.