[London, Jack] Martin Eden

Cela faisait très longtemps qu'un roman ne m'avait pas transportée à ce point .
Je ne connaissais de Jack London que les romans que l'on trouve habituellement au rayon jeunesse : Croc Blanc, L'appel de la forêt, Mickaël chien de cirque...
Quelle découverte ! quelle claque ! que ce Martin Eden. C'est, paraît-il, son chef d'oeuvre, et je n'ai aucune peine à le croire.

L'histoire m'a d'autant plus captivée que je n'avais (comme souvent) pas lu le résumé avant d'attaquer. Je me suis accrochée à l'histoire, avide de découvrir un dénouement que l'on devine à la fois sublime et tragique. Ce jeune marin, inculte et touchant, va-t-il parvenir à se hisser hors de sa condition, à se faire une place dans cette société oisive et raffinée dont il n'a eu qu'un bref aperçu, va-t-il franchir la porte qui le mènera à son but, la charmante et fragile Ruth ?

Dopé par un travail acharné, une volonté de fer, une constitution hors du commun, l'intellect du jeune matelot dépassera non seulement celui de ses pairs, de ses compagnons de misère, mais également celui de ces bourgeois qu'il admirait tant. Mais cette supériorité, qui lui procure d'abord une intense satisfaction, ne lui apporte finalement que douleur et désillusion. Et tandis que tous - ses parents, sa belle - le pressent d'utiliser ses connaissances toutes neuves pour "se faire une situation", Martin ne rêve désormais plus que d'écrire, coucher sur le papier les visions merveilleuses, grandioses, qui le hantent.

Je cache un bout de ma critique, pour ceux qui auraient envie de se lancer dans cette lecture. J'en dis trop sur la fin

Spoiler:

J'ai été profondément touchée par ce personnage sublime, torturé, émouvant, atrocement lucide sur sa condition. La société qu'il décrit, une société qui écrase les faibles, qui les broie au service de rentiers aux vues étroites, est malheureusement d'un réalisme troublant. Je mettrai probablement quelques jours à me remettre de cette lecture puissante, violente, déchirante.

Un véritable coup de cœur