[Ferrigno, Robert] Feddayin!
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Votre avis :
[Ferrigno, Robert] Feddayin!
Poche: 637 pages
Editeur : J'ai lu (2 juin 2010)
Collection : J'ai lu Thriller
Langue : Français
Résumé :
Bienvenue en République d’Amérique Islamique.
2040. Après une attaque nucléaire et au terme d’une sanglante guerre civile, les Etats-Unis sont devenus les Etats-Islamiques d’Amérique. Depuis Seattle, la nouvelle capitale, le gouvernement et la police religieuse tentent de vaincre les derniers Etats restés aux mains des fondamentalistes chrétiens...
C’est dans ce monde où règne la paranoïa que disparaît Sarah Dougan, historienne et nièce du chef de la sécurité. Un ancien guerrier, un feddayin, Rakkim Epps, est chargé de la retrouver. Il se lance dans l’inconnu, avant de comprendre qu’elle est en possession de documents susceptibles de saper les fondations du nouvel ordre.
L’auteur :
Né en Floride en 1947, Robert Ferrigno est un ancien joueur professionnel de poker. Feddayin ! est le premier tome d’une trilogie donc Rakkim est le héros.
(je précise que les deux autres tomes ne sont pas encore traduits en français...)
Mon avis :
Et bien j’ai mis le temps (vacances, visites à la famille, etc...) mais je l’ai fini ce livre ! Et quel livre !!
Mais tout d’abord, c’est quoi un « feddayin » ? Wikipédia nous en dit plus : « Les feddayin sont de petits groupes de commandos palestiniens ne reconnaissant pas Israël et qui s'y opposent par les armes. Souvent mentionnés dans les années 1970, ils sont à la base des mouvements comme Hamas, ou le Jihad islamique. »
Cependant, dans le roman de Robert Ferrigno, les Feddayin sont plus des guerriers surentraîner (tueurs, espions) qui se battent pour une cause qu’ils croient juste.
Voilà pour la petite parenthèse d’ordre pratique.
Venons-en à l’histoire en elle-même. Tout tourne autour de Sarah Dougan, jeune femme cultivée, nièce de Redbeard, le chef de la Sécurité Nationale, et de son secret. Ils évoluent en 2040 dans la « République d’Amérique Islamique ». En fait, les Etats-Unis ont été attaqué par des bombes nucléaires et les musulmans ont pris le pouvoir (tout comme en Europe d’ailleurs... où presque tout le monde s’est converti). Cependant, le bonheur n’est pas au rendez-vous car les guerres civiles, les fondamentalistes et autres fous apocalyptiques essaient tant bien que mal de prendre le pouvoir. Entre autre, il y a Le Vieux, un homme d’un âge [très] avancé qui souhaite régné sur le monde, Ibn Aziz, l’ascète extrémiste et j’en passe et des meilleurs.
On a donc un pays dont le peuple est converti mais terrorisé. Tout le monde se cache derrière ses chapelets et personne ne dit rien, en proie à la peur d'être battu, emprisonné ou d'avoir une main coupée (ou pire!).
De l’autre côté du globe, c’est la chine [première puissance mondiale de 2040] qui se réjouit de la descente aux enfers des « ex-Etats-Unis d’Amérique » qui sombrent dans l’ignorance technologique et souffre des pires maux.
C’est donc dans ce bourbier politique que vit Sarah, une professeur d'histoire à l'université. Mais elle va se révéler contre le système en vigueur et écrira un livre qui fera scandale. Ce qui va la mettre en danger, c’est l’écriture de son second livre qui pourrait bien remettre en cause tous les fondements du nouveau régime.
Heureusement Rakkim, son amant feddayin, est là pour la protéger.
Une idée folle, très originale et hallucinante ! Les Etats-Unis réduits à n’être qu’un petit pays en guerre interne parmi tant d’autres. Il s’agit d’un monde bien ficelé et plein de détails. Robert Ferrigno a su créer un univers très détaillé sans « coquille ». Un monde parfait de l’extérieur qui va vite se révéler être un chaos sans nom, pourri de l’intérieur.
Grâce à des chapitres relativement courts et rythmés par les cinq prières journalières qu’exige le Coran, la lecture est facile et fascinante. On découvre les dessous du monde islamique, ses rites et ses croyances. C’est formidable d’en apprendre plus sur ce monde assez secret.
L’évolution de l’histoire se fait en parallèle pour divers personnages : en effet, tantôt on suit les faits et gestes de Sarah (qui a fuit pour sa sécurité), tantôt de Rakkim (le héros qui recherche Sarah), ou encore de Darwin (le tueur feddayin, fou à lier qu’on adore détester), etc...
Tous ces personnages sont formidables et très différents. Sarah est une jeune femme forte qui a « perdu » ses deux parents. Quand elle découvre le mensonge qui est à l’origine de la « Transition » (c’est-à-dire le changement de régime) elle va tout faire pour que le monde entier sache enfin la vérité.
Rakkimest un ex-feddayin à la retraite (il n’a qu’une trentaine d’années), chose très rare car les feddayin ne partent jamais à la retraite, il sont tués en mission... ou par leurs propres chefs. Recueilli par Redbeard à la mort de ses parents, il va devenir une sorte de « super-feddayin », capable de tuer quelqu’un avec un seul doigt... Il va partir à la recherche de Sarah, sa petite-amie, après que Redbeard lui en ai donné l’ordre. Commence alors une course contre la montre où il va devoir affronter bien des dangers.
Parmi ces dangers se trouve Darwin. Ah Darwin... Un personnage énigmatique... et très dangereux ! Un assassin feddayin, rien que ça, qui a été entraîné à tuer, et il le fait à merveille. Cependant la folie lui a brouillé les idées et il ne tue plus que quand on lui en donne l’ordre, il tue aussi qui il veut, quand il veut... Froid et sanguinaire, il a complètement perdu le sens des réalités et, quand Le Vieux lui demande de retrouver Rakkim, cela va vite se transformer en jeu pour lui. Mais un jeu très sanglant...
Suspense, complots politiques, meurtres, sang... Robert Ferrigno a su capter mon attention et mon intérêt pour l’histoire n’a cessé de croître au fil de la lecture, jusqu’au dernier mot, de la dernière phrase, de la 637ème et dernière page...
Et la fin ! Magnifique ! J’ai cru que ce moment n’arriverait jamais. Vous comprendrez en lisant ce livre, de quoi je parle. Un moment clé qui se fait attendre... On se languit de le voir arriver... Et il est parfait !
J’ai souri en lisant les 50 dernières pages (même si finalement, ce n’est pas vraiment drôle...).
En bref : James Ellroy a dit à propos de ce roman « un tour de force brutal et réjouissant ». Et bien OUI ! C’est puissant et ambitieux. Superbe !
Note :5/5
Extraits :
p.97 « La Chine était considéré comme la première puissance mondiale alors que les Etats-Islamiques faisaient figure de nation technologiquement à la traîne et politiquement fragmentée, dont l’ancienne gloire n’était plus qu’un lointain souvenir. »
p. 501 « L’œil qu’elle avait énuclée pendait contre son poignet alors qu’elle lacérait de ses ongles le visage d’Ibn Aziz, tentant d’attraper l’autre. L’œil ressemblait à un grain de raisin. »
Invité- Invité
Re: [Ferrigno, Robert] Feddayin!
merci S.Ecriture pour cette avis plein d'enthousiasme... mais j'ai du mal avec le contexte... j'aime l'idée en tout cas
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Ferrigno, Robert] Feddayin!
C'est sûr que c'est hallucinant et très difficile à avaler. On se dit "mais c'est quoi ce délire ?" et pourtant c'est ce qui m'a poussée à lire ce livre (assez paradoxale je l'avoue...). En fait on s'habitue vite au contexte politico-religieux très particulier de ce roman et ça permet même dans apprendre plus sur le monde de l'islam (très instructif de ce point de vue là).
Invité- Invité
Re: [Ferrigno, Robert] Feddayin!
J'en profite pour citer un passage des "remerciements" de vigueur qui se trouvent à la fin du roman.
(il commence d'ailleurs par ceci : )
(il commence d'ailleurs par ceci : )
J'aimerais ici exprimer la dette que j'ai envers Simone de Beauvoir, écrivaine et philosophe athée quant à l'origine même de ce roman. Un journaliste lui avait un jour demandé quelle impression elle éprouvait après avoir produit une oeuvre qui niait tout entier l'existence de Dieu. Simone de Beauvoir avait alors répondu : "On peut abolir l'eau, mais on ne peut abolir la soif". Je me suis mesuré des années à cette profonde observation, et j'espère que ce livre est digne d'elle.
Invité- Invité
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