[Tanizaki, Junichirô] Le pont flottant des songes
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[Tanizaki, Junichirô] Le pont flottant des songes
Le pont flottant des songes, de Junichirô TANIZAKI
Écrit en 1959
Editions Folio (2009), Traduction de Jean-Jacques Tschudin
110 Pages.
4ème de couverture :
"Tadasu a grandi, mais il reste toujours un petit enfant lorsqu'il pense à sa mère, la merveilleuse Chinu, si bien réincarnée dans la seconde femme de son père, avec qui il entretient une relation trouble mêlant amour filial et désir.
Un magnifique éloge de la maternité et une réflexion sur l'image de la femme."
Mon avis : Difficile à dire... Je n'ai pas de sentiment tranché concernant cette lecture. J'ai aimé la prose très sobre et dépouillée de Tanizaki, mais le côté plutôt glauque de la relation entre le père, les deux mères, Tadasu et son épouse m'a mise mal à l'aise.
Là où la 4ème de couverture vantait "un magnifique éloge de la maternité", j'ai surtout lu une histoire de mère omnipotente et castratrice. La seconde mère ne vit pour ainsi dire que pour son fils adoptif, va jusqu'à abandonner son propre enfant car Tadasu "seul lui suffit" et attend le même amour exclusif et entier en retour. Elle devient l'incarnation de l'idéal féminin pour son fils et contribue à attiser une relation quasi incestueuse, un complexe d'œdipe non résolu, qui relèguent toute autre femme à un rôle de figuration.
Et le plus surprenant est que le père n'apporte aucun contre-poids mais encourage cette relation ambigüe ("Je te demande de t'occuper d'elle, et d'elle seule. Tout le monde dit que tu me ressembles, et c'est vrai. Si tu restes à ses côtés, maman aura l'impression que c'est comme si j'étais toujours là. Est-ce que, du fond du cœur, tu es vraiment prêt à faire en sorte que maman ressente cela, à en faire le seul but de ton existence, sans avoir besoin d'aucune autre satisfaction ?")
Concernant la réflexion sur l'image de la femme, je n'ai trouvé que annihilation des femmes qui ne sont pas la mère. Chinu, avant son mariage, semblait libre et dotée d'une personnalité sinon forte du moins bien à elle. Or, en épousant le père, elle épouse tous les attributs de sa première femme, va jusqu'à prendre son prénom et la ressemblance devient si forte que le fils lui-même n'arrive plus à faire la distinction entre ses deux mères. De même, quelle femme souhaiterait être à la place de la belle-fille, choisie uniquement "pour former [...] un couple au service de maman."
Autres temps et lieu, autres mœurs me direz-vous. Sans doute. Mais malgré tout, cette histoire n'est en aucun cas un magnifique éloge de la maternité telle que je la conçois.
Écrit en 1959
Editions Folio (2009), Traduction de Jean-Jacques Tschudin
110 Pages.
4ème de couverture :
"Tadasu a grandi, mais il reste toujours un petit enfant lorsqu'il pense à sa mère, la merveilleuse Chinu, si bien réincarnée dans la seconde femme de son père, avec qui il entretient une relation trouble mêlant amour filial et désir.
Un magnifique éloge de la maternité et une réflexion sur l'image de la femme."
Mon avis : Difficile à dire... Je n'ai pas de sentiment tranché concernant cette lecture. J'ai aimé la prose très sobre et dépouillée de Tanizaki, mais le côté plutôt glauque de la relation entre le père, les deux mères, Tadasu et son épouse m'a mise mal à l'aise.
Là où la 4ème de couverture vantait "un magnifique éloge de la maternité", j'ai surtout lu une histoire de mère omnipotente et castratrice. La seconde mère ne vit pour ainsi dire que pour son fils adoptif, va jusqu'à abandonner son propre enfant car Tadasu "seul lui suffit" et attend le même amour exclusif et entier en retour. Elle devient l'incarnation de l'idéal féminin pour son fils et contribue à attiser une relation quasi incestueuse, un complexe d'œdipe non résolu, qui relèguent toute autre femme à un rôle de figuration.
Et le plus surprenant est que le père n'apporte aucun contre-poids mais encourage cette relation ambigüe ("Je te demande de t'occuper d'elle, et d'elle seule. Tout le monde dit que tu me ressembles, et c'est vrai. Si tu restes à ses côtés, maman aura l'impression que c'est comme si j'étais toujours là. Est-ce que, du fond du cœur, tu es vraiment prêt à faire en sorte que maman ressente cela, à en faire le seul but de ton existence, sans avoir besoin d'aucune autre satisfaction ?")
Concernant la réflexion sur l'image de la femme, je n'ai trouvé que annihilation des femmes qui ne sont pas la mère. Chinu, avant son mariage, semblait libre et dotée d'une personnalité sinon forte du moins bien à elle. Or, en épousant le père, elle épouse tous les attributs de sa première femme, va jusqu'à prendre son prénom et la ressemblance devient si forte que le fils lui-même n'arrive plus à faire la distinction entre ses deux mères. De même, quelle femme souhaiterait être à la place de la belle-fille, choisie uniquement "pour former [...] un couple au service de maman."
Autres temps et lieu, autres mœurs me direz-vous. Sans doute. Mais malgré tout, cette histoire n'est en aucun cas un magnifique éloge de la maternité telle que je la conçois.
Dernière édition par Jana le Mar 14 Sep 2010 - 17:00, édité 6 fois
Invité- Invité
Re: [Tanizaki, Junichirô] Le pont flottant des songes
Jana pour cette critique! Pourrais-tu juste ajouter une image, STP et ce serait parfait
Invité- Invité
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