[Polidori, John William] Le vampire

Editeur : Actes Sud
Collection : Babel
ISBN : 2-7427-0906-1
Nb. de pages : 70 pages

Début du récit :

Au milieu des cercles de la haute société que le retour de l'hiver réunit à Londres, on voyait un seigneur aussi remarquable par ses singularités que par son rang distingué.
Spectateur impassible de la gaieté qui l'environnait, il semblait ne pouvoir la partager. Si la beauté, par un doux sourire, fixait un instant son attention, un seul de ses regards la glaçait aussitôt et remplissait d'effroi ces cœurs où la légèreté avait établi son trône. La source de la terreur qu'il inspirait était inconnue aux personnes qui en éprouvaient les effets ; quelques-uns la cherchaient dans ses yeux gris et ternes, qui ne pénétraient pas jusqu'au fond du cœur, mais dont la fixité laissait tomber un regard sombre dont on ne pouvait supporter le poids.
Ces singularités le faisaient inviter dans toutes les maisons : tout le monde souhaitait le voir. Les personnes accoutumées aux sensations fortes, et qui éprouvaient le poids de l'ennui, étaient charmées d'avoir en leur présence un objet de distraction qui pût attirer leur attention.

Mon avis :

Cette nouvelle, fut écrite en 1819, dans un contexte particulier. Un défi fut lancé par Lord Byron lors d'une journée pluvieuse à, entre autres, Percy (qui refusa) et son épouse Mary Shelley, avec le but d'écrire une nouvelle mettant en scène un mort-vivant. Mary Shelley engendra d'ailleurs Frankenstein. En revanche, Lord Byron, manquant d'inspiration, abandonna ses notes à son secrétaire John William Polidori, qui travailla cette ébauche et eut un succès immédiat en Europe. De fait, la paternité de ce récit fut âprement disputée entre les deux écrivains et fut finalement attribuée à Lord Byron lorsqu'elle fut publiée dans le New Monthly Magazine.
Le personnage de Lord Ruthven, nous montre un vampire charismatique. On ne sait que peu de choses sur les techniques qu'utilise ce personnage pour parvenir à ces fins, mais il possède indéniablement un pouvoir de séduction. Le vampire est avant tout présenté ici comme un être destructeur.
J'ai trouvé intéressant de lire cette nouvelle antérieur au Dracula de Bram Stoker. La lecture n'est pas spécialement aisée, ni fluide (en ce qui concerne la traduction tout au moins), mais on se laisse entraîner dans cette histoire. J'avoue que le personnage de Lord Ruthven a réussi à me captiver. Je pense que c'est un texte qu'il ne faut pas hésiter à lire surtout si l'on s'intéresse un tant soit peu aux vampires. C'est une nouvelle profonde, bien loin de ce que l'on peut parfois trouver de nos jours sur le sujet.
En conclusion, je dirais que j'ai été agréablement surprise.

Ma note : 7,5/10

Pourrais-tu ajouter une image, STP, Angy?

C'est fait