[Grisham, John] Le contrat
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[Grisham, John] Le contrat
Le contrat (The appeal)
Pocket - 2008 -506 pages
Résumé :
Krane Chemical par ses rejets chimiques a pollué les nappes phréatiques de la ville de Bowmore (Mississippi). On compte plus de cinquante morts et des centaines de cancers dont certains en phase terminale. Un procès retentissant condamne cette société à 41 millions de dollars de dommages et intérêts. Le titre chute. Le président de la holding, Carl Trudeau perd un milliard en une seule journée. Il va en appel et pour le gagner il met en oeuvre une machination destinée à faire élire un juge, à sa botte, à la cour suprême de l'état.
Mon avis :
Bowmore (ville imaginaire) - Mississippi, de nos jours.
Un peu de soleil dans l'eau froide, le procès est gagné. Jeannette Baker, qui a perdu fils et mari et ses avocats, Marie-Grace et Wes Payton, du cabinet Payton & Payton, ne sont pas dupes, 41 millions, la manne, ils ne sont pas près de les toucher. Il y aura appel et pas avant dix-huit mois.
Le bonhomme responsable de cette misère grogne contre le système, les avocats, les jurés, les péquenauds du sud et surtout que, avec cette perte de un milliard, il rétrograde dans le classement Forbes des plus riches du pays. Suprême affront s'il en est. Cela ne l'empêche pas, d'acheter, dans une vente aux enchères de charité, une statue, une mocheté, dix-huit millions de dollars. Pour faire plaisir à Maman.
Trudeau, c'est son nom, sait qu'il ne gagnera pas en appel, la cour du Mississippi valide systématiquement les jugements de ce style et les pénalités qui vont avec.
Un sénateur dirige Trudeau vers un intermédiaire, qui, pour la modeste somme de huit millions de dollars, lui garantit la victoire en appel en installant un juge fantoche à la cour suprême, composée de neuf membres dont un est en période de réélection (dans certains états les juges sont élus, dans d'autres ils sont nommés par le gouverneur).
C'est immonde ! Grisham, une nouvelle fois, avec réalisme et force, dénonce le système juridique de son pays. Il n'y va pas de main morte, car si le lecteur, confortablement installé dans son fauteuil, pipe à la bouche, vieux calva à portée de main, pense que le dénouement sera politiquement correct, c'est raté ! A côté de la plaque le lecteur, politiquement incorrect qu'il nous narre cette histoire, le Johnny.
Les avocats civilistes sont la visée des entreprises du pays, c'est vrai, quoi, les gens meurent à cause de défaillances voulues ou fortuites de groupes multi-milliardaires, mais ce n'est pas une raison pour en rajouter. regardez les toubibs et leurs assurances responsabilité, ils sont passés de la Bentley à la BM, ça va pas, faut changer ça. La flotte elle n'est pas plus responsable des morts et des cancers que l'air qu'on respire ou les hamburgers de McDo, non, mais, des fois !
La bourgade paumée crève, plus un commerce, plus un emploi, le géant de la chimie a mis les bouts, direction le Mexique, là-bas, au moins, on crève sans la ramener et d'ailleurs, qui s'en soucie, un de plus, un de moins, est-ce que ça compte ? On peut bousiller la planète en toute tranquillité, quoique les frais généraux en prennent un coup, le kérosène c'est pas donné pour un jet privé, c'est qu'c'est plus le loin le Mexique !
Effrayé je suis, complétement, oui, c'est de la fiction, d'accord, il le dit le père Grisham, ville inventée, comté inventé, juges et tout le bataclan, inventés, certes, mais des mousses roses qui flottent sur nos rivières on a connu ça chez nous ! Il ajoute, quand même, le Grisham, mis bout à bout, il s'agit de quelques affaires qu'il a eues à traiter, parapluie ? Je ne pense pas, il n'a pas pour habitude de se cacher derrière son p'tit doigt, c't'homme.
Le rouleau compresseur du fric au détriment de la personne humaine est, ici, traité de façon magistrale. A s'arracher les cheveux qui vous restent (je parle pour moi, rassurez-vous, z'êtes jeunes), à prendre l'avion pour aller cracher à la figure du premier patron américain que vous croisez, à balancer vot'bouquin par la fenêtre (vérifiez qu'il n'y a personne en dessous). Remarquez, l'honneur est sauf, ça finit bien pour Trudeau, le président de Pourris and Co., puisque son milliard il le récupère et se paie un "mégayacht" (plus petit que le "gigayacht", heureusement !), à peine moins grand qu'un destroyer, ouf !
Comme habituellement chez Grisham, on part doucement et, petit à petit, l'intrigue se met en place, pour arriver à son paroxysme juste avant la fin du bouquin. Livre brillant, écriture brillante, agréable (c'est ça le pire !), choisie, bref du (bon) Grisham pur sucre que je recommande.
Deux petites choses et j'ai fini (je sais, je sais, je m'étale), premièrement, pour ceux qui aiment, ce livre s'apparente au très bon :
La conspiration Trevayne de Robert Ludlum
et, secondement, une fois n'est pas coutume, je tire mon chapeau au traducteur.
4,75/5
B
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le contrat
je suis réticent à ces gros livres et surtout ces auteurs qui nous assènent leur livre sur la même trame que les précédents. Mais bon je ferai peut -être une exception grâce à toi....
Re: [Grisham, John] Le contrat
Il faut aimer, ça secoue ! Ce n'est pas redondant. En revanche tu as raison dans le sens où Grisham enfonce, à chaque fois, un peu plus le système. Il faut, quand même, ce qu'il faut, là où il faut...
Merci de ton passage Loubhi.
B
Merci de ton passage Loubhi.
B
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le contrat
Bernard a écrit:Il faut aimer, ça secoue ! Ce n'est pas redondant. En revanche tu as raison dans le sens où Grisham enfonce, à chaque fois, un peu plus le système. Il faut, quand même, ce qu'il faut, là où il faut...
Merci de ton passage Loubhi.
B
j'apprécie toujours tes chroniques et je vois avec intérêt que tu te penches sur Vendetta, je l'ai lu et aimé, accroche toi et j'attends très vite de comparer nos critiques respectives.
_________________
Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Grisham, John] Le contrat
On peut se dire aussi que si Grisham continue d'exploiter le même filon, c'est qu'il sait pouvoir le faire avec talent.
Merci pour ta critique.
Merci pour ta critique.
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le contrat
Je n'ai jamais eu un seul roman de John Grisham : le temps et l'occasion m'ont fait défaut. Mais je me dis : pourquoi pas ?
Très belle critique en tout cas Bernard.
Très belle critique en tout cas Bernard.
Sharon- Modérateur
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Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Grisham, John] Le contrat
ça roule, Loubhi ! Pour le moment, je suis très partagé mais 50 années de la maffe, ça vaut le coup de continuer...
C'est un plaisir FrançoisG.
Grisham est un remontant pour moi.
Merci Sharon.
Pour l'instant (j'en ai lu seize), Le couloir de la mort est très dur mais reste le meilleur à mes yeux.
B
C'est un plaisir FrançoisG.
Grisham est un remontant pour moi.
Merci Sharon.
Pour l'instant (j'en ai lu seize), Le couloir de la mort est très dur mais reste le meilleur à mes yeux.
B
Invité- Invité
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