[Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
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[Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
Titre : La rivière et son secret
Auteur : Zhu Xiao-Mei
Nombre de pages : 330
Editeur : Robert Laffont
Parution : Octobre 2007
L’auteur :
Pianiste, professeur au Conservatoire national de musique, Zhu Xiao-Mei donne des récitals en France et à l'étranger. Elle vit à Paris et retourne de temps en temps en Chine, où vivent ses deux parents et ses quatre sœurs.
Quatrième de couverture :
Pékin, 1969 : Zhu Xiao-Mei est un " être de mauvaise origine ". Autrement dit, avant la révolution maoïste, ses parents étaient des bourgeois cultivés. Une tare d'autant plus lourde à porter pour la jeune Xiao-Mei qu'elle a un don précoce pour le piano et une passion pour la musique décadente - Schumann, Mozart, Bach. Elle est donc envoyée en camp de rééducation : il faut éradiquer en elle tout désir autre que celui de mourir pour Mao. Les années passent... Xiao-Mei est devenue une bonne révolutionnaire. Mais, un jour, elle trouve dans le camp un vieil accordéon. Elle caresse les touches, se risque à jouer un accord, quelques notes de musique s'élèvent... Par enchantement le temps perdu s'efface, les rêves reviennent, l'espoir renaît. Xiao-Mei jure qu'elle rejouera du piano. Il lui faudra encore dix ans pour atteindre son but, dix ans de souffrances, de lutte acharnée, d'exil. Aujourd'hui, Xiao-Mei est célébrée dans le monde entier comme une pianiste virtuose et une immense artiste. De Pékin à Paris, de Hong-Kong à Los Angeles... le témoignage déchirant d'une femme broyée par la Révolution culturelle chinoise et sauvée par la musique.
Mon avis :
Merci à Mimi, la mélomane du forum, pour ce conseil de lecture.
Sur la couverture, en dessous du titre, ces quelques mots : « Des camps de Mao à Jean-Sébastien Bach : le destin d’une femme d’exception.»
Femme d’exception, femme de caractère, Zhu Xiao-Mei a su me captiver dans cette biographie où l’on découvre son parcours, la révolution culturelle en Chine, les camps, les familles bouleversées par les dénonciations etc …. et surtout, cet amour de la musique omniprésent(e).
"A cet instant, je le crois, elle comprend ce que j’ai en tête. Je n’ai plus qu’un rêve : jouer de cet ami qui a rejoint notre famille. »
On la suit de son jeune âge en Chine, aux Etats-Unis et à la France, on grandit avec elle pour arriver jusqu’à notre époque. On souffre pour elle lorsqu’elle est en camp. On est en colère lorsqu’on pense qu’elle se trompe, qu’elle ne devrait pas faire certains choix. On s’attache à elle, on a envie d’écouter la musique qu’elle évoque. On a envie de lire des articles de presse sur son parcours, de l’écouter parler de sa vie et de la place de la musique, qui l’a sauvée.
Des moments forts émaillent sa vie : Maître Pan qui lui parle de sa façon de jouer, le peintre, dans le camp, qui lui dit comment regarder le ciel et y découvrir les sept couleurs, les personnes qu’elle côtoie aux Etats-Unis, en France…
Ce livre est constitué, comme expliqué par l’auteur, de trente chapitres (tous introduits par une maxime, une pensée... ) et d’une aria. Trente comme les Variations Goldberg de Bach ….
L’écriture est lumineuse, vivante. L’auteur porte un regard acéré sur son pays, son histoire, étroitement liée à la sienne. Le piano tient une place importante dans ce livre, il est presque
« personne » à part entière, tantôt obstacle, tantôt « sésame » … Il est accordé à la vie de Zhu Xia-Mei et joue un rôle important auprès d’elle.
En fin de livre, un réel retour sur soi, l'auteur essaie de comprendre pourquoi elle s'est laissée manipuler, "salir"... La réflexion est profonde, douloureuse mais sans doute lui est-elle nécessaire pour continuer sur la voie qu'elle a choisie.
Zhu émane aussi son écrit de quelques mots de Lao-Tseu et on sent qu'elle a, par rapport à lui, commencer un travail de recherche.
Ce livre est une leçon de vie, une découverte sublime, un vrai coup de cœur !
La prochaine étape sera d’acheter un CD de Bach joué par Zhu Xiao-Mei… sans doute les Variations Goldberg …..
"L"humanité est la vérité de la musique."
Cassiopée- Admin
-
Nombre de messages : 16860
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
merci Cassiopée, bel avis,
il est dans ma liste à lire...
il est dans ma liste à lire...
Pinky- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 8677
Age : 61
Localisation : Les Sables d'Olonne (85)
Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
ce serait plutôt mon chef de choeur qu'il faudrait remercier pour ce livre.En effet il nous l'avait recommandé alors qu'une tournée musicale en Chine était en projet. Il y a en Chine un engouement sans précédent pour la culture occidentale, et en particulier pour la musique, que l'on comprend après avoir lu ce livre. Les Chinois ont été longtemps en marge du monde, en étant une société fermée, la révolution chinoise n'a pas arrangé les choses; Désormais les Chinois ont soif de tout.
Les conservatoires de musique sont pleins; de petits prodiges font leur apparition sur la scène internationale.
Au delà de cela, cette femme nous montre que tout être humain peut trouver à sa portée la force de rebondir. Pour elle ce fut la musique rédemptrice.Elle porte Bach au Panthéon des compositeurs, et, elle a raison, Bach est le maître à tous.
J'ai lu ce livre, il y a un bout de temps, à une époque où je n'avait pas de papier ni de crayon pour accompagnée ma lecture. Mon avis est donc sommaire; mas le souvenir de ce livre reste bien vivant en moi
Les conservatoires de musique sont pleins; de petits prodiges font leur apparition sur la scène internationale.
Au delà de cela, cette femme nous montre que tout être humain peut trouver à sa portée la force de rebondir. Pour elle ce fut la musique rédemptrice.Elle porte Bach au Panthéon des compositeurs, et, elle a raison, Bach est le maître à tous.
J'ai lu ce livre, il y a un bout de temps, à une époque où je n'avait pas de papier ni de crayon pour accompagnée ma lecture. Mon avis est donc sommaire; mas le souvenir de ce livre reste bien vivant en moi
Invité- Invité
Re: [Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
C'est vrai que ce livre a l'air très intéressant
Invité- Invité
Re: [Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
non seulement il en a l'air.......mais aussi la chansonFrançoisG a écrit:C'est vrai que ce livre a l'air très intéressant
Un témoignage de grande qualité
Invité- Invité
Re: [Xiao-Mei, Zhu] La rivière et son secret
Zhu Xiao-Mei est née en Chine en 1949. Elle avait donc une dizaine d'années quand Mao a lancé le grand Bond en avant et la révolution culturelle qui a suivi. Elle a subi les choix politiques de cette époque, puis a choisi d'émigrer pour apprendre le piano avec les meilleurs professeurs et donner des concerts dans plusieurs pays.
Ce livre est un témoignage fort sur l'époque maoïste et les choix politiques concernant l'art et la culture.
En 1960, Zhu Xiao-Mei était élève au conservatoire de Pékin. La musique occidentale qu'elle appréciait tant a fini par être interdite. Les partitions ont été brûlées. Les cours ont peu à peu été annulés, et remplacés par des séances de dénonciation et d'auto-critique... Une lente spirale se met en place, qui mènera les jeunes en camp de travail.
L'auteur raconte. Et on découvre une réalité trop longtemps ignorée.
Dans la deuxième partie du livre, Zhu Xiao-Mei parle de son émigration vers le monde occidental (Etats-Unis puis France) et de ses liens avec la musique, en particulier celle de Jean-Sébastien Bach. L'intérêt se relâche un peu, mais revient vers la fin du livre quand elle parle des stigmates psychologiques laissées par sa jeunesse difficile. Elle a été bien entourée tout au long de sa carrière, et c'est ce qui lui a permis de survivre et d'affronter tous les obstacles.
C'est un livre émouvant, sur un parcours de vie difficile.
***
Ce livre est un témoignage fort sur l'époque maoïste et les choix politiques concernant l'art et la culture.
En 1960, Zhu Xiao-Mei était élève au conservatoire de Pékin. La musique occidentale qu'elle appréciait tant a fini par être interdite. Les partitions ont été brûlées. Les cours ont peu à peu été annulés, et remplacés par des séances de dénonciation et d'auto-critique... Une lente spirale se met en place, qui mènera les jeunes en camp de travail.
L'auteur raconte. Et on découvre une réalité trop longtemps ignorée.
Dans la deuxième partie du livre, Zhu Xiao-Mei parle de son émigration vers le monde occidental (Etats-Unis puis France) et de ses liens avec la musique, en particulier celle de Jean-Sébastien Bach. L'intérêt se relâche un peu, mais revient vers la fin du livre quand elle parle des stigmates psychologiques laissées par sa jeunesse difficile. Elle a été bien entourée tout au long de sa carrière, et c'est ce qui lui a permis de survivre et d'affronter tous les obstacles.
C'est un livre émouvant, sur un parcours de vie difficile.
Contre le désespoir, je n'ai qu'un remède : travailler mon piano, encore et encore.
Ma mère me soutient, comme toujours. Je lui ai écrit que, dans certaines partitions que je joue, je comprends mal certaines indications de nuances mentionnées en langue étrangère. Peu de temps après, je reçois un petit carnet, écrit de son écriture si belle et si digne. Elle a pu emprunter, je ne sais comment, un des rares lexiques des termes musicaux qui circulent encore dans Pékin - clandestinement - et me l'a recopié, elle qui ne parle ni l'italien, ni l'allemand, ni le français, ni le russe.
Nous sommes à la fin de l'hiver 1974. J'ai passé cinq ans de ma vie en camp.
Je devrais être heureuse de quitter Zhangjiako, mais l'avenir me l'interdit. Pendant des années, je n'ai eu qu'un but : recouvrer la liberté. Aujourd'hui, je l'ai, mais que vais-je en faire ? Je n'ai pas de métier, pas de salaire, pas de tickets, même, pour me nourrir. Je dépends de ma mère, dont l'état de santé fragile me pousse à rester à Pékin.
Pour méditer, beaucoup de sages se retirent dans la montagne, à l'écart de tout, dans le silence. Je découvre qu'il me faut faire la même chose avant de commencer à jouer une œuvre : être en paix, ne penser à rien.
Cette manière de voir est évidemment familière des Chinois, qui utilisent souvent l'image de l'eau pour la faire comprendre. Pour voir au fond d'un lac, il faut que la surface de l'eau soit lisse et calme. Plus elle l'est, plus on voit profond. Il en est de même de l'esprit : plus il est calme et détaché, plus il peut voir profond.
C'est au prix de cet effacement, de ce vide, qu'il m'apparaît de plus en plus que l'on peut atteindre la vérité de la musique. Sans chercher à affirmer une volonté, sans imposer quelque chose à l'auditeur. Sans jamais lutter avec soi-même. En disparaissant derrière le compositeur.
Invité- Invité
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