[Heller, Peter] La rivière
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[Heller, Peter] La rivière
Titre : La rivière (The River)
Auteur : Peter HELLER
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2019, en français (Actes Sud) en 2021
Pages : 304
Présentation de l'éditeur :
Wynn et Jack, étudiants en pleine possession de leurs moyens, s’offrent enfin la virée en canoë de leurs rêves sur le mythique fleuve Maskwa, dans le Nord du Canada. Ils ont pour eux la connaissance intime de la nature, l’expertise des rapides et la confiance d’une amitié solide. Mais quand, à l’horizon, s’élève la menace d’un tout-puissant feu de forêt, le rêve commence à virer au cauchemar, qui transforme la balade contemplative en course contre la montre. Ils ignorent que ce n’est que le début de l’épreuve.
Parce que toujours ses histoires, profondément humaines, sont prétextes à s’immerger dans la beauté des paysages, et parce qu’il a lui-même descendu quelques-unes des rivières les plus dangereuses de la planète, Peter Heller dose et alterne admirablement les moments suspendus, l’émerveillement, la présence à l’instant, et le surgissement de la peur, les accélérations cardiaques, la montée de l’adrénaline. Ses descriptions relèvent d’une osmose enchanteresse avec la nature ; ses rebondissements, d’une maîtrise quasi sadique de l’engrenage. Ce cocktail redoutablement efficace – suspense et poésie – est sa marque de fabrique. La Rivière n’y déroge pas.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Poète, grand reporter nature et aventure, ardent pratiquant du kayak, de la pêche et du surf, et adepte des voyages à sensations fortes, Peter Heller est devenu romancier avec son page-turner post-apocalyptique et néanmoins solaire, La Constellation du chien (Actes Sud, 2013) et salué comme une révélation. Talent confirmé par Peindre, pêcher et laisser mourir (Actes Sud, 2015) et Céline (Actes Sud, 2015 et 2019).
Avis :
Céistes expérimentés aguerris à la vie en pleine nature, les deux amis Jack et Wynn profitent de leurs vacances universitaires pour entreprendre la descente en canoë du fleuve Maskwa, dans le Nord canadien. Leur périple se complique lorsqu’un gigantesque feu de forêt menace de les piéger. Lancés dans une course contre la montre pour sauver leur peau, ils ne savent pas encore que d’autres périls les guettent, d’origine très humaine cette fois.
Tout commence comme l’une de ces aventures sportives qu’affectionne l’auteur, entre eaux vives et pêche à la mouche, dans le cadre sauvage et grandiose d’une nature propice à la contemplation pour qui apprécie la solitude et des conditions de vie spartiates. Peter Heller écrit d’expérience et restitue avec le plus grand réalisme les moindres nuances de l’eau et de ses tourbillons, l’adrénaline dans les rapides comme les moments de grâce sous les étoiles ou dans les mouvements souples du lancer destiné à leurrer les truites. Son plaisir est communicatif, et assuré des compétences et de la débrouillardise si crédibles de Jack et Wynn, l’on se régale de vivre par procuration quelques beaux moments d’amitié, de communion avec la nature, de dépaysement pimenté de quelques sensations fortes. Mais voilà que lancé sur ce cours d'eau comme aurait pu l'être Edward Abbey, le lecteur se retrouve bientôt catapulté au-devant de tous les dangers.
Car, si la menace est d’abord sourde, centrée, malgré bien d’autres détails inquiétants, sur les premiers signes d’un incendie de forêt encore lointain, l’on sait que nos deux campeurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et que, quoi qu’il arrive, leur seule porte de sortie est l’aval de ce fleuve. D’ores et déjà ferré, le lecteur est bien vite emporté par la montée en puissance d’un récit en train de virer au cauchemar. Pourtant, même au plus fort de l’enfer, le texte ne se départit jamais d’une certaine poésie. Et même si réalistes et impressionnantes, les évocations de l’avancée du feu, de sa puissance dévastatrice, et du décor lunaire laissé dans son sillage, ne se déparent pas de leur sensibilité esthétique : une particularité générale qui gomme toute âpreté dans le roman, où l’on cherchera en vain une véritable noirceur, et qui, pour agréable soit-elle, en limite sans doute quelque peu l’impact. Il suffit pour s’en convaincre de comparer l’émotion ressentie à la sidération provoquée par les récits véridiques sur les Grands Feux qui dévastèrent le nord de l’Ontario au début du XXe siècle, et dont Jocelyne Saucier donne un aperçu dans son roman Il pleuvait des oiseaux.
D’un suspense prenant, ce livre mêle agréablement aventure, nature-writing et poésie. Le lecteur s’y laisse happer avec plaisir, et convaincu par l’expérience de l’auteur en matière de sports en eaux vives et de voyages à sensations fortes, oubliera volontiers certains aspects peut-être un peu trop « jolis » du récit. Coup de coeur. (5/5)
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