[Shakespeare, William] Macbeth
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Votre avis sur "Macbeth" ?
[Shakespeare, William] Macbeth
Traduit par Pierre Jean JOUVE
Editeur : GF Flammarion collection bilingue
Nombre de pages : 289
Code ISBN : 978-2-0807-1295-0
Quatrième de couverture :
Macbeth et Banquo, généraux de Duncan, roi d’Ecosse, de retour d’une campagne victorieuse contre les rebelles, rencontrent dans la lande trois sorcières qui leur font une prophétie : Macbeth deviendra roi, affirment-elles et Banquo engendrera des rois…
Poussé par Lady Macbeth et désireux d’accéder au trône, Macbeth entreprend d’assassiner Duncan – premier crime d’une longue série.
Mon avis :
J’avoue avoir été déroutée au début par le style, assez hermétique, de l’auteur, c’est-à-dire que les phrases sont tournées de telle sorte qu’on ne saisit pas d’emblée ce qu’elles veulent dire. J’ai failli reposer mon livre au bout de quelques lignes puis, je me suis un peu fait violence et là, j’ai réussi à comprendre. En fait, il suffisait juste de se laisser aller, de se laisser happer par la poésie des mots de Shakespeare (or, je ne suis pas très poésie, c’est peut-être cela qui m’a fait reculer au départ…). Finalement, j’ai moyennement apprécié : je suis passée par trois phases : l’incompréhension, l’enthousiasme et l’impression de ne pas être totalement dans ma lecture : j’ai très vite décrochée. Je voyais comment tout cela allait finir et je n’ai pas été touchée outre mesure par les personnages, je les ai trouvé au mieux, intéressants mais pas plus. Par contre, j’ai aimé les voir évoluer. Ainsi, au départ, Macbeth pense à être roi à la place du roi mais il chasse vite cette idée de ses pensées, aimant son roi et lui étant fidèle. Puis, il va se laisser corrompre par sa femme, plus froide, pragmatique et sans scrupule. Là encore, on sent le doute en lui puis, les remords, une fois l’acte accompli. Il nous apparaît très humain, en fait. Il a, comme tout un chacun, une part de mal en lui. Une fois au pouvoir, on le voit changer : un crime en appelle d’autres et là, il n’a plus aucun remords. C’est un véritable tyran, qui a pris goût au sang et au pouvoir et a perdu toute son humanité alors que dans le même temps, sa femme éprouve des remords pour ce qu’elle a fait… Les rôles s’inversent.
Dans cette pièce, la nature, les présages, les prophéties et les forces surnaturelles ont également un rôle à jouer…
Aussi, je me suis demandée, à la fin de ma lecture, si les sorcières ne se sont pas jouées de Macbeth, attisant ses bas instincts, en lui révélant leurs prédictions, si en fait de prédictions, ce n’était pas juste une ruse, laquelle va mettre à feu et à sang l’Ecosse. D’ailleurs, lorsque Hécate apparaît, c’est ce qu’elle semble dire mais là encore, ce passage n’est pas très clair et fait que l’on se pose la question…
Une lecture en demi-teinte donc. C’était ma première pièce de Shakespeare et malgré cette première expérience, j’ai bien envie d’en lire d’autres, pour voir et me faire une meilleure idée !
Invité- Invité
Re: [Shakespeare, William] Macbeth
Merci pour ton avis Alexielle.
J'ai lu cette pièce quand j'avais quinze/seize ans, j'ai également écouté l'opéra de Verdi (plus récemment). Lady Macbeth est un personnage fascinant. Virile et déterminée au commencement, elle sombre peu à peu dans la folie.
J'ai lu cette pièce quand j'avais quinze/seize ans, j'ai également écouté l'opéra de Verdi (plus récemment). Lady Macbeth est un personnage fascinant. Virile et déterminée au commencement, elle sombre peu à peu dans la folie.
Sharon- Modérateur
-
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Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Shakespeare, William] Macbeth
Merci pour cette critique qui me donne tout de même envie de me lancer (surtout qu'il est dans ma PAL).
Invité- Invité
Re: [Shakespeare, William] Macbeth
De rien
Bonne lecture, Voyager-en-lecture, tu me diras ce que tu en as pensé...
Bonne lecture, Voyager-en-lecture, tu me diras ce que tu en as pensé...
Invité- Invité
Re: [Shakespeare, William] Macbeth
J'ai toujours trouvé que c'était une des pièces les plus abouties de Shakespeare, notamment du point de vue stylistique (mais je ne connais pas la traduction que tu mentionnes alexielle).
Je suis d'accord avec toi sur le fait que des "sorcières" sont toujours prêtes à se jouer de nous, à nous murmurer à l'oreille qu'avec un peu plus de décision, nous pourrions devenir ceci ou cela, et, en nous illusionnant sur nos propres mérites, à nous conduire vers l'abîme.
La pièce comporte parmi les plus beaux vers jamais écrits pour le théâtre, dont le célébrissime mais inépuisable :
"La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien".
(Life’s but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.)
Je suis d'accord avec toi sur le fait que des "sorcières" sont toujours prêtes à se jouer de nous, à nous murmurer à l'oreille qu'avec un peu plus de décision, nous pourrions devenir ceci ou cela, et, en nous illusionnant sur nos propres mérites, à nous conduire vers l'abîme.
La pièce comporte parmi les plus beaux vers jamais écrits pour le théâtre, dont le célébrissime mais inépuisable :
"La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien".
(Life’s but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.)
Invité- Invité
Re: [Shakespeare, William] Macbeth
Mon avis :
J'ai lu cette pièce dans l'édition Garnier Flammarion, traduction de Pierre Jean Jouve. La traduction est réellement difficile à aborder, toutefois, je vais relire la pièce en VO, parce que je pense qu'elle me plaira plus.
Tout d'abord, Shakespeare n'est pas l'auteur à lire une seule fois, ensuite il est bon de voir les pièces au théâtre, c'est vraiment frappant chez lui. C'est aussi l'auteur devant qui on se sent tout petit, parce qu'au détour d'une phrase, on trouve un titre de roman, comme "de bruit et de fureur" de Faulkner, ou encore "il y aura du sang" (There will be blood", titre d'un film) et on se dit "ah tiens ? C'était là ?" ou encore un motif archi-connu, qui sort même des pages de Shakespeare pour entrer dans le patrimoine mondial, par exemple, la scène IV,1, la prophétie des sorcières au chaudron.
On dit que Macbeth est la représentation du mal, comme si le personnage phare était possédé par ses crimes et ne pouvait plus s'arrêter : il y a de cela, car il est entraîné à tuer le roi d'Ecosse Duncan par la prophétie des trois sorcières. Quelle scène grandiose déjà : Macbeth, général d'armée sanguinaire, tout fumant des morts du champ de bataille, et Banquo, rencontrent sur place les trois Soeurs Fatales, qui leur annoncent leur avenir.
C'est comme si Macbeth se mettait à avoir de l'ambition à compter de cette prophétie, et, plus encore, du moment où elle se réalise, lorsqu'on lui annonce qu'il obtient le titre de Cawdor, à la place du chef rebelle qu'il a défait. La première partie de la prophétie se réalise... Il faut donc que tout soit vrai, puisqu'il sera roi !
C'est un drame du destin qui se dessine : selon moi, Macbeth n'est pas autant entraîné par Lady Macbeth, qui le surpasse dans l'horreur lors de la scène du premier crime, mais qui ensuite devient assez évanescente, comme si au fil des meurtres, elle perdait de sa substance, alors qu'elle n'a pas eu peur au début, jusqu'à devenir somnambule et à se trahir dans son sommeil - qu'il ne l'est par la vigueur du destin, l'accomplissement imparable que lui confère la prophétie.
Il est curieux que les sorcières lui "vendent" un avenir surhumain, comme sans danger, alors que tout du long, à partir du premier meurtre, il accomplira meurtre sur meurtre, par force, de peur d'être contré, et par anticipation. Il a sans cesse peur, et voudrait désespérément effacer les taches de sang qui restent sur ses mains. Ce n'est que lorsque ses ennemis se rassemblent contre lui que, bien qu'il découvre avec désillusion que les paroles des sorcières étaient à double sens, il accepte son sort et connaît enfin, d'une certaine manière, la paix : il n'a plus peur et va payer pour ses crimes.
Extraits :
MACBETH
"[...] Et viens, aveugle nuit,
Recouvre l'oeil plein de pitié du jour
Et de ta main sanglante et invisible
Déchire, mets en pièces le grand lien de vie
Qui me tient enroulé. Lumière s'épaissit,
Le corbeau prend son vol vers les forêts humides,
Les bonnes choses du jour vont tomber et s'engourdir,
Les noirs agents de la nuit
Se réveiller pour leur proie.
Tu t'étonnes de mes paroles : sois tranquille ;
Choses commencées dans le mal
Prennent force en soi par le mal (...)". (III, 2)
J'ai lu cette pièce dans l'édition Garnier Flammarion, traduction de Pierre Jean Jouve. La traduction est réellement difficile à aborder, toutefois, je vais relire la pièce en VO, parce que je pense qu'elle me plaira plus.
Tout d'abord, Shakespeare n'est pas l'auteur à lire une seule fois, ensuite il est bon de voir les pièces au théâtre, c'est vraiment frappant chez lui. C'est aussi l'auteur devant qui on se sent tout petit, parce qu'au détour d'une phrase, on trouve un titre de roman, comme "de bruit et de fureur" de Faulkner, ou encore "il y aura du sang" (There will be blood", titre d'un film) et on se dit "ah tiens ? C'était là ?" ou encore un motif archi-connu, qui sort même des pages de Shakespeare pour entrer dans le patrimoine mondial, par exemple, la scène IV,1, la prophétie des sorcières au chaudron.
On dit que Macbeth est la représentation du mal, comme si le personnage phare était possédé par ses crimes et ne pouvait plus s'arrêter : il y a de cela, car il est entraîné à tuer le roi d'Ecosse Duncan par la prophétie des trois sorcières. Quelle scène grandiose déjà : Macbeth, général d'armée sanguinaire, tout fumant des morts du champ de bataille, et Banquo, rencontrent sur place les trois Soeurs Fatales, qui leur annoncent leur avenir.
C'est comme si Macbeth se mettait à avoir de l'ambition à compter de cette prophétie, et, plus encore, du moment où elle se réalise, lorsqu'on lui annonce qu'il obtient le titre de Cawdor, à la place du chef rebelle qu'il a défait. La première partie de la prophétie se réalise... Il faut donc que tout soit vrai, puisqu'il sera roi !
C'est un drame du destin qui se dessine : selon moi, Macbeth n'est pas autant entraîné par Lady Macbeth, qui le surpasse dans l'horreur lors de la scène du premier crime, mais qui ensuite devient assez évanescente, comme si au fil des meurtres, elle perdait de sa substance, alors qu'elle n'a pas eu peur au début, jusqu'à devenir somnambule et à se trahir dans son sommeil - qu'il ne l'est par la vigueur du destin, l'accomplissement imparable que lui confère la prophétie.
Il est curieux que les sorcières lui "vendent" un avenir surhumain, comme sans danger, alors que tout du long, à partir du premier meurtre, il accomplira meurtre sur meurtre, par force, de peur d'être contré, et par anticipation. Il a sans cesse peur, et voudrait désespérément effacer les taches de sang qui restent sur ses mains. Ce n'est que lorsque ses ennemis se rassemblent contre lui que, bien qu'il découvre avec désillusion que les paroles des sorcières étaient à double sens, il accepte son sort et connaît enfin, d'une certaine manière, la paix : il n'a plus peur et va payer pour ses crimes.
Extraits :
MACBETH
"[...] Et viens, aveugle nuit,
Recouvre l'oeil plein de pitié du jour
Et de ta main sanglante et invisible
Déchire, mets en pièces le grand lien de vie
Qui me tient enroulé. Lumière s'épaissit,
Le corbeau prend son vol vers les forêts humides,
Les bonnes choses du jour vont tomber et s'engourdir,
Les noirs agents de la nuit
Se réveiller pour leur proie.
Tu t'étonnes de mes paroles : sois tranquille ;
Choses commencées dans le mal
Prennent force en soi par le mal (...)". (III, 2)
- Révélation:
- J'ai même trouvé un passage qui fait très nettement penser aux Ents du Seigneur des Anneaux :
Macbeth reçoit la prophétie qu'il ne sera vaincu que lorsque la forêt de Birnam montera à l'assaut de sa place forte :
"Et jamais cela ne sera ;
Qui peut lever une forêt ? ordonner à un arbre
D'arracher ses racines nouées à la terre ?" (IV, 1)
J'ai testé en lisant le passage à mes filles sans rien dire, elles y ont pensé toutes les deux.
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