[Villeneuve, Camille (de)] Les insomniaques
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[Villeneuve, Camille (de)] Les insomniaques
Les insomniaques [De Villeneuve, Camille]
Edition : Points
Parution : 2010
499 pages
4ème de couverture :
Les insomniaques 1946 : le marquis d'Argentières se meurt. L'aristocratie française assiste à sa propre disparition : les héritiers se partagent les derniers biens et entretiennent leur haine mutuelle, la jeune génération fraie dangereusement avec les communistes ou, pire, les parvenus. « Il faut vivre avec son temps », disent-ils, mais le temps est assassin pour une espèce moribonde.
Mon avis :
Ce roman met en scène une famille noble après la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours.
Il débute avec le décès de Jean-André, le patriarche et la suite du récit sera une succession de scènes de vie. Nous suivons les enfants du défunt, André et Marguerite, ainsi que leur famille et proches au cours de leur vie.
Nous nous retrouvons face aux bassesses familiales, les mensonges, l’hypocrisie, les mesquineries, l’importance du statut social, les non-dits pour sauver les apparences…
Derrière ces scènes de vie est illustrée la chute de cette famille aristocrate au fur et à mesure que l’Histoire avance et que la modernité s’impose : l’après Seconde Guerre Mondiale, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, mai 68, la place de l’Eglise dans une société qui évolue, la contraception, l’avortement, le chômage, le Sida…
Nous refermons le livre sur un décès, celui du fils du patriarche.
Ainsi la boucle est bouclée, nous avons suivi une génération et leurs efforts pour maintenir leur rang
J’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteur, qui est vraiment remarquable : on croirait lire un roman du XIXème siècle ! Le vocabulaire est pensé et recherché ce qui crée une certaine distance, voulue il me semble, entre le lecteur et les personnages.
J’ai pris beaucoup de plaisir à voir évoluer cette famille, à suivre les enfants, petits-enfants, à voir le domaine et leur fortune évoluer.
Je conseille ce roman à tout lecteur qui a envie de passer un agréable moment de lecture !
Un petit plus bien utile : l’arbre généalogique en début de récit !!
Quelques passages :
p 401 « Notre décadence économique n’est qu’une apparence dans notre pudeur, ou notre fierté, habille notre décadence morale. Nous mourons, vois-tu, de la haute idée que nous avons de nous-mêmes, de notre supériorité intellectuelle que rien ne saurait entamer. Pourtant nous ne sommes ni cultivés ni curieux, nous ne sommes capables ni d’un sentiment spontané ni de réelles affection. Notre politesse nous pousse à des ridicules dont nous ne sommes même pas conscients. Nous pensons faire croire à l’autre que nous l’exhaussons par notre humble déférence, et nous nous flattons de nos stratagèmes. Nous sommes seulement incapables de sincérité et de justesse. Nous sonnons faux. »
p402 « Nous nous croyons les conservateurs de valeurs dont, disons-nous, le monde a besoin, sans même nous interroger sur leur pertinence […] Nous voulons transformer le monde, sans penser que c’est nous qui avons besoin d’être transformés. »
« Nous nous asseyons sur les fantasmes de la gloire familiale, sur les morts accumulés des générations passées, en pensant qu’ils nous élèvent, qu’ils nous donnent du monde un vaste panorama : nous ne sommes assis que sur un tas de ruines. »
Edition : Points
Parution : 2010
499 pages
4ème de couverture :
Les insomniaques 1946 : le marquis d'Argentières se meurt. L'aristocratie française assiste à sa propre disparition : les héritiers se partagent les derniers biens et entretiennent leur haine mutuelle, la jeune génération fraie dangereusement avec les communistes ou, pire, les parvenus. « Il faut vivre avec son temps », disent-ils, mais le temps est assassin pour une espèce moribonde.
Mon avis :
Ce roman met en scène une famille noble après la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours.
Il débute avec le décès de Jean-André, le patriarche et la suite du récit sera une succession de scènes de vie. Nous suivons les enfants du défunt, André et Marguerite, ainsi que leur famille et proches au cours de leur vie.
Nous nous retrouvons face aux bassesses familiales, les mensonges, l’hypocrisie, les mesquineries, l’importance du statut social, les non-dits pour sauver les apparences…
Derrière ces scènes de vie est illustrée la chute de cette famille aristocrate au fur et à mesure que l’Histoire avance et que la modernité s’impose : l’après Seconde Guerre Mondiale, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, mai 68, la place de l’Eglise dans une société qui évolue, la contraception, l’avortement, le chômage, le Sida…
Nous refermons le livre sur un décès, celui du fils du patriarche.
Ainsi la boucle est bouclée, nous avons suivi une génération et leurs efforts pour maintenir leur rang
J’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteur, qui est vraiment remarquable : on croirait lire un roman du XIXème siècle ! Le vocabulaire est pensé et recherché ce qui crée une certaine distance, voulue il me semble, entre le lecteur et les personnages.
J’ai pris beaucoup de plaisir à voir évoluer cette famille, à suivre les enfants, petits-enfants, à voir le domaine et leur fortune évoluer.
Je conseille ce roman à tout lecteur qui a envie de passer un agréable moment de lecture !
Un petit plus bien utile : l’arbre généalogique en début de récit !!
Quelques passages :
p 401 « Notre décadence économique n’est qu’une apparence dans notre pudeur, ou notre fierté, habille notre décadence morale. Nous mourons, vois-tu, de la haute idée que nous avons de nous-mêmes, de notre supériorité intellectuelle que rien ne saurait entamer. Pourtant nous ne sommes ni cultivés ni curieux, nous ne sommes capables ni d’un sentiment spontané ni de réelles affection. Notre politesse nous pousse à des ridicules dont nous ne sommes même pas conscients. Nous pensons faire croire à l’autre que nous l’exhaussons par notre humble déférence, et nous nous flattons de nos stratagèmes. Nous sommes seulement incapables de sincérité et de justesse. Nous sonnons faux. »
p402 « Nous nous croyons les conservateurs de valeurs dont, disons-nous, le monde a besoin, sans même nous interroger sur leur pertinence […] Nous voulons transformer le monde, sans penser que c’est nous qui avons besoin d’être transformés. »
« Nous nous asseyons sur les fantasmes de la gloire familiale, sur les morts accumulés des générations passées, en pensant qu’ils nous élèvent, qu’ils nous donnent du monde un vaste panorama : nous ne sommes assis que sur un tas de ruines. »
Invité- Invité
Re: [Villeneuve, Camille (de)] Les insomniaques
Je l'avais lu à sa sortie. Je vous joins mon avis.
« Les insomniaques » retrace la vie de la famille d’Argentières, famille d’aristocrates, sur quatre générations.
Ce livre m’a évoqué les romans de Maupassant ou Flaubert, où les couples se font sur la volonté des familles et les besoins d’alliance.
Le lecteur retrouve le rôle de la femme soumise, contrainte à la broderie et aux œuvres de charité. Elles souffrent en silence, résignées auprès d’un mari autoritaire.
Au travers des décennies qui passent, l’auteur évoque les grands évènements (guerres) mais aussi les faits de société (émancipation, avortement, sida, homosexualité), la vague rose de 1981 néfaste aux aristocrates.
La vie de château est très bien décrite, avec le rôle absolu des gens de maison. Il ne semble n’y avoir aucun sentiment dans le couple, ni même entre les membres de la famille. Les épouses s’épanouissent après le divorce ou le veuvage, les enfants attendent l’héritage. On fantasme sur la gloire familiale.
Le choix du titre est expliqué en fin de livre. « Nous sommes des insomniaques, incapables de sommeil et de repos, car nous attendons de revivre notre passé ». Seuls quelques petits enfants parviendront à se détacher de cette nostalgie.
Ce premier roman de Camille de Villeneuve est très prometteur car elle a un style littéraire et fluide.
Par contre, je regrette qu’il n’y ait pas une histoire plus prenante qui soutient le livre. Il manque une intrigue pour vraiment faire adhérer le lecteur à ce roman.
Même si les personnages et le contexte sont intéressants, cela ne suffit pas à passionner le lecteur.
« Les insomniaques » retrace la vie de la famille d’Argentières, famille d’aristocrates, sur quatre générations.
Ce livre m’a évoqué les romans de Maupassant ou Flaubert, où les couples se font sur la volonté des familles et les besoins d’alliance.
Le lecteur retrouve le rôle de la femme soumise, contrainte à la broderie et aux œuvres de charité. Elles souffrent en silence, résignées auprès d’un mari autoritaire.
Au travers des décennies qui passent, l’auteur évoque les grands évènements (guerres) mais aussi les faits de société (émancipation, avortement, sida, homosexualité), la vague rose de 1981 néfaste aux aristocrates.
La vie de château est très bien décrite, avec le rôle absolu des gens de maison. Il ne semble n’y avoir aucun sentiment dans le couple, ni même entre les membres de la famille. Les épouses s’épanouissent après le divorce ou le veuvage, les enfants attendent l’héritage. On fantasme sur la gloire familiale.
Le choix du titre est expliqué en fin de livre. « Nous sommes des insomniaques, incapables de sommeil et de repos, car nous attendons de revivre notre passé ». Seuls quelques petits enfants parviendront à se détacher de cette nostalgie.
Ce premier roman de Camille de Villeneuve est très prometteur car elle a un style littéraire et fluide.
Par contre, je regrette qu’il n’y ait pas une histoire plus prenante qui soutient le livre. Il manque une intrigue pour vraiment faire adhérer le lecteur à ce roman.
Même si les personnages et le contexte sont intéressants, cela ne suffit pas à passionner le lecteur.
Invité- Invité
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