[Mourlevat, Jean-Claude] Terrienne

Cela donne envie de découvrir ce monde parallèle !   

Merci Virgule pour ta critique   

J’ai posé le livre terminé, je me suis étirée, un sourire aux lèvres, j’ai respiré à pleins poumons, j’avais passé des heures magiques, en dehors du temps dans le monde fantastique de Jean-Claude Mourlevat.
Pour sauver sa soeur aînée Gabrielle, disparue depuis un an, Anne Collodi, jeune lycéenne de dix-sept ans, et Étienne Virgil, écrivain de soixante et onze ans vont nous entraîner dans une autre dimension.
Pour se sauver de ce monde hostile, où respirer est interdit, où les êtres sont tous conditionnés de la naissance à la mort, il faut avoir la chance de rencontrer des « dissidents », des  « résistants ». Juste pour tendre une main, donner une chemise, comme Mme Beckelynck, pour mettre leur vie en danger, à l’instar de Madame Stormiwell et de son « compatible » Ferlendur. Savoir aussi faire confiance à certains « hybrides » mi-humain, mi-« Campagne ??? » tels que Bran Ashelbi ou le maladroit Torkensen.
Un très bon roman à lire quelque soit notre âge et à méditer aussi!

Lu dans le cadre de la Petite Proposition avril-juillet 2020, sur la proposition de @Jeetca :

Mon avis :
Je viens de terminer ce dense roman d'un auteur que j'aime déjà, et j'ai été facilement emportée dans l'intrigue.
Anne Collodi éprouve des appréhensions singulières lorsque Gabrielle, sa soeur, fait un beau mariage avec le charismatique Jens. Anne se sent mal à l'aise en présence du jeune homme, et a l'impression qu'il la couve comme un chasseur couverait une proie. Elle fait même un cauchemar dans lequel un homme se conduit brutalement avec sa soeur. Rien ne dissipe son malaise face à cet homme, pas même le beau jeune homme, Bran, qui fait partie de l'escorte de garçons du marié, et danse et plaisante avec elle la nuit de la fête du mariage.

Au petit matin, Gabrielle quitte sa soeur sur le parking, et monte dans la voiture qui l'emmène pour leur voyage de noces. Suite à cela, Gabrielle disparaît, et ne réapparaît plus de cinq ans. Sa famille est dévastée, mais Anne ne cesse d'espérer et de rechercher la moindre piste, sans succès... Jusqu'à ce qu'un jour, Gabrielle la presse de venir la chercher, en lui délivrant un message au beau milieu d'une chanson sur leur station de radio préférée.

Pour cela, il faut se rendre sur une petite route, emprunter la direction de Campagne, qui est un passage vers un autre monde, bien à l'abri des Terriens, mais pas sans communication. Se rendant pour la troisième fois à Campagne, une des villes de ce monde parallèle, Anne fait du stop et rencontre un écrivain âgé de 71 ans, Etienne Virgil, qui lui prêtera main-forte par la suite, jusqu'à l'accompagner.

Petit à petit, Anne découvre des indices, bien maigres, sur la situation de sa soeur, et commence à se rapprocher. Elle se fait une amie, Stormiwell, fascinée par les Terriens et leur monde, et apprend peu à peu à prendre l'apparence d'une personne de ce monde, qui ne respire pas, ne soupire pas, ne rit pas... Il faut sans cesse se surveiller, c'est un monde dangereux où l'on déteste et craint tout ce qui vient de la Terre.

Elle retrouve également le jeune hybride (enfant d'une Terrienne), Bran, qui l'assiste dans sa quête, avec le soutien de son meilleur ami, Torkensen, hybride très grand et émotif, assez maladroit, mais si bien intentionné. Ainsi, il faut s'enfoncer jusqu'au désert blanc de Larena, puis plus loin encore, sur les terres de mort d'Estrellas, là où l'on emmène les personnes dont on veut se débarrasser, parmi lesquelles Gabrielle. Une course contre la montre s'engage pour retrouver celle-ci avant qu'il ne soit trop tard, et, peut-être, revenir sur Terre...

J'hésite pour définir ce roman entre science-fiction et fantastique, cela ne m'a d'ailleurs pas dérangée. Jean-Claude Mourlevat a campé un monde bien typé, où les habitudes et le mode de vie s'opposent d'une manière intéressante à notre monde si imparfait, la Terre. Les personnages secondaires sont intéressants et bien définis, étoffés psychologiquement. Les actions s'enchaînent bien, et les lieux et décors sont évocateurs. C'est facile et agréable à lire, le style est simple et vivant.

Un seul bémol pour moi, peut-être : le personnage d'Anne m'a paru moins consistant que les autres (j'ai aussi eu plus de sympathie pour les hybrides "de l'autre côté" que pour Anne et sa soeur), il m'a paru correspondre à un type de personnage dans une littérature pour jeunes adultes, avec une jeune femme qui certes est prête à tout pour retrouver sa soeur, même à sacrifier sa vie, mais qui n'hésite pas non plus à manipuler les autres pour obtenir des informations et de l'aide, et à les mettre en danger. Elle est désolée de semer des morts sur sa route, mais bon, puisqu'il le faut...
Je ne peux pas vraiment parler du rôle que joue Etienne Virgil, l'écrivain, mais son destin est particulièrement décevant, là encore j'ai eu du mal à comprendre.

Enfin, certains sujets sont évoqués d'une manière intéressante : hauts fonctionnaires qui font enlever des femmes pour leur usage personnel, lutte de la "victime" entre la tentation de la drogue pour oublier et supporter son sort, ou garder la tête froide et conserver ses souvenirs. Jean-Claude Mourlevat a vraiment ce talent de transposer des détails réels dans un monde dystopique, et de nous le rendre crédible.

Bref, c'est une lecture agréable et fluide, que je recommande. J'ai voté "très bien", comme "beaucoup apprécié". Merci @Jeetca, belle suggestion !

super Elea !
Je suis très contente que tu es aimée ....tu m'as même donné envie de le relire !