[Diderot; Denis] Contes et entretiens

Auteur: Denis Diderot
Edition: Flammarion
Nombre de pages: 245

Quatrième de couverture:
"Félix était un gueux qui n'avait rien ; Olivier était un autre gueux qui n'avait rien : dites-en autant du charbonnier, de la charbonnière, et des autres personnages de ce conte ; et concluez qu'en général il ne peut guère y avoir d'amitiés entières et solides qu'entre des hommes qui n'ont rien."
Pour Diderot, les contes sont une sorte de laboratoire de morale expérimentale. En 1770, l'auteur de l'Encyclopédie reprend son vieux projet de composer un traité de morale, mais il opte pour la forme des contes. Ainsi peut-il recréer, en les vivant lui-même par l'imagination, tout près des personnages et au milieu d'eux, des épisodes dont ni l'issue, ni la signification ne sont claires au départ. Le lecteur se voit à son tour plongé en plein « vécu n. C'est à lui qu'il revient de rassembler ces fragments d'histoires et de dialogues pour tenter de saisir la vérité toujours mouvante de l'humain.

Ce volume contient : Mystification, Les Deux Amis de Bourbonne, Entretien d'un père avec ses enfants, Ceci n'est pas un conte, Madame de la Carlière, Entretien d'un philosophe avec madame la Maréchale de ***.


Mon avis: Je vais donner mon avis pour chaque conte.
Mystification: Le prince de galitzine veut récupérer des portraits de lui offerts à son ancien maîtresse, Melle Dornet. Il demande à Diderot de les lui rapporter & celui-ci engage Desbrosse, qui se fait passer pour un médecin turc & fait croire à la jeune femme malade que certains objets appartenant à l'ex-amant peuvent avoir des conséquences nocives sur la santé. Ce qu'elle finit par croire. Ce conte montre parfaitement comment abuser de la crédulité des gens ignorants dans un certain domaine. Diderot y est un personnage à part entière, comme dans la plupart des contes de ce livre, ce qui est assez intéressant.

Les deux amis de Bourbonne: Deux amis élevés ensemble sont près à tout l'un pour l'autre. L'un des deux, Félix est condamné à mort & Olivier s'en va l'aider...Il va finalement en mourir & l'ami s'en croit responsable, de plus que les morts ne sont pas rares autour de lui. Diderot fait ici une sorte d'éloge de l'amitié, en ajoutant bien qu'il n'y a d'amitié qu'entre des gens qui n'ont rien. Vision partagée par de nombreuses personnes, je reste tout de même sceptique...

Entretien d'un père avec ses enfants: Mon préféré! J'ai littéralement adoré. Diderot parle ici de la loi & se demande à partir de quand faut-il lui désobéir. Il pose aussi une question d'éthique: un médecin doit-il soigner le pire des criminels? Tout cela se fait autour d'un débat de plusieurs personnes, qui exercent des professions variées telles que magistrat, docteur, prieur etc. Un conte qui propose une belle réflexion.

Ceci n'est pas un conte: Quel drôle de nom, pour un conte! Ici, Diderot évoque deux histoires; l'une concerne une femme détestable & son amant malheureux, l'autre le contraire. La dernière histoire m'a touchée & je pense que celles qui ont vécu une histoire similaire s'y reconnaitrons.

Madame de la Carlière: Une femme s'est déjà marié & ne veut pas recommencer la même erreur, elle pense que c'est l'Eglise qui, finalement, porte malheur aux couples. Elle se contente donc faire jurer fidélité à son mari devant leurs amis & pose ses conditions, à lui qui avait des moeurs assez légères. Tout se passe pour le mieux pendant deux ans, jusqu'à ce qu'il la trompe. Elle le quitte, & la société ne cesse de s'en mêler par des jugements de valeur, tantôt contre l'un, tantôt contre l'autre. J'ai remarqué quelque chose d'assez particulier ici: Diderot considère l'adultère comme quelque chose qui n'est finalement pas si grave. Mais alors, que considère-t-il comme grave? Cette vision des choses m'a surprise & tout de même un peu choqué. :p

entretien d'un philosophe avec la maréchale: Le philosophe athée va débattre avec la maréchale, très croyante. Il évoque le malheur que cause parfois les religions,avec les guerres par exemple. Il signale aussi que ceux qui se disent croyant ne suivent pas leurs principes à la lettre... Tout un débat sur la religion. C'est un conte que j'ai particulièrement apprécié.

En définitive, j'ai beaucoup aimé ce livre, & il m'a donné envie d'en lire d'autres de l'auteur.

j'aime bien Diderot, je n'ai pas tout lu de lui mais j'aime la manière dont il incite son lecteur à faire et à mûrir sa propre réflexion...

merci à toi