[Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
4 participants
Page 1 sur 1
Quel est votre avis sur ce livre ?
[Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
Prix du Quai des Orfèvres 2011
Présentation de l'éditeur
Le commissaire Gradenne prend froid dans l’hiver du Jura. A la manière de Maigret, enquête « grippée », gendarmes trop « pressés » comme ce corps broyé par la machine…
Quelle idée aussi de confier à des officiers de marine à la retraite le renflouement d’une usine, dans ce « port de mer » sous la neige, au milieu des forêts !
Vous reprendrez bien de cette Morteau, mijotée dans la potée de la veille, accompagnée d’un Poulsard… ? Avec un Comté de plus de dix-huit mois, on vous recommande ce jeune lieutenant de 30 ans d’âge sans beaucoup d’affinage à la PJ, mais avec du… nez, avisé et goûteux !
Mon avis
Pas une seule femme dans les 180 premières pages de ce polar. Le jeune lieutenant Quentin Bruchet est bien censé avoir une copine, mais celle-ci, exilée à Londres, reste invisible pour le lecteur et le restera jusqu’au bout du roman.
Du coup, pendant la lecture, j’échafaudai des hypothèses extravagantes pour tenter d’expliquer le curieux parti pris de Claude Ragon. L’histoire se déroulant dans le massif jurassien que je ne connais que de réputation (et encore ! ), ma première idée fut que le Jura devait être une contrée hostile aux femmes et que celles-ci avaient émigré en masse vers des régions plus riantes. Une objection me vint aussitôt à l’esprit : dans ce cas, comment pouvaient bien se reproduire les jurassiens mâles ? Entre eux ? Avec des moyens de procréation modernes ? Virtuels ? J’étais dubitatif, mais c’était à examiner de plus près.
Deuxième hypothèse : il s’agissait pour l’auteur d’un procédé littéraire. Il commençait à écrire ce polar sans une seule femme, et il prévoyait que dans le roman suivant il n’y aurait pas un seul homme. Ainsi la parité serait strictement respectée, tout serait politiquement correct et Claude Ragon ne pourrait être accusé de misogynie ou de misandrie. L’idée était séduisante et j’imaginais déjà un commissariat composé uniquement de femmes flics, des tueurs qui seraient des tueuses, des témoins qui ne seraient que des femmes, des magistrats qui porteraient tous des robes puisqu’elles seraient des magistrates. Je me disais que ça pourrait avoir un certain panache. Hélas, arrivé à la page 183, j’ai dû me rendre à l’évidence : une femme, puis deux, puis trois commençaient à apparaître furtivement dans le roman. Elles n’avaient pas un grand rôle, ne prononçaient qu’une ou deux phrases très courtes puis disparaissaient dans la brume mystérieuse du Doubs en même temps que dans les pages grises du roman. Je dus me rendre à l’évidence : il devait y avoir quelques femmes dans le Jura, tout comme dans le polar de Claude Ragon, même si, dans les deux cas, elles avaient peu d’importance. Un peu déçu, mais malgré tout rassuré sur l’avenir démographique de cette attachante région, j’ai pu alors me concentrer sur l’intrigue.
Celle-ci se déroule dans une usine de transformation du bois, Polybois, située dans un petit village du sud du Doubs. Le directeur, un type vraiment infect, qui a donc beaucoup d’ennemis, a été retrouvé dans l’usine, la tête et les deux mains totalement écrabouillées par une presse à bois. De la purée de tête et de mains, c’est tout ce qui restait du malheureux. Dans un premier temps, l’enquête avait été confiée à la gendarmerie locale. La seule porte apparemment accessible étant fermée de l’intérieur, celle-ci avait conclu à un accident. Logique, ont dû penser les gendarmes : sans doute Bernard Verdoux voulait-il vérifier, pendant que la presse se refermait sur sa tête et sur ses mains, s’il n’y avait pas quelques grains de poussière à nettoyer. C’est un métier dangereux quand on est trop méticuleux.
Heureusement pour le lecteur, une lettre anonyme arrive chez le procureur et sème le doute dans son esprit : possible, dit la lettre, que ce soit une histoire plus compliquée qu’un simple accident. Notre rusé et avisé procureur décide alors de faire intervenir la PJ pour tenter d’y voir plus clair. Voici donc le jeune Quentin et son patron de commissaire Gradenne partis vers ces contrées fort peu féminisées pour dénouer l’énigme.
Heureusement pour le lieutenant Quentin, qui a besoin de faire ses preuves, Gradenne va être cloué au lit dès son arrivée par la redoutable grippe du Jura, bien connue des explorateurs courageux qui osent s’aventurer dans ces lieux austères. Et c’est lui, bien sûr, qui va alors résoudre l’énigme.
Je peux bien vous le dire dans le creux de l’oreille : la tête et les mains du directeur écrabouillées sous la presse, ça n’était pas un accident, mais bel et bien un meurtre, et dans le fond c’est heureux. Dans le cas contraire, le polar aurait été lourdement plombé et le prix du Quai des Orfèvres serait passé sous le nez de Claude Ragon.
Pendant le cours de l’enquête, nous apprendrons tout, mais vraiment tout sur les procédés qui permettent d’obtenir des panneaux d’aggloméré en partant du bois brut. Panneaux qui peuvent servir à fabriquer des meubles divers ou parfois même des cercueils bas de gamme (d’où le titre du roman). Ce côté documentaire très technique est un des aspects les plus plaisants du livre. Pour le reste, les personnages de Claude Ragon sont désespérément lisses, les dialogues bavards, ampoulés et trop longs. L’auteur a pris le contrepied de la tendance de certains polars dans lesquels le flic, héros de l’histoire, est un type déjanté, mal rasé, alcoolique, douze fois divorcé, dépressif, atrocement mal dans sa peau, mais dont l’intuition géniale et le côté obsessionnel du boulot permettent à la vérité, et parfois à la justice, de triompher.
En soi, ça n’est pas mal de vouloir se démarquer de la mode. Mais le personnage de Quentin est si fade, si terne, si insignifiant, qu’il faut vraiment avoir les neurones bien accrochés pour s’intéresser à son enquête. Pour stimuler l’intérêt du lecteur, il aurait fallu que les personnages présentent des traits de caractère originaux et forts et que les dialogues soient plus nerveux et moins bavards. C’est raté.
Mis à part le côté documentaire, deux choses sauvent tout de même le roman du désastre total : son dénouement, plutôt astucieux, et une intrigue habilement reliée à la guerre d’Algérie et aux exactions commises avant la signature des accords d’Evian par une partie de l’armée française. Tout n’est donc pas à jeter aux orties. En réalité la déception que j’ai éprouvée aurait été moins forte s’il n’y avait pas eu ce gros bandeau rouge sur la couverture : « prix du Quai des Orfèvres 2011 », qui a créé chez le lecteur naïf que je suis une attente de qualité littéraire non satisfaite. Le minimum qu’on peut exiger en effet d’un prix littéraire, c’est qu’il soit bien fait, que ce soit du bon boulot d’artisan : ici, ce n’est pas le cas. Visiblement, le jury a fait un mauvais choix. Evidemment, le fait qu’il soit placé sous la présidence du directeur de la PJ , n’est pas forcément un gage de qualité littéraire ! De plus, la composition même de ce jury reste fort énigmatique. Impossible d’en savoir plus sur ses membres. Pourquoi ? Que cache ce mystère ? Une enquête est lancée. Espérons qu’un polar sera écrit, qui donnera des éclaircissements définitifs sur le sujet. Espérons qu’il sera de bonne qualité. Et espérons enfin qu’il sera lauréat du prix du Quai des Orfèvres. La boucle sera bouclée et l’honneur du prix sera sauf.
Broché: 368 pages
Editeur : Fayard
Collection : Policier
Langue : Français
ISBN-10: 2213654700
ISBN-13: 978-2213654706
Dernière édition par shamash le Lun 14 Fév 2011 - 20:47, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
Shamash, au lu de ton ressenti sur ce livre j'ai vraiment éclaté de rire! Merci pour ce bon moment d'humour
Et le point positif supplémentaire que j'y vois, c'est que je n'augmenterai pas ma PAL avec un livre supplémentaire
Et le point positif supplémentaire que j'y vois, c'est que je n'augmenterai pas ma PAL avec un livre supplémentaire
Invité- Invité
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
kély a écrit:Shamash, au lu de ton ressenti sur ce livre j'ai vraiment éclaté de rire! Merci pour ce bon moment d'humour
Et le point positif supplémentaire que j'y vois, c'est que je n'augmenterai pas ma PAL avec un livre supplémentaire
Entièrement d'accord avec Kély, la critique est très drôle,
je ne lirai pas le livre non plus.
Invité- Invité
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
La critique est autrement plus marrante que le livre.
Comme dit Kely et Maribalt,il ne sera pas dans mes achats prochains.
Comme dit Kely et Maribalt,il ne sera pas dans mes achats prochains.
Christiane 38- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 2665
Age : 86
Localisation : . Saint Gérard (Mettet)
Emploi/loisirs : Retraitée,couture, jardinage,dessin.
Genre littéraire préféré : Histoire.Romans.
Date d'inscription : 06/09/2010
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
J'ai été plusieurs fois tentée de l'acheter..........bien oui, j'en ai entendu une bonne critique il y a peu à la radio Comme quoi, les avis........
Ceci dit, j'en ai assez à disposition chez moi, pour ne pas tenter une éventuelle déception.........à tout hasard, un emprunt de médiathèque suffira s'il me revenait, sait-on jamais l'idée de le lire.
Merci pour l'économie
Ceci dit, j'en ai assez à disposition chez moi, pour ne pas tenter une éventuelle déception.........à tout hasard, un emprunt de médiathèque suffira s'il me revenait, sait-on jamais l'idée de le lire.
Merci pour l'économie
Invité- Invité
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
Mimi, j'ai lu moi aussi une bonne critique sur ce livre, et après tout si je ne l'ai pas aimé c'est peut-être que je suis un chieur.mimi54 a écrit:J'ai été plusieurs fois tentée de l'acheter..........bien oui, j'en ai entendu une bonne critique il y a peu à la radio Comme quoi, les avis........
Invité- Invité
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
shamash a écrit:Mimi, j'ai lu moi aussi une bonne critique sur ce livre, et après tout si je ne l'ai pas aimé c'est peut-être que je suis un chieur.mimi54 a écrit:J'ai été plusieurs fois tentée de l'acheter..........bien oui, j'en ai entendu une bonne critique il y a peu à la radio Comme quoi, les avis........
Non je suis comme toi, c'est pas parce qu'un livre plait à 10 personnes sur 11 que je finis le livre s'il ne me plait pas; et bien je ne rechigne pas à être l'exception qui confirme la règle
Invité- Invité
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
Mon pere et moi avions adore le livre prix du quai des orfevres 2010 "Au pays des ombres" de G. Gallerne. Du coup, mon pere m'a offert celui-ci pour Noel dernier.
J'avoue avoir ete decue. Je n'ai pas passe un mauvais moment en le lisant, mais j'attendais plus, le livre prime de l'annee d'avant m'avait tellement plu...
L'ambiance regionale avait un cote original, mais finalement comme la quasi totalite de l'histoire se deroule dans l'usine, on ne voyage pas beaucoup... Les dialogues sont un peu fades, les personnages aussi...
Bref, ce n'est pas un mauvais livre (de toutes facons, j'ai beaucoup de mal a classer un livre comme mauvais), mais ce n'est pas un coup de coeur. Je pense qu'il y a pas mal de livres nettement meilleurs pour ceux qui ont une PaL en pleine expansion.
En revanche, j'ai adore ta critique shamash ! Elle m'a beaucoup fait rire
J'avoue avoir ete decue. Je n'ai pas passe un mauvais moment en le lisant, mais j'attendais plus, le livre prime de l'annee d'avant m'avait tellement plu...
L'ambiance regionale avait un cote original, mais finalement comme la quasi totalite de l'histoire se deroule dans l'usine, on ne voyage pas beaucoup... Les dialogues sont un peu fades, les personnages aussi...
Bref, ce n'est pas un mauvais livre (de toutes facons, j'ai beaucoup de mal a classer un livre comme mauvais), mais ce n'est pas un coup de coeur. Je pense qu'il y a pas mal de livres nettement meilleurs pour ceux qui ont une PaL en pleine expansion.
En revanche, j'ai adore ta critique shamash ! Elle m'a beaucoup fait rire
chichie- Membre connaisseur
-
Nombre de messages : 363
Age : 42
Localisation : Angleterre
Date d'inscription : 08/04/2011
Re: [Ragon, Claude] Du bois pour les cercueils
Sans prétention, gentillet, à l’allure humaine d’une enquête policière, Claude Ragon nous plonge dans une enquête pour meurtre …
Notre personnage principal est le lieutenant Quentin Bruchet, parachuté à la PJ de Besançon où il se coltine la paperasse … Mais il aspire à bien plus ici. En plein de mois de janvier, entre le froid et les grippes, chance pour lui, les effectifs de sa PJ se trouvent un peu à flux tendu. Convoqué par le commissaire Gradenne, il est affecté à une affaire d’accident avec le commissaire, dans un coin pommé du Doubs, dans une usine de recyclage du bois en tout genre !
Voilà nos deux compères à Berthonex ! Et logeant à Citraix !
Alors que la gendarmerie a conclue à un accident, le procureur remet en cause le drame qu’a vécu Polybois …
En effet, non seulement le doute plane, mais des faits étranges entourent cette affaire : une lettre anonyme qui atterrit sur le bureau du procureur, les réactions de la femme de la victime, les magasins, les différentes équipes des 3x8, etc.
A la manière d’une Jessica Fletcher, nous allons évoluer aux côtés de Quentin dans son ascension à la réussite et en plus en solo !
Dans ce livre, plusieurs thèmes sont abordés : les grandes entreprises et leur organisation, la guerre d’Algérie, la condition des étrangers en France, le trafic d’armes, etc.
Ce livre qui à la base paraît sans prétention et un peu simplet, se laisse livre, si ce n’est complètement bouffer parce qu’il y a un fil conducteur intéressant, celui de Quentin !
Notre personnage principal est le lieutenant Quentin Bruchet, parachuté à la PJ de Besançon où il se coltine la paperasse … Mais il aspire à bien plus ici. En plein de mois de janvier, entre le froid et les grippes, chance pour lui, les effectifs de sa PJ se trouvent un peu à flux tendu. Convoqué par le commissaire Gradenne, il est affecté à une affaire d’accident avec le commissaire, dans un coin pommé du Doubs, dans une usine de recyclage du bois en tout genre !
Voilà nos deux compères à Berthonex ! Et logeant à Citraix !
Alors que la gendarmerie a conclue à un accident, le procureur remet en cause le drame qu’a vécu Polybois …
En effet, non seulement le doute plane, mais des faits étranges entourent cette affaire : une lettre anonyme qui atterrit sur le bureau du procureur, les réactions de la femme de la victime, les magasins, les différentes équipes des 3x8, etc.
A la manière d’une Jessica Fletcher, nous allons évoluer aux côtés de Quentin dans son ascension à la réussite et en plus en solo !
Dans ce livre, plusieurs thèmes sont abordés : les grandes entreprises et leur organisation, la guerre d’Algérie, la condition des étrangers en France, le trafic d’armes, etc.
Ce livre qui à la base paraît sans prétention et un peu simplet, se laisse livre, si ce n’est complètement bouffer parce qu’il y a un fil conducteur intéressant, celui de Quentin !
Eiger- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 2566
Localisation : 47
Date d'inscription : 16/02/2016
Sujets similaires
» [Ragon, Claude] L'assassin n'aimait pas les livres
» [Clément, Claude] Elga et les jouets de bois : un conte de Sibérie
» [J'ai lu] Et le jour pour eux sera comme la nuit d'Ariane Bois
» [Bois, Ariane] Et le jour pour eux sera comme la nuit
» [Patriat, Claude] Pas de Grenelle pour Valois
» [Clément, Claude] Elga et les jouets de bois : un conte de Sibérie
» [J'ai lu] Et le jour pour eux sera comme la nuit d'Ariane Bois
» [Bois, Ariane] Et le jour pour eux sera comme la nuit
» [Patriat, Claude] Pas de Grenelle pour Valois
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum