[Radiguet, Raymond] Le diable au corps
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[Radiguet, Raymond] Le diable au corps
Le diable au corps
Raymond Radiguet
Editions Le Livre de Poche
189 pages
Quatrième de couverture :
Raymond Radiguet parage avec Arthur Rimbaud le terrible privilège d’être un phénomène des lettres françaises.
Jean Cocteau
Résumé :
Un adolescent tombe amoureux d'une jeune femme sur le point de se marier. Manipulateur, égoïste, mais précoce et charmeur, il arrive à se faire aimer en retour par Marthe. Alors qu'elle est mariée et que son époux est parti pour de longs mois à la guerre 14-18, il en fait sa maîtresse. Seulement, cela ne le rend pas heureux. Jaloux, possessif, cruel, et sans doute encore un peu trop jeune, il n'arrive pas vraiment à gérer cette relation qu'il juge soit étouffante, soit trop quelconque. Tout se complique davantage quand, dans leur entourage, leur relation commence à se savoir...
Mes impressions :
Terribles sont les attentes des lecteurs ! J’ai souvent entendu parler de ce livre, souvent en bien et j’avoue que je m’attendais à quelque chose qui remue. Ce qui n’a pas réellement été le cas.
Cependant, j’ai apprécié ce roman. Histoire d’amour qui unit un adolescent manipulateur, égoïste, immature et une jeune femme naïve à la limite de la niaiserie. Certes, le narrateur est énervant mais il est surtout jeune, trop jeune pour l’histoire d’amour qu’il vit. Marthe semble une femme plutôt indépendante face à son mari, ou alors c’est lui qui semble totalement soumis face à elle. Quoiqu’il en soit, au début du roman, lors de leur rencontre, elle apparaît comme une femme qui sait ce qu’elle veut. Pourtant, dès qu’elle commence à parler avec François, ce dernier tente de la manipuler et réussit son coup.
Mais au fil des pages, on en vient à se demander si c’est Marthe qu’il désire ou juste le sentiment de la désirer. Avec lui, c’est un jour blanc, un jour noir. Quelquefois possessif, quelquefois distant, il souffle le chaud et le froid sans arrêt. Et cette pauvre Marthe continue à s’accrocher ! Pourtant il semble l’aimer, très fort même, mais semble également trop jeune pour une histoire d’amour de cette envergure, entrainant dans son sillage un adultère et tous les commérages qui peuvent s’en suivre. Alors il est vrai qu’au début du roman, c’est un personnage exaspérant mais au fil des pages, j’ai plutôt trouvé que c’était un personnage maladroit. Ne sachant pas vraiment comment faire, il fait un peu n’importe quoi. En espérant toujours faire pour le mieux.
Malgré leur travers, ils vivent tout de même des moments très forts qui m’ont touché mais je n’ai pas été bousculée comme je l’aurais aimé.
La fin, quant à elle m’a un peu déçue ou plutôt elle a laissé une question en suspend. Pourquoi ? Pourquoi cela se passe-t-il comme ça ? Pourquoi cela arrive-t-il d’un seul coup ? Je crois que je ne saurais jamais.
Bien qu’ayant apprécié ce roman, je ne l’ai évidemment pas trouvé parfait mais je dois dire que j’ai beaucoup aimé l’écriture de Raymond Radiguet. Tout étant en simple, le style est travaillé, construit et j’ai eu un grand plaisir à lire ce livre.
Un livre que je relirais peut-être dans quelques années, pour voir les choses autrement, avec un œil plus adulte. Qui sait ?
Invité- Invité
Re: [Radiguet, Raymond] Le diable au corps
je l ai lu il y a quelques mois,on me l avait offert,et bien je n ai pas accroché du tout!!
J ai trouvé ce livre trop lent,sans aucune saveur,mais ca n engage que moi hein!
Je n ai meme pas ete jusqu au bout tant je m ennuyais!
J ai trouvé ce livre trop lent,sans aucune saveur,mais ca n engage que moi hein!
Je n ai meme pas ete jusqu au bout tant je m ennuyais!
Invité- Invité
Re: [Radiguet, Raymond] Le diable au corps
keywest a écrit:je l ai lu il y a quelques mois,on me l avait offert,et bien je n ai pas accroché du tout!!
J ai trouvé ce livre trop lent,sans aucune saveur,mais ca n engage que moi hein!
Je n ai meme pas ete jusqu au bout tant je m ennuyais!
De mon côté, je ne me suis pas ennuyée mais je m'attendais à être un peu plus bousculée. J'aurais aimé lire une histoire plus intense.
Invité- Invité
Re: [Radiguet, Raymond] Le diable au corps
Un très bon roman de jeunesse. Des amours adolescentes, avec tout ce que cela comporte : recherche de sensations, découverte du corps de l'autre et du pouvoir des sentiments mais aussi relation adultère sur fond de première guerre mondiale. Un style très classique pour un thème encore subversif, seulement quelques années après l'armistice!
Je suis toujours épatée par le parcours littéraire de Raymond Radiguet, auteur qui a touché à tous les genres alors qu'il n'a vécu que 20 ans. Quel parcours!
Je suis toujours épatée par le parcours littéraire de Raymond Radiguet, auteur qui a touché à tous les genres alors qu'il n'a vécu que 20 ans. Quel parcours!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
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Re: [Radiguet, Raymond] Le diable au corps
Lu dans le cadre de mon Challenge Grands Classiques
Mon avis :
Un livre très court mais très dense, au style très sensuel dans le sens premier du terme : le toucher, les sensations, sont mis en avant, occultant notamment les impressions visuelles - inexistantes - et le sentiments - que l'auteur analyse uniquement a posteriori. Cela donne à l'histoire une dimension irréelle, onirique, où "les autres" comptent pour rien, existent à peine, dans cette relation inégale entre deux êtres entravés par des liens différents : l'immaturité pour l'un, la morale bourgeoise pour l'autre.
Les sentiments inspirés par le narrateur sont effectivement ambigus : compassion devant ses incertitudes d'enfant et ses douleurs d'adulte, dégoût de ses cruautés et de ses manipulations, bambin arrachant innocemment ailes et pattes à un papillon avant de pleurer toutes les larmes de son corps devant ce jouet cassé.
Dans l'ensemble, un roman de grande qualité et qui a l'avantage de se lire très vite.
Ma note : 7/10
Mon avis :
Un livre très court mais très dense, au style très sensuel dans le sens premier du terme : le toucher, les sensations, sont mis en avant, occultant notamment les impressions visuelles - inexistantes - et le sentiments - que l'auteur analyse uniquement a posteriori. Cela donne à l'histoire une dimension irréelle, onirique, où "les autres" comptent pour rien, existent à peine, dans cette relation inégale entre deux êtres entravés par des liens différents : l'immaturité pour l'un, la morale bourgeoise pour l'autre.
Les sentiments inspirés par le narrateur sont effectivement ambigus : compassion devant ses incertitudes d'enfant et ses douleurs d'adulte, dégoût de ses cruautés et de ses manipulations, bambin arrachant innocemment ailes et pattes à un papillon avant de pleurer toutes les larmes de son corps devant ce jouet cassé.
Dans l'ensemble, un roman de grande qualité et qui a l'avantage de se lire très vite.
Ma note : 7/10
Invité- Invité
Re: [Radiguet, Raymond] Le diable au corps
Mon avis :
Ce roman ne pouvait être qu'un coup de cœur, alors même qu'il m'avait marquée lors de ma première lecture dans ma jeunesse. Avec une maturité littéraire, je passe au-dessus de l'histoire d'amour (prenante), et même de la jeunesse de l'auteur, qui fait crier au génie - le roman est écrit alors qu'il n'a pas encore vingt ans (il mourra moins d'un an plus tard), pour retenir que ce court roman est un bijou d'écriture, de grande écriture, et un modèle d'analyse psychologique, tant celle-ci sonne juste.
Le narrateur, jeune homme de 16 ans, est précoce scolairement et se sent différent de ses camarades. Lorsqu'il rencontre Marthe, il tombe amoureux d'elle, presque à son corps défendant. Celle-ci, qui a tout juste 19 ans, est mariée avec un soldat parti au front, et le trompe rapidement, dans leur maison. Tous deux vivent dans une petite ville de province proche de Paris, lui est encore chez ses parents. Rapidement, alors que leur amour se renforce, les langues vont bon train et l'on condamne le couple illégitime.
Sans aucune concession, le narrateur livre la genèse de cet amour, ainsi que ses pensées et sentiments. Il se montre aussi bien dépassé par sa passion, qui le fait se sentir homme sans être prêt pour cela, et bientôt plus rien ne compte que Marthe. Il se révèle sans fard, sans avoir peur de faire état de sa lâcheté de jeune homme immature, ni de son ambivalence. Pendant qu'ils vivent cet amour interdit, la guerre mène en sourdine son œuvre criminelle et, du fait que le mari soit soldat, le jeune amant préféré par Marthe vit cet amour comme une course de vitesse : toujours plus vite, plus loin, durant ces quatre années de vacances déconnectées.
En creux se dessine non pas tant un portrait touchant de lui-même, car il ne se fait pas de cadeau (en cela il paraîtrait plutôt sympathique), mais un beau portrait de femme, car Marthe s'immerge avec une certaine candeur dans cet amour, qui représente un peu une dernière chance pour elle, dans une vie de jeune femme trop tôt rangée, avec le mariage avec un homme dont elle a vite découvert qu'elle ne l'aime pas. Jusqu'au bout, Marthe ne comprendra pas qu'on la juge si durement, qu'on la mette au ban de la société, que plus personne ne lui parle - des voisins vont même jusqu'à organiser une soirée pour entendre leurs ébats et rire d'elle...
L'analyse psychologique est d'une perfection aboutie, servie par une écriture ciselée au dernier degré. En une petite centaine de pages, l'auteur nous trace la destinée d'un amour malheureux - mais qu'il aura valu la peine d'être vécu ! L'atmosphère désenchantée de l'époque est d'une grande justesse, les scènes d'une criante vérité ponctuent avec un sens achevé du rythme l'évolution sentimentale des personnages. Ce roman est un modèle, non en ce qu'il donnerait envie de suivre l'exemple des personnages, tous deux assez égoïstes et immatures, mais en ce qu'il donne une leçon magistrale d'observation du cœur humain et de ses faiblesses, sublimées dans l'art des mots, des phrases et du rythme.
Ce roman ne pouvait être qu'un coup de cœur, alors même qu'il m'avait marquée lors de ma première lecture dans ma jeunesse. Avec une maturité littéraire, je passe au-dessus de l'histoire d'amour (prenante), et même de la jeunesse de l'auteur, qui fait crier au génie - le roman est écrit alors qu'il n'a pas encore vingt ans (il mourra moins d'un an plus tard), pour retenir que ce court roman est un bijou d'écriture, de grande écriture, et un modèle d'analyse psychologique, tant celle-ci sonne juste.
Le narrateur, jeune homme de 16 ans, est précoce scolairement et se sent différent de ses camarades. Lorsqu'il rencontre Marthe, il tombe amoureux d'elle, presque à son corps défendant. Celle-ci, qui a tout juste 19 ans, est mariée avec un soldat parti au front, et le trompe rapidement, dans leur maison. Tous deux vivent dans une petite ville de province proche de Paris, lui est encore chez ses parents. Rapidement, alors que leur amour se renforce, les langues vont bon train et l'on condamne le couple illégitime.
Sans aucune concession, le narrateur livre la genèse de cet amour, ainsi que ses pensées et sentiments. Il se montre aussi bien dépassé par sa passion, qui le fait se sentir homme sans être prêt pour cela, et bientôt plus rien ne compte que Marthe. Il se révèle sans fard, sans avoir peur de faire état de sa lâcheté de jeune homme immature, ni de son ambivalence. Pendant qu'ils vivent cet amour interdit, la guerre mène en sourdine son œuvre criminelle et, du fait que le mari soit soldat, le jeune amant préféré par Marthe vit cet amour comme une course de vitesse : toujours plus vite, plus loin, durant ces quatre années de vacances déconnectées.
En creux se dessine non pas tant un portrait touchant de lui-même, car il ne se fait pas de cadeau (en cela il paraîtrait plutôt sympathique), mais un beau portrait de femme, car Marthe s'immerge avec une certaine candeur dans cet amour, qui représente un peu une dernière chance pour elle, dans une vie de jeune femme trop tôt rangée, avec le mariage avec un homme dont elle a vite découvert qu'elle ne l'aime pas. Jusqu'au bout, Marthe ne comprendra pas qu'on la juge si durement, qu'on la mette au ban de la société, que plus personne ne lui parle - des voisins vont même jusqu'à organiser une soirée pour entendre leurs ébats et rire d'elle...
L'analyse psychologique est d'une perfection aboutie, servie par une écriture ciselée au dernier degré. En une petite centaine de pages, l'auteur nous trace la destinée d'un amour malheureux - mais qu'il aura valu la peine d'être vécu ! L'atmosphère désenchantée de l'époque est d'une grande justesse, les scènes d'une criante vérité ponctuent avec un sens achevé du rythme l'évolution sentimentale des personnages. Ce roman est un modèle, non en ce qu'il donnerait envie de suivre l'exemple des personnages, tous deux assez égoïstes et immatures, mais en ce qu'il donne une leçon magistrale d'observation du cœur humain et de ses faiblesses, sublimées dans l'art des mots, des phrases et du rythme.
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