[Anouilh, Jean] Antigone
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Que pensez vous d'Antigone
[Anouilh, Jean] Antigone
Antigone de Jean ANOUILH
Edition : Table Ronde
Nombre de pages : 122
Genre : Théâtre
Quatrième de couverture :
L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre.
Mon avis :
Antigone est l'une de mes pièces favorites, si ce n'est ma pièce préférée. C'est une pièce que je peux relire sans cesse, sans être blasée ou ennuyée. La mythologie m'a toujours passionnée alors cette œuvre m'a convenue par bien des aspects : on retrouve les croyances de l'époque comme celle de l'importance des rites funéraires par exemple. Cette pièce est d'autant plus tragique que l'on sait dès le début qu'Antigone va mourir et que personne ne peut rien pour cela, même pas elle. Tout au long de ma lecture, j'ai pourtant espéré que quelqu'un lui fasse entendre raison, sa sœur Ismène ou encore son fiancé Hémon, en vain. Une certaine fatalité pèse sur Antigone et personne n'y peut rien.
Néanmoins, j'ai admiré son caractère et le courage dont elle a fait preuve, celui d'assumer jusqu'au bout, de croire en des idées qu'elle aura défendu envers et contre tous. On ne peut ressentir que de l'aversion envers son oncle, Créon, en tout cas, c'est ce que j'ai pensé de lui durant ma lecture. Trop autoritaire, trop sévère, un personnage qui ne fait rien d'autre que son travail sans penser aux joies de la vie. Un personnage assez triste, en somme alors qu'Antigone est pleine de vie, elle est sûrement celle qui désire le plus vivre mais vivre pleinement or ce bonheur véritable est impossible si elle ne fait pas ce qu'elle croit être bon.
Il y a vraiment des répliques et des passages magnifiques dans cette pièce, des passages que je relis toujours avec plaisir; la scène de la dispute avec Créon et Antigone et son « vous me dégoutez tous avec votre bonheur ! ».
Jean Anouilh redonne véritablement un second souffle à cette histoire, écrite à la base par Sophocle, en la rendant plus vivante et plus actuelle. Il faut savoir que lorsque cette pièce a été écrite, ce fut pendant la seconde guerre mondiale, l'on pouvait voir des symboles alors dans cette pièce jouée en 1944, le personnage d'Antigone devient alors l'allégorie de la Résistance s'opposant aux lois de Créon (que l'on peut assimiler à Pétain) qu'elle juge absurdes.
«C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles.» .
Note : 19.75.
Dernière édition par Coyote le Lun 7 Mar 2011 - 23:41, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
rare de voir deux avis de lecteurs de ton âge sur des grands et bons auteurs classiques. Bravo pour les critiques d'Anouilh dont j'aime aussi beaucoup les oeuvres.
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Je rejoins Loubhi. C’est rare. Antigone, dans le cadre scolaire, n’est pas vraiment la pièce sur laquelle on peut miser d’avance en se disant qu’elle va gagner le cœur des élèves. Pourtant, c’est vrai, Anouilh a son charme. Une écriture comme on les aime au théâtre. Des mots de tous les jours ciselés, polis, ouvragés à la virgule. Un théâtre d’orfèvre. Et comme tu aimes la mythologie, Coyote, je te recommande, si tu ne l’as pas déjà lu, l’Electre de Giraudoux. Un auteur qui a beaucoup influencé Anouilh pour le style. C’est le même délire. On est aussi dans le mythe revu et corrigé où poésie, anachronismes et humour se mélangent en un cocktail assez irrésistible. En tout cas merci et bravo pour ta critique. Au plaisir, Coyote ! Et bonnes lectures !
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Merci pour ta critique.
Moi aussi j'avais beaucoup aimé ce livre, au lycée , nous avions étudié Antigone de Sophocle, puis Antigone d' Anouilh.
J'en garde un très bon souvenir.
Moi aussi j'avais beaucoup aimé ce livre, au lycée , nous avions étudié Antigone de Sophocle, puis Antigone d' Anouilh.
J'en garde un très bon souvenir.
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Merci à vous !
Merci pour le conseil de lecture, je l'avais d'ailleurs ajouté à ma PAL car j'aimerais beaucoup lire du Giraudoux !
Ravie que ma critique vous plaise : )
Merci pour le conseil de lecture, je l'avais d'ailleurs ajouté à ma PAL car j'aimerais beaucoup lire du Giraudoux !
Ravie que ma critique vous plaise : )
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
D'accord avec ta critique, Coyote, moi aussi j'ai eu le coup de coeur au lycée, on avait même mis en scène la pièce pour la fin de l'année en 1e... J'adorais le personnage d'Antigone, la rebelle!
C'est une pièce qu'on peut lire et relire, elle a toujours le même impact sur nos réflexions politiques: faut-il se résigner face à des lois même injustes, ou faut-il "s'indigner"? Y a-t-il des lois humaines, ou morales, au-dessus des lois politiques? La question est toujours et encore d'actualité.... Bravo pour ta critique!
C'est une pièce qu'on peut lire et relire, elle a toujours le même impact sur nos réflexions politiques: faut-il se résigner face à des lois même injustes, ou faut-il "s'indigner"? Y a-t-il des lois humaines, ou morales, au-dessus des lois politiques? La question est toujours et encore d'actualité.... Bravo pour ta critique!
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Je n'ai pas lu le livre, mais j'ai été voir la pièce, à Paris. J'avais adoré.
Je ne suis pas certain que j'aurais également apprécié si je l'avais lu à la place.
Je ne suis pas certain que j'aurais également apprécié si je l'avais lu à la place.
Ironman- Grand sage du forum
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Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Moi aussi j'ai lu cette pièce au collège (en troisième plus précisément) j'avais beaucoup aimé l'échange entre Antigone et Créon mais contrairement à Coyote
j'ai plutôt ressenti de la pitié envers Créon je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu'il veut sauver Antigone mais qu'elle ne veut pas et peut-être parce que c'est son rôle d'être autoritaire et qu'il ne peut faire autrement, dans la vie on a pas toujours ce qu'on veut mais on fait ce qu'on doit faire, enfin, c'est comme ça que je vois les choses.On ne peut ressentir que de l'aversion envers son oncle, Créon, en tout cas, c'est ce que j'ai pensé de lui durant ma lecture. Trop autoritaire, trop sévère, un personnage qui ne fait rien d'autre que son travail sans penser aux joies de la vie.
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Powline a écrit:Moi aussi j'ai lu cette pièce au collège (en troisième plus précisément) j'avais beaucoup aimé l'échange entre Antigone et Créon mais contrairement à Coyotej'ai plutôt ressenti de la pitié envers Créon je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu'il veut sauver Antigone mais qu'elle ne veut pas et peut-être parce que c'est son rôle d'être autoritaire et qu'il ne peut faire autrement, dans la vie on a pas toujours ce qu'on veut mais on fait ce qu'on doit faire, enfin, c'est comme ça que je vois les choses.On ne peut ressentir que de l'aversion envers son oncle, Créon, en tout cas, c'est ce que j'ai pensé de lui durant ma lecture. Trop autoritaire, trop sévère, un personnage qui ne fait rien d'autre que son travail sans penser aux joies de la vie.
D'accord avec toi Powline, chez Anouilh, le personnage de Créon est loin d'être aussi négatif qu'on a pu le dire - ce n'est pas un salaud, au sens sartrien du terme, il incarne tout au plus un certain principe de réalité devant les revendications très marquées par une révolte adolescente d'Antigone : il n'a pas (plus ?) son courage et il en souffre. Il représente en fait la majorité des français de cette époque (1944), durant laquelle ne pas être tué, soi et son petit monde, pourrait sembler un objectif suffisant. Il n'est pas condamné pour autant, on voit simplement que sa lâcheté ne mène à rien et n'épargne finalement personne.
Anouilh ne croit en fait pas beaucoup aux idéaux, surtout révolutionnaires, (son Pauvre Bitos, qui caricature Robespierre, en est un autre témoignage) - mais sa vision accorde tout de même ici un certain pouvoir à l'engagement, à l'éthique, bref, pour utiliser un mot pas très en vogue actuellement, à une morale personnelle : on peut choisir de mourir pour ses idées et refuser ce qui y est contraire.
En ces temps, il me semble que voici un message très vivant - on peut dire que non, certaines pratiques ne correspondent pas à notre conception de l'humanité, du respect qui est dû à chacun.
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Je l'ai lu et étudié deux années de suite au lycée, dont quelques textes pour le bac de français, je viens de regarder mon livre, il y a encore les post it "texte I" "texte II" ... ^^
Sinon concernant l'oeuvre, je me souviens avoir énormément apprécié ma lecture, mais je ne me souviens malheureusement pas de l'histoire, donc difficile de donner un avis, mais vos commentaires me donne envie de le relire
Sinon concernant l'oeuvre, je me souviens avoir énormément apprécié ma lecture, mais je ne me souviens malheureusement pas de l'histoire, donc difficile de donner un avis, mais vos commentaires me donne envie de le relire
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Je l'ai lu en troisième pour le collège, et on l'a même joué des extraits d' "Antigone" aux Portes ouvertes. C'est une très bonne pièce de théâtre.
Invité- Invité
Re: [Anouilh, Jean] Antigone
Mon avis :
Antigone est une pièce de théâtre qui, de nos jours, est étudiée par beaucoup d’élèves de 3e. Le seul souci, pour moi, est le découpage que subit l’oeuvre. Il est mieux, dans la mesure du possible de voir la tragédie, de saisir ainsi son mouvement, plutôt que d’en analyser des scènes jugées plus importantes que d’autres. A ce sujet, les manuels s’arrêtent souvent à la confrontation Antigone/Créon – et encore, en extraits – oubliant le dénouement, et Créon, s’en allant présider le conseil, comme si de rien n’était.
Avant Anouilh, Cocteau avait repris le mythe d’Antigone, dans une version très différente, plus proche de celle de Sophocle. Le contexte historique n’était pas le même. Ecrire cette version d’Antigone était un acte de résistance, quoi que certains puissent dire, quoi que certains puissent penser – pour ma part, je ne pense pas que Jean Anouilh était du côté de Créon !
A cause d’Antigone, ils ne sont plus tranquilles. Qui, "ils" ? Les Thébains, Créon, les princes étrangers alliés à Polynice, tout le monde en fait, tout ceux qui vivaient bien tranquilles dans la France occupée, et vivaient de petits trafics, s’entendant assez bien avec l’occupant. Et il a fallu que quelqu’un résiste, que quelqu’un s’oppose en transgressant les lois de Créon. S’il ne dit pas, comme un célèbre monarque : "l’Etat, c’est moi", la loi, c’est lui, c’est tellement lui qu’il ne peut modifier celle qu’il a faite passer. Il a besoin de "faire un exemple" avec Antigone, avec Polynice. Être roi est un métier, qu’il faut bien que quelqu’un fasse, selon lui. Gouverner justifie tout, tant que l’ordre règne. Il n’est pas un père pour ses sujets, il n’est même plus un père pour son propre fils, tant la fonction a effacé tout le reste.
Mais je parle de Créon, et j’oublie Antigone. C’est sur elle et sur l’actrice qui l’interprête que repose tout la pièce. Elle est au début définie par la négative. Elle, la noiraude, est aimée d’Hémon, alors que la belle Ismène n’a pas su le séduire. Elle est maigre – donc pas tout à fait apte à faire de beaux enfants. Ce trait nous renvoie à tout un pan de croyance médicale et de littérature (cf : La joie de vivre d’Emile Zola). Créon fait ce qu’il croit être bon, Antigone fait ce qu’elle peut – et c’est déjà beaucoup.
Antigone me fait penser à l’Alouette, autre personnage de Jean Anouilh qui vit à une période charnière. Elle aussi aurait aimé vivre. Mais, pas plus qu’on imagine Jeanne mariée, avec des enfants, on ne peut imaginer Antigone mener une vie ordinaire, avec Hémon devenu aussi "sage" que son père ? Non, je ne le crois pas. Antigone, c’est aussi le refus d’une certaine idée du bonheur, faite de (fausse) quiétude et de concessions.
Antigone, ou une oeuvre toujours d’actualité.
Antigone est une pièce de théâtre qui, de nos jours, est étudiée par beaucoup d’élèves de 3e. Le seul souci, pour moi, est le découpage que subit l’oeuvre. Il est mieux, dans la mesure du possible de voir la tragédie, de saisir ainsi son mouvement, plutôt que d’en analyser des scènes jugées plus importantes que d’autres. A ce sujet, les manuels s’arrêtent souvent à la confrontation Antigone/Créon – et encore, en extraits – oubliant le dénouement, et Créon, s’en allant présider le conseil, comme si de rien n’était.
Avant Anouilh, Cocteau avait repris le mythe d’Antigone, dans une version très différente, plus proche de celle de Sophocle. Le contexte historique n’était pas le même. Ecrire cette version d’Antigone était un acte de résistance, quoi que certains puissent dire, quoi que certains puissent penser – pour ma part, je ne pense pas que Jean Anouilh était du côté de Créon !
A cause d’Antigone, ils ne sont plus tranquilles. Qui, "ils" ? Les Thébains, Créon, les princes étrangers alliés à Polynice, tout le monde en fait, tout ceux qui vivaient bien tranquilles dans la France occupée, et vivaient de petits trafics, s’entendant assez bien avec l’occupant. Et il a fallu que quelqu’un résiste, que quelqu’un s’oppose en transgressant les lois de Créon. S’il ne dit pas, comme un célèbre monarque : "l’Etat, c’est moi", la loi, c’est lui, c’est tellement lui qu’il ne peut modifier celle qu’il a faite passer. Il a besoin de "faire un exemple" avec Antigone, avec Polynice. Être roi est un métier, qu’il faut bien que quelqu’un fasse, selon lui. Gouverner justifie tout, tant que l’ordre règne. Il n’est pas un père pour ses sujets, il n’est même plus un père pour son propre fils, tant la fonction a effacé tout le reste.
Mais je parle de Créon, et j’oublie Antigone. C’est sur elle et sur l’actrice qui l’interprête que repose tout la pièce. Elle est au début définie par la négative. Elle, la noiraude, est aimée d’Hémon, alors que la belle Ismène n’a pas su le séduire. Elle est maigre – donc pas tout à fait apte à faire de beaux enfants. Ce trait nous renvoie à tout un pan de croyance médicale et de littérature (cf : La joie de vivre d’Emile Zola). Créon fait ce qu’il croit être bon, Antigone fait ce qu’elle peut – et c’est déjà beaucoup.
Antigone me fait penser à l’Alouette, autre personnage de Jean Anouilh qui vit à une période charnière. Elle aussi aurait aimé vivre. Mais, pas plus qu’on imagine Jeanne mariée, avec des enfants, on ne peut imaginer Antigone mener une vie ordinaire, avec Hémon devenu aussi "sage" que son père ? Non, je ne le crois pas. Antigone, c’est aussi le refus d’une certaine idée du bonheur, faite de (fausse) quiétude et de concessions.
Antigone, ou une oeuvre toujours d’actualité.
Sharon- Modérateur
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