[Diome, Fatou] Celles qui attendent
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[Diome, Fatou] Celles qui attendent
[Diome, Fatou] Celles qui attendent
Titre : Celles qui attendent
Auteur : Fatou Diome
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 336
Date de parution : 25 août 2010
Résumé :
Arame et Bougna, mères, respectivement, de Lamine et Issa, deux émigrés
clandestins. Elles ne comptaient plus leurs printemps, mais chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui devait tenir la demeure sur les galeries creusées par l'absence. Mais comment
dépeindre la peine d'une mère qui attend son enfant, sans jamais être certaine de
le revoir ? Coumba et Daba, quant à elles, humaient leurs premières roses : jeunes, belles, elles rêvaient d'un
destin autre que celui de leurs aînées du village. Assoiffées d'amour, d'avenir et de modernité, elles
s'étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix.
Mariées, respectivement à Issa et Lamine, l'Europe est leur plus grande rivale.
Esseulées, elles peuvent rester fidèles à leur chambre vide ou succomber à la tentation. Mais la vie n'attend pas
les absents, derrière les émigrés, les amours varient, les secrets de famille affleurent ; les petites et grandes trahisons vont alimenter la chronique sociale du village et déterminer la nature des retrouvailles. Le visage qu'on retrouve n'est pas forcément celui qu'on attendait.
Mon avis :
C'est dans un style littéraire riche et imagé que Fatou Diome nous conte l'histoire de femmes sénégalaises qui attendent le retour d'un fils, d'un mari, partis tenter l'aventure en Europe.
" Ceux qui nous font languir nous assassinent."
Le sujet est très bien traité parce qu'il montre parfaitement ce qui pousse les jeunes à quitter leur village, la dangerosité de l'immigration clandestin et l'autre face de cet eldorado.
C'est surtout un récit sur la condition des femmes, sur leur mariage forcé, sur la polygamie, sur les difficultés quotidiennes à élever une nombreuse famille sans argent.
Fatou Diome intègre parfaitement dans l'histoire l'analyse des personnages,
de leurs relations, de leurs sentiments et décrit sans ambages le constat d'une situation dramatique d'un pays
vassalisé par l'Europe (immigration choisie, micro crédit, choix de l'Europe, rapports Nord/Sud).
" Aider quelqu'un, c'est l'aider à ne plus avoir besoin de vous."
" D'autre part, si elle veut garder son poids face aux États-Unis et à la Chine, l'Europe a besoin d'une Afrique vassalisée."
J'ai été ravie par cette écriture et par l'environnement africain (djinn, religion animiste).
Certains pourront être agacés par tant d'expressions imagées mais je pense que c'est un réel témoignage de la pensée africaine.
" Les rêveries sont comme les parapluies, arrive toujours le moment où il faut affronter la couleur du ciel."
" C'est pourtant à la dimension du trou dans le sol qu'on mesure la taille du cocotier arraché."
J'avais beaucoup aimé "Inassouvies, nos vies" et je lirais sûrement d'autres
romans de cet auteur pour la qualité de son écriture et la découverte d'autres cultures.
Invité- Invité
Re: [Diome, Fatou] Celles qui attendent
Merci Jostein : je l'avais repéré en librairie mais n'avais pas osé l'acheter : ton avis me donne envie de tenter l'aventure!
Invité- Invité
Re: [Diome, Fatou] Celles qui attendent
Résumé et avis
Sénégal. Ce roman est l’histoire de quatre femmes,voici les deux mères, Arame partage sa vie avec Koromâk, son vieux mari, un homme insupportable et handicapé par l’arthrose, étant condamnés à partager le même lit, c’est un réel calvaire pour elle. Une pauvre vie qu’elle doit assumer car le fils aîné a péri en mer, lui laissant une ribambelle de petits-enfants. Lamine, son fils cadet, ne rêve que de partir en Europe et c’est ce qu’il fera lorsque sa mère lui apprend que Koromâk n’est pas son père. D’anciennes pirogues de pêche sont prêtes à les emmener, elles ne servent plus qu’à cela car anciennement, c’était la pêche qui faisait vivre tout le monde mais depuis que les chalutiers étrangers font de grosses prises, il ne reste pas grand chose pour les pauvres gens et assurer la vie devient un combat permanent
Bougna, qui est la deuxième épouse de Wagane, au bout de dix ans, elle lui a donné sept enfants, mais des querelles éclatent souvent entre les deux épouses, jalousie de la part de Bougna qui ne supporte pas la réussite du fils aîné de l’autre. Son fils Issa, part lui aussi pour l’Europe....
Les jeunes épouses de Lamine et Issa.
Coumba a pu connaitre l’amour avec Issa avant son départ, elle mettra un petit garçon au monde pendant l’absence du père, mais la vie est dure, il faut nourrir tout le monde, la solitude est là, éprouvante.....
Daba, a rompu ses fiançailles avec Ansou pour épouser Lamine, sans doute espérait-elle connaître une vie meilleure.....
Pendant longtemps ces femmes attendent, des lettres ? Des coups de téléphone improbables ? Ou les nouvelles d’un jeune qui revient au pays, qui n’ose pas tout raconter ?
Un très beau roman, de la poésie, la misère très bien décrite, la solitude, l’espoir, l’amour, la souffrance et l’attente font de ce livre un gros coup de coeur 5/5
Sénégal. Ce roman est l’histoire de quatre femmes,voici les deux mères, Arame partage sa vie avec Koromâk, son vieux mari, un homme insupportable et handicapé par l’arthrose, étant condamnés à partager le même lit, c’est un réel calvaire pour elle. Une pauvre vie qu’elle doit assumer car le fils aîné a péri en mer, lui laissant une ribambelle de petits-enfants. Lamine, son fils cadet, ne rêve que de partir en Europe et c’est ce qu’il fera lorsque sa mère lui apprend que Koromâk n’est pas son père. D’anciennes pirogues de pêche sont prêtes à les emmener, elles ne servent plus qu’à cela car anciennement, c’était la pêche qui faisait vivre tout le monde mais depuis que les chalutiers étrangers font de grosses prises, il ne reste pas grand chose pour les pauvres gens et assurer la vie devient un combat permanent
Bougna, qui est la deuxième épouse de Wagane, au bout de dix ans, elle lui a donné sept enfants, mais des querelles éclatent souvent entre les deux épouses, jalousie de la part de Bougna qui ne supporte pas la réussite du fils aîné de l’autre. Son fils Issa, part lui aussi pour l’Europe....
Les jeunes épouses de Lamine et Issa.
Coumba a pu connaitre l’amour avec Issa avant son départ, elle mettra un petit garçon au monde pendant l’absence du père, mais la vie est dure, il faut nourrir tout le monde, la solitude est là, éprouvante.....
Daba, a rompu ses fiançailles avec Ansou pour épouser Lamine, sans doute espérait-elle connaître une vie meilleure.....
Pendant longtemps ces femmes attendent, des lettres ? Des coups de téléphone improbables ? Ou les nouvelles d’un jeune qui revient au pays, qui n’ose pas tout raconter ?
Un très beau roman, de la poésie, la misère très bien décrite, la solitude, l’espoir, l’amour, la souffrance et l’attente font de ce livre un gros coup de coeur 5/5
- Spoiler:
- J’ai aimé la dernière phrase du roman : Parce qu’elles savent tout de l’attente, elles connaissent le prix de l’amour; mais seuls leurs soupirs avouent.....Ceux qui nous font languir nous assassinent.
lalyre- Grand sage du forum
-
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Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: [Diome, Fatou] Celles qui attendent
Ce livre raconte l'histoire de quatre femmes, Arame et Bougna, les mères, Daba et Coumba, les belles-filles, et en filigrane, celle des fils d'Arame et Bougna, Lamine et Issa. Dans ce village d'une petite île au large du Sénégal, la vie est difficile, il n'y a guère de perspectives d'avenir, et pour les familles moins aisées, l'Europe exerce une fascination presque irrésistible. Alors, de nuit, les pirogues surchargées s'en vont vers l'Espagne, et ceux qui y parviennent continuent à alimenter les rêves des familles restées au pays.
Mais la réalité est moins "rose" : Arame et Bougna ont tout fait pour que leurs fils s'en aillent et reviennent au village riches et auréolés de gloire. Et pour être sûres qu'ils rentrent au Sénégal, elles les ont poussés à se marier avant le départ. Leurs jeunes épouses sont restées avec leurs belles-mères, elles les attendent. La vie des unes et des autres se teinte successivement de rêve, de fierté, de désillusion, de désespoir...
Ce livre m'a complètement dépaysée et questionnée. Plusieurs thèmes et problématiques parcourent le roman.
Derrière le destin particulier de Bougna et d'Arame, c'est celui des femmes africaines qui est chanté, expliqué, décrit, documenté par Fatou Diome. Pendant que les hommes pêchent, jouent aux cartes, décident, les femmes triment, elles cuisinent, lavent le linge, vont ramasser le bois, remplissent les bidons d'eau, elles s'occupent des enfants, essayent tant bien que mal d'assurer le confort de tous, quitte à tenter de petits arrangements avec l'épicier ou à se priver de tout. C'est toute une société qui est dépeinte ici, écrasée par le soleil des tropiques, avec ses croyances, ses traditions, son code de l'honneur, ses clans, son fatalisme.
"Au village, les jours s'abattaient sur les épaules avec la régularité qu'on leur connaît sous les tropiques. Le quotidien avait repris ses droits et filait ininterrompu, longue piste monotone où les soucis poussaient plus vite que les fleurs. Les préoccupations scandaient la journée. Les moutons à emmener aux pâturages, le bois à chercher, la famille à nourrir, les enfants à vêtir, les malades à soigner avec des ordonnances qui croupissaient sous la poussière. Les marées se succédaient, impassibles, emportant avec elles les ongles des femmes qui retournaient la vase pour quelques fruits de mer. Et parce que les bras de l'Atlantique ne charriaient pas de monnaie, la débrouille était le talent collectif qui donnait sa couleur à chaque jour. Chacun avait des astuces qu'il croyait originales mais qui, en réalité, étaient mises en oeuvre par tous avec une discrétion qui coulait les pires conditions dans une apparence de normalité. Si personne ne se plaignait franchement, personne n'était dupe non plus. Ceux qu'on croise aux puces, achetant les mêmes choses dépréciées, sont rarement plus nantis que soi. Et là, sur la place du village, tout le monde s'arrachait les restes du monde moderne, repartait avec les miettes qu'il pouvait s'offrir, s'y accrochait de toutes ses forces, à défaut de savoir par quel bout saisir une vie malicieuse et toujours fuyante." (p. 151)
Pour améliorer ce quotidien, c'est d'abord la ville, la capitale Dakar qui attire. Et surtout le mirage, le miroir aux alouettes qu'est l'Europe. Car, si les mères donnent l'illusion de croire "pas de nouvelles, bonnes nouvelles" de leurs fils émigrés, la réalité vécue par ces jeunes gens est évidemment loin d'être idyllique. Et Fatou Diome ne se prive pas d'une critique virulente sur les conditions dans lesquelles les expatriés arrivent sur les côtes méditerranéennes et sur "l'émigration choisie", cette vassalisation de l'Afrique par l'Europe.
"De fait, l'équipage de Lamine et Issa avait reçu le même traitement que tous les aventuriers qui accostent là-bas. Derrière les grilles de Ceuta et Melilla bat un coeur que l'Europe économique voudrait anesthésier. Mais, répondant avant tout aux consignes humanistes, les militants de diverses associations accourent, soignent, nourrissent, encadrent et consolent les enfants de la misère qui viennent se briser les ailes contre la vitrine européenne, comme des oiseaux happés dans les lames d'une girouette." (p. 229-230)
Ce roman nous donne donc à voir la réalité, les désirs d'une vie meilleure du point de vue des migrants, et surtout de leurs familles, mais la romancière, qui vit en France depuis 1994, connaît les deux côtés de la "médaille".
C'est très touchant aussi de découvrir la condition des femmes sénégalaises, jeunes et aînées, marquée notamment par la soumission, l'analphabétisme, la polygamie. L'occasion d'assister à quelques combines et colères croustillantes de Bougna, et d'admirer l'équanimité d'Arame, avant la révélation de quelques secrets de famille...
Un beau roman, à la langue tantôt flamboyante comme le soleil, tantôt dure comme la colère.
Mais la réalité est moins "rose" : Arame et Bougna ont tout fait pour que leurs fils s'en aillent et reviennent au village riches et auréolés de gloire. Et pour être sûres qu'ils rentrent au Sénégal, elles les ont poussés à se marier avant le départ. Leurs jeunes épouses sont restées avec leurs belles-mères, elles les attendent. La vie des unes et des autres se teinte successivement de rêve, de fierté, de désillusion, de désespoir...
Ce livre m'a complètement dépaysée et questionnée. Plusieurs thèmes et problématiques parcourent le roman.
Derrière le destin particulier de Bougna et d'Arame, c'est celui des femmes africaines qui est chanté, expliqué, décrit, documenté par Fatou Diome. Pendant que les hommes pêchent, jouent aux cartes, décident, les femmes triment, elles cuisinent, lavent le linge, vont ramasser le bois, remplissent les bidons d'eau, elles s'occupent des enfants, essayent tant bien que mal d'assurer le confort de tous, quitte à tenter de petits arrangements avec l'épicier ou à se priver de tout. C'est toute une société qui est dépeinte ici, écrasée par le soleil des tropiques, avec ses croyances, ses traditions, son code de l'honneur, ses clans, son fatalisme.
"Au village, les jours s'abattaient sur les épaules avec la régularité qu'on leur connaît sous les tropiques. Le quotidien avait repris ses droits et filait ininterrompu, longue piste monotone où les soucis poussaient plus vite que les fleurs. Les préoccupations scandaient la journée. Les moutons à emmener aux pâturages, le bois à chercher, la famille à nourrir, les enfants à vêtir, les malades à soigner avec des ordonnances qui croupissaient sous la poussière. Les marées se succédaient, impassibles, emportant avec elles les ongles des femmes qui retournaient la vase pour quelques fruits de mer. Et parce que les bras de l'Atlantique ne charriaient pas de monnaie, la débrouille était le talent collectif qui donnait sa couleur à chaque jour. Chacun avait des astuces qu'il croyait originales mais qui, en réalité, étaient mises en oeuvre par tous avec une discrétion qui coulait les pires conditions dans une apparence de normalité. Si personne ne se plaignait franchement, personne n'était dupe non plus. Ceux qu'on croise aux puces, achetant les mêmes choses dépréciées, sont rarement plus nantis que soi. Et là, sur la place du village, tout le monde s'arrachait les restes du monde moderne, repartait avec les miettes qu'il pouvait s'offrir, s'y accrochait de toutes ses forces, à défaut de savoir par quel bout saisir une vie malicieuse et toujours fuyante." (p. 151)
Pour améliorer ce quotidien, c'est d'abord la ville, la capitale Dakar qui attire. Et surtout le mirage, le miroir aux alouettes qu'est l'Europe. Car, si les mères donnent l'illusion de croire "pas de nouvelles, bonnes nouvelles" de leurs fils émigrés, la réalité vécue par ces jeunes gens est évidemment loin d'être idyllique. Et Fatou Diome ne se prive pas d'une critique virulente sur les conditions dans lesquelles les expatriés arrivent sur les côtes méditerranéennes et sur "l'émigration choisie", cette vassalisation de l'Afrique par l'Europe.
"De fait, l'équipage de Lamine et Issa avait reçu le même traitement que tous les aventuriers qui accostent là-bas. Derrière les grilles de Ceuta et Melilla bat un coeur que l'Europe économique voudrait anesthésier. Mais, répondant avant tout aux consignes humanistes, les militants de diverses associations accourent, soignent, nourrissent, encadrent et consolent les enfants de la misère qui viennent se briser les ailes contre la vitrine européenne, comme des oiseaux happés dans les lames d'une girouette." (p. 229-230)
Ce roman nous donne donc à voir la réalité, les désirs d'une vie meilleure du point de vue des migrants, et surtout de leurs familles, mais la romancière, qui vit en France depuis 1994, connaît les deux côtés de la "médaille".
C'est très touchant aussi de découvrir la condition des femmes sénégalaises, jeunes et aînées, marquée notamment par la soumission, l'analphabétisme, la polygamie. L'occasion d'assister à quelques combines et colères croustillantes de Bougna, et d'admirer l'équanimité d'Arame, avant la révélation de quelques secrets de famille...
Un beau roman, à la langue tantôt flamboyante comme le soleil, tantôt dure comme la colère.
Invité- Invité
Re: [Diome, Fatou] Celles qui attendent
Mères et femmes , elles attendent le retour d'un fils, d'un mari. Ils sont partis, attirés par cet El dorado que représente l'Europe. Elles les ont aidés parfois, tant elles désirent un mieux pour eux, pour elles. Elles ne savent pas l'horreur de la traversée, elles l'imaginent. Elles ignorent les camps de réfugiés, la clandestinité, la chasse au travail, les squats. Elles attendent une lettre, le retour d'un "vacancier" pour avoir des nouvelles, un appel au centre de téléphone…
Mais en attendant, il faut vivre, et leur vie et une éternelle recherche de nourriture, nourrir les enfants, nourrir la famille. Femmes restées au pays, elles assument le quotidien avec courage.
Arame, ma préférée, et Bougna, deux mères qui ont aidé leur fils à partir, Daba et Coumba, les épouses des fils…des espoirs (désespoir).
Fatou Diomé raconte leur vie, leurs espoirs et cette lente, cruelle attente. Elle aborde des sujets très graves, la recherche continuelle de nourriture, l'absence de travail, l'océan pillé par les bateaux mieux équipés que les pirogues, la vie des jeunes femmes au sein de leur belle famille, la polygamie et ses rivalités.
J'ai aimé l'écriture de cet auteur que je découvre. Chaque héroïne nous apporte la vision d'un enfer dont elles font, par leur courage un paradis.
Mais en attendant, il faut vivre, et leur vie et une éternelle recherche de nourriture, nourrir les enfants, nourrir la famille. Femmes restées au pays, elles assument le quotidien avec courage.
Arame, ma préférée, et Bougna, deux mères qui ont aidé leur fils à partir, Daba et Coumba, les épouses des fils…des espoirs (désespoir).
Fatou Diomé raconte leur vie, leurs espoirs et cette lente, cruelle attente. Elle aborde des sujets très graves, la recherche continuelle de nourriture, l'absence de travail, l'océan pillé par les bateaux mieux équipés que les pirogues, la vie des jeunes femmes au sein de leur belle famille, la polygamie et ses rivalités.
J'ai aimé l'écriture de cet auteur que je découvre. Chaque héroïne nous apporte la vision d'un enfer dont elles font, par leur courage un paradis.
joëlle- Modérateur
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Nombre de messages : 9708
Localisation : .
Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Diome, Fatou] Celles qui attendent
Arame, Bougna, Coumba, Daba : quatre femmes qui attendent. Leurs fils, leurs maris, ont quitté leur village au Sénégal pour rejoindre clandestinement l'Espagne. Elles espèrent qu'ils vont bien, qu'ils ont survécu à la traversée, qu'ils réussiront à gagner de l'argent en Europe et surtout qu'ils reviendront. L'attente et l'espérance vont marquer leurs vies.
Ce fut une lecture plaisir du début à la fin.
Dès les premières pages, j'ai apprécié l'écriture de Fatou Diome, une écriture agréable, qui mêle descriptions, poésie, récit, analyse...
L'auteur sait nous emmener dans la vie de ce village africain de pêcheurs. Elle nous conte la vie des femmes, qui dès leur mariage se retrouvent contraintes de nourrir leurs beaux-parents, leur mari, leurs enfants... avec les faibles moyens dont disposent les familles.
Je me suis attachée à elles, notamment à Arame, qui fait face à son quotidien sans se plaindre, et élève seule les enfants de son fils décédé, malgré les difficultés et les conflits avec son mari grabataire.
Les thèmes abordés sont nombreux : l'immigration vers l'Europe, bien sûr, mais aussi le poids des traditions, les mariages arrangés, la polygamie, les clans familiaux, les commérages dans le village, et surtout l'attente.
Difficile de trouver les mots pour parler d'un roman si riche.
Ce fut une belle découverte, et un formidable coup de cœur.
J'espère avoir le plaisir de lire d'autres œuvres de cette auteure.
***
Ce fut une lecture plaisir du début à la fin.
Dès les premières pages, j'ai apprécié l'écriture de Fatou Diome, une écriture agréable, qui mêle descriptions, poésie, récit, analyse...
L'auteur sait nous emmener dans la vie de ce village africain de pêcheurs. Elle nous conte la vie des femmes, qui dès leur mariage se retrouvent contraintes de nourrir leurs beaux-parents, leur mari, leurs enfants... avec les faibles moyens dont disposent les familles.
Je me suis attachée à elles, notamment à Arame, qui fait face à son quotidien sans se plaindre, et élève seule les enfants de son fils décédé, malgré les difficultés et les conflits avec son mari grabataire.
Les thèmes abordés sont nombreux : l'immigration vers l'Europe, bien sûr, mais aussi le poids des traditions, les mariages arrangés, la polygamie, les clans familiaux, les commérages dans le village, et surtout l'attente.
Difficile de trouver les mots pour parler d'un roman si riche.
Ce fut une belle découverte, et un formidable coup de cœur.
J'espère avoir le plaisir de lire d'autres œuvres de cette auteure.
Le mariage, elle avait cru que c'était une histoire d'amour ; maintenant, elle se rendait compte qu'elle n'avait pas seulement épousé Issa, mais un clan entier avec tout un système de convenances où ses désirs à elle passaient à la trappe.
On relate, on discourt, on commente avec tant d'emphase la pénibilité de l'accouchement, qui n'est jamais qu'une douleur éphémère. Mais nul ne songe à prévenir les futures mères de leur carrière de veilleuses de nuit, qui démarre avec les premières tétées nocturnes et dure toute la vie. Enfanter, c'est ajouter une fibre de vigile à notre instinct naturel de survie.
Les scènes de ménage sont des guerres sans vainqueur, elles laissent toujours derrière elles des cœurs également meurtris et pareillement assoiffés d'amour.
Les coups de fil s'étaient largement espacés. Les femmes accusèrent le coup. Mais on finit toujours pas s'inventer une manière de faire face à l'absence. Au début, on compte les jours puis les semaines, et enfin les mois. Advient inévitablement le moment où l'on se résout à admettre que le décompte se fera en années ; alors on commence à ne plus compter du tout. [...] N'en déplaise aux voyageurs, ceux qui restent sont obligés de les tuer, symboliquement, pour survivre à l'abandon. Partir, c'est mourir au présent de ceux qui demeurent.
Invité- Invité
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