[Mc Liam Wilson, Robert] Les dépossédés
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A propos de ce livre
[Mc Liam Wilson, Robert] Les dépossédés
Quatrième de couverture
Des visages marqués, des parcours singuliers disant la misère, la dégradation morale et physique, la déshérence : Robert McLiam Wilson raconte la pauvreté, au début des années 1990, dans l'Angleterre ultralibérale du gouvernement Thatcher. Son récit, illustré par les photographies de Donovan Wylie, abandonne toute distance journalistique au profit d'une empathie émue, pudique et profonde. Une autobiographie déguisée qui préfigure l'œuvre à venir.
Ma critique
J'ai connu cet auteur par le roman, Ripley Bogle, l'histoire d'un SDF pas aussi victime qu'il y parait de prime abord. Le tout écrit dans un style truculent, entre John Irving et les dialogues d'Audiard... Bref, à lire, mais ce n'est pas le sujet. Quelques temps plus tard, je suis tombé sur le premier livre de cet auteur. En fait, il ne s'agit pas d'un roman, mais d'une enquête témoignage qu'il a réalisé aux côtés d'un photographe Donovan Wylie (de l'agence Magnum) sur la pauvreté en Grande-Bretagne après dix ans sous la politique sans concession de Margaret Thatcher. Les deux compères ont alors 20 ans. Ils vont aller de Londres à Glasgow en passant par Belfast, rencontrant des familles dans les cités, les squats, la rue, les foyers. Aucune distance journalistique dans cet ouvrage, uniquement de l'empathie à la première personne du singulier. Et des doutes... Ce qui fera certainement le principal élément de la qualité d'écriture dans les romans à venir de Mc Liam Wilson.
Le constat sur la politique de la Dame de Fer est sans appel. La pauvreté n'a fait qu'empirer sous son gouvernement. Au fil des pages, ont a l'impression d'être revenu dans l'Angleterre de Dickens ou celle décrite par Orwell dans cet ouvrage peu connu Dans la dèche de Paris à Londres. Mc Liam Wilson ne choisit pas des êtres angéliques pour faire ses portraits, et souvent, la violence, l'exploitation, sont au rendez-vous. Mais également une richesse humaine qui vient contre-balancer la noirceur des pages et des vies. Sans oublier le cynisme railleur déjà bien présent de l'auteur. Cynisme et blessure, car Mc Liam Wilson va prendre une claque au fil des jours. A tel point qu'il va suspendre un temps ses investigations. Il perd pied, ne trouve plus la distance necessaire qui sépare le témoin de l'acteur. Pour lui, cet enquête est un échec.
La liste des choses sur lesquelles je n'ai pas écrit est longue est infamante. Je n'ai pas écrit sur les innombrables groupes communautaires qui effectuent un travail absolument crucial dans les quartiers sinistrés. Je n'ai pas écrit sur les retraités et les personnes âgées, sur la pauvreté dans la communauté des handicapés. Je n'ai pas écrit sur le contexte international de la pauvreté, sur les rapports entre travailleurs,, sur les droits des travailleurs, sur le salaire minimum, ni sur les handicaps subis par les femmes sur le marché du travail. je n'ai pas écrit sur les formations professionnelles ou au sein des entreprises. Je n'ai pas écrit sur les conséquences terribles pour les pauvres, de la dégradation des services publics de santé. Et même les choses sur lesquelles j'ai écrit, je ne les ai pas décrites avec suffisament de détails.
Mais mon échec est sans doute aussi éloquent que l'aurait été une quelconque preuve de compétence. Cet échec prouve peut-être à quel point la situation des pauvres est vraiment désespérée aujourd'hui en Grande-Bretagne. Je n'ai pas réussi à affronter ni à décrire correctement leurs conditions de vie. je n'ai pas non plus réussi à décrire suffisament l'angoisse de ces gens que Donavan et moi avons rencontrés. Leur détresse dépassait tout ce à quoi je m'attendais.
Au moins les photographies de Donovan sont solidement ancrées dans la réalité concrète de ce qu'il a vu. Il a accepté le risque de prendre des photos qui ne pouvaient pas être jolies, mais ce faisant il a créé une authentique beauté. Ses images prouvent, mieux que tout ce que j'aurais pu écrire, les contradictions inhérentes à ce que nous avons vu. Donovan a saisi les conditions de vie terrifiantes et la vraie grandeur d'individus dont la dignité et le courage survivaient à leurs tribulations.
S'il faut le résumer d'un mot, ce livre est une plainte portée à l'attention du public. Nous aimerions porter plainte s'il vous plait. Nous n'avons pas de réponse et notre compréhension des problèmes est peut-être rudimentaire, mais nous tenons malgré tout à porter plainte.
Que Mc Liam Wilson se rassure, son message passe extrêmement bien et avec force. C'est certain, cet ouvrage (heureusement que les photos de Wilie viennent aérer l'ensemble) est difficile. Sans complaisance, ce témoignage est bouleversant ; trop diront certains. Ceux-là ignorent peut-être que ce n'est pas l'auteur qui force le trait, mais les politiques libérales... Bref, ce livre est à la littérature ce que les films de Ken Loach sont au cinéma. Ecrit en 1992, ce livre est édité chez Christian Bourgeois. 338 pages.
Et qu'est-ce qui a changé depuis ?...
Invité- Invité
Re: [Mc Liam Wilson, Robert] Les dépossédés
Très intéressant commentaire pour un livre que je ne connaissais pas, si je le trouve à la médiathèque, je le prends. Merci pour cette parenthèse sociologique dans cet océan de romans
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