[Carofiglio, Gianrico] Le silence pour preuve
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[Carofiglio, Gianrico] Le silence pour preuve
"Le silence pour preuve" de Gianrico Carofiglio
Le perfezioni provvisorie (Italie)
Une enquête de Guido Guierreri
Seuil Policiers, 2011, Grand format 248 p
Quatrième de couverture:
Les époux Ferrara sont fous d’angoisse : leur fille a disparu depuis six mois, évanouie dans le néant, et les pistes suivies jusque-là n'ont mené à rien. Refusant de se rendre à l’évidence et devoir classer l’affaire, ils veulent charger Guerrieri, avocat assez renommé, d'enquêter sur cette disparition. Après bien des hésitations, celui-ci finit par accepter. Le voilà qui se met à interroger les proches de Manuela, son ex-fiancé, suspect numéro un mais doté d’un alibi de fer, Anita, qui l'a conduite à la gare à la fin du week-end, et puis Caterina et Nicoletta, qui étudiaient avec elle à Rome. La nuit, donnant libre cours à sa mélancolie, Guerrieri aime vagabonder seul dans la ville ou se réfugier dans le bar de Nadia, une femme fascinante au passé ambigu. Pendant plus de la moitié du roman, Guerrieri a l'impression de tourner en rond, les éléments qu'il recueille sont sans importance… Celle qui n'est pas sans importance par contre, c'est la belle Caterina, l'amie qui semble prête à collaborer et même à l'aider, à certaines conditions… Et puis, soudain, la solution arrive comme une douche froide, en regardant simplement là où personne n'avait jamais regardé. Plus détective qu'avocat, donc, Guerrieri n'en est pas moins séduisant, avec sa manie des citations littéraires, cinématographiques et musicales, ses allures de perdant à la Charlie Brown malgré ses succès professionnels, son habitude de confier ses secrets à son sac de boxe…
Ce livre a été lu dans le cadre du Jury des lecteurs Seuil Policiers organisé en collaboration avec le site Babelio, et je les en remercie.
Lecture
Guido Guierreri est avocat pénaliste en Italie. Un de ses confrères lui demande de travailler sur une disparition. Une jeune femme a disparu sans laisser de traces. Une jeune étudiante tranquille sans rien d'exceptionnel, une personne normale. Faute d'éléments nouveaux, la police laissera l'enquête en suspens. Désespérés, les parents de Manuela comptent sur Guido Guierreri pour trouver de quoi relancer la machine, plusieurs mois après. N'étant pas policier, l'avocat accède plus aisément à certaines personnes. Il peut, sans officiel, les amener à parler. De ce qu'on lui dit dépend son enquête mais aussi de ce qu’on lui tait.
Avis
Guido Guierreri est un personnage éminemment sympathique. À 45 ans assumés, il est divorcé et assure son travail d'avocat pénaliste avec efficacité. Mais aussi sans illusion. Tout au plus met-il plus de passion à défendre les clients auxquels il croit.
Il commence cette espèce d'enquête un peu à reculons. Il est avocat, pas détective privé. Mais au fur et à mesure de son avance, il s'investit de plus en plus, essayant simplement de comprendre. Mais ce livre n'est pas un livre de prétoire, un recueil d’effets de robe devant le tribunal. Même si on sent que l'auteur connaît parfaitement ce contexte. Il réussit à le rendre parfaitement crédible et présent, juste réel, mais ce n’est pas le sujet ici. Ce n'est pas non plus un livre d'action où le héros bondit l’arme au poing. L’arme de Guierreri n'est pas un automatique, ni un recueil de jurisprudence, c'est la parole, l'intelligence, l'écoute. Pas de plaidoiries, pas de bagarres. C'est plutôt une tranche de vie de cet homme équilibré, heureux et pragmatique. Il a 45 ans, il est bien dans sa peau, divorcé célibataire séduisant il se promène comme un ours plus ou moins solitaire. Pourtant la connivence avec le lecteur s’installe rapidement. Son confident est un sac de boxe qui a le double avantage d'écouter sans jamais se lasser et d'encaisser les coups sans frémir. Un brin nostalgique, le héros assume sa vie.
Les personnages secondaires sont également très bien peints : la jeune étudiante folâtre, le looser qui se souvient de ses amis lorsque les fonds manquent, l'ancienne call-girl attachante et posée, l'avocat qui confond justice et commerce. Tous sont parfaitement crédibles et décrits avec une certaine ironie lucide et bienveillante qui fait souvent sourire.
Les atmosphères de lieux sont agréables et visuelles. Les descriptions sont justes sans être invasives. Les images se forment sans problème. J'ai particulièrement apprécié la peinture des déambulations du héros. Cela colle parfaitement au personnage, il déambule. Toujours efficace, mais toujours humain et à l’écoute, même lorsqu’il ne semble pas totalement concerné.
L'histoire est intéressante même s'il n'y a pas de réel suspense. On se fait peu d'illusions sur le sort de cette jeune femme plusieurs mois après sa disparition inexpliquée. Pourtant on se laisse prendre à l’investissement progressif de l'avocat. Car le livre est plus histoire de l'enquêteur que celle de l'enquête.
Le style de Gianrico Carofiglio est très agréable. Par ses connaissances il sait utiliser les bons mots au bon moment sans s'attarder à des explications rébarbatives ou s'enfoncer dans des méandres complexes. Les phrases sont construites, souvent assez longues mais gardent une fluidité agréable par une syntaxe sans faute. Cela ne m'étonnerait pas que l'auteur ait pratiqué le latin, on retrouve dans certaines constructions la rigueur de cette langue. Mais peut-être est-ce tout simplement l’italien qui veut cela. Le titre est par ailleurs vraiment pertinent. L'humour et la nonchalance viennent colorer heureusement le texte.
Les dialogues sont particulièrement bien écrits. Suffisamment apurés des tics de langage pour être littéraires, suffisamment littéraires pour être agréables, suffisamment agréables pour ne pas être factices.
J'ai aimé la façon dont le héros appréhende tout cela, ce qui est, je l'espère, le credo de l'auteur, la nonchalance sereine responsable. Pourtant tout ne baigne pas dans un positivisme béat. Apparaissent aussi des aspects bien noirs et méprisables de certains. Mais la prépondérance donnée aux échanges, à la parole, à l'écoute modeste, laisse une impression d'optimisme rassurant.
Conclusion
Un livre vraiment agréable à lire. Un héros sympathique, réaliste, attachant, dont on aimerait se faire un ami. Sans feu d'artifice ni extraordinaire, un vrai plaisir de lecture complice.
Ma note 16/20.
Invité- Invité
Re: [Carofiglio, Gianrico] Le silence pour preuve
Merci, Spyd.
Superbe critique !
Cela a l'air d'être un bon polar.
Superbe critique !
Cela a l'air d'être un bon polar.
Invité- Invité
Re: [Carofiglio, Gianrico] Le silence pour preuve
Merci Antibiok, en fait est-ce vraiment un polar ? oui mais pas que.
Invité- Invité
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