[Cesbron, Gilbert] Notre prison est un royaume

Gilbert Cesbron, Notre prison est un royaume



1948
Prix Sainte-Beuve
Editions Robert Lafont Paris (Livre de poche)

Extrait :
« Le premier marron qui tombe, pensa François, cette fois, c’est la rentrée… »
De cette cime d’arbre où il jouait à la vigie, à l’aviateur, à l’ascension de l’Himalaya (« Oh, François ! à ton âge ? ») il regarda le marron qui venait de s’écraser dans l’allée. On distinguait dans la coque éclatée, le précieux tissus blanc, culotte de maréchal d’Empire, et le fruit verni, ciré, tout neuf. « La Rentrée… Plus une minute à perdre ! A terre ! »
Ses pieds connaissaient bien les branches de descente, le bon endroit de chacune et cet espace entre elles qui, de vacances en vacances, lui paraissait plus petit. C’était son arbre. Suspendu à bout de bras à la plus basse branche, on fermait les yeux, on s’imaginait au-dessus d’un abîme – on lâchait prise… Mais, cette année, plus besoin d’ouvrir les mains : les pieds touchaient déjà terre. Une date dans l’histoire des vacances !

Résumé :

Le Roman commence à la dernière semaine des vacances d’été, en 1930. François a trois amis, Pascal Delange, son meilleur ami qu’il admire énormément, Jean-Jacques Hardrier, dit Rouquinoff, et Alain Fauchier-Delmas. À eux quatre, ils se considèrent comme les quatre mousquetaires.
Le 1er octobre, c’est la rentrée. Les amis se retrouvent et reprennent leurs petites habitudes des années passées, pourtant, l’un des quatre Mousquetaires manque à l’appel. Ils apprennent alors que leur ami Pascal vient de mourir. Un banal accident d’après le proviseur, mais François apprend par la bonne de Pascal, le jour de l’enterrement, que son meilleur ami n’a pas eu un accident, mais qu’il s’est suicidé. François décide de découvrir ce qui a poussé Pascal à se suicider.

Mon avis :

C’est mon roman préféré, et je dirais que c'est le meilleur de Cesbron. Ma mère ma l’a fait découvrir quand j’étais adolescente et je l’ai souvent relu. Je ne m’en lasse pas, c’est un véritable coup de cœur.
L’histoire parle d’un groupe de jeunes adolescents d’une quinzaine d’années, de François en particulier. Le roman s'étend sur une année scolaire. Le thème principal est l’adolescence. François voit ses amis évoluer mais lui se sent toujours un enfant et il en souffre. Devant le suicide de son meilleur ami, c’est l’incompréhension. Il mène désormais une quête, savoir ce qui s’est passé. Cela va le changer profondément, passer de l’enfance à l’âge adulte.
Ce livre est touchant, plein de fraicheur, de mélancolie. Cesbron est un génie en la matière, il a toujours les mots justes, il sait décrire le meilleur comme le pire dans un langage poétique.
Tout les thèmes liés à l’adolescence sont bien présents : l’amitié, les rivalités entre bandes, le lycée, les relations élèves-professeurs, les amours secrets, l’éducation familiale, la raison de l’existence…
Malgré le cadre de cette histoire, un lycée des années 30, cette lecture reste intemporelle.
Je recommande vraiment cette lecture, quelque soit l’âge.