[Roland, Nicole] Kosaburo, 1945
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[Roland, Nicole] Kosaburo, 1945
Auteur : Nicole Roland
Editeur : Actes Sud
Année d'édition : 2011
Nombre de pages : 148
Résumé de l'éditeur
j'avais ouvert le cockpit, l'air marin montait jusqu'à mes narines, je fermai les yeux. Je voyais les autres, mes compagnons, ceux qui étaient morts avant moi, ceux qui avaient quitté leurs hautes écoles, leurs universités pour ceindre leur front du bandeau du kamikaze. J'entendais leurs voix, leurs rires, et maintenant ce silence. Je les revoyais sur une photographie prise avant leur départ. Casques d'aviateur, lunettes ramenées sur le front, aucun d'eux ne souriait. Ils allaient mourir. Ils le savaient. Certains semblaient farouchement déterminés, d'autres, songeurs, portaient encore sur leur visage la marque de l'enfance. Leurs fantômes me rejoignaient et me demandaient des comptes. Il fallait que je meure.
En quelques mots
Akira est un collégien japonais. En pleine deuxième guerre mondiale, il se forme aux études traditionnelles et s'initie à la littérature française. Mais il redoute la mobilisation générale. En ville, la tension est vive et les raids d'avions sont fréquents. On y exalte le dévouement patriotique et le dévouement absolu à l'empereur. Mitsuko, la narratrice, est sa soeur. Elle a pour ami Kosaburo, qui mène sa vie selon le code d'honneur des samouraïs du Japon médiéval fondé sur la bravoure, l'abnégation, la fidélité et la loyauté. Pour sauver l'honneur de sa famille, Mitsuko prend la place de son frère deserteur, en fuite dans un monastère et entreprend de devenir kamikaze. Elle apprend à piloter un avion et à fortifier son esprit. Après son enrolement, elle subit sur la base d'entrainement tous les mauvais traitements, les humilations avant d'être promue pilote de chasse. Embrigadée, exaltée et surentrainée, elle est prête à mourir pour sauver le peuple japonais. Les décollages et les combats se succèdent et elle finit par renoncer à faire la connaissance de nouveaux pilotes, tous voués à disparaitre, certains plus tôt que d'autres...
L'histoire est assez sobre et courte. Elle s'inspire du visage d’un pilote japonais entrevu sur la page du journal. C'est un roman sombre et tragique, autour de la spiritualité, des valeurs et des codes, de l'honneur, des traditions, des sacrifices et de la mort à laquelle Mitsuko se prépare peu à peu. C'est un bon roman qui décrit l'état d'esprit des kamikazes et les ressorts de leur conduite.
Ce livre a reçu le Prix Première 2011. C 'est le premier roman de Nicole Roland, professeur de lettres et animatrice d’un théâtre universitaire.
Invité- Invité
Re: [Roland, Nicole] Kosaburo, 1945
merci Bénédicte pour cette présentation très intéressante de ce livre, je le note sur mon carnet
Pinky- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Roland, Nicole] Kosaburo, 1945
Résumé
Le Japon est en guerre, l’auteur nous entraine vers le destinée tragique des kamikazes, comme le titre l’indique nous sommes en 1945, ce sont les derniers mois de la guerre contre les Américains et l’Empereur refuse de capituler. Le pays va mal et des universitaires sont enrôlés de force dans l’aviation militaire, des entrainements intensifs ont lieu pour les former au plus vite et devenir ainsi l’élite. Parmi ces jeunes, Mitsuko décide de s’engager clandestinement, elle s’est déguisée en garçon pour éviter le déshonneur de sa famille, son frère ayant déserté. Kosaburo, c’est un jeune garçon désigné pour accomplir une mission de kamikaze, c’est alors que l’on comprend l’horreur car Mitsuko va devoir accompagner le commando suicide et l’on ressent très fort leurs pensées sachant qu’il n’y aura pas retour pour ces jeunes, qui pilotant de vieux avions vont piquer droit sur les cuirassiers américains....
Mon avis
Cette histoire tragique pose des questions, comment est-il possible de sacrifier des jeunes gens prometteurs ? L’auteure a très bien créé l’ambiance de ces faits car dès la première page, on ne lâche plus ce livre qui en peu de pages nous fait assister à la préparation du sacrifice, la cérémonie d’adieux. Une incontrôlable sympathie m’a attirée vers ces jeunes et j’ai frémi en assistant impuissante au piqué de leur chasseur vers la mort. Et pourtant il y a de la poésie et une brève histoire d’amour mais une fin inattendue m’a laissée la gorge serrée car j’ai trouvé ce roman réaliste. Un petit livre bouleversant mais si beau......5/5
Le Japon est en guerre, l’auteur nous entraine vers le destinée tragique des kamikazes, comme le titre l’indique nous sommes en 1945, ce sont les derniers mois de la guerre contre les Américains et l’Empereur refuse de capituler. Le pays va mal et des universitaires sont enrôlés de force dans l’aviation militaire, des entrainements intensifs ont lieu pour les former au plus vite et devenir ainsi l’élite. Parmi ces jeunes, Mitsuko décide de s’engager clandestinement, elle s’est déguisée en garçon pour éviter le déshonneur de sa famille, son frère ayant déserté. Kosaburo, c’est un jeune garçon désigné pour accomplir une mission de kamikaze, c’est alors que l’on comprend l’horreur car Mitsuko va devoir accompagner le commando suicide et l’on ressent très fort leurs pensées sachant qu’il n’y aura pas retour pour ces jeunes, qui pilotant de vieux avions vont piquer droit sur les cuirassiers américains....
Mon avis
Cette histoire tragique pose des questions, comment est-il possible de sacrifier des jeunes gens prometteurs ? L’auteure a très bien créé l’ambiance de ces faits car dès la première page, on ne lâche plus ce livre qui en peu de pages nous fait assister à la préparation du sacrifice, la cérémonie d’adieux. Une incontrôlable sympathie m’a attirée vers ces jeunes et j’ai frémi en assistant impuissante au piqué de leur chasseur vers la mort. Et pourtant il y a de la poésie et une brève histoire d’amour mais une fin inattendue m’a laissée la gorge serrée car j’ai trouvé ce roman réaliste. Un petit livre bouleversant mais si beau......5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Roland, Nicole] Kosaburo, 1945
En introduction au roman, Nicole Roland explique avoir été aimantée par la photo, dans un journal, d'un aviateur japonais datant de 1945 C'est le point de départ d'un roman tout en retenue sur le destin de ces jeunes Japonais endoctrinés,embrigadés dans une armée qui les maltraite d'abord, leur fait subir un entraînement inhumain avant de sélectionner les meilleurs d'entre eux, qui seront envoyés en formation pour devenir pilotes. Pilotes kamikazes. Ils sont appelés à sauver, à glorifier leur pays par la mort "volontaire", rejoignant en cela le sort fabuleux des samouraïs. Mais malgré des efforts désespérés, le Japon est en passe de perdre la guerre. Bien qu'elle sente combien les jeunes gens sont manipulés, Mitsuko a du mal à envisager ce déshonneur. Elle ira jusqu'au bout de cet idéal exigeant et radical, non parce qu'elle obéit aveuglément, mais par fidélité à elle-même et à Kosaburo.
On sent que Nicole Roland s'est imprégnée de cette histoire des samouraïs, de la philosophie shintoïste et des principes du zen, sans oublier la poésie japonaise qui baigne ce récit. Mais elle nous les fait partager sans lourdeur, sans didactisme pesant : elle a tellement baigné elle-même dans cette culture qu'elle rejoint la précision, la simplicité que j'avais goûtées chez Aki Shimasaki. Son récit est épuré, tout entier dans l'harmonie intérieure que recherchent Mitsuko et Kosaburo. Et si leur destin peut paraître cruel, étrange(r), leur sacrifice inutile et déroutant, on referme le livre avec un sentiment d'apaisement, d'accomplissement. Les deux dernières pages me semblent la quintessence du style tout en retenue de la romancière, qui nous explique à la fin les motivations profondes de l'écriture de ce livre. Je ne vous les dévoilerai pas, mais je peux vous assurer que le livre est vraiment le reflet de ce désir de l'auteure. Et finalement, ce récit prend tout son sens avec ce texte final : c'est le roman d'une liberté intérieure, celle de l'héroïne et celle de sa créatrice (qui se rencontrent et communient par le mystère des mots et des rites).
Un premier roman tout en délicatesse, une plume à découvrir. Un livre qui est en train de faire lentement son chemin en moi... sans doute jusqu'au coup de coeur. Et je ne resterai pas longtemps sans retrouver Nicole Roland, que j'ai rencontrée à la Foire du livre de Bruxelles, une femme charmante qui vient de publier un deuxième roman au titre magnifique, Les veilleurs de chagrin.
"Avec les premières brumes vint le temps de rejoindre l'université.
Kosaburo recouvrit de terre les dernières braises de notre feu,je roulai les préceptes des samouraïs et les nouai d'un lien de soie et nous partîmes, non sans avoir mis en pratique une méthode secrète : mettre de la salive sur le lobe de nos oreilles, respirer profondément et briser un objet entre nos mains.
Nous étions prêts. Sil fallait un jour partir au combat, nous abattrions nos ennemis jusqu'au dernier. Jamais nous ne nous avouerions vaincus et si, par malheur, cela devait arriver, nous nous ferions sans attendre seppuku, nous ôtant nous-mêmes la vie.
Nous avions tous les deux fortifié notre esprit et, puisqu'il valait mieux en cas de défaite mourir de la main d'un ami plutôt que de celle d'un ennemi, nous avions pris la résolution de nous assister mutuellement dans le rite de la mort volontaire. Nous avions vingt ans, nous avions mille ans et sur notre coeur palpitait l'éclat d'une armure invisible." (p. 42-43)
On sent que Nicole Roland s'est imprégnée de cette histoire des samouraïs, de la philosophie shintoïste et des principes du zen, sans oublier la poésie japonaise qui baigne ce récit. Mais elle nous les fait partager sans lourdeur, sans didactisme pesant : elle a tellement baigné elle-même dans cette culture qu'elle rejoint la précision, la simplicité que j'avais goûtées chez Aki Shimasaki. Son récit est épuré, tout entier dans l'harmonie intérieure que recherchent Mitsuko et Kosaburo. Et si leur destin peut paraître cruel, étrange(r), leur sacrifice inutile et déroutant, on referme le livre avec un sentiment d'apaisement, d'accomplissement. Les deux dernières pages me semblent la quintessence du style tout en retenue de la romancière, qui nous explique à la fin les motivations profondes de l'écriture de ce livre. Je ne vous les dévoilerai pas, mais je peux vous assurer que le livre est vraiment le reflet de ce désir de l'auteure. Et finalement, ce récit prend tout son sens avec ce texte final : c'est le roman d'une liberté intérieure, celle de l'héroïne et celle de sa créatrice (qui se rencontrent et communient par le mystère des mots et des rites).
Un premier roman tout en délicatesse, une plume à découvrir. Un livre qui est en train de faire lentement son chemin en moi... sans doute jusqu'au coup de coeur. Et je ne resterai pas longtemps sans retrouver Nicole Roland, que j'ai rencontrée à la Foire du livre de Bruxelles, une femme charmante qui vient de publier un deuxième roman au titre magnifique, Les veilleurs de chagrin.
"Avec les premières brumes vint le temps de rejoindre l'université.
Kosaburo recouvrit de terre les dernières braises de notre feu,je roulai les préceptes des samouraïs et les nouai d'un lien de soie et nous partîmes, non sans avoir mis en pratique une méthode secrète : mettre de la salive sur le lobe de nos oreilles, respirer profondément et briser un objet entre nos mains.
Nous étions prêts. Sil fallait un jour partir au combat, nous abattrions nos ennemis jusqu'au dernier. Jamais nous ne nous avouerions vaincus et si, par malheur, cela devait arriver, nous nous ferions sans attendre seppuku, nous ôtant nous-mêmes la vie.
Nous avions tous les deux fortifié notre esprit et, puisqu'il valait mieux en cas de défaite mourir de la main d'un ami plutôt que de celle d'un ennemi, nous avions pris la résolution de nous assister mutuellement dans le rite de la mort volontaire. Nous avions vingt ans, nous avions mille ans et sur notre coeur palpitait l'éclat d'une armure invisible." (p. 42-43)
Invité- Invité
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