[Martinez, Carole] Du domaine des murmures
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[Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Titre : Du domaine des Murmures
Auteur : Carole MARTINEZ
Editions GALLIMARD - 201 pages
4è de couverture
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est alors emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvu de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe…
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l’entraînera jusqu’en Terre Sainte.
Mon avis : 18,5/20
Attention, PEPITE !!
Courez acheter ce roman dès qu'il sera en librairie ! (25 août en principe)
Encore une fois, Carole Martinez a l’art et la manière de nous emporter dans un univers qu’elle cisèle à petits mots et belles expressions.
Pas facile, sans tomber dans le documentaire, de nous transporter au XIIè siècle, dans ce Moyen-Age qui fait de la femme au mieux une ribaude, une servante, une matrone, au pire une exclue de la société. La place des femmes, la filiation, la maternité sont au centre de ce beau roman et analysées avec beaucoup de finesse.
Pas facile non plus de faire parler, à un tel point, de la vie, une femme « drapée dans sa robe de pierre ».
Eh bien, l’auteur y réussit et de belle manière ! Esclarmonde nous conte comment elle vit ce don qu’elle a fait à Dieu de sa vie, le temps qu'elle donne aux gens en peine, le pardon qu'elle accorde aux hommes qui l’ont fait souffrir pour en faire des êtres parfaitement aimables. Et puis elle nous fait voyager, elle l’immobile… Elle nous dit aussi ses doutes, ses souffrances.
Malgré la barbarie de certaines scènes, le ton n’est jamais pesant, ni larmoyant, encore moins moralisateur. La langue est belle et poétique. On en redemande…[center]
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Oh la belle critique !!! Il est dans ma bibliothèque j'ai couru l'acheter dès que j'ai vu la présentation à la télé, et je me languis de le lire! Tu m'en donne encore plus envie !
Merci
Merci
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
J'ai trouvé ce roman vraiment très bien écrit, très poétique. Il vaut la peine d'être lu ne serait-ce que pour la beauté des phrases!
Carole Martinez nous emporte dans une époque où les femmes n'avait guère d'importance, voir même considérée, aux dires des hommes religieux, comme le diable en personne. Mais Esclarmonde est différente, c'est une jeune fille qui a du caractère et qui se rebellera contre l'autorité de son père.
J'ai aimé l'évolution du récit. Au début j'ai admiré notre héroïne, qui le jour de son mariage se tranche l'oreille est fait le vœu d'être emmuré plutôt que d'être prisonnière d'un homme qui lui fait horreur.
Tous le monde la voit alors comme une sainte, choisie par Dieu lui même. Mais lorsque, au fond de sa "tombe" elle se rend compte qu'elle est enceinte tout change pour elle.
On sent sa détermination faiblir, sa foi aussi, elle voit le monde à travers les yeux de son enfants à qui elle offre un avenir bien triste entre quatre murs de pierre. C'est là qu'elle mûrit. Elle devient une femme, une mère, et j'ai eu de la peine pour elle.
J'ai aimé la leçon qui se dégage de son histoire : Lorsqu'on est trop jeune et inexpérimenté, on est parfois sûre de nous, mais prendre de grands engagements est délicat sachant qu'une fois adulte, avec de l'expérience notre vision des choses changent. (Beau discours pour quelqu'un comme moi qui s'est mariée à 18 ans ! Mdr!)
Mais Esclarmonde assume son choix malgré la souffrance que cela lui cause. J'ai aimé sa prise de conscience aussi quand, à travers ses barreaux elle apprends à connaître la véritable personnalité de celui qu'elle aurait dû épouser (je vous laisse le plaisir de découvrir ce qu'il en résulte...)
A tout cela se mêle le fantastique (parfois un peu exagéré à mon goût) qui nous entraîne, à travers les visions de la jeune femme, en terre sainte, aux milieu des nobles partis en croisade. Je me suis un peu ennuyée à ce moment de l'histoire, car c'est assez sombre et je considère cela comme une espèce de parenthèse dans le roman.
Le côté religieux est aussi très présent puisque la décision d'Esclarmonde à un rapport directe avec Dieu. On découvre des croyances très encrées à cette époque, parfois hallucinantes; croyances bibliques mêlées aux légendes et aux superstitions de la région, ce qui donne un mélange étrange (et un peu révoltant par moments).
Mais dans l'ensemble l'histoire est émouvante, pour certaines raisons que je ne peux pas vous dévoiler
J'ai aimé l'évolution et la psychologie des personnages, leur destin tragique, leurs sentiments parfois extrêmes.
J'ai apprécié cette lecture, bien que je m'attendais à être plus transportée, il est juste assez court, je pense qu'un peu plus et je me serais ennuyé.
J'en garde donc un bon souvenir et le conseil tout de même car à mon avis , sans être un très BON roman, c'est un très BEAU roman!
Carole Martinez nous emporte dans une époque où les femmes n'avait guère d'importance, voir même considérée, aux dires des hommes religieux, comme le diable en personne. Mais Esclarmonde est différente, c'est une jeune fille qui a du caractère et qui se rebellera contre l'autorité de son père.
J'ai aimé l'évolution du récit. Au début j'ai admiré notre héroïne, qui le jour de son mariage se tranche l'oreille est fait le vœu d'être emmuré plutôt que d'être prisonnière d'un homme qui lui fait horreur.
Tous le monde la voit alors comme une sainte, choisie par Dieu lui même. Mais lorsque, au fond de sa "tombe" elle se rend compte qu'elle est enceinte tout change pour elle.
On sent sa détermination faiblir, sa foi aussi, elle voit le monde à travers les yeux de son enfants à qui elle offre un avenir bien triste entre quatre murs de pierre. C'est là qu'elle mûrit. Elle devient une femme, une mère, et j'ai eu de la peine pour elle.
J'ai aimé la leçon qui se dégage de son histoire : Lorsqu'on est trop jeune et inexpérimenté, on est parfois sûre de nous, mais prendre de grands engagements est délicat sachant qu'une fois adulte, avec de l'expérience notre vision des choses changent. (Beau discours pour quelqu'un comme moi qui s'est mariée à 18 ans ! Mdr!)
Mais Esclarmonde assume son choix malgré la souffrance que cela lui cause. J'ai aimé sa prise de conscience aussi quand, à travers ses barreaux elle apprends à connaître la véritable personnalité de celui qu'elle aurait dû épouser (je vous laisse le plaisir de découvrir ce qu'il en résulte...)
A tout cela se mêle le fantastique (parfois un peu exagéré à mon goût) qui nous entraîne, à travers les visions de la jeune femme, en terre sainte, aux milieu des nobles partis en croisade. Je me suis un peu ennuyée à ce moment de l'histoire, car c'est assez sombre et je considère cela comme une espèce de parenthèse dans le roman.
Le côté religieux est aussi très présent puisque la décision d'Esclarmonde à un rapport directe avec Dieu. On découvre des croyances très encrées à cette époque, parfois hallucinantes; croyances bibliques mêlées aux légendes et aux superstitions de la région, ce qui donne un mélange étrange (et un peu révoltant par moments).
Mais dans l'ensemble l'histoire est émouvante, pour certaines raisons que je ne peux pas vous dévoiler
J'ai aimé l'évolution et la psychologie des personnages, leur destin tragique, leurs sentiments parfois extrêmes.
J'ai apprécié cette lecture, bien que je m'attendais à être plus transportée, il est juste assez court, je pense qu'un peu plus et je me serais ennuyé.
J'en garde donc un bon souvenir et le conseil tout de même car à mon avis , sans être un très BON roman, c'est un très BEAU roman!
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
J'avais bien aimé "Le cœur cousu" même si la finition n"était pas parfaite et j'ai eu la chance de rencontrer C Martinez qui est une personne pleine de vie et d'énergie, elle nous avait parlé à l'époque de l'écriture de son deuxième roman. Je le lirai dès que possible car les critiques sont très bonnes. Je pense que c'est une auteure à suivre car ses sujets sont très originaux et son écriture est pleine de poésie.
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Le motard a écrit:J'avais bien aimé "Le cœur cousu" même si la finition n"était pas parfaite et j'ai eu la chance de rencontrer C Martinez qui est une personne pleine de vie et d'énergie, elle nous avait parlé à l'époque de l'écriture de son deuxième roman. Je le lirai dès que possible car les critiques sont très bonnes. Je pense que c'est une auteure à suivre car ses sujets sont très originaux et son écriture est pleine de poésie.
Je voulais aller la voir a Montpellier, elle est passée juste le weekend où je partais... Dommage!
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Mon avis : Avant tout, Carole Martinez c'est un style assez spécial, il est parfois difficile de rentrer dans ses livres tant l'écriture est assez complexe, voir un peu ampoulée ... En 2009, j'avais adoré "Le coeur cousu", un roman très poétique, un conte à la limite du fantastique avec des personnages souvent tourmentés. Donc c'est avec un peu d'appréhension que j'ai commencé son dernier livre "Du domaine des murmures" qui vient juste d'être récompensé par le prix goncourt des lycéens et je ne suis pas déçue, j'ai passé un bon moment.
Esclamonde est promise au jeune Lothaire, un jeune homme cruel et coureur de jupons. Le jour de ses noces dans l'église, elle se coupe une oreille et se promet à Dieu et demande expressement à son pére de faire construire une cellule où elle se fera emmurer vivante.
Elle y trouvera une certaine sérénité dans le jeune, la priére et le domaine des murmures devient un lieu de pélerinage incontournable.
Les pellerins se bousculent pour l'écouter et pour suivre ses conseils, il est vrai que depuis son enfermement, la disette, la mort .... semblent épargner le fief de son pére mais un événement inattendu vient bouleverser son équilibre.
Esclamonde va devenir un être tourmenté par ses visions entre le monde des vivants et celui des morts.
Un livre très intéressant, qui sort des sentiers battus mais c'est tout à fait le style de Carole Martinez d'écrire une telle histoire. Des personnages en constante évolution, le jeune Lothaire devient fou amoureux, son père sombre peu à peu dans la folie, seules les femmes seront épargnées et resteront complétement fidéles à cette jeune femme.
Esclamonde est promise au jeune Lothaire, un jeune homme cruel et coureur de jupons. Le jour de ses noces dans l'église, elle se coupe une oreille et se promet à Dieu et demande expressement à son pére de faire construire une cellule où elle se fera emmurer vivante.
Elle y trouvera une certaine sérénité dans le jeune, la priére et le domaine des murmures devient un lieu de pélerinage incontournable.
Les pellerins se bousculent pour l'écouter et pour suivre ses conseils, il est vrai que depuis son enfermement, la disette, la mort .... semblent épargner le fief de son pére mais un événement inattendu vient bouleverser son équilibre.
Esclamonde va devenir un être tourmenté par ses visions entre le monde des vivants et celui des morts.
Un livre très intéressant, qui sort des sentiers battus mais c'est tout à fait le style de Carole Martinez d'écrire une telle histoire. Des personnages en constante évolution, le jeune Lothaire devient fou amoureux, son père sombre peu à peu dans la folie, seules les femmes seront épargnées et resteront complétement fidéles à cette jeune femme.
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
vos belles critiques me le font noté suis curieuse de lire ce roman
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Il est des auteurs à la voix singulière, il est des livres qui, à peine ouverts, laissent échapper cette voix qui viendra enchanter ses lecteurs. Comme dans Le coeur cousu, dès que j'ai commencé à lire ce deuxième roman de Carole Martinez, j'ai entendu cette voix résonner, je me sentais lire à haute voix pour capter la langue forte et belle de l'écrivain.
Et pourtant, même si ce roman relève aussi du conte, nous sommes transportés dans un univers bien différent de celui de Frasquita Carasco - et cela m'a paru légèrement déstabilisant tant le souffle et la magie du Coeur cousu étaient encore bien présents à mon esprit - : nous voilà au XIIe siècle, emmurés avec une jeune fille qui n'a trouvé que ce moyen pour exprimer sa liberté face au monde des hommes, face à l'autorité de son père, en ce siècle, en cette époque où les femmes n'avaient d'autre choix que de se soumettre à un père, à un mari... ou à Dieu. Bien rares étaient celles qui parvenaient à vivre indépendantes, comme les béguines, et encore cela se faisait dans le cadre religieux admis par toute la société.
On ne peut rien révéler de cette histoire, que les premières pages, suivant le voeu de l'auteure elle-même, on ne peut que préserver le mystère d'Esclarmonde. Mais on peut vibrer aux désirs mystiques de cette très jeune héroïne, s'émouvoir de son innocence, brûler avec elle du feu qui dévore les Croisés, frémir devant la cruauté des hommes.
L'auteure m'a dédicacé le livre comme une "rognure de ciel où la chair et l'esprit se déchirent". Cette part de ciel, dont l'enfer n'est jamais loin, nous est contée dans une langue précieuse et forte, limpide, avec un sens de la maîtrise et du récit, une richesse de documentation qui sait se faire discrète, un sens des personnages et une empathie qui touchent et souvent bouleversent.
L'histoire d'Esclarmonde est traversée de chuchotements et de fulgurances, de violence et de murmures. Des murmures qui s'accrocheront longtemps à l'oreille et au coeur de ceux et celles qui voudront bien se laisser toucher.
Et pourtant, même si ce roman relève aussi du conte, nous sommes transportés dans un univers bien différent de celui de Frasquita Carasco - et cela m'a paru légèrement déstabilisant tant le souffle et la magie du Coeur cousu étaient encore bien présents à mon esprit - : nous voilà au XIIe siècle, emmurés avec une jeune fille qui n'a trouvé que ce moyen pour exprimer sa liberté face au monde des hommes, face à l'autorité de son père, en ce siècle, en cette époque où les femmes n'avaient d'autre choix que de se soumettre à un père, à un mari... ou à Dieu. Bien rares étaient celles qui parvenaient à vivre indépendantes, comme les béguines, et encore cela se faisait dans le cadre religieux admis par toute la société.
On ne peut rien révéler de cette histoire, que les premières pages, suivant le voeu de l'auteure elle-même, on ne peut que préserver le mystère d'Esclarmonde. Mais on peut vibrer aux désirs mystiques de cette très jeune héroïne, s'émouvoir de son innocence, brûler avec elle du feu qui dévore les Croisés, frémir devant la cruauté des hommes.
L'auteure m'a dédicacé le livre comme une "rognure de ciel où la chair et l'esprit se déchirent". Cette part de ciel, dont l'enfer n'est jamais loin, nous est contée dans une langue précieuse et forte, limpide, avec un sens de la maîtrise et du récit, une richesse de documentation qui sait se faire discrète, un sens des personnages et une empathie qui touchent et souvent bouleversent.
L'histoire d'Esclarmonde est traversée de chuchotements et de fulgurances, de violence et de murmures. Des murmures qui s'accrocheront longtemps à l'oreille et au coeur de ceux et celles qui voudront bien se laisser toucher.
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
superbe critique
louloute- Grand sage du forum
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Un bijou !
Le premier roman de Carole Martinez que j’ai lu est « Le Cœur Cousu », un remarquable roman métaphysique sur l’art de réparer les choses qu’on croit irrémédiablement détruite. Alors quand j’ai vu la nouvelle mouture de l’auteur, je n’ai pas hésité et je me suis mis tout de suite à la lecture de « Du domaine des murmures ».
De prime abord, j’ai été quelque peu déstabilisé par le sujet, au XIIème siècle, Esclarmonde, une jeune fille de 15 ans issue de la petite noblesse bourguignonne, préfère vivre emmurée pour se consacrer à Dieu plutôt que d’épouser Lothaire, un jeune homme qui a tout pour plaire (eut égard aux valeurs de l’époque), mais qui n’est à ses yeux qu’une brute épaisse. Ce sacrifice aura des répercutions inattendues et lui fera vivre une vie remplie, probablement bien plus remplie que ses contemporaines.
Autant ne pas vous le cacher d’avantage, j’ai adoré ce nouvel opus. Carole Martinez a un véritable don pour faire quitter la route du quotidien et nous emmener dans son univers onirique (mais pas trop) pour nous narrer ses contes bien léchés. Le styles est somptueux, recherché, travaillé, mais sans lourdeur. Pour faire une analogie culinaire, mangez un poulet rôti dans un restaurent 3 étoiles et vous découvrirez que la banalité d’un plat que vous pouvez manger à la cantine va vous révéler des saveurs insoupçonnées et vous faire adorer ce met que vous mangez d’habitude faute de mieux. C’est un peu ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre. Très documenté sans le montrer, il propose une prose fluide, riche et gouteuse sans jamais être écœurante. Même si l’époque est médiévale, le personnage principal est d’une remarquable modernité sans verser dans l’anachronisme.
Carole Martinez est une conteuse hors pair. Elle pourrait nous faire croire au père Noël. Ça tombe bien, Noël approche !
De prime abord, j’ai été quelque peu déstabilisé par le sujet, au XIIème siècle, Esclarmonde, une jeune fille de 15 ans issue de la petite noblesse bourguignonne, préfère vivre emmurée pour se consacrer à Dieu plutôt que d’épouser Lothaire, un jeune homme qui a tout pour plaire (eut égard aux valeurs de l’époque), mais qui n’est à ses yeux qu’une brute épaisse. Ce sacrifice aura des répercutions inattendues et lui fera vivre une vie remplie, probablement bien plus remplie que ses contemporaines.
Autant ne pas vous le cacher d’avantage, j’ai adoré ce nouvel opus. Carole Martinez a un véritable don pour faire quitter la route du quotidien et nous emmener dans son univers onirique (mais pas trop) pour nous narrer ses contes bien léchés. Le styles est somptueux, recherché, travaillé, mais sans lourdeur. Pour faire une analogie culinaire, mangez un poulet rôti dans un restaurent 3 étoiles et vous découvrirez que la banalité d’un plat que vous pouvez manger à la cantine va vous révéler des saveurs insoupçonnées et vous faire adorer ce met que vous mangez d’habitude faute de mieux. C’est un peu ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre. Très documenté sans le montrer, il propose une prose fluide, riche et gouteuse sans jamais être écœurante. Même si l’époque est médiévale, le personnage principal est d’une remarquable modernité sans verser dans l’anachronisme.
Carole Martinez est une conteuse hors pair. Elle pourrait nous faire croire au père Noël. Ça tombe bien, Noël approche !
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
"Du domaine des murmures" est dans ma PAL mais je ne me suis pas encore décidé à le commencer... je ne suis pas certaine que ce soit mon genre de lecture... à l'achat, je croyais une histoire fantastique... (enfin, un de ces jours je vais me décider...)
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Avis et commentaires :
Beaucoup d'éloges sur ce livre depuis sa sortie pour cette rentrée littéraire de l'automne 2011, j'attendais avec impatience de le lire et je remercie Clara des Mots pour ce livre voyageur.
Première lecture de cette auteure, d'origine mosellane comme moi, et je peux dire d'ores et déjà que ce livre m'a conquis. Une trame historique et mystique originale et une belle écriture sur un siècle troublé.
Esclarmonde, jeune femme profondément catholique, se sent attirée par Dieu et va donc s'opposer à la volonté paternelle et des habitudes patriarcales de l'époque, le jour de ses noces avec Lothaire, un coureur de première, en demandant à être emmurée vivante pour se consacrer à ce qu'elle sait être sa vocation. Entre fureur paternelle, vocation contrariée par un événement tragique à la veille de son enfermement, des relations familliales , épopée d'une énième croisade tragique, les éléments se bousculent souvent dramatiques jusqu'au dénouement final, peut-être un peu trop convenu mais l'ensemble est narré avec délicatesse et assez brillament.
Tous les repères semblent s'inverser et le lecteur voit ses certitudes sur le livre évoluer et changer.
Un destin tragique et dramatique assez romanesque et aux connotations historiques réelles, je pense suivre cette auteure d'ores et déjà.
Beaucoup d'éloges sur ce livre depuis sa sortie pour cette rentrée littéraire de l'automne 2011, j'attendais avec impatience de le lire et je remercie Clara des Mots pour ce livre voyageur.
Première lecture de cette auteure, d'origine mosellane comme moi, et je peux dire d'ores et déjà que ce livre m'a conquis. Une trame historique et mystique originale et une belle écriture sur un siècle troublé.
Esclarmonde, jeune femme profondément catholique, se sent attirée par Dieu et va donc s'opposer à la volonté paternelle et des habitudes patriarcales de l'époque, le jour de ses noces avec Lothaire, un coureur de première, en demandant à être emmurée vivante pour se consacrer à ce qu'elle sait être sa vocation. Entre fureur paternelle, vocation contrariée par un événement tragique à la veille de son enfermement, des relations familliales , épopée d'une énième croisade tragique, les éléments se bousculent souvent dramatiques jusqu'au dénouement final, peut-être un peu trop convenu mais l'ensemble est narré avec délicatesse et assez brillament.
Tous les repères semblent s'inverser et le lecteur voit ses certitudes sur le livre évoluer et changer.
Un destin tragique et dramatique assez romanesque et aux connotations historiques réelles, je pense suivre cette auteure d'ores et déjà.
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Vos critiques m'intriguent, je me laisserais bien tenter...
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Je sais pas si c'est mon genre de lectures mais vos critiques me donnent envie d'y jeter un oeil.
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
J'ai voté : moyennement apprécié.
Le style de l'auteur est agréable à lire, et j'ai découvert des choses que j'ignorais concernant le mode de vie et les croyances au XII° siècle.
Mais j'ai trouvé l'histoire trop sombre, et trop teintée de mysticisme (la folie du père, les "visions" d'Esclarmonde, les croisades, les miracles...).
Le style de l'auteur est agréable à lire, et j'ai découvert des choses que j'ignorais concernant le mode de vie et les croyances au XII° siècle.
Mais j'ai trouvé l'histoire trop sombre, et trop teintée de mysticisme (la folie du père, les "visions" d'Esclarmonde, les croisades, les miracles...).
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Mon avis
Emmurée pour la vie, tel est le portrait d’Esclamonde, qui fut
Emmurée pour la vie, tel est le portrait d’Esclamonde, qui fut
- Spoiler:
- violée
- Spoiler:
- les stigmates
- Spoiler:
- de la maternité
Dernière édition par lalyre le Mar 10 Juil 2012 - 13:40, édité 1 fois
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
lalyre,
je trouve que tu dévoiles beaucoup l'histoire dans ta critique.
Mais ce n'est que mon humble avis...
je trouve que tu dévoiles beaucoup l'histoire dans ta critique.
Mais ce n'est que mon humble avis...
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
oui tu trouves virgule, dans ce cas il faudrait peut-être l'avis d'un administrateur ou d'un modovirgule a écrit:lalyre,
je trouve que tu dévoiles beaucoup l'histoire dans ta critique.
Mais ce n'est que mon humble avis...
Bonne soirée
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Je n'ai pas lu le livre donc je ne saurai dire mais tu peux cacher certains faits qui seraient des révélations en utilisant les balises spoiler, Lalyre (envoie-moi un MP si tu veux que je te dise comment faire )
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Voila qui est fait Alexielle, comme je l'écrivais à Virgule, parfois je me laisse emporter dans mes écrits, merci à toi d'avoir réagialexielle63 a écrit:Je n'ai pas lu le livre donc je ne saurai dire mais tu peux cacher certains faits qui seraient des révélations en utilisant les balises spoiler, Lalyre (envoie-moi un MP si tu veux que je te dise comment faire )
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
"Je suis l'ombre qui cause.
Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.
Je suis la vierge des Murmures.
A toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dans l'espoir des emmurées".
La jeune Esclarmonde, jeune fille de 15 ans, a refusé le mariage, voulu par son père. Elle a opté pour l'enfermement au Domaine des Murmures. Elle sera emmurée, juste une fenestrelle permettra de lui passer ses repas.
Paradoxalement, comme l’indique son prénom, sa réclusion ne va pas l’éloigner du monde mais au contraire l’en rapprocher de façon très intéressante. Ce livre nous « plonge » dans l’époque terrible qui est la sienne, qui l’enserre et résonne en sa prison. Les murmures amplifient et répercutent cette violence là. La prison devient une véritable caisse de résonance.
A travers la vie d' Esclarmonde, Carole Martinez évoque la vie des femmes au Moyen-Age, leur condition de vie. J'ai aimé cette première partie où l'auteur joue avec les mots, elle sait conquérir le lecteur, le faire réfléchir sur cette condition des femmes de cette époque., et pourquoi pas la nôtre.
La deuxième partie, je l'ai trouvée ennuyeuse, Esclarmonde dans ses songes, voit son père lors des Croisades.
Les passages étaient longs.
Ma note 3/5
Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.
Je suis la vierge des Murmures.
A toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dans l'espoir des emmurées".
La jeune Esclarmonde, jeune fille de 15 ans, a refusé le mariage, voulu par son père. Elle a opté pour l'enfermement au Domaine des Murmures. Elle sera emmurée, juste une fenestrelle permettra de lui passer ses repas.
Paradoxalement, comme l’indique son prénom, sa réclusion ne va pas l’éloigner du monde mais au contraire l’en rapprocher de façon très intéressante. Ce livre nous « plonge » dans l’époque terrible qui est la sienne, qui l’enserre et résonne en sa prison. Les murmures amplifient et répercutent cette violence là. La prison devient une véritable caisse de résonance.
A travers la vie d' Esclarmonde, Carole Martinez évoque la vie des femmes au Moyen-Age, leur condition de vie. J'ai aimé cette première partie où l'auteur joue avec les mots, elle sait conquérir le lecteur, le faire réfléchir sur cette condition des femmes de cette époque., et pourquoi pas la nôtre.
La deuxième partie, je l'ai trouvée ennuyeuse, Esclarmonde dans ses songes, voit son père lors des Croisades.
Les passages étaient longs.
Ma note 3/5
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
Mon avis:
Le jour de ses noces, Esclarmonde refuse de se marier, et déclare qu’elle veut seulement épouser le Christ et se faire emmurer vivante, ce contre l’avis de son père. Cependant il cèdera aux demandes de sa fille chérie, et fera construire une chapelle et la cellule de sa fille à côté.
Elle ne sera pas vouée à la solitude : la jeune fille attirera de nombreux croyants et pèlerins qui viendront la voir, l’écouter, lui demander des conseils : elle est considérée comme une sainte.
Esclarmonde est touchante, pleine de volonté : il en faut pour vouloir se faire emmurer pour le restant de sa vie, après tout ! Mais on voit aussi qu’elle a des doutes et des faiblesses.
Je ne connaissais pas ces histoires de femmes, de « saintes » emmurées. Ça m’a un peu « dérangée » d’imaginer cela (encore qu’Esclarmonde paraissait privilégiée par rapport à certaines), mais comme il est dit, c’était une autre époque, avec d’autres mœurs, d’autres croyances.
J’ai un petit côté claustrophobe donc je n’aurai pas aimé être à sa place.
Ensuite concernant Esclarmonde elle-même j’ai eu du mal à l’imaginer aussi jeune, j’y donnais bien 10 à 15 ans de plus.
Le côté « fantastique » ou « mystique » des visions est sympa, mais je pense que ces passages auraient pu être racontés autrement sans que l’on perde l’intérêt de l’histoire.
La vie de l’époque est bien racontée, pour ce qui est des croyances et réactions des gens, et ça me conforte dans mon idée que je n’aurai pas vraiment aimé vivre à cette époque là. Ces temps étaient très durs.
Ma note: 3.5 /5
Le jour de ses noces, Esclarmonde refuse de se marier, et déclare qu’elle veut seulement épouser le Christ et se faire emmurer vivante, ce contre l’avis de son père. Cependant il cèdera aux demandes de sa fille chérie, et fera construire une chapelle et la cellule de sa fille à côté.
Elle ne sera pas vouée à la solitude : la jeune fille attirera de nombreux croyants et pèlerins qui viendront la voir, l’écouter, lui demander des conseils : elle est considérée comme une sainte.
Esclarmonde est touchante, pleine de volonté : il en faut pour vouloir se faire emmurer pour le restant de sa vie, après tout ! Mais on voit aussi qu’elle a des doutes et des faiblesses.
Je ne connaissais pas ces histoires de femmes, de « saintes » emmurées. Ça m’a un peu « dérangée » d’imaginer cela (encore qu’Esclarmonde paraissait privilégiée par rapport à certaines), mais comme il est dit, c’était une autre époque, avec d’autres mœurs, d’autres croyances.
J’ai un petit côté claustrophobe donc je n’aurai pas aimé être à sa place.
Ensuite concernant Esclarmonde elle-même j’ai eu du mal à l’imaginer aussi jeune, j’y donnais bien 10 à 15 ans de plus.
Le côté « fantastique » ou « mystique » des visions est sympa, mais je pense que ces passages auraient pu être racontés autrement sans que l’on perde l’intérêt de l’histoire.
La vie de l’époque est bien racontée, pour ce qui est des croyances et réactions des gens, et ça me conforte dans mon idée que je n’aurai pas vraiment aimé vivre à cette époque là. Ces temps étaient très durs.
Ma note: 3.5 /5
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] Du domaine des murmures
J'ai noté "beaucoup apprécié", quant à moi ...
L'originalité du sujet m'a intriguée dès le départ : ce n'est pas tous les jours qu'il nous est donné de lire le témoignage d'une emmurée vivante, en plein moyen-âge !... avec tout le mysticisme de l'époque, le poids des croyances, des superstitions qui dirigeaient tous les faits et gestes du petit peuple, comme des seigneurs, d'ailleurs ...
J'ai bien accroché au style littéraire, également, écriture simple, vocabulaire soigneusement choisi, poésie judicieusement distillée ... notamment sur les passages où elle décrit ce qu'elle perçoit de l'extérieur de son tombeau : je m'y suis crue plus d'une fois, j'ai vraiment "ressenti" les éléments comme elle !
Livre très vite lu, je me suis fait plaisir, même si la fin m'a laissée un peu sur ma faim !...
L'originalité du sujet m'a intriguée dès le départ : ce n'est pas tous les jours qu'il nous est donné de lire le témoignage d'une emmurée vivante, en plein moyen-âge !... avec tout le mysticisme de l'époque, le poids des croyances, des superstitions qui dirigeaient tous les faits et gestes du petit peuple, comme des seigneurs, d'ailleurs ...
J'ai bien accroché au style littéraire, également, écriture simple, vocabulaire soigneusement choisi, poésie judicieusement distillée ... notamment sur les passages où elle décrit ce qu'elle perçoit de l'extérieur de son tombeau : je m'y suis crue plus d'une fois, j'ai vraiment "ressenti" les éléments comme elle !
Livre très vite lu, je me suis fait plaisir, même si la fin m'a laissée un peu sur ma faim !...
Invité- Invité
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