[Meddi, Adlène] La prière du maure
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[Meddi, Adlène] La prière du maure
La prière du Maure
Adlène MEDDI
Editions BARZAKH
170 pages
ISBN : 9782914704649
4ème de couverture
« Le cortège des berlines blindées serpentait dans la nuit et le brouillard. À travers les roseaux muets, suintaient les lumières des phares. Faisceaux jaunes mordant l’obscure vapeur des enfers… Et Dieu lui-même semblait avoir déserté… » Alger, les années 2000. Un jeune homme disparaît. Pour régler une dette, Djo, commissaire à la retraite – entêté, solitaire et amoureux – reprend du service et réactive ses réseaux. L'enquête devient une inquiétante course contre la mort, les fantômes d'une époque que tous croyaient révolue ressurgissent. Les capitales étrangères paniquent, les systèmes de sécurité s’effondrent. Dans une Algérie où la frontière entre la raison et la folie s’estompe jusqu’au vertige, Alger sombre dans le chaos.
Biographie de l'auteur
Adlène Meddi est né en 1975 dans la banlieue d'Alger. Il est actuellement rédacteur en chef d'El Watan Week-end. Il a fait des études de journalisme et de sociologie des médias à l'université d'Alger et à l'EHESS de Marseille. En 2002, il a publié à Alger un premier polar, Le Casse-tête turc. Puis La Prière du Maure quelques années plus tard. La critique algérienne s'emballe : l'écrivain Djilali Khellas écrit : " Le roman de Adlène Meddi a cette belle couleur des Maures, des Dieux africains. Il n'a rien à envier à L'Aveugle au pistolet, de Chester Himes ou Pas d'orchidées pour miss Blandish de James H. Chase, deux romans noirs et beaux comme... la mort, comme le Maure, l'éternel mort ! " Adlène Meddi est également le fondateur, avec d'autres auteurs algériens, du groupe de contestation " Bezzzef " (Assez !) qui organise depuis novembre 2009 manifestations et happenings d'opposition dans un pays sous état d'urgence où toute manifestation publique est interdite.
Mon avis
2 jours de terreur à Alger la blanche !
Djo, flic en retraite, désabusé, revenu de beaucoup de choses est obligé de sortir de sa retraite pour partir à la recherche d’un gosse disparu et ainsi, effacer une dette d’honneur. Pour ce faire, il rencontre son demi-frère Aybak, colonel dans les Services Secrets.
Est-ce fortuit ou non, en tout cas, les agents de service de l’Etat Major de la police sont mutés et remplacés par des serviteurs zélés selon le Commissaire Zine son ancien collègue. La peur et la suspicion règnent en maître. Les pistes s’entremêlent pour former un nœud d’embrouilles
Tout y est, les flics revenus de tout, la nuit algéroise, l’alcool, les cigarettes, l’insomnie, les cauchemards qui reviennent chaque nuit.
La mort de la fille de Structure déclenchera une véritable guerre du pouvoir suprême, au-dessus du Chef de l’Etat, alors qu’elle n’a été tuée « que » par son petit ami qu’elle venait de larguer. Djo et les autres comparses en sont les rouages et en feront les frais. Il sera exécuté face à la mer, d’une balle en pleine tête.
Adlène Meddi nous livre un polar intense et haletant qui tient aux tripes. Le monde des services spéciaux algériens donne froid dans le dos. Toutes, ces vies fracassées, ces hommes réchappés d’une danse macabre et toujours, au milieu de la violence, cette poésie brute qui s’immisce dans les moindre recoins, comme ces giroflées venues de nulle part et fleurissant dans les murailles. Il nous donne à lire des paragraphes entiers, de belle poésie, de slam tant les phrases sont rythmées, (page 26)
Alger, la belle, la sanglante, puante, grouillante dans l’attente de je ne sais quelle fin, comme si elle avait besoin de son comptant de sang pour se libérer de ses folies. Le pouvoir militaire ne répond à aucune éthique, pas ou peu d’enquête, on fait « avouer ». Nous sommes au début des années 2000, la lutte contre les djihadistes, les salafistes continue , la peur est présente partout jusqu’à la paranoïa. Tous les coups sont permis.
De la belle ouvrage, un vrai coup de cœur, un coup de poing dans le cœur, le cœur d’Alger, le cœur du pouvoir.
L'opération "Deux éditeurs se livrent spécial Maghreb" m’a permis de découvrir un très beau livre d’une intensité inouïe. Dur de passer à un autre livre !!!!
Dernière édition par alexielle63 le Mer 18 Jan 2012 - 11:30, édité 2 fois (Raison : ajout sondage)
Re: [Meddi, Adlène] La prière du maure
Très belle critique zazy !!!
Mon avis :
Voilà un roman sombre à l’atmosphère lourde comme je les aime.
Un polar qui se situe en plein Alger voilà qui ne pouvait que m’attirer. Et je ne suis pas déçue !
J’ai eu quelques difficultés à entrer dans le récit toutefois, ne comprenant pas trop ce qu’il se passait. J’avais l’impression de prendre le train en marche, de débarquer en plein milieu d’un film dont on n’a pas suivi le début. Mais peu à peu, la sensation de flou se dissipe et on plonge au cœur d’une intrigue bien ficelée. On se retrouve prisonnier dans la toile d’araignée que constituent les différents services secrets et de renseignement algériens. Le piège est en place mais c’est seulement au fur et à mesure de la lecture que le lecteur s’en rend compte.
J’ai adoré être surprise par cette intrigue somme toute banale en apparence. Le tout dans un cadre que j’aime, j’y ai reconnu les lieux que j’ai pu visiter : la place Audin, la Grande Poste, Bal el Oued… Mais le talent de Adlène Meddi est de m’avoir montré ces lieux sous un tout autre angle. L’action se situe très souvent de nuit et le contexte post-décennie noire contribuent à créer cette atmosphère à la fois mystérieuse et suffocante.
Adlène Meddi nous donne un aperçu de l’envers du décor, de la face cachée des milieux policier, militaire et politique, de la difficulté de coordonner tous ses services et ses hommes aux intérêts différents. J’ai par contre eu des difficultés à m’y retrouver avec tous ses sigles et services différents. On a vraiment une impression de fouillis généralisé, on ne sait plus qui prend les décisions, qui est responsable de leur application et qui agit sur le terrain. Tous se court-circuitent les uns les autres et mieux vaut, dans certains cas, ne pas mettre son nez dans certaines affaires, ce que Djo apprendra à ses dépens.
J’ai donc aimé comprendre à quel point la lutte contre le terrorisme pendant la décennie noire a du être d’une difficulté extrême. Les passages du roman relatifs à cette période sont très durs mais j’ai apprécié leur présence car peu de mes amis algériens souhaitent parler de cette époque (ce que je comprends parfaitement) et je n’avais donc qu’une vague idée de ce qu’il s’était passé.
Je dois également souligner la qualité du style de Adlène Meddi qui parvient à harmoniser vivacité et poésie avec grand talent. Son texte est un véritable régal à lire, les métaphores sont toutes choisies avec soin et pertinence.
Un très bon roman donc qui se distingue par sa force, son style et son originalité.
Je remercie donc chaleureusement le site Libfly et les Editions Barzakh pour m’avoir permis, grâce à l’opération « A la découverte de deux éditeurs du Maghreb », cette fabuleuse découverte.
Mon avis :
Voilà un roman sombre à l’atmosphère lourde comme je les aime.
Un polar qui se situe en plein Alger voilà qui ne pouvait que m’attirer. Et je ne suis pas déçue !
J’ai eu quelques difficultés à entrer dans le récit toutefois, ne comprenant pas trop ce qu’il se passait. J’avais l’impression de prendre le train en marche, de débarquer en plein milieu d’un film dont on n’a pas suivi le début. Mais peu à peu, la sensation de flou se dissipe et on plonge au cœur d’une intrigue bien ficelée. On se retrouve prisonnier dans la toile d’araignée que constituent les différents services secrets et de renseignement algériens. Le piège est en place mais c’est seulement au fur et à mesure de la lecture que le lecteur s’en rend compte.
J’ai adoré être surprise par cette intrigue somme toute banale en apparence. Le tout dans un cadre que j’aime, j’y ai reconnu les lieux que j’ai pu visiter : la place Audin, la Grande Poste, Bal el Oued… Mais le talent de Adlène Meddi est de m’avoir montré ces lieux sous un tout autre angle. L’action se situe très souvent de nuit et le contexte post-décennie noire contribuent à créer cette atmosphère à la fois mystérieuse et suffocante.
Adlène Meddi nous donne un aperçu de l’envers du décor, de la face cachée des milieux policier, militaire et politique, de la difficulté de coordonner tous ses services et ses hommes aux intérêts différents. J’ai par contre eu des difficultés à m’y retrouver avec tous ses sigles et services différents. On a vraiment une impression de fouillis généralisé, on ne sait plus qui prend les décisions, qui est responsable de leur application et qui agit sur le terrain. Tous se court-circuitent les uns les autres et mieux vaut, dans certains cas, ne pas mettre son nez dans certaines affaires, ce que Djo apprendra à ses dépens.
J’ai donc aimé comprendre à quel point la lutte contre le terrorisme pendant la décennie noire a du être d’une difficulté extrême. Les passages du roman relatifs à cette période sont très durs mais j’ai apprécié leur présence car peu de mes amis algériens souhaitent parler de cette époque (ce que je comprends parfaitement) et je n’avais donc qu’une vague idée de ce qu’il s’était passé.
Je dois également souligner la qualité du style de Adlène Meddi qui parvient à harmoniser vivacité et poésie avec grand talent. Son texte est un véritable régal à lire, les métaphores sont toutes choisies avec soin et pertinence.
Un très bon roman donc qui se distingue par sa force, son style et son originalité.
Je remercie donc chaleureusement le site Libfly et les Editions Barzakh pour m’avoir permis, grâce à l’opération « A la découverte de deux éditeurs du Maghreb », cette fabuleuse découverte.
Invité- Invité
Re: [Meddi, Adlène] La prière du maure
Tu as raison c'est vraiment un sacré livre !!!!
Quand tu parles de fouillis général, c'est vrai et je pense, voulu par l'auteur pour montrer la guerre entre les services pour le poste suprême
Quand tu parles de fouillis général, c'est vrai et je pense, voulu par l'auteur pour montrer la guerre entre les services pour le poste suprême
Re: [Meddi, Adlène] La prière du maure
Mon avis
Uppercut !
On est au début des années 2000, à Alger, après dix ans de lutte sanglante, la « décennie noire » qui mit la ville et le pays à feu et à sang. On pourrait se dire que les gens sont tournés vers l’avenir, heureux que tout cela soit derrière eux mais il n’est en rien. L’auteur nous entraîne de l’autre côté du décor, loin des clichés d’Alger la Blanche, calme et ensoleillée.
Djo est un commissaire à la retraite. Il a donné comme on dit et maintenant il tente d’oublier, de se faire oublier et voilà qu’un appel le remet en route. Un jeune homme a disparu et on lui demande d’activer ses réseaux pour le retrouver au plus vite. Lui, il voudrait qu’on lui foute la paix, qu’on le laisse tranquille, vivre sa vie mais c’est impossible. Djo doit enquêter car il a une « dette » et il veut rester fidèle à sa parole. En faisant cela, c’est comme s’il mettait le pied dans un nid de guêpes qui toutes vont se mettre à tourner autour de lui, prêtes à piquer et plusieurs fois s’il le faut. Les flics sont surveillés, corrompus, personne n’a confiance en personne et on ne sait à qui se confier, qui croire ou écouter. C’est une course contre la montre, pour gagner la vie, qu’engage Djo. Mais les temps sont durs, très durs…. Le pays est encore sous le coup du chaos, rien n’est résolu.
« Puisque tout le pays s’était décidé à plonger, la tête première, dans le néant, silencieusement et inéluctablement, ne lui restait-il pas à lui, Djoumet Malakout, commissaire de police à la retraite, qu’à se hisser vers le haut ? En criant. Criant plus fort que sa chute. »
Les services secrets, politiques, policiers, tous sont « contrôlés » soit en introduisant des hommes qui, sous le couvert, de leur mission, surveillent les autres, soit en persuadant les plus faibles qu’ils n’ont pas le choix et qu’il faut obéir et faire ce qu’on leur dit. Violence, trahison, complot, dénonciation, cabale etc … tout est là et nous fait frissonner …
La langue sèche, âpre, vibrante d’émotion contenue d’Adlène Meddi est tour à tour poétique, claquant presque des rimes et puis grondante, comme un orage quand le tonnerre se fait entendre avant de monter en puissance….jusqu’à ce que la pluie vous tombe dessus, vous laissant pantois et presque dans l’impossibilité de réagir devant ce tumulte. Il nous frappe en plein cœur, nous laissant à peine souffler car en peu de pages, tout est dit …. même l’indicible, l’inconcevable…..
Ce roman m’a scotchée, il est pour moi, presque un témoignage tant il parle « vrai », d’ailleurs l’auteur est journaliste alors … de la fiction à la réalité de terrain….il n’y a que quelques pages …..
Uppercut !
On est au début des années 2000, à Alger, après dix ans de lutte sanglante, la « décennie noire » qui mit la ville et le pays à feu et à sang. On pourrait se dire que les gens sont tournés vers l’avenir, heureux que tout cela soit derrière eux mais il n’est en rien. L’auteur nous entraîne de l’autre côté du décor, loin des clichés d’Alger la Blanche, calme et ensoleillée.
Djo est un commissaire à la retraite. Il a donné comme on dit et maintenant il tente d’oublier, de se faire oublier et voilà qu’un appel le remet en route. Un jeune homme a disparu et on lui demande d’activer ses réseaux pour le retrouver au plus vite. Lui, il voudrait qu’on lui foute la paix, qu’on le laisse tranquille, vivre sa vie mais c’est impossible. Djo doit enquêter car il a une « dette » et il veut rester fidèle à sa parole. En faisant cela, c’est comme s’il mettait le pied dans un nid de guêpes qui toutes vont se mettre à tourner autour de lui, prêtes à piquer et plusieurs fois s’il le faut. Les flics sont surveillés, corrompus, personne n’a confiance en personne et on ne sait à qui se confier, qui croire ou écouter. C’est une course contre la montre, pour gagner la vie, qu’engage Djo. Mais les temps sont durs, très durs…. Le pays est encore sous le coup du chaos, rien n’est résolu.
« Puisque tout le pays s’était décidé à plonger, la tête première, dans le néant, silencieusement et inéluctablement, ne lui restait-il pas à lui, Djoumet Malakout, commissaire de police à la retraite, qu’à se hisser vers le haut ? En criant. Criant plus fort que sa chute. »
Les services secrets, politiques, policiers, tous sont « contrôlés » soit en introduisant des hommes qui, sous le couvert, de leur mission, surveillent les autres, soit en persuadant les plus faibles qu’ils n’ont pas le choix et qu’il faut obéir et faire ce qu’on leur dit. Violence, trahison, complot, dénonciation, cabale etc … tout est là et nous fait frissonner …
La langue sèche, âpre, vibrante d’émotion contenue d’Adlène Meddi est tour à tour poétique, claquant presque des rimes et puis grondante, comme un orage quand le tonnerre se fait entendre avant de monter en puissance….jusqu’à ce que la pluie vous tombe dessus, vous laissant pantois et presque dans l’impossibilité de réagir devant ce tumulte. Il nous frappe en plein cœur, nous laissant à peine souffler car en peu de pages, tout est dit …. même l’indicible, l’inconcevable…..
Ce roman m’a scotchée, il est pour moi, presque un témoignage tant il parle « vrai », d’ailleurs l’auteur est journaliste alors … de la fiction à la réalité de terrain….il n’y a que quelques pages …..
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