[Prévost, Abbé] Manon Lescaut
5 participants
Page 1 sur 1
Manon Lescaut ?
[Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Manon Lescaut
Auteur : L'abbé Prévost
Edition : Livre de Poche
Prix : 3E
Nombre de pages : 370 pages (avec Variantes et Dossier)
4è de couverture :
Alors qu'à dix-sept ans, il s'apprête à quitter Amiens où il achève ses études de philosophie, le jeune Chevalier des Grieux voit arriver le coche d'Arras. Une jeune fille en descend, si charmante qu'il s'avance vers elle pour l'interroger : ses parents l'envoient pour être religieuse, et elle sait qu'elle va être malheureuse. Il la loge dans une hôtellerie dont le maître lui est dévoué et le lendemain, à la pointe du jour, tous les deux partent pour Paris, et commence pour eux une relation censée faire le bonheur de tous mais qui virera vite au drame. Lorsqu'elle s'est tragiquement achevée, le chevalier des Grieux fait le récit de sa tumultueuse liaison avec Manon au marquis de Renoncour qui la rapporte dans ses Mémoires que Prévost fait paraître au mois de mai 1731. C'est ainsi la voix même du chevalier que nous entendons, c'est l'émotion qu'il éprouve à revivre ce qu'il a vécu qui nous touche - et sa parole fait entendre des accents si vrais que l'on a pu croire que Manon et des Grieux avaient véritablement existé, ou que l'abbé Prévost transposait un moment de sa propre vie. Mais le réalisme poignant de ce récit traversé de souffrances n'est redevable qu'a l'art éblouissant de l'auteur.
Mes impressions :
J'ai dû lire ce livre pour mes études et je ne l'ai pas regretté, l'histoire est magnifique du point de vue des sentiments mais également du fait qu'elle dénonce les mœurs de l'époque. Tout cela ajouté à la splendide écriture de Prévost font de ce roman un de mes préférés. De plus, il n'y a pas besoin d'être féru de littérature classique pour apprécier. Là-encore, cette édition est très bien annotée, et cela nous permet de mieux comprendre le contexte.
Il se lit très vite donc n'hésitez pas, ce livre est vraiment magnifique et profond, extrêmement poignant. Un très grand classique à n'en pas douter.
Si je de vais mettre une note : 8.5/10
Un extrait pour vous donner, je l'espère, envie de lire ce roman. C'est la première rencontre entre Manon et des Grieux :
- Spoiler:
- J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! J'aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers.
Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon coeur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon coeur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence, qu'elle ne prévoyait que trop qu'elle allait être malheureuse, mais que c'était apparemment la volonté du ciel, puisqu'il ne lui laissait nul moyen de l'éviter. La douceur de ses regards, un air charmant de tristesse en prononçant ces paroles, ou plutôt, l'ascendant de ma destinée qui m'entraînait à ma perte, ne me permirent point de balancer un moment sur ma réponse. Je l'assurai que, si elle voulait faire quelque fond sur mon honneur et sur la tendresse infinie qu'elle m'inspirait déjà, j'emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents et pour la rendre heureuse. Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges.
Invité- Invité
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Lu, relu et rerelu! J'adore!
Véronique M.- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 1701
Age : 55
Localisation : 04
Emploi/loisirs : prof d'écoles/ lecture randonnée jeux de société, puzzles
Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
Date d'inscription : 12/02/2010
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Une lecture que j'ai adorée il y a très longtemps!
Mais c'est sûr que c'est à relire.
Mais c'est sûr que c'est à relire.
chocolette- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3756
Age : 73
Localisation : Hainaut.Belgique.
Emploi/loisirs : lecture,promenade,cinéma,mots fléchés.
Genre littéraire préféré : Policier et un peu de tout...pas de SF!
Date d'inscription : 13/05/2011
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
j'aime beaucoup cette écriture merci Findus je le note
louloute- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 24589
Age : 56
Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Lu à l'école aussi, je le reprendrai, merci de me le rappeler !
marie do- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 4647
Age : 58
Localisation : corse
Genre littéraire préféré : Assez varié : thriller, roman historique, contemporain, bd .....
Date d'inscription : 01/03/2012
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Egalement lu pour raisons scolaires ! J'ai beaucoup apprécié, je trouve l'histoire d'amour de Manon très intense, passionnée, vraie. L'histoire nous offre de nombreux rebondissements, le tout dans un style très agréable à lire. Je recommande !
Invité- Invité
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Je trouve l'histoire de base très intéressante mais je n'ai pas accroché au style d'écriture très ancien.
Bien sûr, ce livre est difficile à critiquer tant il fait office de référence de la littérature française. Seulement, j'ai eu bien du mal à en venir à bout puisque je n'ai pas accroché (étant assez court, j'ai tout de même tenu à aller au bout).
Très bon sur le fond, je n'ai donc pas adhéré à la forme (je tiens à préciser que j'ai lu une version sans annotation, ceci expliquant peut-être mes difficultés à cerner tout le travail de l'Abbé Prévost).
Bien sûr, ce livre est difficile à critiquer tant il fait office de référence de la littérature française. Seulement, j'ai eu bien du mal à en venir à bout puisque je n'ai pas accroché (étant assez court, j'ai tout de même tenu à aller au bout).
Très bon sur le fond, je n'ai donc pas adhéré à la forme (je tiens à préciser que j'ai lu une version sans annotation, ceci expliquant peut-être mes difficultés à cerner tout le travail de l'Abbé Prévost).
Invité- Invité
Re: [Prévost, Abbé] Manon Lescaut
Mon avis :
J'ai lu ce roman - que j'aurais pu lire lors de mes années d'étude, mais ça ne s'est pas trouvé comme ça - parce qu'il est mentionné dans La Dame aux camélias, dont je suis sortie enthousiasmée.
Manon Lescaut est un roman assez court et se lit facilement : il constitue un épisode des Mémoires d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde, puisque le Chevalier des Grieux y fait le récit de ses propres aventures à Renoncourt, qui lui porte secours dans des circonstances difficiles. Nous sommes en 1715 lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois, alors que des Grieux suit la voiture de prostituées qui doivent être envoyées en Louisiane à titre de sanction. Le jeune homme fait peine à voir, et éveille la pitié chez Renoncourt, qui reconnaît en lui un jeune homme de bonne famille, c'est-à-dire noble, bien éduqué. Mais que fait-il ici, en quoi est-il lié à ces femmes "de mauvaise vie" (comprenez l'expression de manière ironique, car je les trouve bien durement punies d'avoir été exploitées pour le plaisir hypocrite des hommes de l'époque). Ainsi Renoncourt apprend-il que le jeune des Grieux est lié irrémédiablement à son amante, Manon, qu'il compte accompagner en Amérique, ne supportant pas de la quitter.
Le cadre est posé : l'amour de Manon Lescaut et de son Chevalier n'est pas destiné à une fin heureuse. Pourtant, lorsqu'ils se sont connus et enfuis tous deux, alors que le Chevalier des Grieux était destiné à un brillant avenir (au sein de l'ordre de Malte), et que la jeune fille était envoyée avec une maigre dot dans un couvent, que de plaisirs étourdissants n'ont-ils pas connus ensemble ! Ils étaient jeunes et beaux, ils s'aimaient et ne désespéraient pas de trouver des moyens financiers pour mener la belle vie, si bien qu'ils partent pour Paris, au mépris de leur différence sociale, qui ne peut être acceptée par la famille du jeune homme. Cela leur réussit -un temps ; mais quand l'argent vient à manquer, car Manon a le caractère léger et a pris goût aux plaisirs de la richesse, des Grieux connaît les premières désillusions. Manon le trompe pour être entretenue par un homme plus riche, et lui-même est repris par sa famille. A-t-il compris la leçon ? Il sort de cette épreuve plus sage, ayant repris du goût pour l'étude, tout le monde est content de lui, il a repris sa voie.
Mais il semble que son destin ait pris à présent un visage unique : c'est Manon, et elle seulement, à qui il vouera sa vie, lorsqu'il la retrouve par hasard. Ils vont désormais de coups de chance en effondrements de fortune, se quittent, se retrouvent - auront-ils tant vécu ensemble en définitive ? Des Grieux trempe dans des affaires peu nettes, jeu, malversations, et même crime. Ils font de la prison, se retrouvent... Mais toujours l'amour du jeune homme se renforce pour sa Muse (celle qui lui inspire les récits les plus poignants pour exciter la pitié de ceux qui voudraient le redresser, le sauver, et à qui il se contente de soutirer de l'argent), jusqu'à devenir presque saint. Je ne peux m'empêcher de voir dans cet enfoncement moral le désespoir de qui a trop misé sur une situation et le bonheur qu'il en attendait, trop sacrifié pour être capable de faire machine arrière, même s'il se sait aller vers le pire, sans remède.
Ayant lu le roman dans la continuation de cette adaptation qu'en a fait Dumas fils (je l'avais pressenti, mais c'est chose connue, car le préfacier, Jean Sgard, définit La Dame aux camélias comme l'adaptation la plus réussie, quoique infidèle, de Manon Lescaut), je ne dirais pas que je suis déçue : c'est un roman charmant, superbement écrit, avec une grande science de la narration subjective et une analyse approfondie des sentiments et des états intimes. Il m'a rappelé dans la seconde partie des impressions de lecture de Rousseau (La Nouvelle-Héloïse), Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie) ou Chateaubriand (Atala et René) - l'évocation de la passion sensible et romantique, parfois un peu larmoyante - simplement, le personnage-même de Manon est quasiment secondaire,elle n'a pas voix au chapitre. Même si Manon est sublimée par le regard amoureux que porte le Chevalier des Grieux sur elle, elle n'est pas une personnalité au même titre que Marguerite. Il reste que le roman de Prévost est à bien des égards curieux et passionnant, ne serait-ce que par les milieux divers qu'il nous donne à fréquenter, par les leçons de vie qu'apportent d'incessants revers de fortune, et aujourd'hui par le regard historique sur le Paris de la Régence. (4,5/5)
Citations :
Il me semblait que j'aurais préféré la lecture d'une page de Saint Augustin, ou d'un quart d'heure de méditation chrétienne à tous les plaisirs des sens ; sans excepter ceux qui m'auraient été offerts par Manon. Cependant un instant malheureux me fit retomber dans le précipice ; et ma chute fut d'autant plus irréparable, que me trouvant tout d'un coup au même degré de profondeur d'où j'étais sorti, les nouveaux désordres où je tombai me portèrent bien plus loin vers le fond de l'abîme. Page 78.
(...) Il [Tiberge] me prédit une partie des malheurs qui ne tardèrent guère à m'arriver. Il est impossible, me dit-il, que les richesses qui servent à l'entretien de vos désordres, vous soient venues par des voies légitimes. Vous les avez acquises injustement ; elles vous seront ravies de même. Page 97.
Nous nous embrassâmes avec tendresse, et nous devînmes amis, sans autre raison que la bonté de nos cœurs, et une simple disposition qui porte un homme tendre et généreux à aimer un autre homme qui lui ressemble. Page 128.
En dépit du plus cruel de tous les sorts, je trouvais ma félicité dans ses regards et dans la certitude que j'avais de son affection. J'avais perdu, à la vérité, tout ce que le reste des hommes estime ; mais j'étais maître du cœur de Manon, le seul bien que j'estimais. Vivre en Europe, vivre en Amérique, que m'importait-il en quel endroit vivre, si j'étais sûr d'y être heureux en vivant avec ma maîtresse ? Tout l'univers n'est-il pas la patrie de deux amants fidèles ? Page 199.
J'ai lu ce roman - que j'aurais pu lire lors de mes années d'étude, mais ça ne s'est pas trouvé comme ça - parce qu'il est mentionné dans La Dame aux camélias, dont je suis sortie enthousiasmée.
Manon Lescaut est un roman assez court et se lit facilement : il constitue un épisode des Mémoires d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde, puisque le Chevalier des Grieux y fait le récit de ses propres aventures à Renoncourt, qui lui porte secours dans des circonstances difficiles. Nous sommes en 1715 lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois, alors que des Grieux suit la voiture de prostituées qui doivent être envoyées en Louisiane à titre de sanction. Le jeune homme fait peine à voir, et éveille la pitié chez Renoncourt, qui reconnaît en lui un jeune homme de bonne famille, c'est-à-dire noble, bien éduqué. Mais que fait-il ici, en quoi est-il lié à ces femmes "de mauvaise vie" (comprenez l'expression de manière ironique, car je les trouve bien durement punies d'avoir été exploitées pour le plaisir hypocrite des hommes de l'époque). Ainsi Renoncourt apprend-il que le jeune des Grieux est lié irrémédiablement à son amante, Manon, qu'il compte accompagner en Amérique, ne supportant pas de la quitter.
Le cadre est posé : l'amour de Manon Lescaut et de son Chevalier n'est pas destiné à une fin heureuse. Pourtant, lorsqu'ils se sont connus et enfuis tous deux, alors que le Chevalier des Grieux était destiné à un brillant avenir (au sein de l'ordre de Malte), et que la jeune fille était envoyée avec une maigre dot dans un couvent, que de plaisirs étourdissants n'ont-ils pas connus ensemble ! Ils étaient jeunes et beaux, ils s'aimaient et ne désespéraient pas de trouver des moyens financiers pour mener la belle vie, si bien qu'ils partent pour Paris, au mépris de leur différence sociale, qui ne peut être acceptée par la famille du jeune homme. Cela leur réussit -un temps ; mais quand l'argent vient à manquer, car Manon a le caractère léger et a pris goût aux plaisirs de la richesse, des Grieux connaît les premières désillusions. Manon le trompe pour être entretenue par un homme plus riche, et lui-même est repris par sa famille. A-t-il compris la leçon ? Il sort de cette épreuve plus sage, ayant repris du goût pour l'étude, tout le monde est content de lui, il a repris sa voie.
Mais il semble que son destin ait pris à présent un visage unique : c'est Manon, et elle seulement, à qui il vouera sa vie, lorsqu'il la retrouve par hasard. Ils vont désormais de coups de chance en effondrements de fortune, se quittent, se retrouvent - auront-ils tant vécu ensemble en définitive ? Des Grieux trempe dans des affaires peu nettes, jeu, malversations, et même crime. Ils font de la prison, se retrouvent... Mais toujours l'amour du jeune homme se renforce pour sa Muse (celle qui lui inspire les récits les plus poignants pour exciter la pitié de ceux qui voudraient le redresser, le sauver, et à qui il se contente de soutirer de l'argent), jusqu'à devenir presque saint. Je ne peux m'empêcher de voir dans cet enfoncement moral le désespoir de qui a trop misé sur une situation et le bonheur qu'il en attendait, trop sacrifié pour être capable de faire machine arrière, même s'il se sait aller vers le pire, sans remède.
Ayant lu le roman dans la continuation de cette adaptation qu'en a fait Dumas fils (je l'avais pressenti, mais c'est chose connue, car le préfacier, Jean Sgard, définit La Dame aux camélias comme l'adaptation la plus réussie, quoique infidèle, de Manon Lescaut), je ne dirais pas que je suis déçue : c'est un roman charmant, superbement écrit, avec une grande science de la narration subjective et une analyse approfondie des sentiments et des états intimes. Il m'a rappelé dans la seconde partie des impressions de lecture de Rousseau (La Nouvelle-Héloïse), Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie) ou Chateaubriand (Atala et René) - l'évocation de la passion sensible et romantique, parfois un peu larmoyante - simplement, le personnage-même de Manon est quasiment secondaire,elle n'a pas voix au chapitre. Même si Manon est sublimée par le regard amoureux que porte le Chevalier des Grieux sur elle, elle n'est pas une personnalité au même titre que Marguerite. Il reste que le roman de Prévost est à bien des égards curieux et passionnant, ne serait-ce que par les milieux divers qu'il nous donne à fréquenter, par les leçons de vie qu'apportent d'incessants revers de fortune, et aujourd'hui par le regard historique sur le Paris de la Régence. (4,5/5)
Citations :
Il me semblait que j'aurais préféré la lecture d'une page de Saint Augustin, ou d'un quart d'heure de méditation chrétienne à tous les plaisirs des sens ; sans excepter ceux qui m'auraient été offerts par Manon. Cependant un instant malheureux me fit retomber dans le précipice ; et ma chute fut d'autant plus irréparable, que me trouvant tout d'un coup au même degré de profondeur d'où j'étais sorti, les nouveaux désordres où je tombai me portèrent bien plus loin vers le fond de l'abîme. Page 78.
(...) Il [Tiberge] me prédit une partie des malheurs qui ne tardèrent guère à m'arriver. Il est impossible, me dit-il, que les richesses qui servent à l'entretien de vos désordres, vous soient venues par des voies légitimes. Vous les avez acquises injustement ; elles vous seront ravies de même. Page 97.
Nous nous embrassâmes avec tendresse, et nous devînmes amis, sans autre raison que la bonté de nos cœurs, et une simple disposition qui porte un homme tendre et généreux à aimer un autre homme qui lui ressemble. Page 128.
En dépit du plus cruel de tous les sorts, je trouvais ma félicité dans ses regards et dans la certitude que j'avais de son affection. J'avais perdu, à la vérité, tout ce que le reste des hommes estime ; mais j'étais maître du cœur de Manon, le seul bien que j'estimais. Vivre en Europe, vivre en Amérique, que m'importait-il en quel endroit vivre, si j'étais sûr d'y être heureux en vivant avec ma maîtresse ? Tout l'univers n'est-il pas la patrie de deux amants fidèles ? Page 199.
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5875
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Sujets similaires
» [Zola, Emile] La faute de l'abbé Mouret
» [Prévost, Franck] Les Indiens.
» [Prévost, Jean-François] Crédo
» [10/18] La Valse des gueules cassées de Guillaume Prévost
» [Prévost, Guillaume] La valse des gueules cassées
» [Prévost, Franck] Les Indiens.
» [Prévost, Jean-François] Crédo
» [10/18] La Valse des gueules cassées de Guillaume Prévost
» [Prévost, Guillaume] La valse des gueules cassées
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum