[Breton, André] Poisson soluble
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Poisson soluble ?
[Breton, André] Poisson soluble
Poisson soluble
Auteur : André Breton
Édition : Poésie/Gallimard
Prix : 7.60E
Nombre de pages : 185 pages
Présentation :
Poisson soluble est un recueil de poèmes écrit par André Breton, le Pape du surréalisme. On retrouve donc dans ces écrits les grands thèmes du surréalisme, à savoir le désir, les femmes, l'amour, le rêve et le mythe. Il s'agit pour Breton de donner naissance au mouvement surréalisme, l'image poétique véhiculée dans ce recueil est dénué de -presque- tout sans logique, il a écrit ces poèmes en adoptant l'écriture automatique.
Mes impressions :
Des poètes surréalistes, je n'avais lu que Aragon et Eluard et encore, les recueils les moins surréalistes. Je fus donc immédiatement frappé par l'absence de logique de ce recueil, il est, a priori, impossible de comprendre un poème à la première lecture. Les surréalistes pensent que c'est au lecteur de faire un travail sur lui même pour parvenir à démêler le sens du poème. En cela, c'est une révolution à laquelle j'adhère totalement, je trouve fantastique le fait de pouvoir interpréter un poème comme on le souhaite. D'accord on peut faire ça avec d'autres, mais là ça prend une toute autre dimension. On se drogue à la poésie, on plane, et c'est vraiment bon.
Seul petit bémol évident, parfois on arrive pas du tout a tirer un sens des poèmes/historiettes et c'est assez frustrant.
Extraits :
- Spoiler:
Le parc, à cette heure, étendait ses mains blondes au-dessus de la fontaine magique. Un château sans signification roulait à la surface de la terre.
- Spoiler:
La scène représente un système à pédales tel que le mouvement ascendant-descendant soit combiné avec un mouvement latéral droite-gauche, un personnage correspondant au départ à chaque nœud-point mort de l’appareil (deux hommes dans le système vertical, deux femmes dans le système hori-zontal).
Personnages : LUCIE, HÉLÈNE, MARC, SATAN. Rideaux noirs, les deux femmes habillées de blanc, Marc en habit noir, Satan couleur de feu.
Le tout se passe dans un cube parfait de couleur crème de manière à suggérer au premier abord l’idée d’un gyroscope géant dans sa boîte, cette dernière reposant par un de ses sommets sur le bord d’un verre à pied, et animée autour de son point d’application d’un mouvement giratoire. A l’intérieur du pied un soldat présentant les armes.
HÉLÈNE : La fenêtre est ouverte. Les fleurs embaument. Le champagne du jour dont la coupe pé-tille à mon oreille me fait tourner la tête. La cruauté du jour moule mes formes parfaites.
SATAN : Voyez-vous, par-dessus ces Messieurs et ces Dames, l’Île Saint-Louis ? C’est là que se trouvait la petite chambre du poète.
HÉLÈNE : Vraiment ?
SATAN : Il "recevait tous les jours la visite des cascades, la cascade pourpre qui aurait bien voulu dormir et la cascade blanche qui arrivait par le toit comme une somnambule.
LUCIE : La cascade blanche, c’était moi.
MARC : Je te reconnais dans la vigueur des plaisirs d’ici, bien que tu ne sois que la dentelle de toi-même. Tu es l’inutilité finale, la lavandière des poissons.
HÉLÈNE : Elle est la lavandière des poissons.
SATAN : Maintenant l’otage des saisons qui s’appelle l’homme s’appuie sur la table de jonc, sur la table de jeu. C’est le coupable aux mains gantées.
HÉLÈNE : Permettez, Seigneur, les mains étaient belles. Si le miroir avait pu parler, si les baisers s’étaient tus...
LUCIE : Les roches sont dans la salle, les belles roches dans lesquelles l’eau dort, sous lesquelles les hommes et les femmes se couchent. Les roches sont ,d’une hauteur immense : les aigles blancs y laissent des plumes et dans chaque plume il y a une forêt.
MARC : Où suis-je ? Les mondes, le possible ! Comme les locomotives allaient vite : un jour le faux, un jour le vrai !
SATAN : Cela valait-il la peine d’en sortir, la peine de perdre pied à courir après les cadavres en crachant des folgores porte-lanterne ? Le poète était pauvre et lent dans sa demeure, le poète n’avait même pas droit au punch qu’il aimait beaucoup. La cascade pourpre charriait des revolvers dont les crosses étaient faites de petits oiseaux.
LUCIE : Je me fais une raison de la détente perpétuelle, Seigneur, Marc était blond comme le gypse.
Silence.
Mes amis il est temps de descendre ; ceci n’était qu’une séance de voltige et là-bas j’aperçois, der-rière la cinquième rangée de spectateurs, une femme très pâle qui s’adonne à la prostitution. L’étrange est que cette créature a des ailes.
Marc s’enlève par la main, l’appareil fonctionne de plus en plus vite. Par la force de la vitesse ac-quise, Lucie se tient droite dans le prolongement du bras de Marc. Sonneries. Le mouvement prend fin lorsque Marc et son immobile cavalière atteignent le sommet du périple. Nuit. Le rideau tombe. Satan apparaît devant le rideau et s’incline longuement.
SATAN : Mesdames, Messieurs, la pièce que nous venons d’avoir l’honneur de représenter devant vous est de moi. Les horlogeries sont de peu d’importance, les symboles n’ayant plus, dans cette nouvelle forme de théâtre, qu’une valeur de promesse. Encore leur transparence n’est-elle pas tout à fait une question de temps. L’enfer vient d’être complètement restauré ; il n’avait plus ces derniers siècles qu’une valeur d’application : intellectuellement c’était parfait, mais, au point de vue de la douleur morale, cela laissait à désirer. Je me suis rendu un jour à l’Opéra et là, profitant de l’inattention générale, j’ai commencé par faire apparaître sur la façade de l’édifice plusieurs lueurs rougeâtres, d’un aspect très désagréable, celles qui, de l’avis des gens de goût, déshonorent encore le monument. Puis j’ai fait un superbe plongeon dans la conscience humaine que j’ai infestée de chances insolites, de fleurs informes et de cris de merveilles. À dater de ce jour le père ne fut plus seul avec son fils ; entre eux la déchirure de l’air livra passage à un éventail sur lequel reposait un ver luisant. Dans les usines je m’efforçai d’encourager par tous les moyens la division du travail, en sorte qu’aujourd’hui, pour fabriquer une lime à ongles, par exemple, il est besoin de plusieurs équipes d’ouvriers travaillant jour et nuit, les uns à plat ventre, les autres sur une échelle. Pendant ce temps les ouvrières vont faire des bouquets dans les champs et d’autres s’emploient à écrire des lettres où reviennent constamment le même verbe au même temps et la même formule de tendresse. La pièce à laquelle vous venez d’assister est une de ces limes à ongles nouveau modèle, à la fabrication desquelles tout concourt aujourd’hui, depuis l’ivoire de vos dents jusqu’à la couleur du ciel, un noir de pervenche si je ne me trompe. Mais j’aurai d’ici peu l’honneur de vous convier à des spectacles moins rationnels car je ne désespère pas de faire de l’éternité la seule poésie fugitive, entendez-vous, la seule poésie fugitive ! Ha ha ha ha ! (Il sort en ricanant.)
- Spoiler:
- Le fantôme entre sur la pointe des pieds. Il inspecte rapidement la tour et descend l'escalier triangulaire.
La nuit est venue tout d'un coup comme une grande rosace de fleurs retournée sur nos têtes.
L'aimer, j'y ai songé comme on aime. Mais la moitié d'un citron vert, ses cheveux de rame, l'étourderie des pièges à prendre les bêtes vivantes, je n'ai pu m'en défaire complètement.
Invité- Invité
Re: [Breton, André] Poisson soluble
merci Findus, j'ai un peu de mal avec la poésie sauf quand quelqu'un m'en parle comme toi, il y a l'envie...
intéressant ton pseudo et le titre...
intéressant ton pseudo et le titre...
Pinky- Grand sage du forum
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Localisation : Les Sables d'Olonne (85)
Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
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