[Anonyme] Une femme à Berlin
Page 1 sur 1
Avez vous aimé ce livre?
[Anonyme] Une femme à Berlin
Une femme à Berlin
Anonyme
Édition folio (7 euros)
380 pages
Témoignage
Résumé folio
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 - les Soviétiques sont aux portes - jusqu'au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1951, et après. A la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi. Sur un ton d'objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c'est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tout âge, des hommes qui se cachent : vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d'abord, sous une occupation brutale ensuite. S'ajoutent alors les viols, la honte, la banalisation de l'effroi. C'est la véracité sans fard et sans phases qui fait la valeur de ce récit terrible, c'est aussi la lucidité du regard porté sur un Berlin tétanisé par la défaite. Et la plume de l'auteur anonyme rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d'humour qui lui a permis, sans doute, de survivre.
Mon avis
Un témoignage éclairant sur la vie à Berlin lors de la prise de la ville par les Russes en avril 1945.
Il faut tout d’abord préciser que ce journal fut tenu par une Berlinoise d’une trentaine d’années, journaliste de profession qui avait durant l’entre deux guerres effectué beaucoup de voyages à travers l’Europe. Tout cela, on le sait en lisant son témoignage. Après, j’ai vu sur Wikipédia qu’on aurait identifié « l’anonyme ». Mais je m’en tiendrai à ce qu’on peut découvrir dans le journal.
La lecture est tout d’abord très instructive, car elle relate le quotidien des civils (4 millions de Berlinois restants, malgré les nombreuses évacuations) pris dans l’enfer de Berlin assiégé puis occupé par les Russes. La quête de la nourriture qui tourne à l’obsession et fait oublier toute morale au profit de l’égoïsme le plus primaire (et le plus commun, malheureusement), la cohabitation avec les vainqueurs, le chaos total qui saisit les institutions officielles (politique, administration, information), tout cela est froidement exposé, presque disséqué avec cynisme et rigueur (et parfois humour) par la narratrice. Les viols, répétés, quotidiens, subis par la jeune femme, entraînent ce que l'éditeur nomme « la banalisation de l’effroi », à savoir le gel de toute émotion chez l’auteure, ce qui rend encore plus poignante (et atroce) la lecture de ces scènes horribles pudiquement racontées certes, mais dont le ton dérange. La révolte habite le personnage qui a vécu ces "rapports forcés", mais semble avoir déserté le même personnage quand il les relate quelques heures plus tard, choqué et hébété.
Ce gel des sentiments gagne le lecteur, qui voit défiler des images de ville en ruines et de comportements indignes des occupants et des occupés avec non pas indifférence, mais détachement. La sensation est très dérangeante, peut être à rapprocher de celle ressentie à la lecture de Si c’est un homme (pas le même sujet, mais un ton approchant).
Les réflexions de l’auteur sur elle-même, sur le comportement de ses semblables ; ses analyses de la défaite allemande et de la responsabilité de chacun émaillent le texte, empreintes d’une certaine autodérision qui oscille entre amertume et fatalisme.
Une lecture marquante donc, enrichissante du point de vue historique et poussant à la réflexion du point de vue humain.
A noter que certains remettent en cause l’authenticité de l’ouvrage (l’histoire du manuscrit, publié une première fois en 1953 en anglais, et seulement plus tard dans sa langue originale, rejeté par un lectorat peu enclin aux souvenirs de cette période traumatisante trop récente, perdu puis ressorti au début du XXIème siècle à la mort de l’ anonyme, est en effet mouvementée). Pour ma part, je n’ ai aucun moyen d’en juger, et ce n’est pas en me fondant sur des rumeurs que je vais me faire une opinion.
Anonyme
Édition folio (7 euros)
380 pages
Témoignage
Résumé folio
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 - les Soviétiques sont aux portes - jusqu'au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1951, et après. A la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi. Sur un ton d'objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c'est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tout âge, des hommes qui se cachent : vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d'abord, sous une occupation brutale ensuite. S'ajoutent alors les viols, la honte, la banalisation de l'effroi. C'est la véracité sans fard et sans phases qui fait la valeur de ce récit terrible, c'est aussi la lucidité du regard porté sur un Berlin tétanisé par la défaite. Et la plume de l'auteur anonyme rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d'humour qui lui a permis, sans doute, de survivre.
Mon avis
Un témoignage éclairant sur la vie à Berlin lors de la prise de la ville par les Russes en avril 1945.
Il faut tout d’abord préciser que ce journal fut tenu par une Berlinoise d’une trentaine d’années, journaliste de profession qui avait durant l’entre deux guerres effectué beaucoup de voyages à travers l’Europe. Tout cela, on le sait en lisant son témoignage. Après, j’ai vu sur Wikipédia qu’on aurait identifié « l’anonyme ». Mais je m’en tiendrai à ce qu’on peut découvrir dans le journal.
La lecture est tout d’abord très instructive, car elle relate le quotidien des civils (4 millions de Berlinois restants, malgré les nombreuses évacuations) pris dans l’enfer de Berlin assiégé puis occupé par les Russes. La quête de la nourriture qui tourne à l’obsession et fait oublier toute morale au profit de l’égoïsme le plus primaire (et le plus commun, malheureusement), la cohabitation avec les vainqueurs, le chaos total qui saisit les institutions officielles (politique, administration, information), tout cela est froidement exposé, presque disséqué avec cynisme et rigueur (et parfois humour) par la narratrice. Les viols, répétés, quotidiens, subis par la jeune femme, entraînent ce que l'éditeur nomme « la banalisation de l’effroi », à savoir le gel de toute émotion chez l’auteure, ce qui rend encore plus poignante (et atroce) la lecture de ces scènes horribles pudiquement racontées certes, mais dont le ton dérange. La révolte habite le personnage qui a vécu ces "rapports forcés", mais semble avoir déserté le même personnage quand il les relate quelques heures plus tard, choqué et hébété.
Ce gel des sentiments gagne le lecteur, qui voit défiler des images de ville en ruines et de comportements indignes des occupants et des occupés avec non pas indifférence, mais détachement. La sensation est très dérangeante, peut être à rapprocher de celle ressentie à la lecture de Si c’est un homme (pas le même sujet, mais un ton approchant).
Les réflexions de l’auteur sur elle-même, sur le comportement de ses semblables ; ses analyses de la défaite allemande et de la responsabilité de chacun émaillent le texte, empreintes d’une certaine autodérision qui oscille entre amertume et fatalisme.
Une lecture marquante donc, enrichissante du point de vue historique et poussant à la réflexion du point de vue humain.
A noter que certains remettent en cause l’authenticité de l’ouvrage (l’histoire du manuscrit, publié une première fois en 1953 en anglais, et seulement plus tard dans sa langue originale, rejeté par un lectorat peu enclin aux souvenirs de cette période traumatisante trop récente, perdu puis ressorti au début du XXIème siècle à la mort de l’ anonyme, est en effet mouvementée). Pour ma part, je n’ ai aucun moyen d’en juger, et ce n’est pas en me fondant sur des rumeurs que je vais me faire une opinion.
Dernière édition par alexielle63 le Lun 3 Sep 2012 - 11:40, édité 3 fois (Raison : sondage)
Invité- Invité
Re: [Anonyme] Une femme à Berlin
J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai trouvé très instructif. Il nous donne une idée précise de ce qu'ont vécu les Berlinois (et plus particulièrement les Berlinoises) en 1945. Je n'avais jamais appréhendé la seconde guerre mondiale du point de vue des civils allemands.
Invité- Invité
Sujets similaires
» [Dowswell, Paul] Etranger à Berlin
» [Robotham, Mandy] L'espionne de Berlin
» [Baum, Vicki] Hôtel Berlin 43
» [Ehret, Marie-Florence] Berlin 73
» [Wiazemsky, Anne] Mon enfant de Berlin
» [Robotham, Mandy] L'espionne de Berlin
» [Baum, Vicki] Hôtel Berlin 43
» [Ehret, Marie-Florence] Berlin 73
» [Wiazemsky, Anne] Mon enfant de Berlin
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum