[Peixoto, José Luís] Le cimetière de pianos
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[Peixoto, José Luís] Le cimetière de pianos
Le cimetière de pianos - José Luís Peixoto
Grasset - Février 2008 - 374 pages
Synopsis :
Dans un quartier populaire de Lisbonne, au début du XXe siècle, une famille d'artisans ébénistes est habitée par le deuil.
La seule lumière vient des enfants et peut-être d'anciens pianos inutilisables, qui, entassés dans un local attenant à l'atelier, semblent attendre de revivre.
Le récit du père, qui vient de mourir, alterne avec celui du fils qui court le marathon, aux Jeux Olympiques de Stockholm, en 1912.
Mon avis :
J'ai voté : très bien
José Luís Peixoto est un jeune auteur portugais, né en 1974.
Il a remporté le prix littéraire José Saramago à 26 ans pour son roman Sans un regard.
J'avais envie de découvrir cet auteur prometteur. Et je ne le regrette pas.
Ce qui frappe dès les premières pages est le rythme du texte et le style original de l'auteur.
Il décrit les scènes du quotidien, l'air, la lumière, le soleil, la musique, le vent... avec un rythme calme et doux.
La voix de ma mère était fragile et sûre, elle était douce, elle était ferme.
La lampe à pétrole éclairait les courbes de son corps : son ventre.
Notre enfant se trouvait : se trouve : en ce lieu d'avant la naissance, peut-être mêlé à la terre, au ciel et au soleil.
Il nous entraîne dans cet univers quotidien et lui donne une dimension poétique.
En retournant à l'atelier, mes pieds marchaient sur le trottoir, mes mouvements contournaient des gens qui s'arrêtaient devant moi ou venaient en sens inverse, mais, au-dedans de moi, il y avait une ombre qui contournait bien d'autres obstacles, qui marchait avec encore plus de hâte. [...]
Mes pieds marchaient sur le trottoir. Et en contournant la peur, je contournais l'espérance.
C'était le matin et, durant des instants, je ne voyais que l'image de son visage, je pouvais entendre sa voix, puis c'était encore le matin et je la revoyais avec le même visage, puis c'était encore le matin et je la revoyais, j'entendais de nouveau sa voix, puis c'était l'heure du déjeuner. L'après-midi aussi, je vivais parmi des songes.
A travers l'histoire de cette famille, il fait défiler le temps. Par touches successives, nous découvrons les parents et leurs quatre enfants, auxquels viendront s'ajouter bientôt 5 petits-enfants. L'auteur mêle les moments de vie de différentes époques en un joyeux mélange.
Certaines scènes, cependant, nous ramène à la dure réalité quotidienne que les hommes tentent d'oublier à la taverne pendant que les femmes s'entraident.
Ma femme [...] s'est assise sur la chaise. D'abord, ses yeux ont fixé le vide. Puis elle a pris le cadre chromé et a regardé le visage de Francisco sur la photo de famille. Il avait alors six ans. Pour qui nous voit sur la photo, nous aurons toujours le même âge. Et nous serons toujours à cet instant. Sommes toujours à cet instant. [...] En cet instant, nous étions heureux.
C'était un piano à queue. Imposant, ancien. Je m'approchai, l'observai, l'admirai. Aucun doute que la dame l'avait toujours connu là, à cette place depuis sa naissance : comme l'avaient connu ses parents et ses grands-parents, et ses arrière-grands-parents : et qu'il resterait à sa place jusqu'au dernier de ses jours, et encore longtemps après. Le regard de toutes les générations auxquelles il avait survécu aurait dû suffire à l'user ; mais c'était un piano solide, solennel, éternel comme un vieux chêne.
Puis il change de narrateur et intercale un nouveau récit, au rythme des foulées et des pensées de Francisco courant son marathon.
Les phrases sont courtes, parfois tronquées, créant une sorte de pulsation.
Les jardins qui entourent l'entrée du stade sont derrière nous depuis longtemps, ou peu de temps, ou longtemps, ou peu de temps. A chaque enjambée, un maintenant différent. Je cours et entraîne le temps. Un pas, un maintenant, un autre pas, un autre maintenant, et je continue : maintenant, maintenant, maintenant. Je n'ai plus peur. Je suis éclairé par mes certitudes.
Quelques bémols : je me suis parfois sentie perdue entre les différentes scènes. Il faut rassembler ses souvenirs pour coller ensemble les bons morceaux et reconstituer les époques évoquées par l'auteur (l'enfance du père, la rencontre avec sa future femme, la naissance des enfants, leur enfance, les difficultés rencontrées une fois qu'ils sont devenus adultes, les jours qui s'écoulent après la mort du père, jusqu'à la course des Jeux Olympiques).
J'espérais que la fin m'aiderait à reconstituer le puzzle, qu'il y aurait une révélation qui expliquerait certaines scènes.
Mais ça n'a pas été le cas. Et je suis restée un peu étourdie en refermant le livre, ne sachant que penser de certains événements.
Cela reste malgré tout un bon moment de lecture. On découvre peu à peu les différents membres de cette famille, on les voit grandir, mûrir.
J'ai beaucoup aimé le regard de l'auteur sur les enfants, leurs jeux, leurs rires, la complicité qui existe entre frères et sœurs.
Il décrit aussi très bien l'homme amoureux, les premières rencontres, le couple qui se lie peu à peu et se marie à l'annonce de la première grossesse.
Il parle aussi du couple qui vieillit. De cette cohabitation silencieuse qui s'installe.
Un auteur à découvrir.
Invité- Invité
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