[Tuil, Karine] Douce France
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Votre avis sur Douce France
[Tuil, Karine] Douce France
Éditeur : Grasset
Parution : 03/01/2007
Pages : 182
EAN : 9782246709916
Présentation de l'éditeur
« Du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie en situation irrégulière. Il me semblait qu'à tout moment quelqu'un pouvait surgir chez moi en hurlant : Police ! Contrôle d'identité ! Et me contraindre à le suivre. C'était absurde, personne n'avait songé à me mettre à la porte, mon casier judiciaire était vierge et je n'envisageais aucune action terroriste ». La narratrice, un écrivain français de trente ans, est arrêtée par erreur avec des immigrés clandestins lors d'un contrôle d'identité sauvage. Mi-fascinée, mi-voyeuse, elle décide de se faire passer pour une immigrée roumaine et devient malgré elle victime de la machinerie bureaucratique. Placée dans un centre de rétention administrative de la région parisienne, elle découvre ces immigrés séquestrés qui tournoient dans l'attente hébétée d'une décision du juge : libération ou renvoi au pays, la tour de Babel des langues et des codes, le racisme entre noirs et arabes, la course à l'identité, n'importe laquelle, pourvu qu'on vous laisse en paix. Là-bas, elle va connaître des sentiments contradictoires, entre amour et crainte, pour un clandestin séducteur et manipulateur? Mais ces exilés la ramènent à son propre statut : fille d'immigrés juifs, née en France, elle s'est toujours sentie en situation irrégulière. Sur ce sujet ô combien d'actualité ! Karine Tuil pose les bonnes questions : pourquoi cherchons-nous à être aimés quand il suffirait qu'on nous tolère ? Quel prix à payer pour avoir la certitude d être français ? Sommes-nous tous des immigrés ? L'auteur, qui a eu exceptionnellement accès au centre de Roissy, a écrit ici un roman coup de poing, bouleversant d'inquiétude, à mi-chemin entre le pamphlet et la lettre d'amour aux siens. Un livre où Karine Tuil s'obsède à traquer l'assimilation impossible à la Douce France.
Mon avis
Douce France a été écrit en 2007. Je l'ai emprunté à la bibliothèque en décembre 2014 et lu seulement trois semaines plus tard. Entretemps, il y a eu un massacre à Charlie Hebdo et dans la supérette Hyper Casher. Dans ce contexte, ce livre, qui aurait de toutes façons été un bon moment de lecture, s'est révélé salutaire. Karine Tuil y aborde la question de l'identité française et son rapport à l'immigration, de l'identité juive et son rapport à l'exil. Elle décrit sobrement, justement, le fossé qui sépare les citoyens français des sans-papiers qu'ils côtoient tous les jours en les ignorant plus ou moins consciemment. Se pose alors les questions de l'injustice (qu'est-ce qui légitime ces inégalités ?), de l'arbitraire (illustré par les décisions de justice qui légalisent le séjour d'un très petit nombre de personnes), de morale (a-t-on le droit de retenir des innocents dans ce qui ressemble fort à une prison ?). Je ne peux que recommander la lecture de ce roman et suis sûre qu'il peut aider ses lecteurs à réagir dans le climat actuel de méfiance et de tensions communautaires.
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