[Klüssendorf, Angelika] La fille sans nom
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[Klüssendorf, Angelika] La fille sans nom
Titre : La fille sans nom
Auteur : Angelika Klüssendorf
Date de parution : janvier 2015
Editeur : Presses de la cité
Pages : 208
Quatrième de couverture :
C'est l'histoire d'une fille livrée à la fureur destructrice d'une mère infantile et sadique. La fille se défend comme elle peut contre cette femme instable, mais aussi contre le monde extérieur : les adultes qui la jugent, ses camarades de classe qui l'évitent. Elle tourmente son petit frère, vole dans les magasins, partout elle se distingue par son comportement asocial. Jamais elle ne demande d'aide. A qui, d'ailleurs, pourrait-elle s'adresser ? Elle est seule et doit se construire seule. C'est la trajectoire bouleversante d'une fille mal aimée qui, malgré tout, possède une force et un appétit de vivre qui lui permettent d'avancer.
Avec La fille sans nom, Angelika Klussendorf nous fait découvrir l'une des faces sombres de l'ex-République démocratique allemande, celle où l'enfance n'avait pas sa place, et signe un roman d'une grande sobriété, sans pathos ni misérabilisme.
Mon avis :
« La fille sans nom » c'est la jeune fille qui nous parle dans ce roman, mais par extension c'est aussi toutes les jeunes filles et surement aussi plus généralement, tous les jeunes garçons qui ont été abandonnés par les adultes, laissés à leur triste sort dans l'Allemagne d'après la seconde guerre mondiale et d'avant la chute du mur. Que dire de cette ambiance pleine de désamour presque vide de sens qui règne tout au long de ce roman, si ce n'est que rien ne peut l'expliquer.
On découvre avec beaucoup d'aigreur, la maltraitance familiale, l'insoutenable manque d'amour d'une mère envers sa fille, le manque de lien fraternel durable et stable, le désintérêt des services sociaux et encore tant de choses dont « la fille sans nom » a pu manquer tout au long de son enfance et de son adolescence. Comment l'amour et plus largement le sentiment d'être protégé, de ne pas être seule, peut faire partie de votre vie si vous n'en faites pas l'expérience, que vous êtes ignorant de l'existence même de cette notion? Comment se construire lorsque rien ne compte, que personne ne compte? Quid de l'apprentissage des codes de la vie dans un contexte où seuls les méfaits sont remarqués, les réussites et les efforts étant tout simplement considérés comme négligeables. Car il faut bien l'admettre, même si cela est déplaisant, l'enfant de ce livre n'a pas la parole, il n'est qu'un petit adulte qu'il faut dresser, faire rentrer dans le rang, sans que soient prises en compte les notions qui construction personnelle. Ce n'est pourtant pas cette jeune fille qui est inadaptée, mais bien son environnement.
Je dois dire que l'histoire est d'autant plus passionnante et dramatique qu'elle est servie par l'écriture de l'auteure, qui propose un roman sans misérabilisme, ce livre est tout simplement touchant et bouleversant de par la justesse de ton.
Invité- Invité
Re: [Klüssendorf, Angelika] La fille sans nom
Tout au long du récit nous n’avons pas le nom de la jeune fille dont c’est pourtant l’histoire. Pour montrer à quel point elle est insignifiante ou tellement semblable à d’autre? Une jeune fille puis une ado dont personne ne veut alors elle communique comme sa mère lui a appris: humiliant les autres dont son petit frère, frappant, jouant un rôle qui n’est pas le sien. Même lorsque la roue tourne elle ne sera pas la saisir et détruira ses chances de vie meilleure. Le seul moment où elle ressent quelque chose on lui reprend.
Ce que je reproche à ce livre c’est le manque de sentiment sans doute délibérer de la part de l’auteure. L’écriture est froide, net , franche. Il n’y a pas de place pour les émotions. Mais sans tomber dans le pathos j’aurais voulu ressentir quelque chose pour cet enfant, surtout que dans mon métier ce genre de situation n’est pas quotidien mais très fréquent et malgré les années je n’y suis pas insensible. J’ai lu cette histoire vide de tout ressenti. Je me suis ennuyée et n’ai jamais réussi à compatir.
La mère est cruelle et pathétique. Le père alcoolique et égoïste. Le frère ne sort pas indemne d’un accident de la route. Bref un brochette bien triste mais qui m’a laissée de marbre.
Je ne m’attendais pas du tout à cela et je suis déçue. Dans la quatrième de couverture il est dit » C’est la trajectoire bouleversante d’une fille mal aimée qui, malgré tout, possède une force et un appétit de vivre qui lui permettent d’avancer. » La personne qui a écrit cela a t elle lu le livre? je n’ai pas trouvé le côté bouleversant ni vu la force de la jeune fille qui se laisse plutôt porter par les événements.
La face sombre de la RDA? Pas seulement car je pense que ce genre de chose c’est passé et se passe encore ailleurs dans l’indifférence totale.
Ce que je reproche à ce livre c’est le manque de sentiment sans doute délibérer de la part de l’auteure. L’écriture est froide, net , franche. Il n’y a pas de place pour les émotions. Mais sans tomber dans le pathos j’aurais voulu ressentir quelque chose pour cet enfant, surtout que dans mon métier ce genre de situation n’est pas quotidien mais très fréquent et malgré les années je n’y suis pas insensible. J’ai lu cette histoire vide de tout ressenti. Je me suis ennuyée et n’ai jamais réussi à compatir.
La mère est cruelle et pathétique. Le père alcoolique et égoïste. Le frère ne sort pas indemne d’un accident de la route. Bref un brochette bien triste mais qui m’a laissée de marbre.
Je ne m’attendais pas du tout à cela et je suis déçue. Dans la quatrième de couverture il est dit » C’est la trajectoire bouleversante d’une fille mal aimée qui, malgré tout, possède une force et un appétit de vivre qui lui permettent d’avancer. » La personne qui a écrit cela a t elle lu le livre? je n’ai pas trouvé le côté bouleversant ni vu la force de la jeune fille qui se laisse plutôt porter par les événements.
La face sombre de la RDA? Pas seulement car je pense que ce genre de chose c’est passé et se passe encore ailleurs dans l’indifférence totale.
Re: [Klüssendorf, Angelika] La fille sans nom
Comme quoi, il en faut pour tous les goûts
Invité- Invité
Re: [Klüssendorf, Angelika] La fille sans nom
Mon avis :
Avant de rédiger mon avis proprement dit, je sens poindre un léger énervement. Non pas contre ceux qui n’aimeraient pas cet avis – ce qui est leur droit le plus absolu – mais contre ceux qui m’expliqueraient que le comportement de la mère de la « fille sans nom » n’est pas si atroce que cela. Si, si, je vous assure, ce genre de personnes existent, elles sont capables de trouver des signes d’amour dans les coups et les injures, de justifier les comportements les plus destructeurs en disant que l’enfant sent bien l’amour qu’il y a derrière tous ces gestes (explications entendues à la radio il y a quinze jours environ). Si vous pensez ainsi, merci de passer votre chemin.
Ce n’est pas tant que j’ai beaucoup de mal à rédiger cet avis (en retard, selon de bonnes habitudes), c’est que j’ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Pourquoi la « fille sans nom » n’est-elle jamais nommée, autrement que par des surnoms péjoratifs et dévastateurs – autrement dit, des insultes ? Parce qu’elle est le symbole de toutes les enfants maltraitées ? Parce que personne, pas même elle, n’est capable de lui accorder une identité ? Parce que ne peut vivre que ce qui a été nommé ? Autant de pistes à explorer, mais surtout une mise à distance qui augmente le sentiment de malaise.
Cette petite n’a ni repos, ni répit, à aucun moment. Et si j’emploie le mot « petite », c’est parce que j’ai pensé à un autre roman, où l’héroïne non plus n’est pas nommé : Muette d’Eric Pessan, dans lequel l’auteur donne la parole à cette adolescente mal-aimée, maltraitée moralement par ses parents. La fille sans nom n’a pas la parole, elle n’a pas les mots pour le dire, d’ailleurs il n’y a aucun dialogue dans ce livre, c’est à dire aucun véritable échange. Juste des insultes, des ordres.
Serait-ce une tragédie ? Après tout, le lecteur sait très bien, en tournant les pages qu’il n’y aura pas de fin heureuse, qu’il n’y aura même pas d’amélioration, mais une succession d’humiliation. La fille sans nom rend les coups, aussi. Les paroles, les actes, blessent, et la naissance d’Elvis, le petit frère désiré (par la mère) au prénom si déroutant en RDA (les communistes n’avaient-ils pas accusé Elvis et le rock d’avoir perverti la jeunesse occidentale) n’est même pas un moment de bonheur, juste un contraste entre lui et sa soeur aînée, qui va le chercher régulièrement à la crèche : en RDA, les femmes n’avaient aucun problème pour faire garder leurs enfants, et les aînés sont là pour s’occuper des plus jeunes. Non, cette dernière phrase n’est pas exclusivement est-allemande, ni datée « années 80″. C’est un discours que j’entends encore, y compris venant de futures mamans, qui comptent bien sur leurs aînées pour leur suppléer.
Mais que se passait-il, en RDA, pour ses enfants dont les parents étaient inaptes à s’occuper ? La même chose que pour les enfants dit « difficiles » : ils ont placés dans des foyers. La « fille sans nom » partagera le sort de près d’un demi-million de jeunes allemands de l’Est dans ses années-là : la violence quotidienne, l’orientation précoce, l’accent mis sur les travaux manuels. Angelika Klüssendorf s’est très bien documentée pour écrire ce premier roman, cependant elle a mis tellement de distance dans son écriture que je n’ai que trop rarement ressenti de l’empathie pour son personnage principal. Peut-être était-ce le but recherché. Peut-être pas. Je garde cependant l’impression d’avoir raté ma rencontre avec cette héroïne.
Avant de rédiger mon avis proprement dit, je sens poindre un léger énervement. Non pas contre ceux qui n’aimeraient pas cet avis – ce qui est leur droit le plus absolu – mais contre ceux qui m’expliqueraient que le comportement de la mère de la « fille sans nom » n’est pas si atroce que cela. Si, si, je vous assure, ce genre de personnes existent, elles sont capables de trouver des signes d’amour dans les coups et les injures, de justifier les comportements les plus destructeurs en disant que l’enfant sent bien l’amour qu’il y a derrière tous ces gestes (explications entendues à la radio il y a quinze jours environ). Si vous pensez ainsi, merci de passer votre chemin.
Ce n’est pas tant que j’ai beaucoup de mal à rédiger cet avis (en retard, selon de bonnes habitudes), c’est que j’ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Pourquoi la « fille sans nom » n’est-elle jamais nommée, autrement que par des surnoms péjoratifs et dévastateurs – autrement dit, des insultes ? Parce qu’elle est le symbole de toutes les enfants maltraitées ? Parce que personne, pas même elle, n’est capable de lui accorder une identité ? Parce que ne peut vivre que ce qui a été nommé ? Autant de pistes à explorer, mais surtout une mise à distance qui augmente le sentiment de malaise.
Cette petite n’a ni repos, ni répit, à aucun moment. Et si j’emploie le mot « petite », c’est parce que j’ai pensé à un autre roman, où l’héroïne non plus n’est pas nommé : Muette d’Eric Pessan, dans lequel l’auteur donne la parole à cette adolescente mal-aimée, maltraitée moralement par ses parents. La fille sans nom n’a pas la parole, elle n’a pas les mots pour le dire, d’ailleurs il n’y a aucun dialogue dans ce livre, c’est à dire aucun véritable échange. Juste des insultes, des ordres.
Serait-ce une tragédie ? Après tout, le lecteur sait très bien, en tournant les pages qu’il n’y aura pas de fin heureuse, qu’il n’y aura même pas d’amélioration, mais une succession d’humiliation. La fille sans nom rend les coups, aussi. Les paroles, les actes, blessent, et la naissance d’Elvis, le petit frère désiré (par la mère) au prénom si déroutant en RDA (les communistes n’avaient-ils pas accusé Elvis et le rock d’avoir perverti la jeunesse occidentale) n’est même pas un moment de bonheur, juste un contraste entre lui et sa soeur aînée, qui va le chercher régulièrement à la crèche : en RDA, les femmes n’avaient aucun problème pour faire garder leurs enfants, et les aînés sont là pour s’occuper des plus jeunes. Non, cette dernière phrase n’est pas exclusivement est-allemande, ni datée « années 80″. C’est un discours que j’entends encore, y compris venant de futures mamans, qui comptent bien sur leurs aînées pour leur suppléer.
Mais que se passait-il, en RDA, pour ses enfants dont les parents étaient inaptes à s’occuper ? La même chose que pour les enfants dit « difficiles » : ils ont placés dans des foyers. La « fille sans nom » partagera le sort de près d’un demi-million de jeunes allemands de l’Est dans ses années-là : la violence quotidienne, l’orientation précoce, l’accent mis sur les travaux manuels. Angelika Klüssendorf s’est très bien documentée pour écrire ce premier roman, cependant elle a mis tellement de distance dans son écriture que je n’ai que trop rarement ressenti de l’empathie pour son personnage principal. Peut-être était-ce le but recherché. Peut-être pas. Je garde cependant l’impression d’avoir raté ma rencontre avec cette héroïne.
Sharon- Modérateur
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Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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