[Gimenez Bartlett, Alicia] Petra Delicado - Tome 8 : Le silence des cloîtres.
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[Gimenez Bartlett, Alicia] Petra Delicado - Tome 8 : Le silence des cloîtres.
Titre : Le silence des cloîtres.
Auteur : Alicia Gimenez Bartlett.
Editeur : Rivages/Thriller.
Présentation de l’éditeur :
L’inspectrice Petra Delicado vit désormais avec l’architecte Marcos Artigas (rencontré dans Un vide à la place du cœur), avec lequel elle s’est remariée pour la troisième fois. De son côté, son collègue, l’inspecteur adjoint Garzón a fini par épouser Beatriz.
Tout commence lorsque les sœurs du Sacré-Cœur, qui dispensent des cours d’instruction religieuse à Marina, la jeune fille de Marcos, se font voler dans des circonstances singulières une relique d’une valeur inestimable : la dépouille du bienheureux Asercio, saint du Moyen Age, exposée habituellement dans la chapelle du couvent. Deux hommes auraient été vus par une mendiante le soir du vol. Mais surtout, les sœurs ont trouvé à la place de la momie du saint le cadavre de frère Cristobal, religieux et historien, spécialisé dans la restauration des corps momifiés et qui travaillait sur celui du bienheureux Asercio. Un seul indice, qui obscurcit encore davantage le mystère : un petit carton déposé sur le corps de la victime et ainsi libellé en caractères gothiques : « Cherchez-moi là où je ne peux plus être ».
Mon avis :
Il ne fait pas bon être policier en Espagne ! Est-il d’ailleurs un pays où il fait bon enquêter ? Je ne crois pas. Il est cependant une lenteur, une pesanteur dans cette enquête qu’Alicia Gimenez-Bartlett a parfaitement su montrer dans son récit. La raison ? Le peu d’importance donnée à la police dans ce pays. Voir l’explosion de Petra : « Vous avez vu comment c’est dans ce pays, Fermin ? Ici, tout est sacré, tout passe avant la loi : le nom et l’honneur, le règlement intérieur d’un couvent, la famille… Quelle vision de la police les Espagnols peuvent-ils avoir ? Qu’est-ce qu’ils croient, les gens, que les enquêtes ne servent qu’à emmerder le monde ? On dirait qu’on est là juste pour décorer, comme un truc luxueux qui ne sert à rien. »
Mais revenons au tout début du roman. Petra commence une nouvelle vie. Elle est mariée (pour la troisième fois), elle a quatre beaux-enfants et aujourd’hui, elle garde Marina, six ans. Celle-ci a une communication à lui faire : la mère supérieure du couvent où elle suit ses cours de catéchisme veut parler à Pétra de toute urgence. L’inspectrice a beau avoir de l’imagination, elle ne s’attend pas du tout à devoir enquêter sur le meurtre d’un moine et le vol du corps momifié de saint Asercio, relique exposée dans la chapelle, que le moine était chargé de restaurer. L’inspectrice est à deux doigts de perdre le peu de sens des convenances qu’elle a quand elle découvre que le meurtre est connu depuis plusieurs heures et que les religieuses n’ont pas prévenu les forces de l’ordre. Oui, certains pensent encore pouvoir régler les problèmes sans quitter la clôture du couvent.
L’intérêt de ce roman naît de la confrontation entre ce monde du silence et la société contemporaine, représentée non seulement par les enquêteurs, mais aussi par tous les journalistes, les experts, qui vont disserter sur les mobiles supposés des voleurs et tueurs (un second meurtre est commis). Fanatisme religieux ? Désir de vengeance ? Le lecteur en apprend beaucoup sur les conflits liés à l’église et à la religion catholique qui ont eu lieu en Espagne au cours du XXe siècle – et de s’apercevoir que, finalement, il ne sait pas grand-chose à ce sujet, moins en tout cas que les beaux-enfants de Petra. (Note : j’ai appris certains faits révélés ici… dans Le tableau volé de Pieter Aspe – qui a dit que les romans policiers n’étaient pas de la littérature ?). Toutes ces théories, construites par des experts ou par des religieux férus d’histoire, paraissent tirées par les cheveux à Petra, qui est bien forcée de les écouter puisqu’elle ne dispose d’aucune piste sérieuse. Elle doit même parfois les suivre, et n’hésite pas à déléguer à une de ses subordonnées, qu’elle ne peut voir en peinture.
Elle et Garzon, son fidèle adjoint, ont beau être athées, ils se montrent tous les deux respectueux des règles de vie des religieux – dans la mesure où elles n’entravent pas leur enquête. Demander la permission de la révérende mère pour se rendre à la bibliothèque, demander la permission pour que les sœurs se rendent au commissariat pour témoigner (et en reviennent totalement affolées, elles qui vivent en sécurité à l’abri des murs du couvent) est un peu pesant. Ce respect n’empêche pas le franc parlé, que ce soit pour faire progresser l’enquête ou mettre la révérende-mère face à ses contradictions. Une amitié semble être née entre mère Guillermina et Petra, à grand coup de thé éventé, de biscuits secs pas très bons et de cigarettes fumées ensemble, et j’aimerai sincèrement revoir ce personnage dans un prochain tome. Ce n’est pas moi qui décide, vous en conviendrez, mais Guillermina, loin de tout manichéisme, est réellement charismatique.
Ce qui pourrait déplaire aux fans de romans policiers est que l’enquête est indissociable de la vie privée de Petra. Attention ! Il ne s’agit pas, comme une célèbre enquêtrice française, de résoudre une enquête en cuisinant des plats de pâtes en famille, ou encore de se laisser submerger par ses problèmes personnels, familiaux ou sentimentaux au point de négliger son travail et de voir le coupable vous passer sous le nez. Il s’agit de trouver la juste mesure entre vie privée, vie de famille et travail, afin de ne pas crever les abcès qui ont mûri toute la journée au bureau ou sur le terrain à table ou dans la chambre à coucher. Pas facile non plus de garder la juste mesure avec ses beaux-enfants. Ils ont 12 et 6 ans, des mères qu’ils qualifient volontiers « d’hystériques », des mères qui appartiennent à un milieu social supérieur – tellement supérieur qu’elles trouvent inimaginables ce remariage, et le fait que leurs enfants doivent fréquenter une policière ! Faut-il tout leur cacher, pour les préserver ou bien ne pas hésiter à leur montrer la réalité, pas toujours plaisante il est vrai ? Un défi de plus à relever pour Petra.
Ce n’est pas ce roman qui est à découvrir, c’est véritablement cette auteur et ses personnages-phares qui méritent le détour !
Auteur : Alicia Gimenez Bartlett.
Editeur : Rivages/Thriller.
Présentation de l’éditeur :
L’inspectrice Petra Delicado vit désormais avec l’architecte Marcos Artigas (rencontré dans Un vide à la place du cœur), avec lequel elle s’est remariée pour la troisième fois. De son côté, son collègue, l’inspecteur adjoint Garzón a fini par épouser Beatriz.
Tout commence lorsque les sœurs du Sacré-Cœur, qui dispensent des cours d’instruction religieuse à Marina, la jeune fille de Marcos, se font voler dans des circonstances singulières une relique d’une valeur inestimable : la dépouille du bienheureux Asercio, saint du Moyen Age, exposée habituellement dans la chapelle du couvent. Deux hommes auraient été vus par une mendiante le soir du vol. Mais surtout, les sœurs ont trouvé à la place de la momie du saint le cadavre de frère Cristobal, religieux et historien, spécialisé dans la restauration des corps momifiés et qui travaillait sur celui du bienheureux Asercio. Un seul indice, qui obscurcit encore davantage le mystère : un petit carton déposé sur le corps de la victime et ainsi libellé en caractères gothiques : « Cherchez-moi là où je ne peux plus être ».
Mon avis :
Il ne fait pas bon être policier en Espagne ! Est-il d’ailleurs un pays où il fait bon enquêter ? Je ne crois pas. Il est cependant une lenteur, une pesanteur dans cette enquête qu’Alicia Gimenez-Bartlett a parfaitement su montrer dans son récit. La raison ? Le peu d’importance donnée à la police dans ce pays. Voir l’explosion de Petra : « Vous avez vu comment c’est dans ce pays, Fermin ? Ici, tout est sacré, tout passe avant la loi : le nom et l’honneur, le règlement intérieur d’un couvent, la famille… Quelle vision de la police les Espagnols peuvent-ils avoir ? Qu’est-ce qu’ils croient, les gens, que les enquêtes ne servent qu’à emmerder le monde ? On dirait qu’on est là juste pour décorer, comme un truc luxueux qui ne sert à rien. »
Mais revenons au tout début du roman. Petra commence une nouvelle vie. Elle est mariée (pour la troisième fois), elle a quatre beaux-enfants et aujourd’hui, elle garde Marina, six ans. Celle-ci a une communication à lui faire : la mère supérieure du couvent où elle suit ses cours de catéchisme veut parler à Pétra de toute urgence. L’inspectrice a beau avoir de l’imagination, elle ne s’attend pas du tout à devoir enquêter sur le meurtre d’un moine et le vol du corps momifié de saint Asercio, relique exposée dans la chapelle, que le moine était chargé de restaurer. L’inspectrice est à deux doigts de perdre le peu de sens des convenances qu’elle a quand elle découvre que le meurtre est connu depuis plusieurs heures et que les religieuses n’ont pas prévenu les forces de l’ordre. Oui, certains pensent encore pouvoir régler les problèmes sans quitter la clôture du couvent.
L’intérêt de ce roman naît de la confrontation entre ce monde du silence et la société contemporaine, représentée non seulement par les enquêteurs, mais aussi par tous les journalistes, les experts, qui vont disserter sur les mobiles supposés des voleurs et tueurs (un second meurtre est commis). Fanatisme religieux ? Désir de vengeance ? Le lecteur en apprend beaucoup sur les conflits liés à l’église et à la religion catholique qui ont eu lieu en Espagne au cours du XXe siècle – et de s’apercevoir que, finalement, il ne sait pas grand-chose à ce sujet, moins en tout cas que les beaux-enfants de Petra. (Note : j’ai appris certains faits révélés ici… dans Le tableau volé de Pieter Aspe – qui a dit que les romans policiers n’étaient pas de la littérature ?). Toutes ces théories, construites par des experts ou par des religieux férus d’histoire, paraissent tirées par les cheveux à Petra, qui est bien forcée de les écouter puisqu’elle ne dispose d’aucune piste sérieuse. Elle doit même parfois les suivre, et n’hésite pas à déléguer à une de ses subordonnées, qu’elle ne peut voir en peinture.
Elle et Garzon, son fidèle adjoint, ont beau être athées, ils se montrent tous les deux respectueux des règles de vie des religieux – dans la mesure où elles n’entravent pas leur enquête. Demander la permission de la révérende mère pour se rendre à la bibliothèque, demander la permission pour que les sœurs se rendent au commissariat pour témoigner (et en reviennent totalement affolées, elles qui vivent en sécurité à l’abri des murs du couvent) est un peu pesant. Ce respect n’empêche pas le franc parlé, que ce soit pour faire progresser l’enquête ou mettre la révérende-mère face à ses contradictions. Une amitié semble être née entre mère Guillermina et Petra, à grand coup de thé éventé, de biscuits secs pas très bons et de cigarettes fumées ensemble, et j’aimerai sincèrement revoir ce personnage dans un prochain tome. Ce n’est pas moi qui décide, vous en conviendrez, mais Guillermina, loin de tout manichéisme, est réellement charismatique.
Ce qui pourrait déplaire aux fans de romans policiers est que l’enquête est indissociable de la vie privée de Petra. Attention ! Il ne s’agit pas, comme une célèbre enquêtrice française, de résoudre une enquête en cuisinant des plats de pâtes en famille, ou encore de se laisser submerger par ses problèmes personnels, familiaux ou sentimentaux au point de négliger son travail et de voir le coupable vous passer sous le nez. Il s’agit de trouver la juste mesure entre vie privée, vie de famille et travail, afin de ne pas crever les abcès qui ont mûri toute la journée au bureau ou sur le terrain à table ou dans la chambre à coucher. Pas facile non plus de garder la juste mesure avec ses beaux-enfants. Ils ont 12 et 6 ans, des mères qu’ils qualifient volontiers « d’hystériques », des mères qui appartiennent à un milieu social supérieur – tellement supérieur qu’elles trouvent inimaginables ce remariage, et le fait que leurs enfants doivent fréquenter une policière ! Faut-il tout leur cacher, pour les préserver ou bien ne pas hésiter à leur montrer la réalité, pas toujours plaisante il est vrai ? Un défi de plus à relever pour Petra.
Ce n’est pas ce roman qui est à découvrir, c’est véritablement cette auteur et ses personnages-phares qui méritent le détour !
Sharon- Modérateur
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Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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