[Lobo Antunes, Antonio] Le cul de Judas

ISBN : 2864242486
Éditeur : Editions Métailié

Présentation de l'éditeur

A Lisbonne, une nuit, dans un bar un homme parle à une femme. Ils boivent et l'homme raconte un cauchemar horrible et destructeur : son séjour comme médecin en Angola, au fond de ce " cul de Judas ", trou pourri, cerné par une guerre sale et oubliée du monde. Un humour terrible sous-tend cet immense monologue qui parle aussi d'un autre front : les relations de cet homme avec les femmes.

Mon avis

Comment faire un beau livre quand on raconte une guerre de décolonisation vue depuis l’infirmerie d’une caserne dans la brousse ? Cela semble impossible, et pourtant c’est la prouesse accomplie par Antonio Lobo Antunes.

Lui-même est psychiatre de formation et il a servi deux ans en Angola. Le Cul de Judas est paru en 1979, près de dix ans après son départ. A l’inverse de son personnage, épave désabusée noyée dans le whisky, l’auteur a su transformer la violence de son expérience en élan créateur. Son récit regorge d’événements atroces dont il a probablement réellement été le témoin, qui seraient obscènes s’ils n’étaient pas écrits dans une langue aussi riche, pleine d’humour et de poésie.

Tout au long de ce livre, on écoute le héros, âgé, ressasser ses souvenirs d’Angola. Souvenirs de solitude, de misère, d’absurdité. Il a vu la déshumanisation de ceux qui menaient cette sale guerre, loin de leur famille, sans moyens, exposés à la maladie, aux embuscades, aux mines. Il l’a vécue, la raconte, lucide, sans pouvoir s’en extraire. Des années plus tard, quand il amène chez lui la femme avec qui il vient de passer la soirée, c’est pour lui proposer de faire l’amour « comme deux pachydermes ». Toutes les femmes sont capables d’aimer, affirme-t-il, et peut-être sous-entend-il que tous les hommes naissent capables d’aimer, avant qu’on les envoie se faire démolir à la guerre et transformer en animaux, en chiens enragés - pour les chanceux qui reviennent.

Ce fut sans doute un coup de poing plutôt qu'un coup de cœur, mais une lecture magnifique.

merci Algue pour cette présentation

Merci pour ta critique, je note