[Bouffanges] Rodden Eiland
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[Bouffanges] Rodden Eiland
Titre : Rodden Eiland
Auteur : Bouffanges
Auto-édition sur Amazon - 23 juin 2017 - 168 pages
Rodden Eiland est le troisième roman de Bouffanges.
Tout beau tout neuf, il est publié en auto-édition sur Amazon depuis le 23 juin.
C'est l'histoire d'un vétérinaire-chirurgien, Édouard Hythlodée, qui n'aime ni son nom, ni sa vie puisqu'il est né malchanceux. Sa poisse légendaire va l'amener sur une île oubliée du Pacifique, suite à un accident d'avion dont il est le seul survivant.
Édouard est donc un Robinson contemporain. Il va devoir survivre à l'accident, aux conditions climatiques et naturelles difficiles mais aussi (surtout ?) à la solitude.
Le roman est partagé en trois parties, qui correspondent à trois époques différentes : l'accident, la vie sur l'île deux ans plus tard et la situation du chirurgien huit ans après. Dans chaque partie, l'auteur a choisi de changer le mode de narration, ce qui créé trois unités bien distinctes dans l'histoire et permet de renouveler l'intérêt et l'attention du lecteur.
La première partie, particulièrement intense, se lit d'une traite. Édouard est enfermé dans les toilettes de l'avion quand une avarie survient. Il perd connaissance et se réveille seul sur l'île, qu'il baptise Rodden Eiland et qu'il commence à explorer à la recherche d'autres survivants. On partage ses émotions, ses découvertes, ses sensations et on sourit en lisant ses questionnements futiles : qui va opérer le chien de madame Hacquard si les secours ne le ramènent pas rapidement à la clinique vétérinaire ?
Deux ans plus tard, la vie sur l'île s'est organisée. J'ai aimé l'ingéniosité du naufragé, sa capacité à analyser toutes les situations pour leur trouver une solution pratique. Le revers de la médaille est que le personnage m'a semblé trop lisse, trop parfait, presque insensible. S'il y avait eu plus d'émotions, je m'y serais certainement attachée davantage.
De la troisième partie, vous ne saurez rien. Je ne peux pas en parler car je ne veux pas dévoiler la chute, que j'ai adorée. On retrouve ici la magnifique aptitude de Bouffanges à écrire des nouvelles. Le lecteur sent que quelque chose "cloche", qu'il y a un élément qui lui échappe... Mais il doit attendre les toutes dernières pages pour découvrir le fin mot de l'histoire. La surprise finale est tout simplement excellente. Bravo !
Je vous conseille vivement la découverte de ce roman qui est, selon moi, le plus réussi de l'auteur. C'est une lecture idéale pour l'été, même si vous n'êtes pas échoués, comme Édouard, sur une plage du Pacifique.
Une petite citation pour finir :
Auteur : Bouffanges
Auto-édition sur Amazon - 23 juin 2017 - 168 pages
Rodden Eiland est le troisième roman de Bouffanges.
Tout beau tout neuf, il est publié en auto-édition sur Amazon depuis le 23 juin.
C'est l'histoire d'un vétérinaire-chirurgien, Édouard Hythlodée, qui n'aime ni son nom, ni sa vie puisqu'il est né malchanceux. Sa poisse légendaire va l'amener sur une île oubliée du Pacifique, suite à un accident d'avion dont il est le seul survivant.
Édouard est donc un Robinson contemporain. Il va devoir survivre à l'accident, aux conditions climatiques et naturelles difficiles mais aussi (surtout ?) à la solitude.
Le roman est partagé en trois parties, qui correspondent à trois époques différentes : l'accident, la vie sur l'île deux ans plus tard et la situation du chirurgien huit ans après. Dans chaque partie, l'auteur a choisi de changer le mode de narration, ce qui créé trois unités bien distinctes dans l'histoire et permet de renouveler l'intérêt et l'attention du lecteur.
La première partie, particulièrement intense, se lit d'une traite. Édouard est enfermé dans les toilettes de l'avion quand une avarie survient. Il perd connaissance et se réveille seul sur l'île, qu'il baptise Rodden Eiland et qu'il commence à explorer à la recherche d'autres survivants. On partage ses émotions, ses découvertes, ses sensations et on sourit en lisant ses questionnements futiles : qui va opérer le chien de madame Hacquard si les secours ne le ramènent pas rapidement à la clinique vétérinaire ?
Deux ans plus tard, la vie sur l'île s'est organisée. J'ai aimé l'ingéniosité du naufragé, sa capacité à analyser toutes les situations pour leur trouver une solution pratique. Le revers de la médaille est que le personnage m'a semblé trop lisse, trop parfait, presque insensible. S'il y avait eu plus d'émotions, je m'y serais certainement attachée davantage.
De la troisième partie, vous ne saurez rien. Je ne peux pas en parler car je ne veux pas dévoiler la chute, que j'ai adorée. On retrouve ici la magnifique aptitude de Bouffanges à écrire des nouvelles. Le lecteur sent que quelque chose "cloche", qu'il y a un élément qui lui échappe... Mais il doit attendre les toutes dernières pages pour découvrir le fin mot de l'histoire. La surprise finale est tout simplement excellente. Bravo !
Je vous conseille vivement la découverte de ce roman qui est, selon moi, le plus réussi de l'auteur. C'est une lecture idéale pour l'été, même si vous n'êtes pas échoués, comme Édouard, sur une plage du Pacifique.
Une petite citation pour finir :
Car évidemment, j'ai fumé vingt-cinq ans de ma vie, et il a fallu que je me décide à arrêter pour de bon il y a deux mois. Je dois être le premier être humain à qui cesser de fumer risque fort de coûter la vie. Quelle décision idiote !
Dernière édition par Zia le Sam 8 Juil - 4:56, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Une comédie douce-amer dans le style Bouffanges (oui, oui il a déjà son style).
Un très bon moment de lecture aux rebondissements inévitable avec un tel (anti) héros poissard !
Je voterai ... un p'tit coup de cœur !
Un très bon moment de lecture aux rebondissements inévitable avec un tel (anti) héros poissard !
Je voterai ... un p'tit coup de cœur !
marie do- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : Assez varié : thriller, roman historique, contemporain, bd .....
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Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
marie-do,
oui, il a déjà son style. Personnellement, j'adore.
Si tu as eu un coup de coeur, pense à le noter dans la rubrique ad hoc. Ce livre fera ainsi peut-être partie de la liste pour le prochain challenge PL.
oui, il a déjà son style. Personnellement, j'adore.
Si tu as eu un coup de coeur, pense à le noter dans la rubrique ad hoc. Ce livre fera ainsi peut-être partie de la liste pour le prochain challenge PL.
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
C'est fait ! c'était un peu le but, de cette manière il apparaitra aussi sur le portail du forum !Zia a écrit:marie-do,
oui, il a déjà son style. Personnellement, j'adore.
Si tu as eu un coup de coeur, pense à le noter dans la rubrique ad hoc. Ce livre fera ainsi peut-être partie de la liste pour le prochain challenge PL.
marie do- Grand sage du forum
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Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Je profite de ce que j'ai pensé à ne pas paumer les identifiants utilisés lors de notre chat l'autre fois pour passer vous faire un petit bonjour, et pour vous remercier sincèrement Zia et Marie-Do, pour vos encouragements.
Merci aussi à Zia pour son commentaire sur amazon, ça m'aide beaucoup !
Bonnes lectures à toutes et tous.
Merci aussi à Zia pour son commentaire sur amazon, ça m'aide beaucoup !
Bonnes lectures à toutes et tous.
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Waouh, une visite surprise de l'auteur en personne. Quelle chance ! Merci.
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Ok ok .... j'y laisse un p'tit quelque chose moi aussi (il faut bien aider les p'tits jeunes )bouffanges a écrit:Je profite de ce que j'ai pensé à ne pas paumer les identifiants utilisés lors de notre chat l'autre fois pour passer vous faire un petit bonjour, et pour vous remercier sincèrement Zia et Marie-Do, pour vos encouragements.
Merci aussi à Zia pour son commentaire sur amazon, ça m'aide beaucoup !
Bonnes lectures à toutes et tous.
Tu avais participé au chat avec Bouffanges et l'Indépanda, Zia ?Zia a écrit:Waouh, une visite surprise de l'auteur en personne. Quelle chance ! Merci.
marie do- Grand sage du forum
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Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Oui, c'est là que je l'ai découvert.
Depuis, j'ai lu ses nouvelles dans l'Indé Panda et ses trois romans.
J'aime l'idée de découvrir et de soutenir des auteurs indépendants.
Je viens d'ailleurs d'écrire la critique du livre d'un autre auteur : Cathy Borie avec Dans la chair des anges
Depuis, j'ai lu ses nouvelles dans l'Indé Panda et ses trois romans.
J'aime l'idée de découvrir et de soutenir des auteurs indépendants.
Je viens d'ailleurs d'écrire la critique du livre d'un autre auteur : Cathy Borie avec Dans la chair des anges
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Avec vos avis, j'ai très envie de me laisser tenter, pour changer un peu de mes lectures habituelles ! Ce sera mon prochain achat je pense !
Pandora- Grand expert du forum
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Genre littéraire préféré : Aucun, c'est la plume de l'auteur qui me transporte... ou pas
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Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
N'hésite pas, Pandora, il n'est vraiment pas cher du tout.
Tu reviendras nous donner ton avis ?
Bonne lecture !
Tu reviendras nous donner ton avis ?
Bonne lecture !
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Je vous donnerai mon avis avec plaisir !
Petite question : Est-ce toujours utile pour le forum de passer par le lien pour Amazon afin de commander des livres ?
https://www.partagelecture.com/Librairie-Partage-Lecture-h14.htm
Petite question : Est-ce toujours utile pour le forum de passer par le lien pour Amazon afin de commander des livres ?
https://www.partagelecture.com/Librairie-Partage-Lecture-h14.htm
Pandora- Grand expert du forum
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Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Merci pour ta belle chroniqueZia a écrit:Une petite citation pour finir :Car évidemment, j'ai fumé vingt-cinq ans de ma vie, et il a fallu que je me décide à arrêter pour de bon il y a deux mois. Je dois être le premier être humain à qui cesser de fumer risque fort de coûter la vie. Quelle décision idiote !
N'hésite pas à mettre la citation dans la partie ad hoc également pour qu'elle soit partagée sur FB (nouveauté !)
Trop forte !marie do a écrit:
C'est fait ! c'était un peu le but, de cette manière il apparaitra aussi sur le portail du forum !
Désolée, j'ai oublié de répondre à ta question (et je l'avais vue, je n'ai pas d'excuses ).Pandora a écrit:Je vous donnerai mon avis avec plaisir !
Petite question : Est-ce toujours utile pour le forum de passer par le lien pour Amazon afin de commander des livres ?
https://www.partagelecture.com/Librairie-Partage-Lecture-h14.htm
C'est la fondatrice du forum qui gère ça, même si elle n'est plus présente sur le forum, elle n'abandonne pas son "bébé" et paye l'hébergement tous les ans par exemple. Je pense que ces quelques centimes gagnés l'aident à supporter cette charge financière et que ça doit toujours être d'actualité. Dans le doute, si tu trouves les ouvrages que tu veux via la librairie PL, n'hésite pas Merci !
Je commence mon avis en rebondissant sur celui de Marie do, oui, Bouffanges a déjà son style (que j'adore, je suis fan de cet auteur ) et pourtant, il m'a bluffé sur la première partie ! J'ai adoré ! Je me suis bidonnée, j'ai visualisé super bien toutes les situations. La connaissance avec cet homme qui serait antipathique sans cet humour ravageur s'est très bien déroulée.marie do a écrit:Une comédie douce-amer dans le style Bouffanges (oui, oui il a déjà son style).
Deuxième partie : changement de rythme ! On passe à la 3ème personne, on n'a plus accès à toutes ses pensées et du coup on prend un peu de distance.
On perd en humour mais on gagne en réflexion.
Et enfin, dernière partie : c'est celle dont il est le plus dur de parler sans spoiler mais le personnage a évolué, j'en suis triste pour lui, moi qui ai dévoré le roman d'une traite et qui avais du coup bien en tête son "moi d'avant". Finie la dérision.
En résumé, Rodden Eiland est un roman atypique mais le plus grand public que Bouffanges aie écrit à ce jour. A lire sans risque pour découvrir sa plume et passer un très bon moment, il réinvente avec succès les robinsonnades et nous fait passer par une succession d'émotions.
Je vote très apprécié.
Lu dans le cadre de mon challenge Suivi d'auteurs.
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Merci de ta réponse Nisa !
Pandora- Grand expert du forum
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Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Très belle critique, Nisa. Elle est fidèle au livre et donne vraiment envie de le découvrir.
Invité- Invité
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Ce livre me faisait de l’œil depuis mon inscription sur ce forum, avec vos élogieux commentaires ainsi la couverture que j'aime beaucoup, simple et belle. Du coup, j'ai préféré acheté la version papier, j'ai besoin du contact avec les pages ! Bref.
Une histoire sur un personnage échoué sur une ile déserte n'est pas particulièrement originale en soi.
Pourtant ce poisseux à l'humour accrocheur d'Edouard Hythlodée me plait bien et c'est là où l'on sent le talent de Bouffanges : quelques lignes suffisent pour provoquer le fameux "je DOIS savoir ce qu'il va lui arriver !"
Mon avis rejoint les précédents, c'est à la fois drôle et attachant, les pages défilent, il ne se passe pas grand chose (ce n'est pas péjoratif du tout) mais ce 'pas grand chose' est précisément ce que j'ai apprécié car réaliste par rapport à la situation sans tomber dans le gnan gnan.
Il s'installe donc sur cette ile et s'intègre petit à petit à la nature déjà présente sans chercher à la dominer (sauf pour les rats huhu mais c'est juste pour se sentir moins seul) et comme il n'est pas trop bête, il se débrouille plutôt bien malgré les mésaventures inévitables qui viennent pimenter un peu le tout.
La référence au Dormeur du Val m'a fait un effet bizarre, comme si l'auteur l'avait fait exprès pour moi... haha !
J'ai adoré le final !
En fait, la 3ème partie me décevait beaucoup quand je lisais, je voyais ça comme une solution de facilité et je râlais après l'auteur... Que ni ni ! C'est tellement bien ficelé... je ne sais pas comment exprimer sans trop en dire alors... je dirais juste que je partage totalement cette vision du monde et la manière dont l'auteur le fait comprendre sans le dire directement m'a beaucoup plu.
C'est donc une lecture assez intense, agréable et surprenante !!! Bref j'ai adoré et recommande vivement cette lecture rapide et efficace.
Une histoire sur un personnage échoué sur une ile déserte n'est pas particulièrement originale en soi.
Pourtant ce poisseux à l'humour accrocheur d'Edouard Hythlodée me plait bien et c'est là où l'on sent le talent de Bouffanges : quelques lignes suffisent pour provoquer le fameux "je DOIS savoir ce qu'il va lui arriver !"
Mon avis rejoint les précédents, c'est à la fois drôle et attachant, les pages défilent, il ne se passe pas grand chose (ce n'est pas péjoratif du tout) mais ce 'pas grand chose' est précisément ce que j'ai apprécié car réaliste par rapport à la situation sans tomber dans le gnan gnan.
Il s'installe donc sur cette ile et s'intègre petit à petit à la nature déjà présente sans chercher à la dominer (sauf pour les rats huhu mais c'est juste pour se sentir moins seul) et comme il n'est pas trop bête, il se débrouille plutôt bien malgré les mésaventures inévitables qui viennent pimenter un peu le tout.
La référence au Dormeur du Val m'a fait un effet bizarre, comme si l'auteur l'avait fait exprès pour moi... haha !
J'ai adoré le final !
En fait, la 3ème partie me décevait beaucoup quand je lisais, je voyais ça comme une solution de facilité et je râlais après l'auteur... Que ni ni ! C'est tellement bien ficelé... je ne sais pas comment exprimer sans trop en dire alors... je dirais juste que je partage totalement cette vision du monde et la manière dont l'auteur le fait comprendre sans le dire directement m'a beaucoup plu.
C'est donc une lecture assez intense, agréable et surprenante !!! Bref j'ai adoré et recommande vivement cette lecture rapide et efficace.
Pandora- Grand expert du forum
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Localisation : France
Genre littéraire préféré : Aucun, c'est la plume de l'auteur qui me transporte... ou pas
Date d'inscription : 03/07/2017
Re: [Bouffanges] Rodden Eiland
Mon avis :
J'ai découvert ce roman cinq ans après sa publication, alors même qu'il a été retiré de la circulation par l'auteur, preuve s'il en est qu'il exerce encore son petit effet - nous lisons à présent pour ainsi dire ses romans en nous les passant "sous le manteau", et je ne peux m'empêcher de me représenter ces Russes, tâchant de continuer à lire des ouvrages interdits par la censure, qui n'ont que quelques jours, parfois heures, pour les lire intégralement, en se cachant soigneusement...
Bref ! C'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée, avec un petit "creux de la vague" malgré tout, un peu avant la fin, tandis que la chute m'a beaucoup plu, ce dont je ne peux évidemment rien dire. Cette chute m'a même réconfortée, mais... chut !
J'ai aimé le personnage, misanthrope ironique, que Bouffanges essaie peut-être de faire passer pour un anti-héros, mais ça ne marche pas : il reste sympathique dans ses tentatives pour organiser son quotidien, rationaliser l'absence de tout repère, développer avec tant de créativité un semblant de société, seul avec quelques animaux. Après tout, il est vétérinaire ! J'ai aimé la façon dont les problèmes habituels de survie sur une île déserte sont résolus avec inventivité, voire contournés (l'existence préalable, quoique hautement improbable, du bunker, par exemple). Si Edward ne devient pas végétarien mais se résout à tuer pour conserver le goût de la viande ou de la chair de poisson, il sait du moins respecter les ressources locales en ne chassant ou pêchant qu'au fur et à mesure, seulement ce dont il a besoin. Certains épisodes, pourtant relativement anodins, prennent des proportions presque épiques et font sourire : ainsi en va-t-il de la chasse aux œufs, lorsqu'avec la plus grande ingéniosité, il accoste sur les flancs du volcan, petite île qui jouxte la sienne. Dans le temps prolongé de sa vie sur l'île, il frôlera (et n'évitera pas toujours) divers dangers : serpents, catastrophes naturelles, requins... Ce sont parfois les histoires non racontées qui ouvrent des chemins scintillants d'aventures possibles : l'on se prend à rêver, et l'île étend des tentacules miroitants vers d'autres histoires.
Les références littéraires émaillent le récit et lui confèrent une profondeur insolite, pour un si bref roman : on ne peut que retenir le poème Invictus, qui a si fortement marqué la vie d'un autre prisonnier, qui survécut dans sa cellule durant plus de 20 ans, sur une île portant presque le même nom, un condamné dont on n'avait pas su faire taire l'humanisme, la force irréductible. Le poème cité de Borges m'a émue également, dont voici le début :
"Je suis le seul homme sur la Terre et peut-être n’y a-t-il ni Terre ni homme.
Peut-être qu’un dieu me trompe.
Peut-être qu’un dieu m’a condamné au temps, cette longue illusion."
Poème "Descartes", 1981.
C'est donc une belle découverte, un roman qui renverse brillamment les codes du genre et les transcende, en nous offrant une traversée dans l'imaginaire, ce dont nous avons tous besoin. Je tremblerais de vivre la même chose qu'Edward, lui qui se voit malchanceux, sans livres, sans papier pour écrire, et dénuée de la moindre capacité pratique et technique... On rêve toujours de livres à emporter sur une île déserte, mais lorsque cela se présente, les livres, on ne les a jamais !
Citations :
Je pourrais attendre au plus près de la queue de l’avion, qu’ils verront probablement en premier ; mais cela interdirait toute exploration, et l’hypothèse d’autres survivants n’est pas écartée, ni celle d’une population autochtone… Comment hiérarchiser ? Il faut que je me méfie des labyrinthes mentaux, moi qui suis déjà sujet aux migraines, d’autant que je n’ai pas le moindre milligramme de paracétamol ou d’aspirine à me caler sous la dent. Page 16.
Je ne suis pas fait pour réinventer l’humanité. Je veux un briquet, je veux un couteau, je veux l’eau courante, l’électricité, je veux Wikipedia, je veux ma salle de chirurgie, mes instruments. Je veux ma bibliothèque ! Et je veux une bavette à l’échalote, nom de Dieu ! Page 38.
Le système était à améliorer, mais Édouard n’ignorait plus combien d’essais exigeait un problème pour qu’émerge une solution. Page 65.
Le chat du Cheshire avait prêté son nom au chat d’Édouard, des années auparavant. Jamais l’absence de son chat ne lui avait semblé si éprouvante. Les mauvais jours, autrefois, il venait sur ses genoux, ronronnait, restait un moment ; puis lorsqu’il avait décidé que le chagrin de son maître avait assez duré, s’en allait se planter devant sa gamelle pour miauler. Page 83.
(...) quel plaisir y a-t-il à posséder une chose, si c’était pour simplement en priver celui qui en a besoin ? Page 112.
Je me souviens avoir pensé que mon arrivée était une chance pour cette île oubliée de l’humanité, à un certain moment. Mais l’arrivée de l’espèce humaine, une nouvelle espèce parmi les centaines, peut-être le millier qu’abrite cette île, ça reste un événement très insignifiant. Page 122.
J'ai découvert ce roman cinq ans après sa publication, alors même qu'il a été retiré de la circulation par l'auteur, preuve s'il en est qu'il exerce encore son petit effet - nous lisons à présent pour ainsi dire ses romans en nous les passant "sous le manteau", et je ne peux m'empêcher de me représenter ces Russes, tâchant de continuer à lire des ouvrages interdits par la censure, qui n'ont que quelques jours, parfois heures, pour les lire intégralement, en se cachant soigneusement...
Bref ! C'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée, avec un petit "creux de la vague" malgré tout, un peu avant la fin, tandis que la chute m'a beaucoup plu, ce dont je ne peux évidemment rien dire. Cette chute m'a même réconfortée, mais... chut !
J'ai aimé le personnage, misanthrope ironique, que Bouffanges essaie peut-être de faire passer pour un anti-héros, mais ça ne marche pas : il reste sympathique dans ses tentatives pour organiser son quotidien, rationaliser l'absence de tout repère, développer avec tant de créativité un semblant de société, seul avec quelques animaux. Après tout, il est vétérinaire ! J'ai aimé la façon dont les problèmes habituels de survie sur une île déserte sont résolus avec inventivité, voire contournés (l'existence préalable, quoique hautement improbable, du bunker, par exemple). Si Edward ne devient pas végétarien mais se résout à tuer pour conserver le goût de la viande ou de la chair de poisson, il sait du moins respecter les ressources locales en ne chassant ou pêchant qu'au fur et à mesure, seulement ce dont il a besoin. Certains épisodes, pourtant relativement anodins, prennent des proportions presque épiques et font sourire : ainsi en va-t-il de la chasse aux œufs, lorsqu'avec la plus grande ingéniosité, il accoste sur les flancs du volcan, petite île qui jouxte la sienne. Dans le temps prolongé de sa vie sur l'île, il frôlera (et n'évitera pas toujours) divers dangers : serpents, catastrophes naturelles, requins... Ce sont parfois les histoires non racontées qui ouvrent des chemins scintillants d'aventures possibles : l'on se prend à rêver, et l'île étend des tentacules miroitants vers d'autres histoires.
Les références littéraires émaillent le récit et lui confèrent une profondeur insolite, pour un si bref roman : on ne peut que retenir le poème Invictus, qui a si fortement marqué la vie d'un autre prisonnier, qui survécut dans sa cellule durant plus de 20 ans, sur une île portant presque le même nom, un condamné dont on n'avait pas su faire taire l'humanisme, la force irréductible. Le poème cité de Borges m'a émue également, dont voici le début :
"Je suis le seul homme sur la Terre et peut-être n’y a-t-il ni Terre ni homme.
Peut-être qu’un dieu me trompe.
Peut-être qu’un dieu m’a condamné au temps, cette longue illusion."
Poème "Descartes", 1981.
C'est donc une belle découverte, un roman qui renverse brillamment les codes du genre et les transcende, en nous offrant une traversée dans l'imaginaire, ce dont nous avons tous besoin. Je tremblerais de vivre la même chose qu'Edward, lui qui se voit malchanceux, sans livres, sans papier pour écrire, et dénuée de la moindre capacité pratique et technique... On rêve toujours de livres à emporter sur une île déserte, mais lorsque cela se présente, les livres, on ne les a jamais !
Citations :
Je pourrais attendre au plus près de la queue de l’avion, qu’ils verront probablement en premier ; mais cela interdirait toute exploration, et l’hypothèse d’autres survivants n’est pas écartée, ni celle d’une population autochtone… Comment hiérarchiser ? Il faut que je me méfie des labyrinthes mentaux, moi qui suis déjà sujet aux migraines, d’autant que je n’ai pas le moindre milligramme de paracétamol ou d’aspirine à me caler sous la dent. Page 16.
Je ne suis pas fait pour réinventer l’humanité. Je veux un briquet, je veux un couteau, je veux l’eau courante, l’électricité, je veux Wikipedia, je veux ma salle de chirurgie, mes instruments. Je veux ma bibliothèque ! Et je veux une bavette à l’échalote, nom de Dieu ! Page 38.
Le système était à améliorer, mais Édouard n’ignorait plus combien d’essais exigeait un problème pour qu’émerge une solution. Page 65.
Le chat du Cheshire avait prêté son nom au chat d’Édouard, des années auparavant. Jamais l’absence de son chat ne lui avait semblé si éprouvante. Les mauvais jours, autrefois, il venait sur ses genoux, ronronnait, restait un moment ; puis lorsqu’il avait décidé que le chagrin de son maître avait assez duré, s’en allait se planter devant sa gamelle pour miauler. Page 83.
(...) quel plaisir y a-t-il à posséder une chose, si c’était pour simplement en priver celui qui en a besoin ? Page 112.
Je me souviens avoir pensé que mon arrivée était une chance pour cette île oubliée de l’humanité, à un certain moment. Mais l’arrivée de l’espèce humaine, une nouvelle espèce parmi les centaines, peut-être le millier qu’abrite cette île, ça reste un événement très insignifiant. Page 122.
elea2020- Grand sage du forum
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