[Minville, Benoît] Les belles vies
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[Minville, Benoît] Les belles vies
Titre : Les belles vies.
Auteur : Benoît Minville.
Edition : Sarbacane
Nombre de pages : 220 pages.
Présentation de l’éditeur :
Turbulents, pas vraiment délinquants, ils cumulent les bêtises plus ou moins graves, les rires et les bleus. Vasco est en CFA BTP, Djib passe en première S. Leur dernière rixe est pourtant celle de trop…
Afin de leur mettre du plomb dans la tête, leurs parents décident d’employer les grands moyens : ils envoient les deux ados dans la Nièvre, le temps d’un été chez un ami du père de Vasco, entrepreneur local qui propose ses services comme famille d’accueil pour la DDASS.
C’est dans cette campagne éloignée de tout, France profonde dont on parle peu, qu’ils vont rencontrer et se confronter à une autre forme de jeunesse : celle des enfants élevés par celle que tous surnomment « Tata », une femme qui accueille des enfants placés et donne sa vie aux autres.
Mon avis :
Vous êtes invités aujourd’hui à un débat sur la littérature jeunesse, afin de la définir. Note : la littérature jeunesse est toujours définie par des adultes. Elle est définie en France par une loi de 1949. Elle est régie aussi par un nombre constant d’idées reçues, comme si la mission des livres était d’élever les enfants, de leur faire la morale ou de les faire rentrer dans les jolies cases toutes prêtes bien dessinées par les adultes. De plus en plus, et heureusement, il est des livres qui sont davantage des livres « de littérature » que de littérature jeunesse, des livres à mettre entre toutes les mains, y compris celles des adultes. J’attends d’ailleurs d’autres réactions d’adultes que la mienne – on ne sait jamais.
Djib et Vasco sont deux amis d’enfance qui ont fait et font encore des bêtises. Rien de très grave, je vous rassure tout de suite. Cependant, nous ne sommes pas dans le cadre de gentilles bêtises, mignons tours de malice destinés à faire sourire jeunes et moins jeunes lecteurs, non, de vraies bêtises qui peuvent avoir des conséquences sur leur avenir. Et l’on ne s’en rend compte qu’après les avoir faites.
Que faire, pour les parents, qui se sont toujours occupés de leur mieux de leurs enfants ? Prendre une décision radicale et dépayser les deux ados, en les envoyant au fin fond de la Nièvre, chez un ami du père de Vasco.
Là, le lecteur pouvait s’attendre à plusieurs écueils. Premièrement, non, la vie à la campagne, ce n’est pas merveilleux, avec le retour à des valeurs simples, etc, etc, où les ados passent leurs journées à aider aux travaux des champs, etc, etc… Non, Benoît Minville nous montre la campagne telle qu’elle est aujourd’hui, non telle qu’elle est rêvée. La délinquance, le racisme, les préjugés ou plus largement le mal de vivre ne sont pas réservés aux grandes villes, à la banlieue. Et les valeurs que l’on veut défendre dans la vie, c’est à nous de les choisir, où que l’on vive.
Et comme le dit « – Ce n’est pas une leçon de morale, ce n’est pas une leçon de vie. ce que je peux humblement vous conseiller, quand le torrent des émotions est trop difficile à endiguer, c’est de peser ce que vous avez comme bonheur et comme malheur, et d’essayer de les faire cohabiter. Il vous faut préserver des petits moments de joie dans le tragique de la vie, ils sont à vous. »
Oui, pas de leçon de morale, de comparaison entre les histoires de chacun. Vasco et Djib vont devoir apprendre à vivre avec les enfants, les ados que Tonton et Tata (ainsi sont-ils appelés) accueillent. Il ne s’agit pas là encore, comme j’ai pu le constater dans certains livres, de dresser un catalogue de toutes les situations qui peuvent amener un enfant à être placé, non. Chaque histoire est différente. Chaque enfant, adolescent mérite le même soin, le même accompagnement vers ce à quoi tend chaque famille d’accueil (et aussi la majorité des enfants) : le retour dans leur famille, dans un futur plus ou moins proche.
Ce livre raconte deux mois dans la vie de ses adolescents, deux mois qui ne changent pas tout, mais deux mois qui les font progresser dans la découverte et l’acceptation de soi. Un roman lucide, aussi : les liens qui se sont tissés au cours de cette été perdureront-ils ? Rien n’est moins sûr, mais rien n’est impossible non plus.
Mention spécial pour le personnage de Perrine qui, dans une situation difficile, agit. Oui, agit, dit les choses, et n’attend pas dans son coin sans rien faire. Je n’ai garde d’oublier Chloé non plus. Même si Djib et Vasco sont les personnages principaux de ce roman, les jeunes filles ne sont pas des figurantes.
Coup de coeur pour ce roman que j’ai vraiment envie de faire découvrir.
Sharon- Modérateur
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Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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