[Nkom, Marie-Gisèle] La révolte muette
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[Nkom, Marie-Gisèle] La révolte muette
La révolte muette"
Auteur: Marie-Gisèle Nkom
Editions Kyklos: Septembre 2018
202 pages
Présentation de l'éditeur
La révolte muette ou le cri douloureux qui s'élève des profondeurs de l'Afrique pour trouver écho dans une France en mutation constante. Cri poussé par cinq personnages de générations différentes victimes de guerres, de mutilations, de trahisons, dont les destins ambigus vont s'entremêler dans l'écheveau sociétal.
La révolte muette c'est l'histoire de Sala, née dans le canyon du nord-Cameroun, excisée à l'âge de sept ans, qui trouve refuge chez les hors-clans jusqu'au jour où les « Chiens de Dieu », rebelles fanatiques luttant pour l’indépendance du Biafra, capturent ses frères et assassinent ses parents. Enlevée par des enfants soldats, violée puis mariée de force, Sala n'aura de cesse, au crépuscule de sa vie, de se libérer de l'abdomen du monde.
Mon avis
Un très grand merci aux éditions Kyklos de m'avoir offert ce livre superbe et inoubliable.
Merci aussi à Partage Lecture de m'avoir sélectionnée pour cette lecture.
L'histoire est le destin de deux femmes qui ont subi d'atroces mutilations. Leur combat pour survivre à toutes ces souffrances, leurs espoirs, leurs désillusions.
Sala et Mariam se sont rencontrées dans des circonstances plus que pénibles, ells se sont soutenues et puis leurs destins se sont séparés. Mais elles ne se sont jamais oubliées.
Sala, enlevée toute enfant par " les chiens de Dieu " et Mariam , reniée par son père et livrée en mariage à un vieillard.
Bien sûr, d'autres personnages interviennent dans l'histoire qui vont mêler leur destin, en bien ou en mal, à celui de ces femmes mais je me suis surtout attachée à elles..
Un long et terrible cri de souffrance, de douleurs tant physiques que morales, d'incompréhension aussi.
La destruction de ces femmes, les mutilations subies, la façon dont elles ont été traitées ne peuvent laisser indifférents. Comment peut-on infliger de tels traitements à des êtres de chair et de sang, quels qu'ils soient ? C'est inhumain, c'est barbare. Il n'y a pas de mots.
Un roman bouleversant, qui laisse une trace indélébile. Non, on ne peut pas sortir " intact(e) " d'une telle lecture. Et pour ce destin tragique de Sala et Mariam combien d'autres ?
Ecrit avec des mots simples et fluides, c'est d'autant plus émouvant, plus poignant.
Un roman dur à lire, qui fait réfléchir et qui nous transporte dans une réalité difficilement supportable et qui nous fait plusieurs fois poser la question : mais comment est-ce possible ?
Et qui nous fait dire qu'il est plus que grand temps que cela cesse.
Paprika- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : tout sauf romans à l'eau de rose, politique.
Date d'inscription : 12/06/2008
Re: [Nkom, Marie-Gisèle] La révolte muette
Mon avis plus qu'enthousiate sur ce partenariat, merci aux Editions Kyklos et au Forum.
J'avais déjà eu la chance de découvrir cette auteure avec son premier livre et c'est décidément un vrai talent qui se confirme et qu'il faut impérativement suivre.
Encore une fois, ce récit choral est mené avec un brio tout à fait exceptionnel. Tisser une toile à partir de destins de femmes africaines marquées dans leurs chair et âme par des traditions millénaires et tribales de toute puissance - masculine, trop souvent tolérée voire assistée par la complicité d'autres femmes.
Entre 1989 et 2002, Mariam puis Sala, par le biais d'une filiation de la douleur, vont s'unir et vivre, pour Mariam, par procuration, à travers Sala, dans une volonté de sortir d'histoires personnelles violentes entre amours sincéres ephémères et violences des traditions tribales subies, ou tenter de vivre la renaissance à laquelles elles aspirent de tout leur être. Le talent de Marie Gisèle Nkom est de replacer avec concision et force ces destins de femmes dans des lieux et époques troublées (politiques, tribales, religieuses...), tout cela avec une grande justesse et adéquation avec ces années. D'une plume franche, concise et sans concession aux sentiments humains comme à leurs travers, c'est le destin de soeurs qu'elle invite le lecteur à partager, parfois avec violence (l'excision, le viol, la violence...) mais avec aussi beaucoup de douceur et de compassion pour la pureté des âmes de ces deux héroïnes et de leur seule aspiration au bonheur. On ne peut pas rester insensible à cette évocation.
Les travers de notre époque (immigrations, exploitations, chantages) ne sont pas non plus tus, ils sont les ressorts de l'intrigue comme d'une certaine renaissance, même éphémère. Pour cela, Marie Gisèle Nkom fait intervenir également deux anti - héros ; Christian Delcourt, à l'histoire familliale complexe, chargée de violence comme d'espoirs trahis par des femmes et un bien mystérieux et sombre personnage et guide pour Christian ; Yoann....
De ces rencontres, de la recherche d'une certaine rédemption pour Christian comme pour Sala, c'est une bien tragique nouvelle histoire que le lecteur va suivre, impuissant et désarçonné. N'y a t'il pas de bonheur possible pour celles et ceux qui le mériteraient le plus ? A vous de le découvrir et de partager cete fresque si contemporaine et riche en questionnements. En tout cas, indiscutablement, pour moi, le talent de Marie Gisèle Nkom est indéniable et c'est une auteur à suivre absolument.
J'avais déjà eu la chance de découvrir cette auteure avec son premier livre et c'est décidément un vrai talent qui se confirme et qu'il faut impérativement suivre.
Encore une fois, ce récit choral est mené avec un brio tout à fait exceptionnel. Tisser une toile à partir de destins de femmes africaines marquées dans leurs chair et âme par des traditions millénaires et tribales de toute puissance - masculine, trop souvent tolérée voire assistée par la complicité d'autres femmes.
Entre 1989 et 2002, Mariam puis Sala, par le biais d'une filiation de la douleur, vont s'unir et vivre, pour Mariam, par procuration, à travers Sala, dans une volonté de sortir d'histoires personnelles violentes entre amours sincéres ephémères et violences des traditions tribales subies, ou tenter de vivre la renaissance à laquelles elles aspirent de tout leur être. Le talent de Marie Gisèle Nkom est de replacer avec concision et force ces destins de femmes dans des lieux et époques troublées (politiques, tribales, religieuses...), tout cela avec une grande justesse et adéquation avec ces années. D'une plume franche, concise et sans concession aux sentiments humains comme à leurs travers, c'est le destin de soeurs qu'elle invite le lecteur à partager, parfois avec violence (l'excision, le viol, la violence...) mais avec aussi beaucoup de douceur et de compassion pour la pureté des âmes de ces deux héroïnes et de leur seule aspiration au bonheur. On ne peut pas rester insensible à cette évocation.
Les travers de notre époque (immigrations, exploitations, chantages) ne sont pas non plus tus, ils sont les ressorts de l'intrigue comme d'une certaine renaissance, même éphémère. Pour cela, Marie Gisèle Nkom fait intervenir également deux anti - héros ; Christian Delcourt, à l'histoire familliale complexe, chargée de violence comme d'espoirs trahis par des femmes et un bien mystérieux et sombre personnage et guide pour Christian ; Yoann....
De ces rencontres, de la recherche d'une certaine rédemption pour Christian comme pour Sala, c'est une bien tragique nouvelle histoire que le lecteur va suivre, impuissant et désarçonné. N'y a t'il pas de bonheur possible pour celles et ceux qui le mériteraient le plus ? A vous de le découvrir et de partager cete fresque si contemporaine et riche en questionnements. En tout cas, indiscutablement, pour moi, le talent de Marie Gisèle Nkom est indéniable et c'est une auteur à suivre absolument.
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Nkom, Marie-Gisèle] La révolte muette
Mon avis
Coup de cœur, coup de gueule, coup de poing… Voilà les premiers mots qui me viennent après avoir refermé ce magnifique roman.
Coup de cœur pour :
-la parole donnée aux femmes de ce récit, même si on les fait taire, on les avilit, on les oublie, elles sont « présences » dans les pages et forcément elles s’installent durablement dans notre cœur….
-l’écriture de l’auteur : sobre, talentueuse, emplie de révolte, de celle qui s’exprime dans le silence, entre les lignes, entre les mots et qui vous frappe de plein fouet, vous laissant pantelant, épuisée devant tant d’injustices cachées, d’horreur passée sous silence, de maltraitances minimisées sous prétexte que … Elle porte un message fort, avec doigté, en peu de mots, mais si bien choisis qu’il se suffisent à eux-mêmes.
« Mon silence avait emprisonné tout ce que mon âme recelait d’émotions. » C’est ce que dit Sala, excisée très jeune, puis mariée contre son gré….
Coup de gueule :
- poussé par l’auteur, par certains de ses personnages, relayé par un style vivant qui vous place au plus près des événements, vous obligeant à regarder, à ouvrir les yeux sur l’inconcevable, l’inacceptable ….
Il est si douloureux de constater que l’humain peut être cruel, violent, s’enfermant dans ses principes, sa haine, ses traditions ancestrales, n’acceptant pas d’évoluer, refusant de voir la souffrance qu’il inflige…
--contre notre société, qui ne fait pas toujours face, qui fait (trop ?) des compromis, essayant de ménager tout le monde, ne résolvant pas les problèmes de l’immigration, de la violence, du chantage …
-et nous ? Au lieu de faire l’autruche, si on osait élever la voix ?
Coup de poing :
-prendre un tel récit en pleine face c’est accepter d’être bousculée, c’est savoir que l’on va (re)découvrir des faits, des actes, qu’on avait enfouis au plus profond de notre mémoire pour ne plus les « connaître ». En couvrant de silence ces barbaries, ces atrocités, ne se pose-t-on pas en complices ?
-envoyé par les protagonistes, qui sont en quête. Ils cherchent la vie, l’amour, la rédemption, l’avenir meilleur, le combat… Chacun a sa part d’ombre, ses failles…
Ce roman, c’est l’histoire de rencontres, certaines très enrichissantes, d’autres destructrices, d’autres enfin qui se transforment au fil du temps, influencées par les mauvais conseilleurs, par le poids de la violence ou parce qu’on n’a plus le choix (et c’est encore pire) ….
C’est également la voix de ses femmes qui ont voulu prendre leur destin en mains et qui n’ont pas toujours pu faire ce qu’elles souhaitaient car elles n’étaient pas vraiment libres…
C’est, en conclusion, des lecteurs, qui resteront marqués par ce qu’ils ont lu, habités de questionnements sans réponse, se disant : « Mais pourquoi ? » et repartant dans leur quotidien, le cœur en vrac…
Merci à Marie Gisèle d’avoir mis des mots sur les maux de ces exclus pour leur redonner vie et qui sait un peu d’espérance …
Coup de cœur, coup de gueule, coup de poing… Voilà les premiers mots qui me viennent après avoir refermé ce magnifique roman.
Coup de cœur pour :
-la parole donnée aux femmes de ce récit, même si on les fait taire, on les avilit, on les oublie, elles sont « présences » dans les pages et forcément elles s’installent durablement dans notre cœur….
-l’écriture de l’auteur : sobre, talentueuse, emplie de révolte, de celle qui s’exprime dans le silence, entre les lignes, entre les mots et qui vous frappe de plein fouet, vous laissant pantelant, épuisée devant tant d’injustices cachées, d’horreur passée sous silence, de maltraitances minimisées sous prétexte que … Elle porte un message fort, avec doigté, en peu de mots, mais si bien choisis qu’il se suffisent à eux-mêmes.
« Mon silence avait emprisonné tout ce que mon âme recelait d’émotions. » C’est ce que dit Sala, excisée très jeune, puis mariée contre son gré….
Coup de gueule :
- poussé par l’auteur, par certains de ses personnages, relayé par un style vivant qui vous place au plus près des événements, vous obligeant à regarder, à ouvrir les yeux sur l’inconcevable, l’inacceptable ….
Il est si douloureux de constater que l’humain peut être cruel, violent, s’enfermant dans ses principes, sa haine, ses traditions ancestrales, n’acceptant pas d’évoluer, refusant de voir la souffrance qu’il inflige…
--contre notre société, qui ne fait pas toujours face, qui fait (trop ?) des compromis, essayant de ménager tout le monde, ne résolvant pas les problèmes de l’immigration, de la violence, du chantage …
-et nous ? Au lieu de faire l’autruche, si on osait élever la voix ?
Coup de poing :
-prendre un tel récit en pleine face c’est accepter d’être bousculée, c’est savoir que l’on va (re)découvrir des faits, des actes, qu’on avait enfouis au plus profond de notre mémoire pour ne plus les « connaître ». En couvrant de silence ces barbaries, ces atrocités, ne se pose-t-on pas en complices ?
-envoyé par les protagonistes, qui sont en quête. Ils cherchent la vie, l’amour, la rédemption, l’avenir meilleur, le combat… Chacun a sa part d’ombre, ses failles…
Ce roman, c’est l’histoire de rencontres, certaines très enrichissantes, d’autres destructrices, d’autres enfin qui se transforment au fil du temps, influencées par les mauvais conseilleurs, par le poids de la violence ou parce qu’on n’a plus le choix (et c’est encore pire) ….
C’est également la voix de ses femmes qui ont voulu prendre leur destin en mains et qui n’ont pas toujours pu faire ce qu’elles souhaitaient car elles n’étaient pas vraiment libres…
C’est, en conclusion, des lecteurs, qui resteront marqués par ce qu’ils ont lu, habités de questionnements sans réponse, se disant : « Mais pourquoi ? » et repartant dans leur quotidien, le cœur en vrac…
Merci à Marie Gisèle d’avoir mis des mots sur les maux de ces exclus pour leur redonner vie et qui sait un peu d’espérance …
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Cassiopée- Admin
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Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Nkom, Marie-Gisèle] La révolte muette
Merci Cassiopée pour ta magnifique critique de ce roman bouleversant, poignant.
Oui, on ne peut que restées marquées par ce témoignage, par la voix de ces femmes qui essayent de faire comprendre leur douleur et qui j'ose l'espérer y réussiront.
Oui, on ne peut que restées marquées par ce témoignage, par la voix de ces femmes qui essayent de faire comprendre leur douleur et qui j'ose l'espérer y réussiront.
Paprika- Grand sage du forum
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