[Sogno, Pierre] Les oubliés de Clansayes
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[Sogno, Pierre] Les oubliés de Clansayes
Titre : Les oubliés de Clansayes
Auteur : Pierre Sogno
Année de parution : 1982
Editeur : Flammarion
Pages : 185
Présentation de l'éditeur :
Ce récit est un document poignant sur ces hommes et ces femmes qui de nos jours encore pelurent à la main les cannes de Provence. Exposés sur un chantier de plein air aux morsures du soleil et du vent et aux souffrances d’une « maladie des cannes » que provoquent les moisissures, peuvent-ils échapper à leur condition de sous-prolétaires campagnards ? Julien, un étudiant, croit pouvoir les aider. Mais sa sincérité, sa générosité lui permettront-ils d’amadouer ces fauves que seuls impressionnent le travail sur le terrain, la force physique et les jeux d’un érotisme débridé ? L’auteur nous raconte l’aventure de cet idéaliste qui a oublié de se fortifier avant d’entrer dans l’arène. Le livre évoque aussi l’âpreté de ce plateau de Clansayes où les touristes de passage en été ne cueillent que des images superficielles et des brassées de thym. Il y a aussi, là-haut, la violence du mistral et des orages. Il y a, bien à l’écart des routes, ces « oubliés » dont les mains saignent… Et l’amour de l’auteur pour les décors les plus sauvages de son pays natal.
Avis :
L’intérêt majeur de ce livre est la découverte d’une profession insolite et méconnue, sur laquelle je n’ai pu trouver aucune information, qui a sans doute disparu aujourd’hui sous la forme décrite, mais qui existait encore lors de la rédaction de ce récit, en 1982. Les cannes de Provence sont de grandes graminées qui ressemblent au bambou et au roseau, dont les longues tiges servent à fabriquer des cannisses et des clôtures, des cannes à pêche, des paniers, des anches d’instruments de musique… Coupées en hiver, elles sont entreposées en meules, puis, à partir de l’été et jusqu’en automne, elles sont effeuillées et raclées. Dans ce récit, cette opération se déroule à la main, en plein air, sous la morsure du soleil et du mistral, tandis que les pluies favorisent le développement de moisissures responsables d’une terrible dermatose. Les mains en sang, déformées par les cicatrices, les ouvriers, saisonniers payés à la tâche, ne sont pas des tendres. L’auteur nous conte une histoire sans espoir, où le rude quotidien favorise méchanceté et cruauté, transformant les hommes en loups impitoyables entre eux. L’écriture très classique est admirablement maîtrisée, laissant la place à de superbes descriptions du pays de Clansayes, dans la Drôme, notamment lorsque sévissent les orages ou le mistral. Un livre étonnant, très sombre, un tantinet désuet, qui fait figure de document autant que de roman, à lire par curiosité.
Physiquement, Césarie apparaît comme une carcasse robuste recouverte de feuilles de chair qui se superposent par endroits. Bien qu’elle soit maigre et desséchée, quelques lambeaux assez mal cousus pendent sur ses joues et sur sa poitrine. Quand elle écarte les bras, on dirait qu’elle met ses muscles à l’étendoir. Ondine paraît sortie d’un cataclysme encore plus ravageur. Pas même un morceau de sourire pour atténuer sa laideur. Les seuls reliefs de la fille Varasse : les ilions taillés en arrêtoirs. Pour comble de disgrâce, les circonstances lui ont façonné le moral dans les mêmes formes que le physique. Elle a le caractère osseux.
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