[Tixier, Jean-Christophe] Les mal-aimés
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[Tixier, Jean-Christophe] Les mal-aimés
Titre : Les mal-aimés
Auteur : Jean-Christophe TIXIER
Année de parution : 2019
Editeur : Albin Michel
Pages : 336
Présentation de l'éditeur :
1884, aux confins des Cévennes. Une maison d’éducation surveillée ferme ses portes et des adolescents décharnés quittent le lieu sous le regard des paysans qui furent leurs geôliers.
Quand, dix-sept ans plus tard, sur cette terre reculée et oubliée de tous, une succession d’événements étranges se produit, chacun se met d’abord à soupçonner son voisin. On s’accuse mutuellement du troupeau de chèvres décimé par la maladie, des meules de foin en feu, des morts qui bientôt s’égrènent… Jusqu’à cette rumeur, qui se répand comme une traînée de poudre : « ce sont les enfants qui reviennent. » Comme si le bâtiment tant redouté continuait de hanter les mémoires.
Porté par une écriture hypnotique, le roman de Jean-Christophe Tixier, portrait implacable d’une communauté rongée par les non-dits, donne à voir plus qu’il ne raconte l’horreur des bagnes pour enfants qui furent autant de taches de honte dans l’Histoire du XXe siècle.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Jean–Christophe Tixier est né en 1967. Créateur du salon polar de Pau « Un Aller-Retour dans le Noir », il est également un auteur jeunesse reconnu (une vingtaine de titres salués par la critique). Il vit actuellement entre Pau et Paris.
Avis :
Sur ce plateau perdu des Cévennes, ils sont une poignée, en ce tout début de 20e siècle, à s’échiner jour après jour, jusqu’à l’usure, contre la terre et le climat, pour une maigre et bien incertaine subsistance. Cela fait dix-sept ans que le bagne pour enfants qui domine le bourg a fermé, après une enquête sanitaire. Autant de revenus perdus, car bon nombre des paysans, hommes ou femmes, y prêtaient main forte, comme lingère, cantinière ou gardiens. L’austère bâtiment abandonné n’en finit plus de projeter l’ombre du passé sur le village : lorsque le malheur commence à frapper et que se mettent à s’enchaîner les catastrophes, la peur ne tarde pas à échauffer les esprits et à faire resurgir les mauvaises consciences et les souvenirs.
Chaque chapitre s’ouvre sur un extrait des registres d’écrou de la maison d’éducation surveillée de Vailhauquès, dans l’Hérault : sinistre égrenage des entrées et des sorties, ces dernières toutes en direction du cimetière qui hante tant les villageois. C’est quasiment le seul mais lancinant élément descriptif de cette prison : le reste nous parvient au travers de la mémoire des hommes qui y travaillèrent et se firent complices des atrocités commises.
A vrai dire, ce n’est pas tant le remords qui semble torturer cette communauté où chacun a contribué à sa manière au sort des petits détenus : y compris l’instituteur qui fit office de pourvoyeur ; le curé, convaincu de l’irrécupérable perversion de ces enfants, pour la plupart illégitimes ou abandonnés ; et même le médecin de passage, diligenté pour enquête sur dénonciation, et qui n’a rien signalé dans son rapport. Ce sont plutôt les superstitions et la crainte du châtiment divin, plus précisément l’effroi de devoir rendre compte au Diable, qui, pour sûr, a maintenant jeté son dévolu sur ce bout de terre, preuves en sont les mauvaises récoltes, la maladie des bêtes et les accidents mortels. Le spectre de la sorcellerie n’est guère loin. Et les hantises de ce genre ne font qu’engendrer de nouvelles violences.
Finalement, les conditions du bagne, aussi choquantes soient-elles, n’étaient, en quelque sorte, que le reflet de celles de l’extérieur : était-elle vraiment plus enviable la vie de ces petits commis de ferme, exploités et battus, à peine nourris, moins bien traités que les animaux dont ils s’occupaient ? C’est tout un ordre social qui a engendré le bagne, comme le résument les propos et les attitudes du curé de ce récit.
La force de ce roman noir et éprouvant est de faire toucher du doigt les conditions sociales et les mécanismes humains qui permirent l’existence des bagnes : tout en sortant de l’oubli le sort dramatique de tous ces enfants rejetés au ban de la société, il plonge le lecteur au fond du désespoir et de la misère, dans les méandres de l’âme humaine dont il explore avec justesse les dilemmes et les lâchetés. (4/5)
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