[Goby, Valentine et Rébéna, Frédéric] Tu seras mon arbre
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Qu'avez-vous pensé de ce livre ?
[Goby, Valentine et Rébéna, Frédéric] Tu seras mon arbre
03/10/2018
Thierry Magnier Editions
Thierry Magnier Adulte Littérature
13cm x 21cm
54 pages
ISBN : 979-19-352-0201-9
Résumé :
Elle part en flèche, plus rapide que le vent. Et maintenant elle court depuis si longtemps que ses poumons brûlent, un sprint silencieux au tempo de sa peur.
Une jeune fille tente d'échapper à un homme qui la poursuit depuis plusieurs jours. Une réécriture du mythe de la nymphe Daphné, transformée par son père Pénée en arbre afin d'échapper aux poursuites d'Apollon. Un roman accompagné d'illustrations inspirées par le cinéma.
La réécriture d'un mythe universel qui fait résonner à travers temps le cri de toutes celles dont, aujourd'hui encore les refus restent inaudibles.
Mon avis :
Ma foi, je n'ai pas très envie de détourner qui que ce soit de la lecture de ce livre, donc je vais nuancer mon avis, mais j'ai été déçue : le format est novateur, l'association texte et illustrations me séduisait, et puis Valentine Goby, que j'ai découverte par Le Paquebot dans les arbres était pour moi une référence. Par ailleurs, j'apprécie les réactualisations de mythes dans notre monde d'aujourd'hui. Voilà pour la promesse.
La couverture est belle, les illustrations en noir et blanc plus belles encore. J'aime beaucoup : le trait est stylisé, puissant, les tons de gris sont posés en aplats massifs, et en dégradés de gris assez tranchés et bruts - le tout donne un dessin de facture sensuelle, presque violente, qui sied bien au sujet et au personnage d'Apollon.
Le texte est constitué de brefs paragraphes, et il est vrai que le tout se lit vite et facilement - raison pour laquelle j'ai placé cet album atypique dans la section jeunesse, mais… C'est là où le bât blesse : l'écriture, qui cède à la facilité de manière dommageable.
L'idée, je ne pense pas spoiler vu le résumé, est de faire réfléchir sur le consentement - c'est par ailleurs une bonne idée d'utiliser ce biais de la mythologie. Simplement, l'héroïne est trop belle, trop jeune (pour être une nymphe au sens nabokovien ? C'est presque douteux) - mais elle sort quand même seule en boîte. Elle repousse vertueusement l'agresseur, mais l'écriture se veut sensuelle et décrit l'homme d'une manière trop troublante. Ce n'est pas le propos, et ne correspond en rien au point de vue de Daphné. Au contraire, cela brouille les pistes et laisserait presque entendre qu'elle le cherche bien. Plusieurs fois, lors des rencontres qui ont précédé, on pourrait penser qu'elle est troublée par ce regard qui la déshabille. Et puis, Apollon est beau et fort… Bref, on est presque surpris qu'elle s'enfuie, ce qui n'est quand même pas l'effet escompté.
Dans l'ensemble, c'est plutôt touchant, et certains passages sont même assez beaux, lorsque Daphné fuit, accompagnée par les fantômes des femmes de tous les temps ; le langage se veut lyrique et invocatoire, et cela sonne un peu comme un gospel, c'est plutôt réussi.
"Alors le long du fleuve toutes elles fuient avec elle, la cohorte des femmes qui hurlent depuis des siècles la même prière vaine, l'écrivent dans la buée, la griffent aux visages, la bégaient, la jettent aux rafales, la martèlent de leurs bottes en courses effarées (…).
leurs bouches sont-elles cousues qu'on ne les entend pas ?
leurs langues gelées ?
C'est leur faute.
S'ils ne sont pas sourds, c'est qu'elles sont inaudibles."
A côté de ces passages plus heureux, on trouve de ces maladresses comme ci-dessous, où Valentine Goby donne l'impression de s'essayer à "parler racaille", et c'est franchement déplaisant :
"Quand elle rouvre les yeux au bord du vertige, il la mate à deux mètres, debout sous les sunlights, pantalon aux hanches, torse nu, muscles moulés dans un marbre antique."
Ou encore :
"Et donc ce soir-là elle se colle aux enceintes et aux filles, fuck the boy. Sa main absorbe les vibrations du tissu acoustique, une résille électrique court de sa paume à ses talons, elle pulse tout entière."
Je ne sais pas pourquoi elle s'est sentie obligée d'écrire comme ça. Pour son public j'imagine ?
Dans l'ensemble, l'idée du livre est plutôt plaisante, et cela se laisse lire, je pense que si je ne connaissais pas Valentine Goby pour un bon écrivain, j'aurais peut-être été moins critique sur son style. C'est tout de même une réflexion sur le harcèlement sexuel, le désir d'appropriation de l'autre et le non-consentement, donc jamais inutile pour un jeune public. Allez, je vote "apprécié".
Thierry Magnier Editions
Thierry Magnier Adulte Littérature
13cm x 21cm
54 pages
ISBN : 979-19-352-0201-9
Résumé :
Elle part en flèche, plus rapide que le vent. Et maintenant elle court depuis si longtemps que ses poumons brûlent, un sprint silencieux au tempo de sa peur.
Une jeune fille tente d'échapper à un homme qui la poursuit depuis plusieurs jours. Une réécriture du mythe de la nymphe Daphné, transformée par son père Pénée en arbre afin d'échapper aux poursuites d'Apollon. Un roman accompagné d'illustrations inspirées par le cinéma.
La réécriture d'un mythe universel qui fait résonner à travers temps le cri de toutes celles dont, aujourd'hui encore les refus restent inaudibles.
Mon avis :
Ma foi, je n'ai pas très envie de détourner qui que ce soit de la lecture de ce livre, donc je vais nuancer mon avis, mais j'ai été déçue : le format est novateur, l'association texte et illustrations me séduisait, et puis Valentine Goby, que j'ai découverte par Le Paquebot dans les arbres était pour moi une référence. Par ailleurs, j'apprécie les réactualisations de mythes dans notre monde d'aujourd'hui. Voilà pour la promesse.
La couverture est belle, les illustrations en noir et blanc plus belles encore. J'aime beaucoup : le trait est stylisé, puissant, les tons de gris sont posés en aplats massifs, et en dégradés de gris assez tranchés et bruts - le tout donne un dessin de facture sensuelle, presque violente, qui sied bien au sujet et au personnage d'Apollon.
Le texte est constitué de brefs paragraphes, et il est vrai que le tout se lit vite et facilement - raison pour laquelle j'ai placé cet album atypique dans la section jeunesse, mais… C'est là où le bât blesse : l'écriture, qui cède à la facilité de manière dommageable.
L'idée, je ne pense pas spoiler vu le résumé, est de faire réfléchir sur le consentement - c'est par ailleurs une bonne idée d'utiliser ce biais de la mythologie. Simplement, l'héroïne est trop belle, trop jeune (pour être une nymphe au sens nabokovien ? C'est presque douteux) - mais elle sort quand même seule en boîte. Elle repousse vertueusement l'agresseur, mais l'écriture se veut sensuelle et décrit l'homme d'une manière trop troublante. Ce n'est pas le propos, et ne correspond en rien au point de vue de Daphné. Au contraire, cela brouille les pistes et laisserait presque entendre qu'elle le cherche bien. Plusieurs fois, lors des rencontres qui ont précédé, on pourrait penser qu'elle est troublée par ce regard qui la déshabille. Et puis, Apollon est beau et fort… Bref, on est presque surpris qu'elle s'enfuie, ce qui n'est quand même pas l'effet escompté.
Dans l'ensemble, c'est plutôt touchant, et certains passages sont même assez beaux, lorsque Daphné fuit, accompagnée par les fantômes des femmes de tous les temps ; le langage se veut lyrique et invocatoire, et cela sonne un peu comme un gospel, c'est plutôt réussi.
"Alors le long du fleuve toutes elles fuient avec elle, la cohorte des femmes qui hurlent depuis des siècles la même prière vaine, l'écrivent dans la buée, la griffent aux visages, la bégaient, la jettent aux rafales, la martèlent de leurs bottes en courses effarées (…).
leurs bouches sont-elles cousues qu'on ne les entend pas ?
leurs langues gelées ?
C'est leur faute.
S'ils ne sont pas sourds, c'est qu'elles sont inaudibles."
A côté de ces passages plus heureux, on trouve de ces maladresses comme ci-dessous, où Valentine Goby donne l'impression de s'essayer à "parler racaille", et c'est franchement déplaisant :
"Quand elle rouvre les yeux au bord du vertige, il la mate à deux mètres, debout sous les sunlights, pantalon aux hanches, torse nu, muscles moulés dans un marbre antique."
Ou encore :
"Et donc ce soir-là elle se colle aux enceintes et aux filles, fuck the boy. Sa main absorbe les vibrations du tissu acoustique, une résille électrique court de sa paume à ses talons, elle pulse tout entière."
Je ne sais pas pourquoi elle s'est sentie obligée d'écrire comme ça. Pour son public j'imagine ?
Dans l'ensemble, l'idée du livre est plutôt plaisante, et cela se laisse lire, je pense que si je ne connaissais pas Valentine Goby pour un bon écrivain, j'aurais peut-être été moins critique sur son style. C'est tout de même une réflexion sur le harcèlement sexuel, le désir d'appropriation de l'autre et le non-consentement, donc jamais inutile pour un jeune public. Allez, je vote "apprécié".
elea2020- Grand sage du forum
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