[Lafon, Lola] Chavirer
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[Lafon, Lola] Chavirer
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[Lafon, Lola]
Chavirer
Actes Sud 19 août 2020
344 pages
Quatrième de couverture
1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.
2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.
Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.
Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à travers le regard de ceux qui l’ont connue tandis que son personnage se diffracte et se recompose à l’envi, à l’image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent.
Revisitant les systèmes de prédation à l’aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs.
Mon avis
Ce roman est écrit comme un hommage au monde de la danse qu’elle soit populaire ou autre, il raconte l’histoire de Cléo, jeune lycéenne, qui s’est laissée entraîner au piège d’une bourse alléchante pour continuer ses cours de danse, cependant ce n’est qu’un piège sexuel auquel elle entraîne d’autres jeunes adolescentes. Trente ans plus tard ayant fait une belle carrière dans des music-hall, elle est mariée et a une fille. C’est entre magie de la scène et douleurs des coulisses, corps vendu et corps souffrant, sueur et larmes sexuellement piégée par une pseudo fondation que Cloé après ces trente années passées, comprend qu’il est temps d’affronter son passé de victime et de coupable car complice des stratégies de recrutement. Dans ce très beau roman, l’auteure s’applique à décrire le corps dansant lors d’exercices, les coulisses du métier, l’envers du décor, pour derrière les performances et les paillettes, nous faire connaître le mépris des classes mais aussi l’exploitation. Car toutes celles qui avaient toujours rêvé de danser sur scène, dont les noms n’étaient pas même mentionnés sur les programmes quand n’y manquaient aucun de ces chiffres : deux millions de strass, deux cents kilos de plumes d’autruche, cinq kilos de jupons pour la robe du french cancan, quarante-cinq techniciens. Des filles tenues à des sourires conventionnels sur scène, des filles oiseaux déployées en éventails de plumes rouges et or, des rangées de longues cuisses et celles qui combattaient les deux centimètres de tour de taille à la veille de leurs règles à coups de diurétiques. Pour Cléo, sous le signe des impossibles pardons, son personnage se recompose à l’envi, au fil des époques et des évocations de celles et de ceux qui l’on côtoyée, aimée et rejetée et l’on se retrouve dans une impasse, faut-il pardonner ? Un très beau roman sur le monde de la danse 4,5/5
Chavirer
Actes Sud 19 août 2020
344 pages
Quatrième de couverture
1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.
2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.
Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.
Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à travers le regard de ceux qui l’ont connue tandis que son personnage se diffracte et se recompose à l’envi, à l’image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent.
Revisitant les systèmes de prédation à l’aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs.
Mon avis
Ce roman est écrit comme un hommage au monde de la danse qu’elle soit populaire ou autre, il raconte l’histoire de Cléo, jeune lycéenne, qui s’est laissée entraîner au piège d’une bourse alléchante pour continuer ses cours de danse, cependant ce n’est qu’un piège sexuel auquel elle entraîne d’autres jeunes adolescentes. Trente ans plus tard ayant fait une belle carrière dans des music-hall, elle est mariée et a une fille. C’est entre magie de la scène et douleurs des coulisses, corps vendu et corps souffrant, sueur et larmes sexuellement piégée par une pseudo fondation que Cloé après ces trente années passées, comprend qu’il est temps d’affronter son passé de victime et de coupable car complice des stratégies de recrutement. Dans ce très beau roman, l’auteure s’applique à décrire le corps dansant lors d’exercices, les coulisses du métier, l’envers du décor, pour derrière les performances et les paillettes, nous faire connaître le mépris des classes mais aussi l’exploitation. Car toutes celles qui avaient toujours rêvé de danser sur scène, dont les noms n’étaient pas même mentionnés sur les programmes quand n’y manquaient aucun de ces chiffres : deux millions de strass, deux cents kilos de plumes d’autruche, cinq kilos de jupons pour la robe du french cancan, quarante-cinq techniciens. Des filles tenues à des sourires conventionnels sur scène, des filles oiseaux déployées en éventails de plumes rouges et or, des rangées de longues cuisses et celles qui combattaient les deux centimètres de tour de taille à la veille de leurs règles à coups de diurétiques. Pour Cléo, sous le signe des impossibles pardons, son personnage se recompose à l’envi, au fil des époques et des évocations de celles et de ceux qui l’on côtoyée, aimée et rejetée et l’on se retrouve dans une impasse, faut-il pardonner ? Un très beau roman sur le monde de la danse 4,5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: [Lafon, Lola] Chavirer
Quelle sensibilité ! Tout sonne juste dans ce roman. Le portrait en mosaïque de Cléo, de douze à quarante-huit ans, vue par des proches ou des moins proches. D'autres visages qui apparaissent, ceux de Betty ou de Yonasz, et revêtent toutes les nuances de la candeur à la cruauté. Une silhouette qui traverse tout le livre, la mystérieuse et élégante Cathy, dont les mobiles restent aussi opaques à la dernière qu'à la première page. La danse, partout, qui aimante les rêves des petites filles et s'incarne dans les corps usés, domptés, polis. Les mots, encore, les mots à double tranchant, ceux qui séduisent les ambitieuses, mais aussi ceux qui pourraient éviter des désastres, ceux qu'on ne prononce pas, ceux que l'on n'entend pas. L'air du temps, qui virevolte entre le début des années 1980 et l'ère Me Too. La honte enfin et l'enfermement qu'elle engendre.
Le sujet peut paraître plombant, mais n'hésitez pas à surmonter vos réticences et entrer dans la danse !
Le sujet peut paraître plombant, mais n'hésitez pas à surmonter vos réticences et entrer dans la danse !
Re: [Lafon, Lola] Chavirer
C'est, avec raison, un des titres qui a suscité le plus emballé le public et pour l'avoir lu comme pu rencontrer l'auteure lors de son passage chez mon libraire (Richer - Angers), avant que le reconfinement ne soit de mise, je le comprends aisément.
Un livre d'un peu plus de 344 pages pour mettre en avant le côté, un peu moins glamour que ce que l'on veut bien voir, de ces jeunes filles qui ne rêvent que de percer dans le milieu de la danse, de la chanson dont des persones sans scrupule vont assurer le recrutement et avec l'accord voîre l'encouragement de leurs parents.
C'est un récit choral où la jeune Cléo, elle-même ayant répondu aux sirènes d'une pseudo fondation, Galatée, pour se sauver d'un quotidien d'une ado fade au profit de son rêve de danseuse reconnue est le point central d'une succession de destins pas toujours glorieux. Si Cléo se leurre dans ses premiers échanges avec Cathy la recruteuse adulte, le rêve tourne court à partir du moment où lors d'un nouveau déjeuner de recrutement pour cette fondation, dans les faits un guet-apens, elle comprend que les membres masculins sont là pour du tripatouillage et des attouchements sexuels sur les jeunes recrutées et qu'en s'enfuyant, elle perd brusquement tout soutien dans ses beaux projets de la part de Galatée .
Malgrè son statut de victime avérée, elle va accepter de jouer aussi le rôle de recruteuse / rabatteuse rémunérée pour Galatée au sein de son établissement scolaire, de ses copines en continuant de se leurrer. De proie, elle devient complice et durant une bonne partie de sa vie, le sort, à priori tragique, de ses recrues et notamment particulièrement de Betty et cela à l'aune d'une enquête lancée, bien trop tardivement, sur les dérives de Galatée. Même si elle touche de temps à autre et trop briévement à son rêve dans une troupe de danse renommée puis dans un cabaret reconnu, à l'heure des bilans, le constat est amer et elle peut considérer son bilan comme celui d'une jeune femme tombée de Charybde en Scylla. A un abus dans son adolescence, d'autres vont se succéder au sein de la troupe comme du cabaret, la chute est rude. A l'image de celui de sa principale recrue Betty dont on suit aussi la chute.
Le lecteur est le spectateur à la fois de ses difficultés relationnelles avec son environnement famillial, amical et amoureux, et du destin des personnes qui vont, à un moment la croiser (amante, amie, mari et enfants) mais aussi à la mise en abîme d'un systéme qui va profiter de la crédulité et des faiblesses (physiques comme mentales) de jeunes filles comme Cléo ou Betty.
Procés juste d'une société d'abus envers de jeunes femmes, victime de leur rêve dont on ne montre que les bons côtés en les abusant et cela souvent avec la complicité, que l'on espére involontaire de l'environnement famillial.
Un grand livre indiscutablement, très actuel, d'une grande sensibilité qui prend le lecteur aux tripes. Tout est juste, simplement juste. Merci Lola Lafon.
Un livre d'un peu plus de 344 pages pour mettre en avant le côté, un peu moins glamour que ce que l'on veut bien voir, de ces jeunes filles qui ne rêvent que de percer dans le milieu de la danse, de la chanson dont des persones sans scrupule vont assurer le recrutement et avec l'accord voîre l'encouragement de leurs parents.
C'est un récit choral où la jeune Cléo, elle-même ayant répondu aux sirènes d'une pseudo fondation, Galatée, pour se sauver d'un quotidien d'une ado fade au profit de son rêve de danseuse reconnue est le point central d'une succession de destins pas toujours glorieux. Si Cléo se leurre dans ses premiers échanges avec Cathy la recruteuse adulte, le rêve tourne court à partir du moment où lors d'un nouveau déjeuner de recrutement pour cette fondation, dans les faits un guet-apens, elle comprend que les membres masculins sont là pour du tripatouillage et des attouchements sexuels sur les jeunes recrutées et qu'en s'enfuyant, elle perd brusquement tout soutien dans ses beaux projets de la part de Galatée .
Malgrè son statut de victime avérée, elle va accepter de jouer aussi le rôle de recruteuse / rabatteuse rémunérée pour Galatée au sein de son établissement scolaire, de ses copines en continuant de se leurrer. De proie, elle devient complice et durant une bonne partie de sa vie, le sort, à priori tragique, de ses recrues et notamment particulièrement de Betty et cela à l'aune d'une enquête lancée, bien trop tardivement, sur les dérives de Galatée. Même si elle touche de temps à autre et trop briévement à son rêve dans une troupe de danse renommée puis dans un cabaret reconnu, à l'heure des bilans, le constat est amer et elle peut considérer son bilan comme celui d'une jeune femme tombée de Charybde en Scylla. A un abus dans son adolescence, d'autres vont se succéder au sein de la troupe comme du cabaret, la chute est rude. A l'image de celui de sa principale recrue Betty dont on suit aussi la chute.
Le lecteur est le spectateur à la fois de ses difficultés relationnelles avec son environnement famillial, amical et amoureux, et du destin des personnes qui vont, à un moment la croiser (amante, amie, mari et enfants) mais aussi à la mise en abîme d'un systéme qui va profiter de la crédulité et des faiblesses (physiques comme mentales) de jeunes filles comme Cléo ou Betty.
Procés juste d'une société d'abus envers de jeunes femmes, victime de leur rêve dont on ne montre que les bons côtés en les abusant et cela souvent avec la complicité, que l'on espére involontaire de l'environnement famillial.
Un grand livre indiscutablement, très actuel, d'une grande sensibilité qui prend le lecteur aux tripes. Tout est juste, simplement juste. Merci Lola Lafon.
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